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Mordue de Théâtre
Mordue de Théâtre
Théâtrholic
27 ans
55 espions
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"Dans le grand ordre des choses, le spectacle le plus médiocre a sans doute plus de valeur que notre critique qui le dénonce comme tel."
Son blog : http://mordue-de-theatre.com/
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Ses critiques

205 critiques
La Tempête

La Tempête

3/10
35
L’annonce a fait l’effet d’une tornade au sein du Français : le célèbre Robert Carsen viendra mettre en scène un Shakespeare salle Richelieu. Décidément, la deuxième saison d’Eric Ruf fait de belles promesses… qu’elle ne parvient pas à tenir. Sur le papier pourtant, les photos sont belles, imposantes, presque sculpturales ; ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille, car ce ne sont pas les premiers adjectifs que j’associe à Shakespeare. Il n’est pas de ces auteurs à qui la fixité et le dépouillement siéent bien. Dommage, car c’est le choix qu’a fait Carsen en montant un spectacle à l’image froide, sans vigueur, presque éteint.

Prospero, anciennement duc de Milan, a été victime du goût du pouvoir de son frère, Antonio : avec l’aide d’Alonso, roi de Naples, il l’a fait jeter à la mer avec sa fille Miranda et ils se sont échoués sur une île dont Prospero est devenu le maître, avec l’aide de son fidèle esprit, Ariel. Cependant, Prospero prépare sa vengeance, et profite du voyage de la cour de Naples aux abords de l’île pour provoquer une tempête qui fait échouer tous les personnages sur son domaine. Il tient alors sa vengeance, et passera le reste de la pièce à se jouer des naufragés.

L’histoire n’est pas des plus simples, et la mise en scène met bien peu de choses en oeuvre pour nous aider à l’apprivoiser. En réalité, j’ai rapidement peiné à suivre l’action tant le sens du texte lui-même semblait échapper aux comédiens. C’est à se demander quelle idée Carsen souhaitait réellement mettre en valeur, comme s’il avait fait le choix de cette scénographie avant même d’étudier le texte de Shakespeare, tant elle semble décorrélée de la partition. On notera même des petits contresens, ou des absurdités, dans la scénographie de Carsen : à vouloir absolument rester dans sa scéno toute en noir et blanc, il va jusqu’à représenter Iris, la déesse de l’arc-en-ciel, et Cérès, la déesse de la moisson, associée à l’été, dans ces couleurs fades et qui ne semblent pas vraiment de mise.

Sur scène, un plateau presque nu et des murs blancs évoquent tout d’abord une atmosphère d’hôpital. A plusieurs reprises lors du spectacle, des vidéos seront projetées en fond de scène : utiles au début pour présenter les personnages, elles deviennent un peu lassantes lorsqu’elles ne représentent plus que la mer qui s’agite. Robert Carsen dit avoir voulu représenter l’espace mental de Prospero, et que pour cela, le dépouillement le plus pur s’imposait. De manière générale, cette mise en scène a quelque chose d’assez majestueux et, il faut bien le reconnaître, d’un peu pédant. L’idée du mur blanc pour laisser parler l’imaginaire de chacun, c’est du déjà vu avec Le Songe de Mayette il y a quelques années – à croire que Shakespeare laisse les metteurs en scène de la Maison bien désarmés.

Dans le texte pourtant, on retrouve cette profusion propre à Shakespeare : entre les scènes sérieuses liées directement à Prospero et qui portent probablement cette Tempête – mais je ne le saurais pas avec cette mise en scène, car j’y ai finalement compris peu de choses, on retrouve des scènes plus légères de comédies pures censées faire rire le public. Autant dire que c’était le calme plat dans la salle Richelieu. On aimerait redécouvrir l’amour, le désir pur, et le fantasme avec les jeunes amoureux, totalement étrangers à ce qui se passe autour d’eux, et dont le monde semble se réduire à leur couple. Mais aucune émotion à l’horizon. On aimerait, enfin, à travers le merveilleux personnage d’Ariel, retrouver la féérie propre à Shakespeare, ce brin de folie qui agite souvent ses pièces. Mais Christophe Montenez reste lisse comme de l’eau en bouteille.

Il faut dire que la mise en scène brime les comédiens qui doivent dire un texte en décalage avec leur environnement. Résultat, la plupart d’entre eux semblent en pilotage automatique. Bon, comme ce sont les Comédiens Français, ce n’est pas un jeu faux, mais pour qui les voit souvent – ce qui est mon cas – on reconnaît rapidement les facilités. A commencer par Michel Vuillermoz, qui joue de sa voix et de ses expressions sans direction claire et qui nous perd rapidement dans ses monologues. Gilles David, élément comique de la garde, rappelle un peu l’oncle Vésinet qu’il incarnait dans Le Chapeau de paille d’Italie. Seul Stéphane Varupenne parvient à tirer son épingle du jeu ; seulement, entouré de toute cette froideur, le comédien ne provoque que quelques rires parsemés ici ou là.
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Festen

Festen

8/10
31
Festen, c’est donc l’adaptation du film de Thomas Vinterberg – que je n’ai pas vu – sorti en 1998. C’est l’anniversaire du patriarche, Helge : famille et amis sont invités à se réunir dans sa maison pour fêter ensemble ses soixante ans. On comprend vite que cet anniversaire succède de peu à l’enterrement de Linda, fille de Helge, soeur de Christian, Hélène, et Michaël, également présents ce soir. Seulement, la soirée ne se déroulera pas comme prévu puisqu’elle sera entachée de révélations de secrets de famille sombres et bien enfouis jusqu’alors : Christian annoncera en effet l’inceste dont lui et sa soeur jumelle Linda ont été victimes lorsqu’ils étaient jeunes.

Pour l’occasion, c’est encore une nouvelle forme qui nous est présentée sur la scène de l’Atelier Berthier. Cyril Teste a en effet fait appel à l’image pour raconter l’histoire de ce jugement, ce tribunal mené par Christian contre son propre père. Non seulement l’usage est pour moi justifié car il permet de mieux confronter les différents partis et de donner la parole à chacun spécifiquement, mais il faut également souligner la grande réussite scénique, visuelle – peut-être un peu moins dramatique – de la pièce.

Ce spectacle est beau et d’une fluidité parfaite. Les décors sont imposants et permettent de nombreux points de vue dans la maison, l’atmosphère se tend au fil de la pièce et tout l’accompagne, tant les lumières que les ambiances sonores, et la froideur scandinave s’installe sans problème sur la scène. Plus encore, il faut bien reconnaître que, contrairement aux Damnés ou à La Règle du Jeu, le metteur en scène a vraiment recherché un certain art de l’image et le film qui est diffusé sur l’écran est une réussite visuellement parlant. Ajoutons à cela une distribution sans faille, et on peut conclure que c’est un très beau travail. Et c’est en cela même que ça me pose un problème : on sent trop le travail qu’il y a derrière.

C’est évidemment lié aussi au dispositif en lui-même : probablement trop complexe, il fait tellement appel à nos sens « cérébraux » qu’il laisse fatalement de côté des réactions plus émotionnelles. Tout est tellement contrôlé et minutieusement rythmé pour que le rendu soit cohérent – et il l’est – que cela laisse finalement très peu de liberté aux comédiens : ce doit être de ces spectacles qui se ressemblent beaucoup d’une représentation à l’autre. En vérité, les acteurs ne peuvent s’écarter de leur partition et sont coincés dans cette précision absolue des déplacements, ce qui donne un résultat glacé – et totalement en accord avec la froideur générale du spectacle, évidemment. Mais qui me laisse aussi de côté. Ce spectacle a quelque chose de trop parfait, et là où je recherche la véracité de la vie, je me cogne à l’austérité de ce qui ressemble trop à une mise en scène issue d’un cerveau humain où tout serait trop clair et finalement, exempt de tout mystère.

Alors évidemment s’insinue en moi cette éternelle question : puis-je accepter de voir ce spectacle en tant que pièce de théâtre et puis-je aimer ce que je vois en ce moment en le nommant spectacle vivant ? Au fond, on s’en fiche un peu des noms des choses et tout cela n’est que pure convention, mais il faut être tolérant et comprendre mon irrépressible besoin de définir ce que je vois et, quelque part, cela remet à plat ma propre notion du théâtre. Et c’est absolument fascinant !

Je suis complètement tiraillée et une guerre s’établit en moi car je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé. Je n’ai pas été prise dans l’histoire et c’est quelque chose qui a tendance à me gêner au théâtre. Or ici, c’est probablement voulu puisque tout, de la scénographie jusqu’au propos en lui-même, nous invite à prendre de la distance par rapport à ce qu’il se passe sur scène. Alors forcément, je reste à côté et ça m’énerve. Une fois ce premier caprice passé, la question plus fondamentale que mon propre rapport à la pièce s’impose : qu’est-ce que le spectacle vivant, et quelles sont ses limites ?

Évidemment, ce qui est filmé est en direct donc les comédiens n’ont pas le droit à l’erreur donc je ne suis pas au cinéma. Mais d’un autre côté, les cameraman m’empêchent de suivre correctement ce qui se passe sur scène et me voilà contrainte, prise en otage par ce film qu’on m’impose. D’autre part, si les gros plans sur les comédiens m’offrent une vision incroyable sur leurs visages et expressions, ils refroidissent également l’ensemble car ils sont éloignés de moi par cet écran. L’image a malgré tout quelque chose d’artificel alors que le spectacle vivant offre une vérité à nulle autre pareille.
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Alice et autres merveilles

Alice et autres merveilles

7,5/10
16
Pour ceux qui, comme moi, ne connaissait Alice qu’à travers les films de Tim Burton, une tentative de résumé s’impose. Tentative vaine par avance, tant ce roman a quelque chose d’indescriptible. Peut-être ai-je un esprit trop français ? Après tout, les histoires qu’on me racontait, enfant, étaient tellement plus rationnelles ! Bref, Carroll compte l’histoire d’une petite fille qui tombe dans un terrier de lapin et atterrit dans un monde étrange gouverné par une reine qui veut voir tout le monde avec la tête coupée, où chaque met qu’elle mange la fait changer de taille, et où les animaux ont des conversations douteuses (oui, voilà ma description du Pays des Merveilles).

Ici, on retrouve intégralement les diverses aventures d’Alice dans ce Monde, auxquelles Fabrice Melquiot a rajouté des personnages : en effet, au cours de ses aventures, Alice va également rencontrer Le Petit Chaperon Rouge, Le Grand Méchant Loup ou encore Pinocchio. L’ajout me laisse un peu perplexe car je trouve les univers totalement décorrélés. Et je ne comprends pas vraiment l’utilité de ces personnages dans l’histoire : le monde de Carroll, si on parvient à y entrer, se tient très bien de lui-même. Bref, petite incompréhension de ma part sur ce point-là.

Mais à part ça, j’ai retrouvé l’imaginaire que j’avais découvert le matin-même, qui prenait littéralement vie sur la scène de l’Espace Cardin. Alice ouvre le spectacle en apparaissant au milieu du public, et c’est une belle image que de la voir au milieu de tous ces enfants, dont on suppose que les imaginaires fourmillent d’inventions et de personnages aussi fous que ceux de Carroll. Les lumières sont impressionnantes et créent de véritables atmosphères fantastiques, la scénographie est inventive et permet de reproduire efficacement toutes les bizarreries qui arrivent à Alice. Ce spectacle est une explosion de couleurs et de musique, et même si je suis restée imperméable à ce monde, c’est une belle réussite sensitive.

Cependant, je ne suis pas sûre que ce spectacle est directement destiné aux enfants. Je pense en tout cas que moi, enfant, j’aurais pu avoir peur de ce qui se passait sur scène. Les animaux qui entourent Alice n’ont rien d’enchanteur, et sont au contraire plutôt laids. Le Chat du Cheshire, si convivial chez Disney, si mignon chez Tim Burton, est ici plutôt inquiétant et a des airs d’Homme qui rit. Pour la petite fille assise à côté de moi, la plupart des personnages, d’ailleurs, étaient « les méchants », ce qui ne semble pas être l’intention de Carroll. Par ailleurs, certains passages chantés reprennent des chansons anglaises, ce qui peut laisser certains enfants de côté. Un beau spectacle, donc, mais, si son fond est accessible à tous, il reste plutôt réservé aux adultes dans sa forme.

Pour les amateurs de Carroll, je pense que ce spectacle pourrait être enivrant !
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Mélancolies, Julie Deliquet

Mélancolies, Julie Deliquet

6/10
6
J’ai découvert Julie Deliquet avec son merveilleux Vania monté pour la première fois en 2016 au Vieux-Colombier et repris cette saison en raison de son succès. Cette version déjà adaptée du célèbre Oncle Vania a totalement su me combler : l’atmosphère qui régnait alors sur le plateau était, à mon sens, totalement Tchekhovienne. Les modifications étaient très légères en vérité : Julie Deliquet avait gardé la majorité du texte et ajouté une scène, adapté certaines remarques à l’actualité. Cependant, l’âme était là. Mais elle est absente de ses Mélancolie(s).

Mélancolie(s), c’est un mélange des Trois Soeurs et d’Ivanov : les personnages des deux pièces se rencontrent, Ivanov-Nicolas étant un ancien ami du père des trois soeurs devenues deux, Sacha et Olympe. Sacha est toujours marié, mais plus à un professeur : son époux est devenu chef d’entreprise. Elles ont toujours un frère, Camille, qui est toujours avec une femme que ses deux soeurs ont du mal à supporter. Du côté Ivanov, Nicolas est marié à Anna, qui a une maladie très grave et incurable qui ne lui laisse que quelques années à vivre et, pour l’occasion, Olympe n’est plus directrice d’une école mais chirurgienne. Bref, pour mêler les deux histoires, Ivanov et Anna, accompagnés de Paul, un de leurs amis, rencontrent l’autre famille au début de la pièce.

Tout commençait pourtant très bien. Je suis rentrée dans cette histoire de familles qui se mêlent, de souvenirs qui ressurgissent. Mon radar de détection des injures à Tchekhov s’est rapidement éteint car j’ai retrouvé dans l’écriture et dans l’atmosphère qui régnaient sur scène quelque chose qui s’approchait de ce que je pouvais ressentir devant ses pièces. Et puis j’ai attendu. J’ai attendu. Et ça n’a pas pris. J’ai attendu l’émotion, j’ai attendu le message, j’ai attendu la vie. Mais l’étincelle qu’ils avaient allumée au début du spectacle s’est éteinte petit à petit.

Pourtant, je ne me suis ennuyée à aucun moment. Les acteurs sont tous très bons, et ils jouent ça avec vigueur et intérêt, sans doute mus par leur propre écriture. La mise en scène est très intelligente, présentant certains très beaux moments de temps qui passe, d’évolution des relations. Mais j’ai regardé ça comme un pur divertissement, et ce n’est pas ce que j’attendais de ce spectacle. Où est passée cette Mélancolie qu’ils mettent tant en valeur par les mots mais que je n’ai pas ressenti un seul instant ? J’attendais – et j’attends toujours – qu’un metteur en scène me fasse enfin comprendre ou haïr le personnage d’Ivanov, qui pour le moment ne réveille qu’un peu de pitié chez moi. J’espérais comprendre l’oeuvre sans doute la plus cruelle de Tchekhov. Ce sera pour une autre fois !

Mais si ce n’est ni un problème de texte, ni un problème de mise en scène, ni un problème de casting, pourquoi la mayonnaise n’a-t-elle pas prise ? Peut-être parce qu’il faudrait faire confiance à Tchekhov et arrêter de le déchiqueter en morceaux puis de le recomposer à sa propre sauce ? Pourquoi vouloir réadapter Tchekhov et ne pas essayer plutôt de le comprendre vraiment ? Pourquoi touche-t-on autant à ce monument cette saison, pourquoi prendre autant de libertés avec des textes pourtant si sublimes ?

Le geste initial comprend déjà une erreur : réécrire un texte qui n’est pas de soi est plein d’obstacles. Ce ne sont pas nos personnages, ce ne sont pas nos situations, nous ne les comprenons pas comme lui les maîtrisait. Ce n’est pas une intention qui vient des tripes, c’est une intellectualisation finalement un peu artificielle car elle ne naît pas en nous mais à partir de ce qu’on connaît déjà. Peut-être faudrait-il arrêter d’essayer de trouver « la bonne idée » et se concentrer sur ce qu’on veut véritablement dire, sur ce qu’on trouve nécessaire, presque vital. D’abord les tripes, ensuite le cerveau – voilà l’ordre des choses.
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Après la pluie

Après la pluie

3/10
24
Nous sommes au 49e étage d’un de ces buildings comme on en voit à La Défense et qui accueille une grande entreprise de finance. Pour s’échapper du boulot un instant, les employés montent dans cet endroit ouvert d’où on peut regarder le ciel, observer les gens, se demander combien de temps on mettrait pour tomber en bas. Ils viennent ici pour fumer, en cachette, puisqu’une loi récente interdit de fumer dans les lieux publics. Voilà.

J’ai la désagréable impression d’enchaîner les spectacles qui se veulent miroirs du quotidien et qui me déçoivent sur bien des niveaux. Je n’ai pas saisi l’intérêt profond de cette pièce. Le texte est misogyne et daté : j’ai eu beaucoup de mal à accrocher à ces secrétaires qui parlent chiffons et critiquent le pédé de l’entreprise pendant que la seule femme « d’affaire » est traitée en grande insensible et carrément qualifiée d’homme. Et je vous passe sur cette secrétaire qui entend des voix dans sa tête et se sent plutôt mal dans sa peau, dont le diagnostic est donné par une collège : « tu es mal baisée », et qui une fois « bien baisée » se sent comme une nouvelle femme ! Et oui, on en est là. Quant aux hommes, eux, ils rêvent de devenir « des femmes comme avant », c’est-à-dire des « radis ». Oui, oui, littéralement des radis.

Pourquoi monter ce texte ? Je m’interroge. J’ai tendance à mettre en avant des raisons politiques : après tout, ce texte est catalan, et la situation actuelle de l’Espagne étant ce qu’elle est, cela pouvait peut-être donner envie de redécouvrir des auteurs de cette nation. Alors oui, je suppose (et j’espère) que ce texte est écrit au second degré et que derrière ces personnages caricaturaux se cache une critique en bonne et due forme de cette société profondément misogyne qui a du mal à sortir de ses clichés. Peut-être aurait-on pu trouver une autre manière de faire passer le message ? 2h de caricature, de conversations frivoles, d’enchaînements de clichés, c’est long.

D’autant que je suis également restée insensible aux coupures brutales dans le texte, à ces parties poétiques ou étranges qui semblent sorties de nulle part, comme l’annonce abrupte de la stérilité d’une employée ou le brusque délire sur les oiseaux qui passent. J’ai manqué l’ironie, le message ou l’idée (bien) cachée derrière la partition. Et je passe le fait qu’après avoir passé le début du spectacle à me faire un torticolis pour apercevoir autre chose que des barres au milieu des visages des comédiens, j’ai fini par totalement m’affaler dans mon siège pour pouvoir apercevoir le tiers haut de leur corps en entier grâce à un nouvel angle de vu – certes, le décor est très beau, mais il aurait fallu songer aux premiers rangs, ou assumer et ne pas mettre en vente les quatre premiers rangs…

Et pourtant, comme toujours dans cette Maison, on ne peut pas reprocher grand chose aux comédiens. Enfin si, peut-être, on reprochera à Rebecca Marder un peu trop de récitation et pas assez d’incarnation. Mais le reste de la Troupe soutient ce texte autant qu’il le peut – et ça fait quand même plaisir de voir autant de femmes sur scène. Anna Cervinka est délicieuse – il faut dire que ces rôles de nunuches lui vont si bien ! Clothilde de Bayser, qu’on attendait moins dans ce type de rôle, remplit la mission en forçant un peu le trait – mais n’est-ce pas le texte qui veut ça ? Veronique Vella est en parfait décalage avec les deux comédiennes, elle apporte une douce humanité dans un rôle qui se voudrait poétique. Cécile Brune s’impose sans difficulté dans ce rôle de femme d’affaire aux « qualités masculines », mêlant à son autorité naturelle une touche de sensibilité bienvenue. Du côté des hommes, saluons les belles performances d’un Nâzim Boudjenah en pleine forme surfant tranquillement sur les clichés, de Alexandre Pavloff, torturé et assumant des propos bien trop catégoriques, et enfin Sebastien Pouderoux qui rejoint Véronique Vella sur son jeu en décalage, avec ses espèces d’envolées lunaires.
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