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Mordue de Théâtre
Mordue de Théâtre
Théâtrholic
27 ans
55 espions
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"Dans le grand ordre des choses, le spectacle le plus médiocre a sans doute plus de valeur que notre critique qui le dénonce comme tel."
Son blog : http://mordue-de-theatre.com/
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Ses critiques

205 critiques
Macbeth

Macbeth

5,5/10
3
Pour sa deuxième mise en scène en tant que directeur du Théâtre de l’Europe, Stéphane Braunschweig a décidé de s’attaquer au géant anglais, Shakespeare.

Un choix qui a étonné tout d’abord : on connaît le style du metteur en scène, plutôt carré, propre, mesuré. Cela peut donner de très belles réussites, comme son Tartuffe, monté à La Colline il y a 10 ans, ou, plus récemment, son puissant Britannicus à la Comédie-Française. Son tempérament réfléchi et modéré peut s’accorder avec ces pièces qui supportent une certaine intellectualisation. Mais face au foisonnement Shakespearien, ses limites sont évidentes.

Ha, Macbeth ! Sans doute ma pièce préférée du grand Bill. Elle retrace le parcours de Macbeth, de sa conquête innocente du titre de thane de Cawdor à celle, réfléchie et préméditée, de roi. Une attirance pour le pouvoir qui le conduira à l’acte ultime : le régicide. Poussé par sa femme et sa condition d’homme, il commettra le crime à une heure avancée de la nuit, mais le jour le remettra devant ses vérités et la culpabilité entraînera le nouveau couple royal vers une folie sans retour.

Impossible de ne pas comparer ce spectacle avec le précédent Macbeth que j’ai vu : monté par Ariane Mnouchkine, ce spectacle a été pour moi comme une révélation. Soudainement, j’ai eu l’impression de toucher du doigt Shakespeare, lui qui m’avait jusqu’alors paru très lointain à chaque représentation. Elle avait su trouver des images fortes, sans jamais dénaturer le texte ; des images qui provoquaient des échos puissants et si cohérents avec le monde d’aujourd’hui. Braunschweig n’a pas su trouver ces images. Au contraire, il a opté pour un spectacle fade et lent, qui jure avec ce texte si riche qu’il a pourtant choisi.

L’une des principales erreurs de sa mise en scène se situe dans son décor : en choisissant de représenter deux lieux principaux, le palais de Duncan et le château de Macbeth – en tout cas ses cuisines – de manière grandiloquente, il s’impose des changements de décors d’une lourdeur inutile. Ainsi, là où Mnouchkine avait fait le choix de changements à vue, dynamisant encore un spectacle qui n’avait pas besoin de l’être, Braunschweig coupe l’infime once de tension qu’il avait pu installer en baissant le rideau noir à de nombreuses reprises.

Or il aurait été bienvenu que le spectacle ne connaisse pas une telle cassure de rythme. La traduction, retravaillée pour l’occasion par Daniel Loayza et Stéphane Braunschweig, gagnait à être entendue. En grande partie du moins, puisque les ajouts contemporains évoquants le Brexit ou la BCE semblent inutiles et tombent à plat, dans une mise en scène ou rien n’évoque le monde moderne. C’est d’ailleurs étonnant que le metteur en scène, qui connaît le texte sur le bout des doigts pour l’avoir lui-même traduit, en fasse une transcription scénique si figée, si contradictoire avec l’essence-même du propos.

Peut-être n’a-t-il pas été aidé non plus par une distribution qui peine à faire éclater le discours Shakespearien. Problème de direction d’acteur ou plutôt intrinsèque au choix des comédiens ? Difficile à dire : si la mise en scène peine à prendre une direction claire, il en va de même pour les personnages. Le couple meurtrier semble tout particulièrement hors du ton : entre un Macbeth sans réelle évolution, cherchant à incarner la folie uniquement par la force de ses cris et ses continuels hochements de tête, et une Lady Macbeth un peu terne, sans réelle aura, on se demande pourquoi tant d’inquiétude agite l’Écosse médiévale. Au contraire, certains seconds rôles convainquent beaucoup plus facilement, comme Christophe Brault, roi plein d’humanité, ou David Clavel, Banquo gaillard et imposant.
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Le Jeu de l'amour et du Hasard (avec Vincent Dedienne)

Le Jeu de l'amour et du Hasard (avec Vincent Dedienne)

7,5/10
60
Le jeu de l’amour et du hasard met en scène deux jeunes couples. Silvia, fille d’Orgon, doit se marier avec Dorante. Mais elle appréhende ce mariage qui pourrait se faire alors qu’elle ne connaît encore mal son mari. Soucieuse de son bonheur, elle propose alors à son père l’arrangement suivant : pour mieux découvrir Dorante, elle veut l’accueillir sous le déguisement de sa coiffeuse, Lisette. Cela lui permettra de pouvoir observer son promis à sa guise sans faux semblants. Ce qu’elle ne sait pas, c’est que de son côté, Dorante aura eu la même idée, et se présente alors dans la maison sous le nom de Bourguignon, ayant laissant son bel habit à son valet, Arlequin, qui prend sa place.

Voilà une bien jolie pièce de théâtre dans le théâtre que ce Jeu de l’amour et du hasard – d’ailleurs, pour nous le rappeler, la servante est installée sur la scène lorsque les spectateurs arrivent. Cela donne le ton à la mise en scène de Catherine Hiegel : tout du long, un petit aspect pédagogique se fera ressentir. L’intention est louable : en effet, la salle semblait très hétérogène, et nombreux étaient les spectateurs qui découvraient le texte. Ayant anticipé son public, Hiegel propose une mise en scène un peu longue au démarrage, posant son histoire de la manière la plus claire possible, et les rires qui ponctuent les révélations sur le double jeu qui va s’opérer montre qu’elle avait vu juste.

Cependant, le spectacle va peu à peu prendre ses marques et se laisser porter par le texte de Marivaux. La mise en scène restera sage, s’appuyant fortement sur la partition et les comédiens qui sont réunis sur scène. Et il y a du niveau : quel ravissement infini que de découvrir Vincent Dedienne. Outre son talent comique, dont je me doutais – le nom de l’acteur étant pour moi fortement lié au one-man show – il est un excellent comédien et sa formation classique n’est pas à mettre en doute : son Arlequin est léger et drôle, toujours naturel, jamais cabot. Son entrée amène une belle respiration dans ce début de pièce un peu lourd et la prouesse se renouvellera à chaque fois, si bien qu’on se retrouvera toujours à attendre son retour sur scène.

Il faut dire qu’il trouve en Laure Calamy une partenaire idéale : passionnée, le regard vif, elle a un rire franc et contagieux sans jamais tomber dans l’hystérie. J’ai découvert la comédienne dans la série Dix pour cent et je suis absolument ravie de l’avoir retrouvée sur scène, où elle est tout aussi à l’aise : son port élégant ne jure aucunement avec son air malin et sa Lisette est à la fois piquante et attachante. Le duo formé par les deux valets soulève aisément les rires de la salle, sans jamais forcer le trait. C’est un plaisir également que de retrouver Alain Pralon, dont le regard paternel attendri, fin et malicieux, amène un peu de raison face à ces jeunes gens très impulsifs.

Malheureusement, je ne peux passer à côté d’une erreur de distribution aux lourdes conséquences : pourquoi Catherine Hiegel a-t-elle choisi Nicolas Maury pour incarner Dorante ? La question reste entière. Il ne semble pas du tout heureux d’être sur scène : au contraire, il a l’air mal à l’aise, comme parachuté ici sans son accord. Le comédien, que j’ai également découvert dans Dix pour cent, semble composer ici le même personnage que dans la série : un peu triste, un peu renfrogné, l’air maussade, le visage fermé, on ne croit pas à une minute à ce Dorante mal élevé. Lorsqu’il entre pour la première fois en scène sous le déguisement de son valet, on en vient à se demander si l’on a bien suivi le cours des choses et si le personnage qui entre n’est finalement pas le véritable valet qu’on découvre : finalement, c’est un Arlequin, serviteur d’aucun maître qui nous est proposé, et le manque du personnage de Dorante se fait vraiment sentir tout au long du spectacle. En effet, la lourdeur du personnage en vient à peser sur la pauvre Silvia, dont on ne peut s’imaginer une seule seconde qu’elle tombe amoureuse de cet être peu recommandable. Pour combler le décalage, Clothilde Hesme se voit obliger de légèrement surjouer, ce qui est dommage car on la sent bien plus libre dans les scènes sans son boulet. Il aurait fallu faire l’échange avec Cyrille Thouvenin, coquin Mario qui, lui, semble prendre un vrai plaisir à regarder le jeu se mener…
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Les Fourberies de Scapin

Les Fourberies de Scapin

3/10
60
Les Fourberies de Scapin ont une place importante dans mes souvenirs de théâtre : c’est le premier spectacle dont je me rappelle vraiment. J’étais en CM2, c’était une sortie scolaire, je découvrais la pièce bien que j’étais déjà allée quelques fois au théâtre. Premier balcon, côté cour, premier rang. Je me souviens d’avoir ri à en pleurer, à en hurler même et avoir applaudi comme jamais. Depuis, j’ai vu plusieurs Scapins : celui monté par Arnaud Denis où il incarnait le rôle titre, il y a quelques années, monté comme une farce et qui m’a touchée comme mon premier ; et celui de Laurent Brethome en 2014, qui a mis du temps à faire son chemin mais qui me laisse un grand souvenir, dû à cette vision nouvelle de la pièce et à un Scapin indépassable, Jérémy Lopez. Comme j’aime beaucoup les mises en scène de Denis Podalydès, mon quatrième Scapin devait suivre cette excellence. Raté.

On ne présente plus Scapin : ce valet qui va intriguer pour des jeunes gens amoureux et qui, en plus d’arracher de l’argent à leurs pères, va se venger par une scène de coups de bâtons à la fois drôle et cruelle. On le présente souvent intelligent et vif, metteur en scène de cette grande farce qu’il va orchestrer pour notre plus grand plaisir – je l’ai aussi connu blasé, usé par la vie et profondément seul, un Scapin plus humain que jamais et qui faisait résonner certaines tirades de la pièce avec une énergie dénonciatrice, lourde d’un passé qu’on devinait. Scapin est un terreau fertile pouvant donner lieu à diverses interprétations. Alors pourquoi la proposition de Denis Podalydès est-elle aussi vide ?

Son Scapin est totalement bipolaire : est-on dans la farce ou dans le drame ? Pourquoi Scapin aide-t-il ses maîtres ? Il ne ressemble plus qu’à une vague marionnette, un pantin dépourvu d’âme. Pour combler le vide, rien de mieux que de lourds décors qui prennent autant de place qu’ils sont inutiles. Je préfère ne pas penser au coût d’une telle installation : disposés sur les 3/4 de la scène, ils figurent un port offrant plusieurs points de vue aux comédiens : à cour, c’est un échafaudage de 5 étages que les acteurs passeront leur temps à monter et descendre, avec force bruits et mouvements ; à jardin, une sorte de belvédère duquel on devine vaguement une vue sur le port, et sur lequel les acteurs feront quelques allers-retours sans intérêt. Tout ça pour finalement venir jouer le reste du temps à l’avant-scène, bien loin de ce décor finalement inutile.

C’est peut-être l’un des spectacles de la Comédie-Française que j’ai vus où l’esprit de Troupe était le plus absent. Forcément, à venir toujours en solitaire devant les spectateurs, cela jure avec la véracité des dialogues et leur crédibilité. De manière générale, sur ce spectacle, la direction d’acteurs laissait fortement à désirer : dès les premières minutes du spectacle, Julien Frison – Octave, ses cris et ses gesticulations à outrance donnaient le ton du spectacle : bruyant et mouvementé. Grande déception également du côté d’Adeline d’Hermy – Zerbinette, qui est d’habitude lumineuse et singulière sur le plateau, et qu’on retrouve ici totalement hors du ton, avec des rires sonnant faux, presque vulgaire dans ses intonations, à se demander pourquoi Léandre manque de se tuer pour elle. Seuls les deux comédiens incarnant les pères, Gilles David et Didier Sandre, semblent avoir compris quelque chose de leurs personnages, offrant des scènes plus rythmées. Je salue également le jeu de Gaël Kamilindi, que je vois pour la deuxième fois sur la scène de la Salle Richelieu, et qui a composé un Léandre touchant, tout en innocence et en sensibilité.

Comme j’ai retardé ma venue aux Fourberies pour cause d’Hommage à Molière, j’ai quand même eu le temps de voir passer quelques critiques. Loin d’être unanimes sur la mise en scène, je voyais quand même ressortir un point commun en la personne de Benjamin Lavernhe. Je n’avais aucun doute sur le talent du jeune homme. Je n’en ai toujours aucun et ne mettrai pas en cause le comédien, mais bien plutôt encore la direction d’acteur, pour avoir ainsi écrasé les dispositions du pensionnaire sous une incarnation basée uniquement sur l’énergie et le cabotinage. Est-il vraiment utile de préciser que sa tirade sur la justice, que j’avais enfin réussi à entendre dans la version de Brethome, résonnait ici comme une liste de course, un mauvais moment à passer ? Il est sans doute la plus grosse erreur de Podalydès dans ce spectacle : avoir transformé le rôle de Scapin en le numéro de Scapin. Il est celui qui joue le plus pour le public, semblant totalement hors de l’histoire alors qu’il devrait la créer. Il cherche à faire son propre spectacle et plus il ajoute des gags, moins je rentre dans son jeu. Ce qui m’a le plus marquée, c’est à quel point ce Scapin, qui tentait de faire rire le public, ne semblait pas s’amuser.
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Nénesse

Nénesse

1,5/10
72
Sur le papier, le propos pouvait être intéressant.

Nénesse passe sa journée à cracher sur tout ce qui peuple la France d’aujourd’hui : arabes, noirs, juifs, femmes, homosexuels… Facile et tellement humain, de rejeter tous ses malheurs sur les autres. Olivier Marchal parle de son personnage en disant qu’il est « attachant ». D’ailleurs, malgré ses tares, il accueille chez lui deux sans-papiers, un musulman et un russe, qui tous deux parlent de cette France avec amour, reconnaissance et fierté. Un mélange qui aurait donc pu conduire à de beaux débats d’idée.

Le problème, c’est que sur scène, c’est plutôt un vaste nénéant. On comprend rapidement que le texte va rester sur cette ligne de conduite durant tout le spectacle, qui ne se révèlera donc qu’une longue série d’insultes de la part de Nénesse. Aucune portée, aucune échappatoire, pas même choquant, la partition m’a laissée insensible et m’a plongée dans un profond désintérêt. Les acteurs, auxquels on ne peut rien pourtant reprocher, ne parviennent pas à sauver ce texte qui plombe le spectacle.

La seule explication que je trouve pour éclairer l’intention de Jean-Louis Martinelli en montant cette pièce, c’est qu’il a voulu faire un coup. Monter un texte traitant d’un homme raciste, homophobe, antiféministe et j’en passe, aujourd’hui, cela aurait pu faire le buzz… et aurait sans doute fonctionné si le texte avait porté en lui une idée, un intérêt, ou une réponse.
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Un mois à la campagne

Un mois à la campagne

9,5/10
12
Critiquer un spectacle d’Alain Françon est toujours quelque chose de délicat pour moi. J’ai l’impression de critiquer à la fois un chef-d’oeuvre et quelque chose de très simple, entre intime et sobriété. Lorsque j’ai vu Fin de Partie, j’avais 16 ans, je me souviens que je me suis sentie comme scotchée à mon siège. Il avait ouvert une nouvelle dimension sur scène, comme le peintre qui ajoute une touche finale à son tableau, comme le joueur qui façonne son Golem et qui voit briller la lumière de la vie dans ses yeux : Françon, lui, ajoute cette âme indescriptible qui laisse une impression forte et laisse des traces visibles, du coeur au cerveau.

Un mois à la campagne signe donc ma rencontre avec Tourgueniev. Dans le titre autant que chez le dramaturge, impossible de ne pas penser à Tchekhov – qui s’est d’ailleurs beaucoup inspiré de Tourgueniev – et cette pièce a des résonances russes indéniables : la manière d’étirer le temps, de montrer ainsi une tranche de vie sans action véritable mais simplement à travers les êtres et leurs relations est une chose que je n’ai encore rencontrée que chez eux. Ici, on se retrouve chez Natalia Petrovna qui semble un peu s’ennuyer, délaissée par son mari et ayant pour principale compagnie Mikhaïl Aleksandrovitch Rakitine, un intellectuel épris d’elle mais qui ne parvient pas à la sortir de son morne quotidien. C’est Alekseï Nikolaïevitch Belyaev, le nouveau tuteur de Kolia, le fils de Natalia Petrovna, qui va amener la lumière qui manquait à sa vie ; pour la première fois, elle va tomber amoureuse.

On entend souvent dire de Françon qu’il est un metteur en scène classique. J’ai surtout l’impression que ce qui fait de lui un metteur en scène traditionnel – allez disons-le carrément : ringard ! dépassé ! – est qu’il rend le texte limpide. Il se met entièrement au service du texte qu’il sert et tout son art part de là, sans s’embarrasser inutilement des gadgets à la mode qui pourraient faire bien sur une scène de théâtre. Ainsi les noms des personnages souvent compliqués dans les pièces russes deviennent rapidement familiers, ainsi aucun artifice de mise en scène, aucun rajout, aucune « idée révolutionnaire », ainsi la vie prend forme sur scène de la manière la plus naturelle et la plus percutante qui soit. Cette tendance à la simplicité se perd et ces mises en scène, toujours plus rares, n’en deviennent que plus précieuses.

Ce texte-là n’est pas de premier ordre. Ce n’est pas vraiment ça qui restera, mais plutôt une atmosphère, des échanges, des instants de vie. Dans sa direction d’acteurs, toujours exemplaire, Françon s’attache à s’ancrer dans le présent : aidé par une traduction moderne et efficace, sa mise en scène est éclatante de vérité et permet aisément à la tension dramatique de s’installer sans fausse note. Françon a dessiné ses personnages avec un tour de main précis, les a colorés de sentiments au pastel et leur a donné le mouvement tel un chorégraphe : on assiste à un véritable tableau en mouvement, terrassant de beauté et respirant la vie.

Ce spectacle signe aussi ma rencontre avec Anouk Grinberg. Je ne trouve pas de meilleur mot que subjuguée pour décrire ma réaction face à son jeu. Immédiatement m’est venu le nom de Sarah Bernhardt : Anouk Grinberg incarne l’image que je m’étais faite de l’illustre comédienne. Tour à tour fascinée par sa verve et énervée par des rapidités de fin de phrase, elle provoquait en moi des sentiments contraires qui ont finalement laissé place à un magnétisme puissant. Envoutée par sa voix, quelque part entre Raphaëline Goupilleau et Adeline d’Hermy, étonnée par sa transformation, successivement adolescente de 15 ans puis femme mûre de 50, ahurie par son rythme particulier, induisant constamment un léger décalage entre gestuelle et parole, irradiée par sa puissance, éblouie par sa beauté… J’ai simplement vu la plus grande comédienne française contemporaine.

Mais Françon ne s’est jamais contenté d’une tête d’affiche. La distribution est en tout point exceptionnelle. Le rôle de Rakitine sied parfaitement à Micha Lescot : son éternel air désabusé et ce corps démesurément grand dont il ne semble pas toujours conscient servent parfaitement ce personnage à la fois hors du temps et pourtant lucide sur son entourage. Ce fut un plaisir de retrouver Nicolas Avinée, découvert dans le Vu du Pont d’Ivo Van Hove : le comédien incarnant Alekseï m’a fait autant d’effet qu’à Natalia ! Il faut dire qu’il ressort parfaitement du cadre avec ses grands yeux ouverts sur le monde et sa démarche pleine d’entrain, débordant de jeunesse et de vie. Grande découverte également : Philippe Fretun, médecin clairvoyant et cynique, dont le jeu d’acteur m’a semblé tellement porté vers l’autre qu’il en ressortait transcendé.

Un spectacle d’exception, dont le tableau final constitue un point d’orgue à couper le souffle. Françon reste le Maître.
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