Ses critiques
10 critiques
7/10
Alreadynotyet, d'Aesoon Ahn, est une succession de tableaux plus ou moins compréhensibles mais toujours intéressants. Le décor est dépouillé, sauf pour l'introduction et la longue conclusion qui bénéficient d'une mise en scène plus élaborée.
La pièce s'ouvre sur la troupe étendue, endormie devant un fond de scène montrant des poupées de bois funéraires voguant sur une mer déchaînée. S'ensuivent des scènes de chasse, de séduction, de batailles , de fêtes, de beuveries, pour finir par un spectaculaire passage dans l'au-delà.
D'après le programme, la thématique de cette œuvre est l'exploration des limbes, de la limite entre la vie et la mort, telle que conçue dans la culture coréenne. J'aurais dû prendre plus de temps pour intégrer les repères culturels proposés dans le programme, beaucoup de passages et même le sens général me sont restés hermétiques.
La danse était très dynamique, énergique. La plupart des tableaux étaient des scènes de groupe, avec peu de solos. J'ai beaucoup apprécié la scène où l'ensemble des danseurs s'efforce désespérément de maintenir deux hommes dans les bras l'un de l'autre. Même sans avoir pu décrypter l'intention, c'était formellement très réussi.
Les danseurs étaient accompagnés par une troupe de musiciens revisitant des morceaux du répertoire traditionnel coréen. La chanteuse faisait le lien entre les deux groupes, s'insérant dans le jeu de scène jusqu'à participer à la chorégraphie finale.
Malgré la difficulté de compréhension, j'ai aimé l'énergie et la variété de cette chorégraphie. J'espère pouvoir assister à d'autres créations d'Aesoon Ahn et de la Korean National Contemporary Dance Company.
La pièce s'ouvre sur la troupe étendue, endormie devant un fond de scène montrant des poupées de bois funéraires voguant sur une mer déchaînée. S'ensuivent des scènes de chasse, de séduction, de batailles , de fêtes, de beuveries, pour finir par un spectaculaire passage dans l'au-delà.
D'après le programme, la thématique de cette œuvre est l'exploration des limbes, de la limite entre la vie et la mort, telle que conçue dans la culture coréenne. J'aurais dû prendre plus de temps pour intégrer les repères culturels proposés dans le programme, beaucoup de passages et même le sens général me sont restés hermétiques.
La danse était très dynamique, énergique. La plupart des tableaux étaient des scènes de groupe, avec peu de solos. J'ai beaucoup apprécié la scène où l'ensemble des danseurs s'efforce désespérément de maintenir deux hommes dans les bras l'un de l'autre. Même sans avoir pu décrypter l'intention, c'était formellement très réussi.
Les danseurs étaient accompagnés par une troupe de musiciens revisitant des morceaux du répertoire traditionnel coréen. La chanteuse faisait le lien entre les deux groupes, s'insérant dans le jeu de scène jusqu'à participer à la chorégraphie finale.
Malgré la difficulté de compréhension, j'ai aimé l'énergie et la variété de cette chorégraphie. J'espère pouvoir assister à d'autres créations d'Aesoon Ahn et de la Korean National Contemporary Dance Company.
2/10
Une succession non-stop de plaisanteries lourdes et grasses qui a beaucoup, beaucoup fait rire la salle. J'ai été plutôt réfractaire à ce style, même si 2 ou 3 répliques m'ont fait rire. Mais la seconde partie était presque insupportable tant la vulgarité était surjouée.
Benoît Labannière remplaçait Alil Vardar ce soir-là. N'ayant jamais vu Alil Vardar, je ne pourrai pas comparer sa performance, mais je l'ai trouvé plutôt charismatique, et qui tenait bien ce rôle survolté. Les deux actrices étaient bien plus faibles, même si très volontaires dans les pitreries.
La plus grande partie du public a aimé, nul doute que cette pièce restera longtemps à l'affiche.
Benoît Labannière remplaçait Alil Vardar ce soir-là. N'ayant jamais vu Alil Vardar, je ne pourrai pas comparer sa performance, mais je l'ai trouvé plutôt charismatique, et qui tenait bien ce rôle survolté. Les deux actrices étaient bien plus faibles, même si très volontaires dans les pitreries.
La plus grande partie du public a aimé, nul doute que cette pièce restera longtemps à l'affiche.
7/10
Le livret de Moira Buffini n'est pas vraiment une adaptation moderne d'Alice au pays des merveilles ; il s'inspire des personnages et des situations mais propose une histoire bien différente.
Aly est une ado britannique, mal dans sa peau. Ses parents ont divorcé, elle se sent responsable de leur rupture. Suite à son déménagement avec sa mère, Aly arrive dans une école où elle ne connaît personne, et où elle est victime du harcèlement d'un groupe de filles. N'ayant personne avec qui partager ses émotions, elle se plonge dans un monde virtuel à la Second Life. Elle y rencontre d'autres ados qui viennent également vivre une vie rêvée, loin des complications de leur vie réelle. Les rencontres avec des personnages virtuels, où on reconnaît les différents protagonistes du livre de Lewis Carroll, vont amener Aly à se remettre en question, et à trouver la force d'affronter ses difficultés en s'acceptant d'abord elle-même.
Le traitement de l'histoire est intelligent. Loin de présenter Aly et ses amis qu'elle ne rencontre jamais comme des ados repliés sur leurs jeux vidéos, Wonder.land montre la construction d'amitiés véritables aux travers d'identités virtuelles. On est loin de la stigmatisation récurrente des mondes virtuels.
Musique moins intéressante que ce qu'on aurait pu espérer de Damon Arban, arrangée à la manière plutôt classique des comédies musicales du West End. La mise en scène est efficace au milieu d'éléments de décors grisâtres, mais n'offre pas vraiment de scène inoubliable. Le spectacle est bien rythmé, sans temps mort, avec de nombreuses scènes de groupe. Les interprètes sont bien rodés. J'ai trouvé que les chorégraphies étaient vraiment trop basiques, en particulier le lapin blanc, qui semblait gesticuler un peu au hasard. Un mauvais point sur la sonorisation du Châtelet, les paroles étaient souvent inaudibles au premier balcon lorsque la musique devenait forte. Curieusement, l'orchestre était en coulisses et non dans la fosse.
Pour une fois c'est surtout l'histoire qui m'a intéressé dans cette comédie musicale, qui, sans jouer sur la corde sensible, nous fait suivre le cheminement émotionnel et affectif d'Aly, digne cousine lointaine d'Alice.
Aly est une ado britannique, mal dans sa peau. Ses parents ont divorcé, elle se sent responsable de leur rupture. Suite à son déménagement avec sa mère, Aly arrive dans une école où elle ne connaît personne, et où elle est victime du harcèlement d'un groupe de filles. N'ayant personne avec qui partager ses émotions, elle se plonge dans un monde virtuel à la Second Life. Elle y rencontre d'autres ados qui viennent également vivre une vie rêvée, loin des complications de leur vie réelle. Les rencontres avec des personnages virtuels, où on reconnaît les différents protagonistes du livre de Lewis Carroll, vont amener Aly à se remettre en question, et à trouver la force d'affronter ses difficultés en s'acceptant d'abord elle-même.
Le traitement de l'histoire est intelligent. Loin de présenter Aly et ses amis qu'elle ne rencontre jamais comme des ados repliés sur leurs jeux vidéos, Wonder.land montre la construction d'amitiés véritables aux travers d'identités virtuelles. On est loin de la stigmatisation récurrente des mondes virtuels.
Musique moins intéressante que ce qu'on aurait pu espérer de Damon Arban, arrangée à la manière plutôt classique des comédies musicales du West End. La mise en scène est efficace au milieu d'éléments de décors grisâtres, mais n'offre pas vraiment de scène inoubliable. Le spectacle est bien rythmé, sans temps mort, avec de nombreuses scènes de groupe. Les interprètes sont bien rodés. J'ai trouvé que les chorégraphies étaient vraiment trop basiques, en particulier le lapin blanc, qui semblait gesticuler un peu au hasard. Un mauvais point sur la sonorisation du Châtelet, les paroles étaient souvent inaudibles au premier balcon lorsque la musique devenait forte. Curieusement, l'orchestre était en coulisses et non dans la fosse.
Pour une fois c'est surtout l'histoire qui m'a intéressé dans cette comédie musicale, qui, sans jouer sur la corde sensible, nous fait suivre le cheminement émotionnel et affectif d'Aly, digne cousine lointaine d'Alice.
8,5/10
Un spectacle ultra contemporain, un opéra créé en 1978, et une mise en scène de Calixto Bieito.
Débarrassé de toute référence visuelle historique, dans un décor symbolique (une haute palissade se disloquant lentement pour finir par s'effondrer tout à fait), le propos de ce Lear se concentre sur la vieillesse et sa déchéance : perte de pouvoir sur son entourage, perte de contrôle sur son corps, perte de la raison. Pour compléter la tragédie, le vieux Lear finit par perdre ses enfants, et de là l'ensemble de son royaume qu'il a passé toute sa vie à construire. Il ne lui reste plus qu'à sombrer dans la folie, assis au bord de la scène, dans son caleçon souillé.
La musique, très dissonante, souvent violente, accompagne admirablement ce drame. Je ne connaissais pas du tout cet opéra il y a quelques mois, j'en avais écouté un enregistrement pour essayer d'y trouver quelques repères. J'ai été étonné de l'ampleur que prend la musique de Reimann en live. La section des percussions est tellement large qu'elle débordait sur les quatre loges du premier balcon, ce qui leur donnait une présence inédite.
La réussite de cette représentation repose surtout sur l'interprétation magistrale, extrême de Lear par le baryton Bo Skovhus. Il n'est pas fréquent de voir un chanteur d'opéra aussi impliqué dans l'aspect théâtral de son rôle. Skovhus domine largement la distribution, qui reste plus classique. Mention spéciale au contre-ténor Andrew Watts dans le rôle du terrorisé Edgar.
Peu de moments de répit dans cette œuvre, ce qui a découragé quelques spectateurs à l'entracte. Pour ma part j'ai été captivé par ce récit terrible, j'en suis sorti lessivé, et profondément marqué par certaines scènes (la tempête, la fuite de Gloucester aveuglé, et la dernière scène, bien sûr).
Débarrassé de toute référence visuelle historique, dans un décor symbolique (une haute palissade se disloquant lentement pour finir par s'effondrer tout à fait), le propos de ce Lear se concentre sur la vieillesse et sa déchéance : perte de pouvoir sur son entourage, perte de contrôle sur son corps, perte de la raison. Pour compléter la tragédie, le vieux Lear finit par perdre ses enfants, et de là l'ensemble de son royaume qu'il a passé toute sa vie à construire. Il ne lui reste plus qu'à sombrer dans la folie, assis au bord de la scène, dans son caleçon souillé.
La musique, très dissonante, souvent violente, accompagne admirablement ce drame. Je ne connaissais pas du tout cet opéra il y a quelques mois, j'en avais écouté un enregistrement pour essayer d'y trouver quelques repères. J'ai été étonné de l'ampleur que prend la musique de Reimann en live. La section des percussions est tellement large qu'elle débordait sur les quatre loges du premier balcon, ce qui leur donnait une présence inédite.
La réussite de cette représentation repose surtout sur l'interprétation magistrale, extrême de Lear par le baryton Bo Skovhus. Il n'est pas fréquent de voir un chanteur d'opéra aussi impliqué dans l'aspect théâtral de son rôle. Skovhus domine largement la distribution, qui reste plus classique. Mention spéciale au contre-ténor Andrew Watts dans le rôle du terrorisé Edgar.
Peu de moments de répit dans cette œuvre, ce qui a découragé quelques spectateurs à l'entracte. Pour ma part j'ai été captivé par ce récit terrible, j'en suis sorti lessivé, et profondément marqué par certaines scènes (la tempête, la fuite de Gloucester aveuglé, et la dernière scène, bien sûr).
8/10
Excellente soirée au Lucernaire, dans une salle surchauffée... par l'absence de clim...
Le décor simple et coloré met directement dans l'ambiance : on va revisiter le classique de Marivaux sur un mode plus punchy et contemporain. C'est une transposition moderne, réussie parce qu'elle ne sert que de décors sans prétendre ajouter ou détourner le sens de la pièce. La mise en scène resserre heureusement le rythme, indispensable pour une comédie. Quelques vidéos muettes servent d'interludes, facétieusement introduites par Mario.
Les acteurs sont survoltés, j'imagine que ça peut agacer, pour ma part j'ai beaucoup ri, l'arrivée du faux Dorante m'a même déclenché un fou rire !
Heureusement, les acteurs ne font pas que du burlesque, et j'ai trouvé Salomé Villiers particulièrement convaincante lorsqu'elle est troublée par celui qu'elle croit être Bourguignon, joué par le très classe François Nambot. Par contre j'ai été surpris du choix de maintenir Lysette et Arlequin dans un mode tendu, très sérieux après leurs aveux réciproques, on aurait pu s'attendre à plus de tendresse pour clore cette scène.
La pièce reste cependant ce qu'elle est, on évitera de la juger avec nos esprits du 21e siècle. C'est sûr que la lutte des classes ne passera pas par là! Une belle réussite, un vrai plaisir de ré-entendre ce texte.
Le décor simple et coloré met directement dans l'ambiance : on va revisiter le classique de Marivaux sur un mode plus punchy et contemporain. C'est une transposition moderne, réussie parce qu'elle ne sert que de décors sans prétendre ajouter ou détourner le sens de la pièce. La mise en scène resserre heureusement le rythme, indispensable pour une comédie. Quelques vidéos muettes servent d'interludes, facétieusement introduites par Mario.
Les acteurs sont survoltés, j'imagine que ça peut agacer, pour ma part j'ai beaucoup ri, l'arrivée du faux Dorante m'a même déclenché un fou rire !
Heureusement, les acteurs ne font pas que du burlesque, et j'ai trouvé Salomé Villiers particulièrement convaincante lorsqu'elle est troublée par celui qu'elle croit être Bourguignon, joué par le très classe François Nambot. Par contre j'ai été surpris du choix de maintenir Lysette et Arlequin dans un mode tendu, très sérieux après leurs aveux réciproques, on aurait pu s'attendre à plus de tendresse pour clore cette scène.
La pièce reste cependant ce qu'elle est, on évitera de la juger avec nos esprits du 21e siècle. C'est sûr que la lutte des classes ne passera pas par là! Une belle réussite, un vrai plaisir de ré-entendre ce texte.
- 1
- 2