Ses critiques
10 critiques
7,5/10
Couplage inédit du célèbre opéra de Mascagni avec celui bien moins connu et plus ardu de Hindemith.
Difficile de trouver un véritable lien entre les deux qui n'ont en commun ni le style, ni les sujets abordés, ni l'époque... Il faut peut-être chercher dans les mises en scène de Mario Martone une certaine manière de représenter la religion, pourtant très peu présente dans Cavalleria hormis le contexte temporel de Pâques. C'était néanmoins l'occasion d'assister à une rare représentation de Sancta Susanna.
La mise en scène de Cavalleria Rusticana m'a époustouflé! Totalement minimaliste, zéro décors, et pourtant trois ambiances bien différentes (une église, la place du village, une maison) basées uniquement sur les acteurs, et en particulier sur le chœur, que j'ai rarement vu aussi bien dirigé. L'idée de faire se dérouler l'action dans les derniers rangs de la congrégation réunie à l'église était excellente. Le face à face entre Turridu et sa mère était saisissant, uniquement éclairé par des douches. Bien sûr un tel minimalisme est parfois en décalage avec le texte: Mamma Lucia invite Santuzza à "entrer dans sa maison", la cantatrice désignant alors la chaise à côté d'elle, puisque Martone a placé l'action dans l'église... Excellente distribution avec Elīna Garanča en Santuzza et Yonghoon Lee en Turiddu.
La musique ne m'a pas vraiment emporté, malgré quelques beaux arias, et l'histoire se résume à un fait divers banal: une femme trahie, un mari trompé pas content.
Celle de Sancta Susanna est bien plus intrigante: une nonne se voit dévorée par une passion charnelle pour le Christ. C'est un opéra teinté d’expressionnisme allemand, avec une musique tirant vers l'atonal, et un livret non linéaire, qui nous plonge dans la même confusion que son héroïne, une œuvre qui m'a vraiment passionné. J'ai été moins convaincu par la mise en scène; pourtant chaque élément était réussi pris indépendamment: la scène était presqu'entièrement bouchée par un mur avec la cellule monastique se découpant en plein milieu; le fantôme d'une nonne emmurée progressait de manière inquiétante dans les sous-sol du couvent hantés par une énorme araignée, un gigantesque crucifix descend en fond de scène... Mais cette idée de restreindre l'espace scénique à une cellule, où se passe 90% de l'oeuvre, est un peu extrémiste; une scène de la taille du théâtre de poche Montparnasse face à 2700 personnes, toute l'action portée sur un seul plan en avant de la scène, ce dispositif m'a paru vraiment contraignant. En étant sur le côté de l'orchestre je n'ai pas tout vu, je doute que le public du deuxième balcon ait pu voir l'araignée emporter le fantôme, par exemple. Là encore rien à redire sur la distribution, fiévreusement menée par une Anna Caterina Antonacci possédée par son rôle.
Difficile de trouver un véritable lien entre les deux qui n'ont en commun ni le style, ni les sujets abordés, ni l'époque... Il faut peut-être chercher dans les mises en scène de Mario Martone une certaine manière de représenter la religion, pourtant très peu présente dans Cavalleria hormis le contexte temporel de Pâques. C'était néanmoins l'occasion d'assister à une rare représentation de Sancta Susanna.
La mise en scène de Cavalleria Rusticana m'a époustouflé! Totalement minimaliste, zéro décors, et pourtant trois ambiances bien différentes (une église, la place du village, une maison) basées uniquement sur les acteurs, et en particulier sur le chœur, que j'ai rarement vu aussi bien dirigé. L'idée de faire se dérouler l'action dans les derniers rangs de la congrégation réunie à l'église était excellente. Le face à face entre Turridu et sa mère était saisissant, uniquement éclairé par des douches. Bien sûr un tel minimalisme est parfois en décalage avec le texte: Mamma Lucia invite Santuzza à "entrer dans sa maison", la cantatrice désignant alors la chaise à côté d'elle, puisque Martone a placé l'action dans l'église... Excellente distribution avec Elīna Garanča en Santuzza et Yonghoon Lee en Turiddu.
La musique ne m'a pas vraiment emporté, malgré quelques beaux arias, et l'histoire se résume à un fait divers banal: une femme trahie, un mari trompé pas content.
Celle de Sancta Susanna est bien plus intrigante: une nonne se voit dévorée par une passion charnelle pour le Christ. C'est un opéra teinté d’expressionnisme allemand, avec une musique tirant vers l'atonal, et un livret non linéaire, qui nous plonge dans la même confusion que son héroïne, une œuvre qui m'a vraiment passionné. J'ai été moins convaincu par la mise en scène; pourtant chaque élément était réussi pris indépendamment: la scène était presqu'entièrement bouchée par un mur avec la cellule monastique se découpant en plein milieu; le fantôme d'une nonne emmurée progressait de manière inquiétante dans les sous-sol du couvent hantés par une énorme araignée, un gigantesque crucifix descend en fond de scène... Mais cette idée de restreindre l'espace scénique à une cellule, où se passe 90% de l'oeuvre, est un peu extrémiste; une scène de la taille du théâtre de poche Montparnasse face à 2700 personnes, toute l'action portée sur un seul plan en avant de la scène, ce dispositif m'a paru vraiment contraignant. En étant sur le côté de l'orchestre je n'ai pas tout vu, je doute que le public du deuxième balcon ait pu voir l'araignée emporter le fantôme, par exemple. Là encore rien à redire sur la distribution, fiévreusement menée par une Anna Caterina Antonacci possédée par son rôle.
5/10
D'après le "mini-drame" de Tchekov. D'après... Mais vraiment de loin... La représentation sort peu à peu de son cadre, tout devient très méta, ça parle plus des acteurs eux-mêmes que du drame. Mais le sujet étant le même que la pièce originale, on a affaire à une étrange redite.
Les premières digressions restaient intéressantes, par contre lorsque ça a commencé à s'éloigner sans retour possible, la pièce s'est mise à traîner en longueur, de bouffonneries interminables en numéros musicaux. J'ai tout de même apprécié les acteurs, que j'ai trouvé très engagés. J'en suis ressorti pas très convaincu. Mais j'aurais sans doute dû mieux me renseigner, vu que je m'attendais réellement à une représentation de la pièce de Tchekov.
Les premières digressions restaient intéressantes, par contre lorsque ça a commencé à s'éloigner sans retour possible, la pièce s'est mise à traîner en longueur, de bouffonneries interminables en numéros musicaux. J'ai tout de même apprécié les acteurs, que j'ai trouvé très engagés. J'en suis ressorti pas très convaincu. Mais j'aurais sans doute dû mieux me renseigner, vu que je m'attendais réellement à une représentation de la pièce de Tchekov.
7,5/10
En voulant transposer sur scène un fait divers, le suicide de quatre retraitées grecques broyées par la crise, les acteurs se rendent compte qu'ils ne peuvent pas donner un sens à cette tragédie, essayant tour à tour diverses approches, politique, naturaliste, révolutionnaire...
Quatre longs monologues, où chacun propose une façon de jouer une des retraitées et constate son échec. Une pièce entièrement basée sur le discours, heureusement pas trop longue, mais vraiment intéressante, du théâtre qui amène à réfléchir au-delà de l'émotion.
La mise en scène était à juste titre minimaliste, sans décors, la pièce étant organisée autour des quatre discours, ce qui permet malgré tout une image finale forte par contraste. Les acteurs étaient amplifiées, d'où un jeu très naturel.
Quatre longs monologues, où chacun propose une façon de jouer une des retraitées et constate son échec. Une pièce entièrement basée sur le discours, heureusement pas trop longue, mais vraiment intéressante, du théâtre qui amène à réfléchir au-delà de l'émotion.
La mise en scène était à juste titre minimaliste, sans décors, la pièce étant organisée autour des quatre discours, ce qui permet malgré tout une image finale forte par contraste. Les acteurs étaient amplifiées, d'où un jeu très naturel.
6,5/10
Triple hommage au cinéma muet, à la comédie musicale et au grand-guignol, avec une bonne dose de burlesque. Les décors, inspirés de l’expressionnisme allemand, mettent d'emblée dans l'ambiance, l'effet de noir et blanc est bien rendu par le maquillage et les costumes, la mise en scène est très dynamique.
Je ne m'aventurerai pas à résumer l'histoire, les gags reposant principalement sur le comique de situation. L'intermède m'a paru un peu long, les gags étaient faciles et très étirés. La pièce elle-même était plus drôle, même si effectivement certains gags étaient du déjà-vu.
C'est une vraie pièce de divertissement, qui doit beaucoup à ses interprètes très dynamiques. On se souviendra longtemps de la très belle performance de la soprano colorature Jeannette Salvador.
Je ne m'aventurerai pas à résumer l'histoire, les gags reposant principalement sur le comique de situation. L'intermède m'a paru un peu long, les gags étaient faciles et très étirés. La pièce elle-même était plus drôle, même si effectivement certains gags étaient du déjà-vu.
C'est une vraie pièce de divertissement, qui doit beaucoup à ses interprètes très dynamiques. On se souviendra longtemps de la très belle performance de la soprano colorature Jeannette Salvador.
7/10
Voici une pièce de boulevard qui m'a beaucoup plu. Le point de départ était amusant, les réactions des deux femmes se manipulant mutuellement par mari interposé étaient drôles, en particulier Pascale Arbillot. Les moments de comédie ne sont pas (trop) surjouées, l'intrigue est bien menée, sans temps mort. Les personnages sont un peu caricaturaux, le mari en particulier, mais ça n'a pas gâché mon plaisir. L'évolution du personnage principal qui apparaît finalement plutôt comme un goujat était convaincante.
Le décor et les costumes étaient une véritable reconstitution d'une scène des années 60, la plongée dans le temps semblait renforcée par un cadre de scène semblable à un vieil écran cathodique.
Par contre je n'ai pas compris le choix des éclairages: Seuls les projecteurs de face basse et contre-plongée étaient utilisés. Je ne sais pas si c'était indispensable pour n'éclairer que la moitié du décor "active", ou bien pour rendre un éclairage de type "appartement", mais le résultat était franchement sous-éclairé avec des ombres pas très heureuses.
J'avais été peu enthousiasmé par Fleur de cactus. Ce précédent essai de résurrection du boulevard des années 60 m'a bien plus convaincu du talent de Michel Fau.
Le décor et les costumes étaient une véritable reconstitution d'une scène des années 60, la plongée dans le temps semblait renforcée par un cadre de scène semblable à un vieil écran cathodique.
Par contre je n'ai pas compris le choix des éclairages: Seuls les projecteurs de face basse et contre-plongée étaient utilisés. Je ne sais pas si c'était indispensable pour n'éclairer que la moitié du décor "active", ou bien pour rendre un éclairage de type "appartement", mais le résultat était franchement sous-éclairé avec des ombres pas très heureuses.
J'avais été peu enthousiasmé par Fleur de cactus. Ce précédent essai de résurrection du boulevard des années 60 m'a bien plus convaincu du talent de Michel Fau.
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