Son balcon
SAISON 2021-2022
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Mini Molières
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Superstar
Son classement : 34 / 5685
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Au départ, c’était un peu pour la blague. Richard Anconina, je l’ai découvert chez Ruquier il y a un an et demi alors qu’il venait présenter Un mauvais garçon, le téléfilm dans lequel il avait tourné avec Xavier Durringer. J’ai un peu flashé sur lui, il me semble qu’il parlait de sa peur de monter sur scène mais il semblait quand même laisser une ouverture, et je me suis dit que si un jour il jouait au théâtre j’irais le voir. Et ça n’a pas manqué.
Coupable est un huis clos qui se déroule dans un commissariat, de nuit. On y découvre Pascal, en charge de la permanence téléphonique ce soir-là. On comprend aussi qu’il est à la veille d’une comparution pour une bavure policière dont il est le protagoniste. La permanence téléphonique n’est pas son quotidien, il attend plus que tout de revenir sur le terrain après son jugement. Mais alors qu’il s’apprête à finir son service, il reçoit l’appel d’une femme qui vient de se faire kidnapper et qui demande son aide.
J’adore les spectacles qui se passent comme ça. J’adore quand le théâtre me démontre que j’avais tort. Parce que, soyons honnête, je n’attendais pas grand chose de Anconina pour sa première fois sur les planches ; je ne le connais même pas en tant qu’acteur de cinéma. Ce sont deux métiers différents et, dans mes grandes théories de spectatrice, il ne pouvait pas me convaincre. Et puis il commençait avec un sacré malus : placée tout à jardin, je ne pouvais le voir pendant presque toute la première partie du spectacle car il était caché par d’énormes écrans d’ordinateur placés sur son bureau. Avouez que c’est quand même rageant de payer 50€ sa place pour voir un comédien qui finalement se cache derrière son moniteur.
Bref, il n’est pas difficile de m’imaginer, pestant contre le metteur en scène et le théâtre privé qui se fichent du monde, préparant quelques tournures de phrase aiguisées pour exprimer mon mécontentement. Mais écoutant d’une oreille ce qui se passe sur scène, quand même. Et v’là-t’y pas que je me mets à m’intéresser franchement à ce qui s’y déroule, sur scène – tout en n’en voyant pas la moitié, bien sûr. Je mords à l’hameçon. J’écoute avidement les conversations entre Pascal et Sara, la femme kidnappée. Je soupçonne. Je doute. J’accuse. J’interroge. Merde.
J’aime le théâtre quand il trompe mon cerveau. J’ai beau penser qu’on ne m’y prendrait pas, mon corps me dit le contraire. Tant pis, je lâche prise. Et je peux (presque) librement admirer ce qui se passe sur scène (n’oublions pas que je ne vois toujours pas le visage de notre vedette). Avant d’aller plus loin, il me semble essentiel de préciser que je n’ai pas vu le film dont est tirée l’adaptation, je n’ai donc aucune connaissance du scénario, ni aucun moyen de comparer les jeux d’acteurs. Je fais avec ce que je découvre en scène.
Et ce que je vois, c’est un comédien infiniment fragile, qui utilise sa fragilité pour son jeu d’acteur. On ne pouvait sans doute choisir de meilleur projet pour les premiers pas de Richard Anconina sur les planches. Le rôle lui correspond parfaitement. Il n’a pas confiance en lui, ça se voit, ça se sent, et le texte qui défile sur les écrans – qui par ailleurs limitent ma visibilité, au cas où vous n’auriez toujours pas compris – viennent confirmer mon intuition. Tout comme sa gêne lors des applaudissements du public à la fin du spectacle : il ne sait pas où se mettre, il ne sait pas recevoir l’amour du public, il rêverait d’être partout ailleurs qu’ici.
Cette fragilité, c’est sa force. Elle confère à son jeu d’acteur une authenticité et une sincérité sans faille. Son angoisse est réelle et communicative. Son manque d’assurance a quelque chose d’émouvant. Il en fait moins que ce qu’on pourrait attendre d’un pareil personnage – cette légère réserve est-elle due à son habitude de la caméra ? – ce qui le rend étonnamment proche de nous, comme accessible. Et l’objet théâtral le porte, cela se sent. Le dispositif a quelque chose de très cinématographique qui fonctionne bien. La mise en scène de Lippman accompagne l’histoire et permet à la tension de monter tranquillement sans fausse note. La régie, qui doit jouer un grand rôle dans ce spectacle en contrôlant la bande-son qui devient l’interlocuteur principal de notre personnage, est impeccable. C’est soigné. C’est réussi. Et puis, sur la deuxième partie du spectacle, j’ai même réussi à apercevoir Richard Anconina !
Coupable est un huis clos qui se déroule dans un commissariat, de nuit. On y découvre Pascal, en charge de la permanence téléphonique ce soir-là. On comprend aussi qu’il est à la veille d’une comparution pour une bavure policière dont il est le protagoniste. La permanence téléphonique n’est pas son quotidien, il attend plus que tout de revenir sur le terrain après son jugement. Mais alors qu’il s’apprête à finir son service, il reçoit l’appel d’une femme qui vient de se faire kidnapper et qui demande son aide.
J’adore les spectacles qui se passent comme ça. J’adore quand le théâtre me démontre que j’avais tort. Parce que, soyons honnête, je n’attendais pas grand chose de Anconina pour sa première fois sur les planches ; je ne le connais même pas en tant qu’acteur de cinéma. Ce sont deux métiers différents et, dans mes grandes théories de spectatrice, il ne pouvait pas me convaincre. Et puis il commençait avec un sacré malus : placée tout à jardin, je ne pouvais le voir pendant presque toute la première partie du spectacle car il était caché par d’énormes écrans d’ordinateur placés sur son bureau. Avouez que c’est quand même rageant de payer 50€ sa place pour voir un comédien qui finalement se cache derrière son moniteur.
Bref, il n’est pas difficile de m’imaginer, pestant contre le metteur en scène et le théâtre privé qui se fichent du monde, préparant quelques tournures de phrase aiguisées pour exprimer mon mécontentement. Mais écoutant d’une oreille ce qui se passe sur scène, quand même. Et v’là-t’y pas que je me mets à m’intéresser franchement à ce qui s’y déroule, sur scène – tout en n’en voyant pas la moitié, bien sûr. Je mords à l’hameçon. J’écoute avidement les conversations entre Pascal et Sara, la femme kidnappée. Je soupçonne. Je doute. J’accuse. J’interroge. Merde.
J’aime le théâtre quand il trompe mon cerveau. J’ai beau penser qu’on ne m’y prendrait pas, mon corps me dit le contraire. Tant pis, je lâche prise. Et je peux (presque) librement admirer ce qui se passe sur scène (n’oublions pas que je ne vois toujours pas le visage de notre vedette). Avant d’aller plus loin, il me semble essentiel de préciser que je n’ai pas vu le film dont est tirée l’adaptation, je n’ai donc aucune connaissance du scénario, ni aucun moyen de comparer les jeux d’acteurs. Je fais avec ce que je découvre en scène.
Et ce que je vois, c’est un comédien infiniment fragile, qui utilise sa fragilité pour son jeu d’acteur. On ne pouvait sans doute choisir de meilleur projet pour les premiers pas de Richard Anconina sur les planches. Le rôle lui correspond parfaitement. Il n’a pas confiance en lui, ça se voit, ça se sent, et le texte qui défile sur les écrans – qui par ailleurs limitent ma visibilité, au cas où vous n’auriez toujours pas compris – viennent confirmer mon intuition. Tout comme sa gêne lors des applaudissements du public à la fin du spectacle : il ne sait pas où se mettre, il ne sait pas recevoir l’amour du public, il rêverait d’être partout ailleurs qu’ici.
Cette fragilité, c’est sa force. Elle confère à son jeu d’acteur une authenticité et une sincérité sans faille. Son angoisse est réelle et communicative. Son manque d’assurance a quelque chose d’émouvant. Il en fait moins que ce qu’on pourrait attendre d’un pareil personnage – cette légère réserve est-elle due à son habitude de la caméra ? – ce qui le rend étonnamment proche de nous, comme accessible. Et l’objet théâtral le porte, cela se sent. Le dispositif a quelque chose de très cinématographique qui fonctionne bien. La mise en scène de Lippman accompagne l’histoire et permet à la tension de monter tranquillement sans fausse note. La régie, qui doit jouer un grand rôle dans ce spectacle en contrôlant la bande-son qui devient l’interlocuteur principal de notre personnage, est impeccable. C’est soigné. C’est réussi. Et puis, sur la deuxième partie du spectacle, j’ai même réussi à apercevoir Richard Anconina !
Difficile de résumer le spectacle. Jacques et son Maître font un voyage, ne sachant vraiment ni d’où ils viennent ni où ils vont. Ce qui doit se passer, c’est leur maître là-haut qui l’a écrit. Au cours de leur marche, ils se racontent des histoires, notamment celle du dépucelage de Jacques et comment il est tombé amoureux, mais il digresse tant qu’on ne connaîtra jamais le fin mot de cet amour. La digression est peut-être le maître-mot de cette pièce : elles permettent l’arrivée de nouveaux personnages, de nouvelles histoires, et de nouvelles digressions.
D’abord, j’ai eu peur. J’arrive au théâtre dans une humeur ambiguë : j’ai hâte car je connais l’effet des spectacles de Briançon sur moi, mais j’ai peur que la magie n’opère plus après dix ans. Et le début du spectacle confirme d’abord ma seconde impression : le cadre de scène semble trop grand, les premières répliques de Stéphane Hillel sont hésitantes – il se révèlera davantage dans sa relation avec Jacques -, je n’arrive pas à rentrer dedans. Et puis il se passe ce truc indicible, un peu magique, un peu chimique, qui soudainement m’embarque dans l’histoire pour ne plus en décrocher.
Je ne saurai expliquer la magie mais je commence à déjouer certains des tours de Nicolas Briançon, ce qu’il parvient à faire, ce qu’il éveille en nous. Son art de metteur en scène prend ici toute son ampleur grâce au procédé de la pièce, à ces histoires qui s’enchaînent, à ce théâtre dans le théâtre : lorsque les personnages racontent leurs souvenirs, tout prend vie sur ces quelques planches de bois qui occupent le centre de la scène. Ce ne sont que quelques planches, ce ne sont que quelques souvenirs, mais c’est toute une histoire qui naît et se dessine sous nos yeux comme sous la plume d’un auteur. Comme le maître que compose Stephane Hillel, ces histoires qui se racontent répondent soudain à un besoin vital qui se crée chez le spectateur de les écouter.
Et c’est fait avec tant d’insouciance, tant de naïveté, tant de spontanéité, que cela donne l’impression des théâtre de marionnettes pour enfants, où tout s’invente au gré des idées du gamin, où ce qui existe dans sa tête prendra forme de quelque manière que ce soit dans son spectacle. Ici, les personnages des différentes histoires semblent comme sortis de l’esprit de leur créateur, ils se dessinent sous nos yeux puis disparaissent dans la nature, et ça a quelque chose de fascinant.
Fascinants aussi, les neuf comédiens et deux musiciens au plateau, acteurs de cette grande chorégraphie de la vie qui se joue dans la pièce. De la gouaille un brin nostalgique de Lisa Martino à l’affection feinte de Pierre-Alain Leleu, tous composent à merveille dans un esprit de troupe généreux et communicatif. Nos deux personnages principaux font la part belle à l’amitié : les regards rieurs et coquins de Nicolas Briançon et son intarissable faconde viennent compléter l’ingénuité et l’envie qui caractérisent le personnage de Stéphane Hillel, comme le yin complète le yang. Ils font tous les deux exister leur personnage et apparaissent parfois comme les deux entités d’un seul cerveau – leur maître là-haut qui écrit ? – faisant presque naître un troisième personnage, fruit de leur union et de leur complicité.
Cerise sur le gâteau, même quand Nicolas Briançon nous convie à ce genre de grande fête, infiniment généreuse, infiniment populaire, il ne prend jamais le spectateur pour un imbécile. Au contraire, en filigrane du divertissement, les questions philosophiques que pose Diderot ne sont pas oubliées, et teintent notre joyeux conte de touches d’absurde et de mélancolie. Toute la palette est là, nous n’avons plus qu’à admirer le tableau.
D’abord, j’ai eu peur. J’arrive au théâtre dans une humeur ambiguë : j’ai hâte car je connais l’effet des spectacles de Briançon sur moi, mais j’ai peur que la magie n’opère plus après dix ans. Et le début du spectacle confirme d’abord ma seconde impression : le cadre de scène semble trop grand, les premières répliques de Stéphane Hillel sont hésitantes – il se révèlera davantage dans sa relation avec Jacques -, je n’arrive pas à rentrer dedans. Et puis il se passe ce truc indicible, un peu magique, un peu chimique, qui soudainement m’embarque dans l’histoire pour ne plus en décrocher.
Je ne saurai expliquer la magie mais je commence à déjouer certains des tours de Nicolas Briançon, ce qu’il parvient à faire, ce qu’il éveille en nous. Son art de metteur en scène prend ici toute son ampleur grâce au procédé de la pièce, à ces histoires qui s’enchaînent, à ce théâtre dans le théâtre : lorsque les personnages racontent leurs souvenirs, tout prend vie sur ces quelques planches de bois qui occupent le centre de la scène. Ce ne sont que quelques planches, ce ne sont que quelques souvenirs, mais c’est toute une histoire qui naît et se dessine sous nos yeux comme sous la plume d’un auteur. Comme le maître que compose Stephane Hillel, ces histoires qui se racontent répondent soudain à un besoin vital qui se crée chez le spectateur de les écouter.
Et c’est fait avec tant d’insouciance, tant de naïveté, tant de spontanéité, que cela donne l’impression des théâtre de marionnettes pour enfants, où tout s’invente au gré des idées du gamin, où ce qui existe dans sa tête prendra forme de quelque manière que ce soit dans son spectacle. Ici, les personnages des différentes histoires semblent comme sortis de l’esprit de leur créateur, ils se dessinent sous nos yeux puis disparaissent dans la nature, et ça a quelque chose de fascinant.
Fascinants aussi, les neuf comédiens et deux musiciens au plateau, acteurs de cette grande chorégraphie de la vie qui se joue dans la pièce. De la gouaille un brin nostalgique de Lisa Martino à l’affection feinte de Pierre-Alain Leleu, tous composent à merveille dans un esprit de troupe généreux et communicatif. Nos deux personnages principaux font la part belle à l’amitié : les regards rieurs et coquins de Nicolas Briançon et son intarissable faconde viennent compléter l’ingénuité et l’envie qui caractérisent le personnage de Stéphane Hillel, comme le yin complète le yang. Ils font tous les deux exister leur personnage et apparaissent parfois comme les deux entités d’un seul cerveau – leur maître là-haut qui écrit ? – faisant presque naître un troisième personnage, fruit de leur union et de leur complicité.
Cerise sur le gâteau, même quand Nicolas Briançon nous convie à ce genre de grande fête, infiniment généreuse, infiniment populaire, il ne prend jamais le spectateur pour un imbécile. Au contraire, en filigrane du divertissement, les questions philosophiques que pose Diderot ne sont pas oubliées, et teintent notre joyeux conte de touches d’absurde et de mélancolie. Toute la palette est là, nous n’avons plus qu’à admirer le tableau.
J’étais plutôt critique à l’égard de Didier Long lorsqu’il était directeur du Théâtre de l’Atelier. Après son départ, il a un peu disparu de la circulation, et c’est finalement avec une certaine nostalgie que j’ai vu son nom à la mise en scène de cette Ile des Esclaves qui ouvre la saison 21/22 du Poche-Montparnasse, et la mienne accessoirement. J’avais envie de découvrir ce qu’il devenait, ce qu’il proposait après ces années un peu difficiles. Et je dois reconnaître que j’ai été agréablement surprise.
Cette fois-ci, pas question d’intrigues amoureuses : c’est une pièce plus abstraite que ce qu’on connaît habituellement de Marivaux, une réflexion sur l’égalité fondamentale par delà les conditions. Deux couples maître/valet, deux hommes et deux femmes, viennent de faire naufrage sur une île sur laquelle une règle particulière est appliquée : maîtres et serviteurs doivent inverser leurs rôles.
Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas vu cette pièce de Marivaux. Grande fan du dramaturge, je prends toujours plaisir à redécouvrir ses textes, et, bien que ce ne soit pas sa plus grande oeuvre, je dois dire que j’ai plutôt conquise par une direction d’acteurs fine qui permet d’entendre parfaitement les intentions – et parfois même un peu trop : les dialogues mériteraient d’être resserrés afin de dynamiser le tout, sans perdre l’excellente qualité d’interprétation des comédiens.
Cette lenteur, probablement voulue par le metteur en scène qui laisse une grande place aux silences et aux regards, est un peu trop dosée un mon goût. C’est le seul bémol de ce spectacle. C’est comme si tous les éléments étaient là mais qu’il manquait un liant à notre sauce Marivaudesque. Il a pourtant proposé un tableau très cohérent, avec une couleur spécifique par personnage – l’enthousiasme d’Arlequin, la prétention d’Iphicrate, la haine de Cléanthis, le dédain d’Euphrosine – mais il a omis le coup de pinceau final, celui qui permet de donner le mouvement d’ensemble de la scène, ce petit rien qui anime notre image.
Ceci étant, je n’ai pas boudé mon plaisir. La mise en scène de Didier Long laisse entendre le profond humanisme de la pièce, les lumières de Denis Koransky permettent à cette île particulière de prendre vie sous nos yeux – on regrettera d’ailleurs les quelques problèmes techniques qui nous ont empêché de les apprécier jusqu’à la fin du spectacle. Les cinq comédiens sont excellents, chacun dans un registre et une tonalité très différente, défendant tous leur personnage avec beaucoup d’humanité.
Cette fois-ci, pas question d’intrigues amoureuses : c’est une pièce plus abstraite que ce qu’on connaît habituellement de Marivaux, une réflexion sur l’égalité fondamentale par delà les conditions. Deux couples maître/valet, deux hommes et deux femmes, viennent de faire naufrage sur une île sur laquelle une règle particulière est appliquée : maîtres et serviteurs doivent inverser leurs rôles.
Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas vu cette pièce de Marivaux. Grande fan du dramaturge, je prends toujours plaisir à redécouvrir ses textes, et, bien que ce ne soit pas sa plus grande oeuvre, je dois dire que j’ai plutôt conquise par une direction d’acteurs fine qui permet d’entendre parfaitement les intentions – et parfois même un peu trop : les dialogues mériteraient d’être resserrés afin de dynamiser le tout, sans perdre l’excellente qualité d’interprétation des comédiens.
Cette lenteur, probablement voulue par le metteur en scène qui laisse une grande place aux silences et aux regards, est un peu trop dosée un mon goût. C’est le seul bémol de ce spectacle. C’est comme si tous les éléments étaient là mais qu’il manquait un liant à notre sauce Marivaudesque. Il a pourtant proposé un tableau très cohérent, avec une couleur spécifique par personnage – l’enthousiasme d’Arlequin, la prétention d’Iphicrate, la haine de Cléanthis, le dédain d’Euphrosine – mais il a omis le coup de pinceau final, celui qui permet de donner le mouvement d’ensemble de la scène, ce petit rien qui anime notre image.
Ceci étant, je n’ai pas boudé mon plaisir. La mise en scène de Didier Long laisse entendre le profond humanisme de la pièce, les lumières de Denis Koransky permettent à cette île particulière de prendre vie sous nos yeux – on regrettera d’ailleurs les quelques problèmes techniques qui nous ont empêché de les apprécier jusqu’à la fin du spectacle. Les cinq comédiens sont excellents, chacun dans un registre et une tonalité très différente, défendant tous leur personnage avec beaucoup d’humanité.
Malgré la distribution le texte est bien fade. Après 20mn qui soulèvent l'intérêt in tombe sans la facilité (les allusions graveleuses, est-ce bien nécessaire ?) Puis la pièce tourne en rond pour se terminer en flop.
Parler de théâtre de l'absurde est faire injure aux maîtres du genre.
Je précise que je l'ai vue en captation sur la chaine comédie et que quand on prétend aimer le théâtre comme le dit leur pub on évite de mettre une page de pub au milieu du spectacle.
Parler de théâtre de l'absurde est faire injure aux maîtres du genre.
Je précise que je l'ai vue en captation sur la chaine comédie et que quand on prétend aimer le théâtre comme le dit leur pub on évite de mettre une page de pub au milieu du spectacle.
J’ai une histoire toute particulière avec Labiche : il a contribué à mon amour du théâtre, avec un gros coup de coeur pour une mise en scène de Doit-on le dire que j’ai vu trois fois quand j’avais neuf ou dix ans, et qui a gravé en moi, je pense, l’enthousiasme que peut provoquer le théâtre de divertissement. Même si j’élargis mes horizons théâtrales depuis quelques années, je ne peux snober ce théâtre-là en raison de ce beau souvenir. J’aime rire au théâtre, j’aime me détendre, j’aime le vaudeville quand il est bien monté.
Isménie ne pense qu’à une chose : elle souhaite se marier. Seulement voilà, son père n’est pas vraiment de cet avis et renvoie tous les prétendus les uns après les autres. Mais cette fois-ci, le jeune Dardenboeuf est envoyé par sa soeur qui surveille la rencontre : elle et Isménie vont tout faire pour que tout se passe bien. Le père tente tout ce qui est en son pouvoir pour coincer le galant, mais rien n’y fait : il déjoue tous les pièges.
En fait, j’ai aussi une histoire avec Daniel Mesguich, qui m’a fait découvrir Pinter dans ses Trahisons du OFF 2014, et dont la mise en scène du Cyrano l’année dernière m’a laissée la fois froide et fascinée. Du texte je ne me souviens de presque rien, mais il y a une atmosphère et un souffle que je ressens encore aujourd’hui. C’est ce que j’aime chez Mesguich, en tout cas du peu que je connais de lui. Mais j’avais du mal à voir comment cela pouvoir seoir à Labiche. Et j’ai toujours du mal, en fait.
La question que je me pose est la suivante : Daniel Mesguich a-t-il monté beaucoup de vaudevilles ? Ce type de pièce, sous son apparence simplette, répond à des codes bien précis. Or Mesguich ne semble pas avoir bien senti la mécanique de cette Isménie. J’en ai vu, des Labiche, et il y a d’un côté les mises en scène où on se dit qu’il y a quelque chose de l’ordre du génie tellement tout s’enchaîne avec simplicité, rythme, et rires, et celles où l’un des rouages est manquant et où l’on s’enlise dans quelque chose de lourd, mal huilé, presque ennuyeux. Ce spectacle est de ceux-là.
Le problème apparaît dès les premières minutes : Daniel Mesguich a cherché à en faire trop. Si j’ai du mal à percevoir ce qui manque pour que la mécanique se mette en place – car tout semble y être, le rythme, l’enthousiasme sur scène, une assez bonne direction d’acteur – je sens ce qui est en trop. Les ajouts, les comiques de répétition qui n’en finissent pas, les clins d’oeil répétés au public alourdissent un texte qui n’avait pas besoin de modifications. Ce texte forme un tout à jouer à toute allure, pas une base à étirer à l’infini.
Si quelques ajouts dans les répliques ne me choquent, pour moderniser un peu les blagues par exemple, je ne comprends pas l’intérêt de remanier tout le texte : on perd en fluidité, donc on perd en rythme, donc on perd en rire. On sent beaucoup trop les ajouts – il va même jusqu’à ajouter un monologue entier – on voit beaucoup trop Mesguich devant Labiche ; mais le mélange est hétérogène, la symbiose ne prend pas. Les ajouts sont grossiers, le plateau est complètement surexcité en enchaînant ses vannes et on se perd. Et c’est dommage, parce que l’élan était là, mais il aurait fallu davantage faire confiance au texte et à ses comédiens avant d’essayer de le mettre à sa sauce.
Isménie ne pense qu’à une chose : elle souhaite se marier. Seulement voilà, son père n’est pas vraiment de cet avis et renvoie tous les prétendus les uns après les autres. Mais cette fois-ci, le jeune Dardenboeuf est envoyé par sa soeur qui surveille la rencontre : elle et Isménie vont tout faire pour que tout se passe bien. Le père tente tout ce qui est en son pouvoir pour coincer le galant, mais rien n’y fait : il déjoue tous les pièges.
En fait, j’ai aussi une histoire avec Daniel Mesguich, qui m’a fait découvrir Pinter dans ses Trahisons du OFF 2014, et dont la mise en scène du Cyrano l’année dernière m’a laissée la fois froide et fascinée. Du texte je ne me souviens de presque rien, mais il y a une atmosphère et un souffle que je ressens encore aujourd’hui. C’est ce que j’aime chez Mesguich, en tout cas du peu que je connais de lui. Mais j’avais du mal à voir comment cela pouvoir seoir à Labiche. Et j’ai toujours du mal, en fait.
La question que je me pose est la suivante : Daniel Mesguich a-t-il monté beaucoup de vaudevilles ? Ce type de pièce, sous son apparence simplette, répond à des codes bien précis. Or Mesguich ne semble pas avoir bien senti la mécanique de cette Isménie. J’en ai vu, des Labiche, et il y a d’un côté les mises en scène où on se dit qu’il y a quelque chose de l’ordre du génie tellement tout s’enchaîne avec simplicité, rythme, et rires, et celles où l’un des rouages est manquant et où l’on s’enlise dans quelque chose de lourd, mal huilé, presque ennuyeux. Ce spectacle est de ceux-là.
Le problème apparaît dès les premières minutes : Daniel Mesguich a cherché à en faire trop. Si j’ai du mal à percevoir ce qui manque pour que la mécanique se mette en place – car tout semble y être, le rythme, l’enthousiasme sur scène, une assez bonne direction d’acteur – je sens ce qui est en trop. Les ajouts, les comiques de répétition qui n’en finissent pas, les clins d’oeil répétés au public alourdissent un texte qui n’avait pas besoin de modifications. Ce texte forme un tout à jouer à toute allure, pas une base à étirer à l’infini.
Si quelques ajouts dans les répliques ne me choquent, pour moderniser un peu les blagues par exemple, je ne comprends pas l’intérêt de remanier tout le texte : on perd en fluidité, donc on perd en rythme, donc on perd en rire. On sent beaucoup trop les ajouts – il va même jusqu’à ajouter un monologue entier – on voit beaucoup trop Mesguich devant Labiche ; mais le mélange est hétérogène, la symbiose ne prend pas. Les ajouts sont grossiers, le plateau est complètement surexcité en enchaînant ses vannes et on se perd. Et c’est dommage, parce que l’élan était là, mais il aurait fallu davantage faire confiance au texte et à ses comédiens avant d’essayer de le mettre à sa sauce.