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  • Théâtre des Bouffes du Nord
  • Paris 10ème

Une des dernières soirées de Carnaval

Une des dernières soirées de Carnaval
De Carlo Goldoni
Mis en scène par Clément Hervieu-Léger
Avec Stéphane Facco
  • Stéphane Facco
  • Clémence Boué
  • Théâtre des Bouffes du Nord
  • 37 bis, boulevard de la Chapelle
  • 75010 Paris
Itinéraire
Billets de 23,00 à 40,00
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1762. Carlo Goldoni désespère de pouvoir imposer la réforme théâtrale qu’il appelle de ses vœux. Il souhaiterait que le théâtre en finisse avec les canevas hérités de la Commedia dell’arte.

Il voudrait que le texte soit le cœur de la représentation. Mais plus que jamais il se sent incompris par le public vénitien. Il décide alors de partir pour Paris. Là-bas, dans la patrie de Molière, peut-être sera-t-il mieux entendu.

Ainsi Goldoni, enfant chéri de la Sérénissime, quitte la ville qui fut toujours sa principale source d'inspiration. Une des dernières soirées de Carnaval sera ses adieux à Venise.  La scène se passe chez Zamaria, tisserand vénitien, le dernier soir du Carnaval. Les invités arrivent les uns après les autres. Parmi eux, le jeune dessinateur Anzoletto qui doit prochainement quitter Venise pour Moscou où il est invité par des artisans italiens.  Rien de spectaculaire donc…

Une simple soirée entre amis au cours de laquelle il est question d’un départ. Et puis question d’amour aussi. On joue aux cartes, on dîne, on danse. Faut-il partir ? Faut-il rester ? On parle de Moscou. Et soudain le théâtre de Goldoni semble annoncer celui de Tchekhov : « Un théâtre de la socialité » pour reprendre les mots de Bernard Dort.

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12 juil. 2020
10/10
4
Un enchantement de merveilleux comédiens, une très belle mise en scène. Merci pour ce beau moment.
27 nov. 2019
7/10
12
On y va :
- pour le théatre des Bouffes du Nord magnifique. Son architecture et sa coupole nous transportent au 18ème siècle
- pour la troupe de comédiens qui sait nous prendre par la main pour nous faire vivre leur dernière journée de carnaval.
- pour les chants et les danses
Un seul regret, le décor un peu cheap, pas assez vénitien à mon goût et je n'ai pas compris la présence sur scène de chaises d'écolier 1970 !!!
11 nov. 2019
8,5/10
7
Une des dernières soirées de carnaval de Carlo Goldoni, mise en scène par Clément Hervieu-Léger sociétaire de la comédie française.

Une confrérie de tisserand vénitiens est invité chez tisserand Zamaria pour la dernière soirée de carnaval. Des personnalités bien différents se côtoient, se chamaillent, festoient, se confient, parlent d’amour, s’amusent, chantent …
*Comment vivre ensemble en bonne entente ?
La fille du maitre des lieux Domenica est amoureuse du dessinateur Anzoletto. Malheureusement, Anzoletto va annoncer qu’il doit quitter Venise pour la Moscovie.
Domenica est affligée mais les tisserands eux aussi sont inquiets, leur prospérité est liée à Anzoletto qui dessine leurs tissus.

*Anzoletto va-t-il partir sans sa bien-aimée ?

Or, en 1762 « une des dernières soirées de carnaval » est la dernière pièce que Goldoni écrit pour sa troupe avant de rejoindre « La Comédie Italienne » qui l’a convié à Paris, ce qui provoque un désarroi au sein de la troupe.
La mise en scène est dynamique, les costumes du 18eme sont magnifiques.
Ça pétille, on s’amuse, on rit, on passe un merveilleux moment. C’est plein d’énergie, de joie, de chants, de danses. La scène du bal est particulièrement entrainante et nous réjouit.
C’est un spectacle de troupe, on ressent une grande complicité entre les comédiens.
Bravo à tous.
11 nov. 2019
8,5/10
37
Venise n'est pas en Russie !
Ca, il le sait, le dessinateur de motifs pour soiries Anzoletto, lui qui doit prochainement se rendre à Moscou, invité qu'il est par des confrères russes.
Un homme qui doit quitter son pays, laissant en plan celle qui nourrit de tendres et maritales intentions à son égard.

Anzoletto, c'est Goldoni.
L'auteur vénitien, par le biais de cette pièce, dit adieu à son public.

Lui, c'est à Paris qu'il espère être mieux compris. (Un contrat de deux ans à la Comédie des Italiens l'attend.)
La dernière soirée de Carnaval, c'est l'une des dernières soirées de Goldoni dans la Sérénissime.

Nous allons donc assister à un moment de vie au sein d'une petite communauté d'artisans locaux : des tisserands, des marchands de tissus se réunissent à l'invitation du maître de maison, il signor Zamaria. De nos jours, ce serait une petite fête entre membres du Rotary Club local.
Les personnages goldoniens n'ont besoin ni de masques, ni de costumes à losanges colorés ou à bosses. Nous ne sommes définitivement plus dans les archétypes de la Comedia dell'Arte.

Durant deux heures et vingt minutes, le metteur en scène Clément Hervieu-Léger va donc nous montrer les relations qui vont interagir entre les quinze personnages de la pièce.

Oui, c'est une pièce qui décrit ces relations-là. Il n'y aura ni véritable intrigue, ni coups de théâtre, ni rebondissements.
Ici, ce qui importe, ce sont tous les liens qui vont se nouer (ou pas) entre ces hommes et ces femmes.

Aujourd'hui, on dirait que Goldoni interroge le vivre-ensemble de cette micro-société de bourgeois vénitiens.
C'est bien ce qu'a voulu nous proposer le metteur en scène.

Clément Hervieu-Léger signe un spectacle tout en délicatesse, à partir d'une pièce, qui, il faut bien le dire, n'est pas la plus passionnante de Goldoni.

Pour cet instantané sociétal, nous remontons le temps aux Bouffes du Nord, qui se révèle être un écrin incomparable.
Les tons ocres, les murs de pierre évoquent vraiment le XVIIIème siècle vénitien.

Les bougies, les beaux costumes de Caroline de Vivaise, les jolies lumières de Bertrand Couderc, les parties musicales jouées à la viole de gambe, mandoline, violoncelle et à la guitare, tout ceci participe également à cette plongée dans la Venise classique.

Et puis, bien entendu, les comédiens membres de la Compagnie des Petits Champs vont contribuer ô combien à la réussite de ce délicieux moment de théâtre.

Très vite, nous allons constater que l'esprit de troupe règne sur le plateau.
Les comédiens s'amusent à nous conter ces micro-péripéties sociétales.

Daniel San Pedro est un patron tisserand très paternaliste, tout en bonhommie. Il incarne avec le talent qu'on lui connaît ce père seul avec sa grande fille Domenica (l'irréprochable Juliette Léger).

Les moments comiques et humoristiques nous sont fournis par Charlotte Dumartheray (une Elenetta à la coiffure poussiéreuse, je n'en dis pas plus...), par Aymelyne Alix, irrésistible en épouse acariâtre et mal embouchée, Marie Drusc, qui joue une espèce de cougar de l'époque, sans oublier Stéphane Marco, qui lui est un calandreur extraverti (la calandre était une machine à lustrer les tissus), beau parleur et fort en gueule, un peu paillard sur les bords.

Tous sont on ne peut plus crédibles, dans ces rôles de notables vénitiens.
Tous participent à rendre on ne peut plus réaliste cette photographie d'une micro-société donnée.
Les comédiens, dirigés avec une vraie efficacité et un vrai sens de l'espace scénique, nous rendent passionnants ces petits moments qui pourraient paraître insignifiants.

Tout finira bien, ceux qui espéraient bien se marier se marieront, ceux qui ne s'y attendaient pas également.
On dînera. (Il faut noter que c'est également une pièce délicieusement olfactive, surtout si l'on aime les raviolis et le poulet...). On chantera. On dansera.
Et la soirée vénitienne se terminera.

Voici donc un spectacle tout en grâce et délicatesse, qui m'a fait quant à moi découvrir une pièce goldonienne très rarement jouée, créée en France seulement en 1990, par le Théâtre du Campagnol, au CDN de la banlieue sud à Châtenay-Malabry.
10 nov. 2019
10/10
3
« Une des dernières soirées de Carnaval » de Carlo Goldoni, dans une traduction de Myriam Tanant et Jean-Claude Penchenat, par la Compagnie des Petits Champs, brillamment mise en scène par Clément Hervieu-Léger au théâtre des Bouffes du Nord est un bal savamment orchestré dans un savoureux moment de grâce.

Carlo Goldoni l’homme aux deux cents pièces, le maître incontesté de la comédie italienne du XVIIIe siècle, admirateur sans réserve de Molière qu’il considère comme son mentor, est surtout connu en France pour ses pièces comme « Les deux jumeaux vénitiens » (souvenir inoubliable au théâtre Hébertot avec Maxime d’Aboville dans le rôle titre au côté d’Olivier Sitruk), « La servante amoureuse », « La Locandiera » ou encore « Les rustres ».
Aujourd’hui, il est mis à l’honneur par Clément Hervieu-Léger, sociétaire de la Comédie Française et co-directeur de l’excellente « Compagnie des Petits Champs », avec cette comédie peu connue, écrite et créée à Venise juste avant ses adieux, son départ pour la France en 1762 où il dirigera le « Théâtre-Italien » à Paris.

Ici point de cabotinage, c’est une troupe dans le sens noble du terme qui est au service du texte, si cher à Goldoni. Pas de rôle plus important que l’autre, chacun à sa couleur, son importance, comme chaque pièce dans un puzzle où c’est le résultat final qui donne toute sa visibilité.

Une pièce qui ressemble beaucoup à ce que Goldoni est en train de vivre. Comment ne pas faire le rapprochement entre le jeune dessinateur Anzoletto (Louis Berthélémy) qui doit prochainement quitter Venise pour Moscou et Goldoni qui doit quitter Venise pour Paris ? Est-ce un déchirement ?

Nous sommes dans la demeure de Zamaria (Daniel San Pedro), un tisserand réputé de Venise, qui reçoit pour le dernier jour du carnaval une multitude d’invités pour faire la fête. Les uns après les autres, ils arrivent pour batifoler, jouer aux cartes (à la Minouchette), dîner et danser la farandole, on assiste tout simplement aux réjouissances de la soirée.

Une soirée ordinaire me direz-vous, rien de transcendant, rien qu’une soirée entre amis. Oui mais c’est sans compter sur le génie de Goldoni qui avec des petits riens a écrit une superbe comédie sociétale où l’on se rend compte qu’au XXIe siècle rien n’a changé.

Les masques tombent laissant place à la sincérité des mots, des sentiments. Chacun se dévoile au fur et à mesure de l’avancement de la soirée où les effluves de l’alcool délient certaines langues, qu’elles soient de vipères ou d’amour : chacun défend avec hargne son pré carré.

Et l’on rit beaucoup dans cette pièce où les scènes de ménage sont épiques, qu’elles soient entre un jeune couple formé par Elenetta (Charlotte Dumartheray) à la perruque éternuante et Agustin (Jeremy Lewin) ou un confirmé comme celui de Alba (Aymeline Alix) la « t’as mal où ? » et Lazaro (Jean-Noël Brouté). Rien ne change dans la jalousie, la peur de perdre l’être aimé.
Etrange aussi ce couple à l’aisance certaine, formé par Marta (Clémence Boué) et Bastian (Guillaume Ravoire), navigant d’intrigue en intrigue dans cette soirée animée.
Et puis bien sûr l’amour est au rendez-vous, la belle Domenica (Juliette Léger), fille de Zamaria qui ne baisse pas les bras devant l’adversité, aime en secret le bel Anzoletto, l’aime t’il en retour ?
Sans oublier l’arlequin Momolo (Stéphane Facco) qui n’en est pas à une pitrerie près, cachant un cœur qui bat…

Un bal orchestré par un bon père de famille, Zamaria à la bonne sagesse, mais qui n’a pas compris que sa fille ne lui appartient pas et qu’il doit lui laisser vivre sa vie. Un Daniel San Pedro qui a retenu mon attention avec sa belle voix, la douceur et la bienveillance de son jeu envers ses camarades.
Avec cette jeunesse exubérante, qui ne pense qu’à se divertir, ce père est un homme qui pense qu’il y a un temps pour le travail et un temps pour s’amuser. Un goût de l’effort de nos jours particulièrement attaqué par les réseaux sociaux où la jeunesse est attirée par les phares de la gloire éphémère de la télé réalité. La récompense du travail doit permettre de ne pas tout attendre de la société comme un dû. Une jeunesse qui oublie aussi qu’un jour elle vieillira et sera confrontée aux mêmes soucis de la vie que ses aînés.
Dans cette comédie, il y a aussi la place de la femme, qui dans le cas présent bat les cartes, dévoile son jeu et gagne la partie !

Chaque génération est confrontée à l’œil de la précédente, avec ses visions différentes de la société, de la religion, de sa place dans celle-ci, pour en venir à la question : comment vivre ensemble en bonne harmonie ?
La clé ne serait-elle pas le dialogue, la communication, s’écouter, se comprendre ?

Une très belle pièce où se mêlent plusieurs générations de comédiens avec bonheur. On sent dans le jeu enthousiaste de cette Compagnie des Petits Champs une fraîcheur mélangée à l’expérience, un bonheur indéfinissable d’être ensemble.

Dans un décor d’Aurélie Maestre, à la verticalité vertigineuse, Clément Hervieu-Léger, assistée d’Elsa Hamnane, a monté cette comédie dans l’esprit du XVIII couplée à une grande modernité, avec ses costumes de Caroline de Vivaise et sa musique vivante qui ponctue les actes. Sa mise en scène est réglée au cordeau, chaque rôle est parfaitement dessiné et maîtrisé dans l’espace scénique.

La scène finale, la danse, le bal, chorégraphié par Bruno Bouché, en est l’exemple, enrichi de la magnifique voix du ténor Erwin Aros.
De la farandole symbole d’unité, aux querelles des amoureux, tout est un éternel recommencement.

Complètent cette remarquable distribution : Adeline Chagneau, Marie Druc, M’hamed El Menjra et Clémence Prioux.

Après de nombreux rappels, c’est une standing ovation plus que méritée qui est venue mettre fin à cette soirée, cette comédie qui restera longtemps gravée dans nos mémoires.
Un spectacle, vous l’aurez compris, que je recommande chaleureusement.
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Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor