Feuilleton Goldoni, Les Aventures de Zelinda et Lindoro

Feuilleton Goldoni, Les Aventures de Zelinda et Lindoro
De Carlo Goldoni
  • La Scala
  • 13, boulevard de Strasbourg
  • 75010 Paris
  • Strasbourg Saint-Denis (l.4, l.8, l.9)
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La trilogie Les Aventures de Zelinda et Lindoro est un feuilleton extrêmement drôle et captivant sur notre incapacité au bonheur. Chacun peut voir un seul des trois épisodes selon son goût et son agenda.

En semaine, on peut voir le premier épisode les 8, 11, 15, 22 et 29 septembre, le deuxième épisode les 9, 11, 16, 23 et 30 septembre et le troisième épisode les 10, 11, 17, 24 septembre et le 1er octobre.

Les week-ends, on peut aussi le dévorer en un mini marathon de 5 heures chrono, entractes compris, les 11, 18, 19, 25, 26 septembre et le 2 et 3 octobre. 

On rejoindra alors la belle Zelinda et le fougueux Lindoro qui s’aiment sans aucun doute et recherchent un amour pur et unique tout en revendiquant chacun leur liberté.

Cette revendication est difficilement compatible avec leur désir d’absolu. Goldoni, avec une infinie finesse, nous promène dans leurs contradictions sentimentales, de crises de larmes en crises de jalousie, d’élans amoureux en passions cachées. Nous sommes les témoins d’une confession impudique qui nous ramène à nos propres confusions.

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Toutes les critiques
1 oct. 2021
8,5/10
6
(…) Cette saga se déploie en trois pièces, visibles séparément ou en intégrale. La rupture de ton est nette entre les deuxième et troisième parties. Je recommande donc de les voir dans la continuité. Les effets recherchés par Goldoni qui excelle à faire monter la pression n’en seront que plus sensibles.

(…) Le public des séries télévisées ne sera pas dépaysé. Y compris par le décor car la projection des images de Nice (Murielle Mayette-Holtz est directrice du CDN Nice Côte d’Azur depuis novembre 2019) est une excellente idée. Et par les costumes qui d’une heure à l’autre se rapprochent de plus en plus de ce que l’on porte aujourd’hui. Avec un emploi très habile du noir et de la couleur qui reviendra par petites touches après le deuil.

Quant à l’histoire, elle est composée des ingrédients fondamentaux : Zelinda une orpheline plutôt intelligente (Joséphine de Meaux) et Lindoro un noble désargenté mais courageux (Félicien Juttner) sont contraints de cacher leur amour au sein de la maison qui les emploie, elle comme femme de chambre, lui comme secrétaire. Ils sont sincères, fougueux, mais jaloux. Quand ce n’est pas l’un, c’est l’autre qui souffre de ce mal qui va peut-être provoquer leur perte.

Pourtant ils sont chanceux. D’abord parce qu’ils sont jeunes, beaux, en bonne santé et qu’ils seront héritiers de leur généreux patron … s’ils ne gâchent pas tout à vouloir passer pour ce qu’ils ne sont pas et qu’ils font confiance à la vie au lieu de croire que le diable se cache partout et aime à favoriser les mauvaises intentions. On voudrait leur crier d’arrêter de croire que tous les moments sont pour eux dangereux.

Mais ce serait nous priver de rebondissements multiples, de quiproquos savoureux suite à des scènes qui se jouent en miroir.

La mise en scène est très enlevée. Le jeu est fluide comme si les dialogues étaient improvisés sur l’instant. Les moments musicaux sont très agréables. Les adresses au public entre les trois parties entretiennent le suspense. Goldoni gratifie le public féminin de jolis compliments : les femmes ont de l’esprit, de l’ingéniosité et du coeur.

Bref, c’est drôle, fin, admirablement interprété. Juste ce dont on avait besoin pour assurer la transition entre l’été et une rentrée épuisante.
30 sept. 2021
9/10
4
Trois pièces de Goldoni, que je ne connaissais pas, une trilogie tout à fait différente de “la villégiature”. C’est donc une belle découverte que j’ai appréciée sans me lasser de ce marathon goldonien !

Dans la première histoire, “Les amours de Zelinda et Lindoro” nous faisons connaissance avec ces jeunes gens de bonne famille, contraints de travailler pour vivre. La charmante Zelinda est convoitée par le fils de la maison Flaminio, mais aussi par le père, et disons-le par cette fripouille de Fabrizio valet, qui sert un peu tout le monde, mais surtout sa bonne fortune !

Les deux fiancés ne souhaitent pas que l’on découvre leur amour de peur d’être renvoyés, mais c’est sans compter sur Eleonora, seconde épouse de M. Roberto, qui s’est mis en tête que Zelinda intriguait pour conquérir son mari.

La seconde histoire, “La jalousie de Lindoro”, celui-ci est un jaloux maladif et malgré leur mariage, il est soupçonneux, aurait préféré vivre ailleurs que dans la maison du Maître, il épie Zelinda, quiproquos, il est éternellement en souffrance, pleurnichard, au grand désarroi de sa femme.

La dernière histoire “Les inquiétudes de Zelinda”, celle-ci ne comprend plus son mari, elle s’imagine qu’il ne l’aime plus car il ne manifeste plus de jalousie… là aussi quiproquos, non-dits, et finalement tout ira pour le mieux pour les amoureux !

Joséphine de Meaux incarne à merveille Zelinda, elle est vive, enjouée, malheureuse, mais plus dégourdie que son Lindoro, pétri de jalousie et d’amour et que campe si bien Félicien Juttner. La distribution est de grand niveau, tout ceci orchestré de main de maître par Muriel Mayette-Holtz, c’est drôle, vif, brillant, l’amour et la jalousie sont intemporels et de pièce en pièce nous arrivons à notre époque.

Une trilogie à ne pas manquer, pour savourer l’humour et la finesse de Goldoni.
12 sept. 2021
9/10
4
Dynamique, Drolatique, Attrayant.

En 1764 Goldoni réfugié à Paris depuis 2ans écrit cette comédie en 3 feuilletons en espérant conquérir le public parisien. Ce fut un pari risqué, les parisiens ne sont point habitués à cette configuration.
Vont-ils apprécier et assister aux trois épisodes ?
Ce fut un succès, le Théâtre-Italiens fut comble jusqu’au dernier jour des représentations.

Premier épisode. Zelinda et Lindoro sont tous deux domestiques dans la maison de Don Roberto et s’aiment en secret. Mais Flamina , le fils de la maison et Fabrizio l’intendant sont eux aussi épris de Zelinda. Donna Eleonora seconde épouse de Don Roberto est d’une jalousie caustique et ridicule envers Zelinda croyant que celle-ci séduit son époux. Il va s’en suivre un embrouillamini de quiproquos. C’est vivant, bouillonnant plein d’embuscades et de surprises.

Tout cela pourrait fini bien mais ce serait sans compter la Jalousie maladive de Lindoro. Deuxième épisode d’un burlesque et d’une énergie virevoltante, on ne voit pas passer le temps. C’est bellissime.

Lindoro semble se clamer mais Zelinda est contaminée par la jalousie…Troisieme épisode où nos compères seront aussi confrontés aux problèmes d’héritage après la mort de Don Roberto.

Quelle histoire, vont-ils finir par s’en sortir ? C’est captivant et enthousiasmant.

Les comédiens sont tous talentueux et leur énergie est époustouflante. Joséphine de Meaux (Zélinda) et Félicien Juttner (Lindoro) nous fascinent de par leur gestuelle et la justesse de leur jeu.

La mise en scène Muriel Mayette-Holtz est réglée comme une partition, les scène se succèdent avec une grande fluidité.

Sur le plateau deux grands panneaux coulissants nous font passer par intermittence côte cour puis côte jardin dans deux décors différents, c’est astucieux et procure une certaine intimité.

La musique Cyril Giraux joué par François Barucco nous réjouit, rythme merveilleusement les différents émois et nous transporte avec délicatesse d’une scène à l’autre.

Cette histoire concerne tout d’abord l’amour de Zélinda et Lindoro mais très vite cet amour devient une épidémie et tous les personnages sont contaminés par l’envie de vivre avec sa moitié.

Très grand moment de théâtre plein de vitalité.
12 sept. 2021
9,5/10
18
Et 1, et 2, et 3 Carlo !

En matière de trilogie goldonienne, on connaît évidemment tous celle de la Villégiature.
Les aventures de Zelinda et Lindoro sont beaucoup moins jouées. Et c’est bien dommage.

1764.
Carlo Goldoni est à Paris depuis deux années, pour redresser la petite entreprise des Comédiens italiens.
Avec cette nouvelle trilogie, il va leur donner à jouer un texte très construit.
Alors qu’eux ne veulent entendre parler que d’un canevas sur lequel il pourront broder. Il doit s’exécuter...
Les trois pièces auront un très grand succès dans la capitale. A Venise, quelque temps après, ce sera un bide retentissant.

L’éloge de la langue française contenue dans l’un des trois opus ? Allez donc savoir...

En montant et en adaptant ces trois pièces, Muriel Mayette-Holtz va nous démontrer avec beaucoup d’intelligence et de subtilité sa très grande connaissance de l’œuvre.
Pour dépoter, ça va dépoter !

Ah ! L’amour !
Goldoni nous embarque dans sa vision, sa dissection quasi-sociologique de cette passion humaine.
Ou quand une passion très légitime devient pathologique.
Ah ! La jalousie qui fait que cet amour cède la place à la paranoïa !

Un couple de serviteurs dans une famille bourgeoise vénitienne.
Nous allons suivre pour notre plus grand plaisir les amours compliquées de Zelinda et Lindoro. (C’est un euphémisme...)

Ces deux-là vont se créer bien des tourments.



Quand le comique se dispute au pathétique (au sens premier du terme...)

La patronne du Théâtre National de Nice a donc adapté cette œuvre.

Assurément pour rester dans « l’esprit canevas » évoqué un peu plus haut.
Avec un texte aux petits oignons, modernisé, sur lequel les comédiens peuvent broder tout en se l’appropriant.

Nous sommes sur la corde raide de la Comédia dell’arte.
Goldoni veut et réussit à passer à autre chose que cette discipline italienne, mais ses comédiens ne l’entendent pas de cette oreille.
D’où cette mise en scène survitaminée, qui va nous emporter dans un maelström délicieux et hilarant.


Au fond, Lindoro, ce serait un Arlequin en pleine mutation.

Durant ces cinq heures qui passent beaucoup trop vite, j’ai retrouvé quant à moi l’esprit cartoonesque de Tex Avery et Chuck Jones.

Ici, la passion va passer avant tout par les corps.
Melle Mayette-Holtz va les faire vibrer, exulter, ces corps !

Ici, les comédiens vont courir, vont crier, vont s’attraper, se frapper, s’étreindre, vont s’attirer, se repousser, vont tomber, se relever, vont trépigner.
Le corps, dans tout ce qu’il a d’organique et de viscéral.
Le corps passionnel.
Le corps qui en dit long sur l’âme humaine.

L’ex-patronne du Français a réuni une troupe épatante de comédiens plus engagés les uns que les autres.

Emmenés par les irrésistibles Félicien Juttner et Joséphine de Meaux dans les rôles principaux, tous vont nous faire énormément rire.
Rire aux éclats, même, et souvent.

De nombreux moments déclenchent l’hilarité générale, comme par exemple cette scène de rasage ou cette autre scène de ménage quasi-surréaliste.

Mais ce rire-là n’est pas gratuit.
Dans cette écriture du dépassement (des valets essayent de s’émanciper de leur condition) et du déclassement (impossible de passer outre les barrières sociales) il s’agit pour nous de partager l’analyse au microscope de la société dans laquelle vit l’auteur.
En cela, ce spectacle en trois parties est également passionnant.

Néanmoins et parfois, le rire cède le pas à une réelle émotion.

Nous aussi sommes sur la corde raide : Zelinda-Joséphine et Lindoro-Félicien nous renvoient à nos propres expériences. On ne peut par moment qu’éprouver une forme de compassion envers eux.

Je n’aurai garde d’oublier de mentionner le beau parti-pris en matière de costumes, des costumes que l’on doit à Rudy Sabounghi : plus on avance dans la trilogie, et plus les costumes deviennent contemporains.
Le discours de Goldoni est d’une telle modernité !

Ovation finale, lors du dernier salut. Comme c’est mérité !


Ce spectacle est de ceux dont on parlera encore dans beaucoup d’années.
Un spectacle dont je pourrai dire « J’y étais ! »

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Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor