- Théâtre contemporain
- Théâtre Le Ranelagh
- Paris 16ème
Le journal d'un fou

- Théâtre Le Ranelagh
- 5, rue des Vignes
- 75016 Paris
- La Muette (l.9, RER C)
Aksenty Ivanovitch Poprichtchine, discret fonctionnaire de Saint-Pétersbourg, a bien du mal à trouver sa place dans le monde : il vit seul avec sa domestique Mavra, et ses amours et ses ambitions sont contrariées par sa maladresse et sa distraction. Il s’invente alors une vie nettement plus enviable, jusqu’à perdre tout rapport à la réalité. Une adaptation de la plus drôle et la plus touchante des Nouvelles de Pétersbourg pour trois interprètes : Poprichtchine, sa domestique Mavra, et un pianiste qui accompagne sur scène, avec des morceaux de Prokofifiev, cette surprenante ascension vers la folie.
Ronan Rivière fait de Poprichtchine un personnage extrêmement touchant, funambule des émotions, oscillant en permanence entre rire et larmes.Il a su parfaitement jouer de l’ambivalence du texte de Gogol, lui offrant une dimension à la fois drôle et touchante
AVIS DE LA REDACTION: 9/10.
Petit fonctionnaire de Saint-Pétersbourg, Aksenty Ivanovitch Poprichtchine habite avec Mavra, sa domestique et confidente qui l’écoute raconter ses tourments et la vie meilleure à laquelle il aspire. Se proclamant comme meilleur tailleur de plumes de toute la ville, Aksenty passe son existence entre le bureau et les murs de son appartement. Personnage solitaire, ce dernier se perd dans l’imagination et la rêverie pour fuir la monotonie de son quotidien…
Dans l’intimité de la salle Paradis du Lucernaire, les spectateurs se heurtent directement au personnage d’Aksenty Ivanovitch Poprichtchine (formidable Ronan Rivière) qui les attend là, sur le plateau ; tête baissée, genoux repliés sur soi. Tout dans son attitude annonce le mal être et la solitude de ce personnage haut en couleurs et irrésistiblement attachant. En effet, Aksenty n’a pour seul refuge que son imaginaire complètement loufoque qui lui permet de s’échapper de la vraie vie.
Si au début, on rit de bon coeur, petit à petit, l’on comprend qu’Aksenty est enfermé en lui-même et souffre de schizophrénie aigüe : le personnage perd tout simplement le sens de la réalité et les tentatives désespérées de Mavra pour le ramener sur terre sont vaines.
Ronan Rivière fait de Poprichtchine un personnage extrêmement touchant, funambule des émotions, oscillant en permanence entre rire et larmes. A travers lui, est montré le mal être d’une société, d’une classe sociale, de toutes ces petites gens qu’on ne remarque pas, qu’on n'écoute pas : Poprichtchine est intemporel et sa douleur traverse les époques.
Amélie Vignaux est une Mavra formidable, peinée et attendrie par celui avec qui elle partage le même toit et qui voit en elle plus qu’une domestique : une véritable amie et confidente.
Les deux comédiens sont accompagnés dans leur folle traversée par un pianiste qui rythme la pièce en interprétant du Prokofiev, conférant à l’atmosphère une tonalité de plus en plus oppressante au fur et à mesure qu’Aksenty, lui, s’enfonce dans la folie.
Évoluant dans un décor brut, étrange, dans lequel on a l’impression que la chute peut arriver à tout moment tant le plancher est incliné – les deux comédiens brillent par leur faculté à entraîner les spectateurs dans une multitude d’émotions et de les faire sentir (presque) coupables d’avoir rit du personnage d’Aksenty Poprichtchine.
Ronan Rivière a su parfaitement jouer de l’ambivalence du texte de Gogol, lui offrant une dimension à la fois drôle et touchante.
A voir !
Marie DUMAS
Interrogeons-nous. Qu'est-ce qu'un fou au théatre ? Comme dirait le grand philosophe Alexandre Astier dans le Livre III de Kaamelott, "qu'est ce que ca veut dire ca un vrai fou ? Ils sont fous pour une norme, au théatre ca existe pas les fous". Vaste tache donc d'adapter en theatre cette nouvelle.
Le texte d'abord. Bon, avec Gogol, on part clairement pas sur de la rigolade bonne enfant entre amis. Certes. Pourtant, le texte est plutot incisif. Au-delà de la folie, qui apparait très (trop !) clairement, j'ai apprécié les petites piques sociétales. Intéressant mais pas suffisant.
Les comédiens ? Toujours pour citer notre roi Arthur parodique "c'est ca tout le crédit que vous donnez aux fous ? Ils sont dépeignés ?". Fort heureusement, le comédien nous offre une plus grande palette que simplement une démarche hasardeuse et une coiffure "saut du lit". Marva est quant à elle décidément très chouette dans le role de la servante.
Les décors ? Sobre et de ginguois, finalement ils sont très évocateurs du texte.
La musique ? Alors là je dis non. On n'est déjà pas sur de la comédie familiale, passons, mais est-on obligé de nous prendre la moitié de l'espace avec un demi-queue et son pianiste dont les doigts agiles ne s'activent que quelques (très longues) minutes sur toute la durée du spectacle ? Oui, ca reste russe, oui on est bien sur l'évocation de la folie qui empire, mais franchement, entre le décor, le texte et le jeu, on avait bien compris hein, pas besoin d'en rajouter une couche.
Bilan : très difficile de mettre une note quand on est d'avoir vu cette pièce, mais on est aussi très content d'en avoir fini avec elle. Si vous aimez le theatre russe, Prokoviev et les fous genre vol au-dessus d'un nid de coucous allez-y. Si vous aimez Tchaikovsky, les dilemmes de Rastilnikov, les pièces de Beckett, tentez le coup (c'est pas gagné, je suis dans ce cas). Sinon, laissez tomber.
Aksenty Ivanovitch Poprichtchine est fonctionnaire. Il a une vie très réglée. Mavra, domestique qui vit avec lui, est sa confidente et la seule qui la raccroche au monde réel. Elle ne pourra pas éviter la dérive. Il est amoureux de la fille du directeur. Il perd de plus en plus pied avec la réalité jusqu’à entrer peu à peu dans un monde irrationnel et devenir totalement incohérent. Il pense que le chien de la femme qu’il convoite parle, écrit des lettres. Dans son délire, il deviendra roi d’Espagne. Il sera interné.
Le texte est évidemment très intéressant. On vit la dérive rapide dans la folie. On finit par écouter un discours totalement incohérent comme une histoire. Je ne suis pas objective pour aimer ce texte.
Ce qui est remarquable est l’interprétation qui est excellente. Ronan Rivière est excellent dans l’interprétation de cette folie. Amélie Vignaux répond parfaitement.
La mise en scène est originale. J’ai aimé le décor en pente avec les apparitions de Mavra. La partie musicale permet de belles transitions.
En résumé, on assiste à un beau texte classique excellement interprété.
Dans l’intimité de la salle Paradis du Lucernaire, les spectateurs se heurtent directement au personnage d’Aksenty Ivanovitch Poprichtchine (formidable Ronan Rivière) qui les attend là, sur le plateau ; tête baissée, genoux repliés sur soi. Tout dans son attitude annonce le mal être et la solitude de ce personnage haut en couleurs et irrésistiblement attachant.
En effet, Aksenty n’a pour seul refuge que son imaginaire complètement loufoque qui lui permet de s’échapper de la vraie vie. Si au début, on rit de bon coeur, petit à petit, l’on comprend qu’Aksenty est enfermé en lui-même et souffre de schizophrénie aigüe : le personnage perd tout simplement le sens de la réalité et les tentatives désespérées de Mavra pour le ramener sur terre sont vaines.
Ronan Rivière fait de Poprichtchine un personnage extrêmement touchant, funambule des émotions, oscillant en permanence entre rire et larmes. A travers lui, est montré le mal être d’une société, d’une classe sociale, de toutes ces petites gens qu’on ne remarque pas, qu’on écoute pas : Poprichtchine est intemporel et sa douleur traverse les époques. Amélie Vignaux est une Mavra formidable, peinée et attendrie par celui avec qui elle partage le même toit et qui voit en elle plus qu’une domestique : une véritable amie et confidente.
Les deux comédiens sont accompagnés dans leur folle traversée par un pianiste qui rythme la pièce en interprétant du Prokofiev, conférant à l’atmosphère une tonalité de plus en plus oppressante au fur et à mesure qu’Aksenty, lui, s’enfonce dans la folie. Évoluant dans un décor brut, étrange, dans lequel on a l’impression que la chute peut arriver à tout moment tant le plancher est incliné – les deux comédiens brillent par leur faculté à entraîner les spectateurs dans une multitude d’émotions et de les faire sentir (presque) coupables d’avoir rit du personnage d’Aksenty Poprichtchine.
Ronan Rivière a su parfaitement jouer de l’ambivalence du texte de Gogol, lui offrant une dimension à la fois drôle et touchante.
A voir !
Marie DUMAS