- Théâtre contemporain
- Manufacture des Abbesses
- Paris 18ème
Asphalt jungle

8,3/10
80%
- Manufacture des Abbesses
- 7, rue Véron
- 75018 Paris
- Blanche (l.2)
Itinéraire
Billets de 17,50 à 35,00 €
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Deux individus demandent à un troisième de taper sur un quatrième.
A partir cette donne, un jeu pervers se trame inexorablement sous nos yeux. Pas de bourreau ni victime sans complices.
Violence gratuite, embrigadement, soumission... mais aussi ironie, humour noir et extravagance : voilà le cocktail détonant de ce western urbain.
Toutes les critiques
Sylvain Levey sert un texte aiguisé, pointu, précis et cruel. Il suffit à certains de se sentir supérieur pour justifier toute les cruautés.
Deux personnes peuvent mettre la pression à un troisième pour l'inciter à faire ce qu'il ne pensait possible. Le quatrième subit. Pas besoin de repère temporaire ou géographique. Nous sommes aujourd'hui, hier et demain. La nature de l'Homme ne change pas avec la peur de l'autre, le suivisme, la lâcheté, l'égocentrisme... Ghyslain Del Pino, Christophe Gravouil, Yann Josso et Nicolas Sansier interprètent leurs rôles avec conviction et efficacité. Car le mal-être ne nous quitte jamais à chaque minute qui passe. Le rituel de torture nous glace le sang.
Les applaudissements ne font pas enthousiasme. Il faut digérer le coup que nous venons de prendre en plein coeur.
Deux personnes peuvent mettre la pression à un troisième pour l'inciter à faire ce qu'il ne pensait possible. Le quatrième subit. Pas besoin de repère temporaire ou géographique. Nous sommes aujourd'hui, hier et demain. La nature de l'Homme ne change pas avec la peur de l'autre, le suivisme, la lâcheté, l'égocentrisme... Ghyslain Del Pino, Christophe Gravouil, Yann Josso et Nicolas Sansier interprètent leurs rôles avec conviction et efficacité. Car le mal-être ne nous quitte jamais à chaque minute qui passe. Le rituel de torture nous glace le sang.
Les applaudissements ne font pas enthousiasme. Il faut digérer le coup que nous venons de prendre en plein coeur.
Ils sont quatre, quatre anonymes. Ce sont quatre hommes mais cela pourrait tout aussi bien être quatre femmes, ou quatre enfants. Ce sont juste quatre êtres vivants avec tout ce que l’âme humaine peut développer de plus vil, de plus violent mais aussi de plus faible et de plus lâche.
Chacun est à sa place : le dominé et le dominant, le lâche et l’audacieux, le faible et le puissant. Et pourtant on sent qu’un grain de sable, une situation différente ou des enjeux contradictoires auraient pu inverser les rôles. Et que chaque personnage aurait pu être à la place de l’autre.
On comprend que rien n’est simple, que rien n’est prédéfini, que tout est possible.
Et finalement la question qui nous taraude encore quelques heures après c’est… Et moi dans tout ça ? Qu’aurais-je fait ? Quel personnage aurais-je été dans des circonstances un peu semblables ? Aurais-je résisté ou accepté ? Violenté ou fuit ? Où est ma limite personnelle ? La peur ? Le ridicule ? L’image que l’on pourrait avoir de moi ? L’envie de reconnaissance ou d’appartenance ?
Cette pièce décortique et montre, sans pour autant porter de jugement, les mécanismes humains autour des thèmes de la domination et de la soumission. Des sujets très intéressants et toujours d’actualité.
La scénographie épurée à l’extrême (un plateau noir éclairé avec des néons verticaux) renforce la notion d’intemporalité (on pourrait être n’importe quand) et de lieu indéfini (on pourrait se trouver n’importe où).
L’écriture est vive et sans détour, chaque réplique impacte l’autre et le transforme. La pièce est dense et forte et on en ressort sonné.
Chacun est à sa place : le dominé et le dominant, le lâche et l’audacieux, le faible et le puissant. Et pourtant on sent qu’un grain de sable, une situation différente ou des enjeux contradictoires auraient pu inverser les rôles. Et que chaque personnage aurait pu être à la place de l’autre.
On comprend que rien n’est simple, que rien n’est prédéfini, que tout est possible.
Et finalement la question qui nous taraude encore quelques heures après c’est… Et moi dans tout ça ? Qu’aurais-je fait ? Quel personnage aurais-je été dans des circonstances un peu semblables ? Aurais-je résisté ou accepté ? Violenté ou fuit ? Où est ma limite personnelle ? La peur ? Le ridicule ? L’image que l’on pourrait avoir de moi ? L’envie de reconnaissance ou d’appartenance ?
Cette pièce décortique et montre, sans pour autant porter de jugement, les mécanismes humains autour des thèmes de la domination et de la soumission. Des sujets très intéressants et toujours d’actualité.
La scénographie épurée à l’extrême (un plateau noir éclairé avec des néons verticaux) renforce la notion d’intemporalité (on pourrait être n’importe quand) et de lieu indéfini (on pourrait se trouver n’importe où).
L’écriture est vive et sans détour, chaque réplique impacte l’autre et le transforme. La pièce est dense et forte et on en ressort sonné.
On entend des coups, des gémissements, quatre hommes, pas vraiment éméchés, mais l’ennui étant la mère de tous les vices, deux d’entre eux vont « jouer » et manipuler les deux autres.
Ce ne sont pas des gamins, mais des adultes, deux apparemment se connaissent pas les autres, et leur amusement consiste à demander à l’un de frapper l’autre, pas des petites baffes, mais de vrais coups, frapper et frapper encore.
Une pièce déroutante et dérangeante, sur la violence ordinaire, le dérapage, le harcèlement, la bêtise humaine.
Ce ne sont pas des gamins, mais des adultes, deux apparemment se connaissent pas les autres, et leur amusement consiste à demander à l’un de frapper l’autre, pas des petites baffes, mais de vrais coups, frapper et frapper encore.
Une pièce déroutante et dérangeante, sur la violence ordinaire, le dérapage, le harcèlement, la bêtise humaine.
Asphalt Jungle se démarque par ses éclairages au néon qui apportent immédiatement une lumière crue sur ce qui se trame devant nos yeux. Le metteur en scène met en lumière une violence frontale. Les coups portés par les comédiens sont suffisamment réalistes pour que le spectateur soit saisi dès la première minute du jeu malsain auquel il assiste. Dès lors, il va être témoin d’une heure oppressante où les rapports de domination vont changer de main jusqu’à un final glaçant. Yann Josso et Christophe Gravouil portent, avec force et cynisme, le masque des puissants qui se jouent des faibles.
Le texte de Sylvain Levey est pétri d’un humour noir dont on ne sait plus si on doit s’en amuser ou être terrifié. Il fait écho à des choses quotidiennes qu’on pressent mais qu’on ne peut formaliser. Il le fait par l’art. On y entrevoit le reflet des gouvernements qui mettent à terre leur peuple en leur demandant de les en remercier. Ou peut-être ne sont-ce que des revendications de gaulois réfractaires. On peut aussi y voir un portrait terriblement réaliste des phénomènes de harcèlement envers ceux que les grands de la pièce considèrent comme « des sous-hommes ». Mettez ce que vous voulez derrière.
Une baffe mise au spectateur tel qu'a pu l'être Orange Mécanique à son époque. Un moment de tension qui bouleverse et questionne.
Le texte de Sylvain Levey est pétri d’un humour noir dont on ne sait plus si on doit s’en amuser ou être terrifié. Il fait écho à des choses quotidiennes qu’on pressent mais qu’on ne peut formaliser. Il le fait par l’art. On y entrevoit le reflet des gouvernements qui mettent à terre leur peuple en leur demandant de les en remercier. Ou peut-être ne sont-ce que des revendications de gaulois réfractaires. On peut aussi y voir un portrait terriblement réaliste des phénomènes de harcèlement envers ceux que les grands de la pièce considèrent comme « des sous-hommes ». Mettez ce que vous voulez derrière.
Une baffe mise au spectateur tel qu'a pu l'être Orange Mécanique à son époque. Un moment de tension qui bouleverse et questionne.
Un type entre côté jardin, éclairé violemment de profil.
En coulisse, toujours à jardin, on entend le bruit de coups portés.
On comprend que deux hommes en frappent un troisième, avec une jubilation manifeste. Les deux finissent par entrer sur scène et vont apprendre au premier à frapper lui aussi leur victime.
Nous sommes alors plongés dans une sorte de leçon macabre et dramatique de l'ultra-violence en apparence gratuite.
L'apprenti-tortionnaire a du mal non seulement à comprendre le but de tout ceci, pourquoi il doit martyriser son prochain, mais également comment passer à l'acte.
Et pourtant, la violence gratuite, la relation de domination, d'asservissement, de harcèlement, les rapports de soumission entre un bourreau et sa victime vont finir par s'installer.
Mais d'autres relations, encore plus malsaines, vont intervenir entre ces quatre hommes.
De la soumission à la complicité, il n'y a qu'un pas, du dominant au dominé, il n'y a que l'épaisseur d'une feuille de papier-cigarette.
Avec un problème moral inhérent, la supériorité supposée d'un homme sur un autre, et la relation de pouvoir absolu qui va finir par en découler.
Le théâtre de Sylvain Levey est de ceux qui dérangent, qui interpellent sacrément, et qui disent et montrent plus que crûment les choses.
Je ne connaissais pas cette pièce, et j'ai ressenti la même impression qu'au premier visionnage d'Orange mécanique, de Kubrick.
Ce sentiment de recevoir une vraie claque (au propre comme au figuré!)
Un choc qui vous met mal à l'aise. Et quand vous aimez comme moi au théâtre être mis sciemment mal à l'aise, ce sentiment est jouissif.
Le metteur en scène Laurent Maindon a une nouvelle fois opté pour un plateau nu, à l'exception de trois grands néons verticaux, qui ensemble ou séparément éclairent le plateau d'une lumière violent et crue, transformant ainsi la scène en véritable ring.
Les quatre comédiens, dans cette heure de dénonciation de la violence fascisante vont plonger le public dans un mélange de fascination et de répulsion.
Yann Josso et Christophe Gravouil sont les deux « apprenants » qui, implacablement, vont enseigner comment torturer la victime.
Les deux sont impressionnants : ils donnent à leurs personnages respectifs une perversité, un sadisme inouïs, sans oublier un féroce humour plus que noir. (Qui nous fait rire... Cet humour noir qui fait rire jaune...)
Nicolas Sansier est l'apprenant, celui qui doit faire ses classes en matière d'être humain voulant démontrer sa supposée supériorité face à un inférieur, un type qui au passage n'a pas la même nationalité que lui.
Lui aussi est excellent. Il donne à son personnage d'élève une densité phénoménale, avec une progression on ne peut plus subtile. Du refus, il passera à l'acte en essayant, tâtonnant, et puis en jubilant.
Pour le coup, ces trois-là nous entraînent dans une magistrale et terrible leçon de pédagogie du tâtonnement expérimental.
Et puis, il y a Ghyslain del Pino. Lui est dans le registre peut-être le plus difficile, dans une ambivalence jamais tout à fait évidente.
En effet, la pièce va évoluer de façon implacable. Et non, je n'en dirai pas plus.
A aucun moment, la tension dramatique ne faiblira, jamais nous ne serons « tranquilles », toujours en perpétuelle déstabilisation.
Les quatre nous happent dès les premières répliques et ne nous lâcheront plus jamais, tous parfaits, nous plongeant dans un malaise complètement assumé et maîtrisé.
Vous l'aurez compris, ce moment très intense de théâtre a été pour moi un véritable choc.
Un moment fort qui fait fonctionner à plein régime les trois mécanismes fondamentaux du théâtre : la double-énonciation, la distanciation et la catharsis.
On ne ressort donc pas totalement indemne de la Manufacture des Abbesses, et c'est tant mieux !
En coulisse, toujours à jardin, on entend le bruit de coups portés.
On comprend que deux hommes en frappent un troisième, avec une jubilation manifeste. Les deux finissent par entrer sur scène et vont apprendre au premier à frapper lui aussi leur victime.
Nous sommes alors plongés dans une sorte de leçon macabre et dramatique de l'ultra-violence en apparence gratuite.
L'apprenti-tortionnaire a du mal non seulement à comprendre le but de tout ceci, pourquoi il doit martyriser son prochain, mais également comment passer à l'acte.
Et pourtant, la violence gratuite, la relation de domination, d'asservissement, de harcèlement, les rapports de soumission entre un bourreau et sa victime vont finir par s'installer.
Mais d'autres relations, encore plus malsaines, vont intervenir entre ces quatre hommes.
De la soumission à la complicité, il n'y a qu'un pas, du dominant au dominé, il n'y a que l'épaisseur d'une feuille de papier-cigarette.
Avec un problème moral inhérent, la supériorité supposée d'un homme sur un autre, et la relation de pouvoir absolu qui va finir par en découler.
Le théâtre de Sylvain Levey est de ceux qui dérangent, qui interpellent sacrément, et qui disent et montrent plus que crûment les choses.
Je ne connaissais pas cette pièce, et j'ai ressenti la même impression qu'au premier visionnage d'Orange mécanique, de Kubrick.
Ce sentiment de recevoir une vraie claque (au propre comme au figuré!)
Un choc qui vous met mal à l'aise. Et quand vous aimez comme moi au théâtre être mis sciemment mal à l'aise, ce sentiment est jouissif.
Le metteur en scène Laurent Maindon a une nouvelle fois opté pour un plateau nu, à l'exception de trois grands néons verticaux, qui ensemble ou séparément éclairent le plateau d'une lumière violent et crue, transformant ainsi la scène en véritable ring.
Les quatre comédiens, dans cette heure de dénonciation de la violence fascisante vont plonger le public dans un mélange de fascination et de répulsion.
Yann Josso et Christophe Gravouil sont les deux « apprenants » qui, implacablement, vont enseigner comment torturer la victime.
Les deux sont impressionnants : ils donnent à leurs personnages respectifs une perversité, un sadisme inouïs, sans oublier un féroce humour plus que noir. (Qui nous fait rire... Cet humour noir qui fait rire jaune...)
Nicolas Sansier est l'apprenant, celui qui doit faire ses classes en matière d'être humain voulant démontrer sa supposée supériorité face à un inférieur, un type qui au passage n'a pas la même nationalité que lui.
Lui aussi est excellent. Il donne à son personnage d'élève une densité phénoménale, avec une progression on ne peut plus subtile. Du refus, il passera à l'acte en essayant, tâtonnant, et puis en jubilant.
Pour le coup, ces trois-là nous entraînent dans une magistrale et terrible leçon de pédagogie du tâtonnement expérimental.
Et puis, il y a Ghyslain del Pino. Lui est dans le registre peut-être le plus difficile, dans une ambivalence jamais tout à fait évidente.
En effet, la pièce va évoluer de façon implacable. Et non, je n'en dirai pas plus.
A aucun moment, la tension dramatique ne faiblira, jamais nous ne serons « tranquilles », toujours en perpétuelle déstabilisation.
Les quatre nous happent dès les premières répliques et ne nous lâcheront plus jamais, tous parfaits, nous plongeant dans un malaise complètement assumé et maîtrisé.
Vous l'aurez compris, ce moment très intense de théâtre a été pour moi un véritable choc.
Un moment fort qui fait fonctionner à plein régime les trois mécanismes fondamentaux du théâtre : la double-énonciation, la distanciation et la catharsis.
On ne ressort donc pas totalement indemne de la Manufacture des Abbesses, et c'est tant mieux !
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