Critiques pour l'événement Tchékhov à la folie
Les comédiens sont géniaux, Emeline Bayart est impressionnante par sa faculté à faire des grimaces sans en faire trop.
Cependant et c'est subjectif je n'ai pas accroché au texte, ne connaissant pas Tchekov, j'ai eu du mal à rentrer dedans, peut-être à cause de l'exagération et de l’absurdité poussées à l'extrême dans les deux farces. Je suis restée un peu trop spectatrice même si j'ai apprécié le cynisme et l'humour noir qui se dégageaient du texte.
Cependant et c'est subjectif je n'ai pas accroché au texte, ne connaissant pas Tchekov, j'ai eu du mal à rentrer dedans, peut-être à cause de l'exagération et de l’absurdité poussées à l'extrême dans les deux farces. Je suis restée un peu trop spectatrice même si j'ai apprécié le cynisme et l'humour noir qui se dégageaient du texte.
La mise en scène de la Cerisaie de Nicolas Liautard et Magali Nadaud soulignait déjà combien Tchékhov avait le goût de la comédie. Jean-Louis Benoit en fait une démonstration formidable avec ces deux courtes pièces que sont La Demande en mariage et L’Ours, réunies dans un spectacle intitulé et à juste titre Tchékhov à la folie.
Dépêchez-vous de prendre vos places parce que bientôt ce sera complet plusieurs jours à l'avance. C'est furieusement drôle, constamment, et c'est un pur régal que de suivre l'enchainement des répliques dans une construction surréaliste.
Et surtout les trois comédiens sont incroyablement drôles. On espère qu'ils s'amusent autant sur la scène que nous dans la salle.
Tout commence avec des chants d'oiseaux ponctués de quelques cris d'animaux, annonçant un jour qui se lève plein de promesse et sans nul doute joyeux, quelque part dans la campagne. C'est le moment qu'a choisi le beau gosse (Manuel Le Lièvre) pour faire sa demande à son futur beau-père (Jean-Paul Farré). Jusque là tout va bien. Puis à sa désormais promise (Emeline Bayart), excellente maitresse de maison, pas vilaine et surtout instruite. Et c'est là que ça va se gâter dans un déferlement de catastrophes.
Lomov se sent vieux bien qu'il n'ait que 35 ans, un âge, qu'il dit, critique. Il souffre d'un souffle au coeur, de palpitations permanentes, est secoué de tics, et s'avoue impulsif et tout le temps affreusement émotif... Natalia Stépanovna est une force de la nature, s'exprime sans filtre avec un accent puissant qui la rend ... fascinante. Jusqu'à ce que malencontreusement la conversation porte sur la parcelle des Petits prés aux boeufs que l'un et l'autre vont revendiquer avec une détermination farouche (la terre est toujours l'objet d'enjeu dans le théâtre de Tchekhov). Les répliques s'enchaînent dans l'excès ... tout le bazar, comme dirait le paternel, Tchouboukov. Le règlement de comptes sera terrible.
Qu'avons-nous fait ? s'émeut la belle en comprenant sa méprise. Le père persuade le garçon de refaire sa demande mais rebelote, la situation se répète autour d'un autre sujet de discorde, la qualité de Faro, le chien de l'un, qui serait meilleur que Miro, l'animal de l'autre. La situation ne peut que dégénérer une nouvelle fois et rien n'arrêtera le démon de la contradiction. Lomov en mourra et ce n'est pas un verre d'eau qui aurait le pouvoir de le ressusciter.
L'ours présentera une autre situation qui pourrait bien être sans issue, allant jusqu'à se régler dans un duel parce qu'après tout oser défier une femme est une façon de la considérer à l'égal d'un homme. Si l'intrigue est différente on assiste néanmoins à un tourbillon aussi fort que dans la première.
On remarquera à ce propos que Tchékhov renverse les codes. Le maillon fort est la femme alors que l'homme est faible. Lomov est très malade et très mal dans sa peau. Smirnov est au bord du suicide. On peut évidemment pressentir derrière le rire, et comme le souligne le metteur en scène Jean-Louis Benoit, un fond tragique dans ses personnages.
J'ai appris que l'auteur disait de ces deux pièces courtes qu’elles étaient des "plaisanteries" et que ce sont elles qui lui offriront ses premiers triomphes. Ce Tchékhov-là, trentenaire joyeux, farceur, humoriste, mais féroce, fait preuve d’une violence grotesque incomparable. Le rythme soutenu, la puissance de la cocasserie des situations, et la folie de ces personnages ahuris et furieux nous font passer une soirée de pur divertissement, très loin de l'image tragique que la plupart des gens ont de cet auteur.
C'est Jean Haas qui a imaginé le décor, très campagnard, qui pourrait aussi bien situer l'action dans le Berry qu'en Russie, ce qui rend le propos plus proche de nous, même si les noms des personnages ne laissent pas planer de doute. Un vent de folie semble souffler autant sur la scénographie que dans les dialogues mais ... je n'en dirai pas davantage.
Les trois comédiens sont furieusement drôles. Je penserai désormais systématiquement à Manuel Le Lièvre quand je repasserai des sous-vêtements. Emeline Bayart m'avait déjà convaincue dans le film Bécassine ! qu'elle m'avait fait apprécier. Elle jouait il y a encore quelques semaines dans la pièce Fric-Frac pour laquelle elle est nominée aux Molières au titre de révélation féminine. Quant à Jean-Paul Farré on pourrait le croire artiste associé du Poche tant il y est souvent, et pour notre plus grand plaisir. Je me souviens notamment de la finesse de son interprétation dans le spectacle Voltaire / Rousseau en 2017.
Dépêchez-vous de prendre vos places parce que bientôt ce sera complet plusieurs jours à l'avance. C'est furieusement drôle, constamment, et c'est un pur régal que de suivre l'enchainement des répliques dans une construction surréaliste.
Et surtout les trois comédiens sont incroyablement drôles. On espère qu'ils s'amusent autant sur la scène que nous dans la salle.
Tout commence avec des chants d'oiseaux ponctués de quelques cris d'animaux, annonçant un jour qui se lève plein de promesse et sans nul doute joyeux, quelque part dans la campagne. C'est le moment qu'a choisi le beau gosse (Manuel Le Lièvre) pour faire sa demande à son futur beau-père (Jean-Paul Farré). Jusque là tout va bien. Puis à sa désormais promise (Emeline Bayart), excellente maitresse de maison, pas vilaine et surtout instruite. Et c'est là que ça va se gâter dans un déferlement de catastrophes.
Lomov se sent vieux bien qu'il n'ait que 35 ans, un âge, qu'il dit, critique. Il souffre d'un souffle au coeur, de palpitations permanentes, est secoué de tics, et s'avoue impulsif et tout le temps affreusement émotif... Natalia Stépanovna est une force de la nature, s'exprime sans filtre avec un accent puissant qui la rend ... fascinante. Jusqu'à ce que malencontreusement la conversation porte sur la parcelle des Petits prés aux boeufs que l'un et l'autre vont revendiquer avec une détermination farouche (la terre est toujours l'objet d'enjeu dans le théâtre de Tchekhov). Les répliques s'enchaînent dans l'excès ... tout le bazar, comme dirait le paternel, Tchouboukov. Le règlement de comptes sera terrible.
Qu'avons-nous fait ? s'émeut la belle en comprenant sa méprise. Le père persuade le garçon de refaire sa demande mais rebelote, la situation se répète autour d'un autre sujet de discorde, la qualité de Faro, le chien de l'un, qui serait meilleur que Miro, l'animal de l'autre. La situation ne peut que dégénérer une nouvelle fois et rien n'arrêtera le démon de la contradiction. Lomov en mourra et ce n'est pas un verre d'eau qui aurait le pouvoir de le ressusciter.
L'ours présentera une autre situation qui pourrait bien être sans issue, allant jusqu'à se régler dans un duel parce qu'après tout oser défier une femme est une façon de la considérer à l'égal d'un homme. Si l'intrigue est différente on assiste néanmoins à un tourbillon aussi fort que dans la première.
On remarquera à ce propos que Tchékhov renverse les codes. Le maillon fort est la femme alors que l'homme est faible. Lomov est très malade et très mal dans sa peau. Smirnov est au bord du suicide. On peut évidemment pressentir derrière le rire, et comme le souligne le metteur en scène Jean-Louis Benoit, un fond tragique dans ses personnages.
J'ai appris que l'auteur disait de ces deux pièces courtes qu’elles étaient des "plaisanteries" et que ce sont elles qui lui offriront ses premiers triomphes. Ce Tchékhov-là, trentenaire joyeux, farceur, humoriste, mais féroce, fait preuve d’une violence grotesque incomparable. Le rythme soutenu, la puissance de la cocasserie des situations, et la folie de ces personnages ahuris et furieux nous font passer une soirée de pur divertissement, très loin de l'image tragique que la plupart des gens ont de cet auteur.
C'est Jean Haas qui a imaginé le décor, très campagnard, qui pourrait aussi bien situer l'action dans le Berry qu'en Russie, ce qui rend le propos plus proche de nous, même si les noms des personnages ne laissent pas planer de doute. Un vent de folie semble souffler autant sur la scénographie que dans les dialogues mais ... je n'en dirai pas davantage.
Les trois comédiens sont furieusement drôles. Je penserai désormais systématiquement à Manuel Le Lièvre quand je repasserai des sous-vêtements. Emeline Bayart m'avait déjà convaincue dans le film Bécassine ! qu'elle m'avait fait apprécier. Elle jouait il y a encore quelques semaines dans la pièce Fric-Frac pour laquelle elle est nominée aux Molières au titre de révélation féminine. Quant à Jean-Paul Farré on pourrait le croire artiste associé du Poche tant il y est souvent, et pour notre plus grand plaisir. Je me souviens notamment de la finesse de son interprétation dans le spectacle Voltaire / Rousseau en 2017.
Mariages à la Russe !
Partant comme toujours d'une situation dramatique, Tchékhov la transforme, dans ces deux courtes pièces, en véritable comédie.
C'est parce qu'il fait ressortir les tourments de ses personnages qu'il nous embarque en quelques répliques dans l'absurdité de ces situations.
La farce fonctionne d'autant mieux que les comédiens jouent leur partition de manière extrême ....et ça marche !!
On rit vraiment beaucoup des mésaventures de ces personnages coincés dans des positions aberrantes dont ils sont incapables de s'extraire.
Emeline Bayart, survoltée, joue formidablement de son physique.
Loin de l'image de la femme soumise à laquelle on pourrait s'attendre, elle lamine son premier prétendant avant de succomber in extremis aux charmes du second.
Jean Louis Benoît a eu indéniablement raison de pousser le burlesque à son maximum.
On ne peut être poète sans quelque folie !
Partant comme toujours d'une situation dramatique, Tchékhov la transforme, dans ces deux courtes pièces, en véritable comédie.
C'est parce qu'il fait ressortir les tourments de ses personnages qu'il nous embarque en quelques répliques dans l'absurdité de ces situations.
La farce fonctionne d'autant mieux que les comédiens jouent leur partition de manière extrême ....et ça marche !!
On rit vraiment beaucoup des mésaventures de ces personnages coincés dans des positions aberrantes dont ils sont incapables de s'extraire.
Emeline Bayart, survoltée, joue formidablement de son physique.
Loin de l'image de la femme soumise à laquelle on pourrait s'attendre, elle lamine son premier prétendant avant de succomber in extremis aux charmes du second.
Jean Louis Benoît a eu indéniablement raison de pousser le burlesque à son maximum.
On ne peut être poète sans quelque folie !
« Tchékhov à la folie » au théâtre de Poche Montparnasse dans une mise en scène de Jean-Louis Benoît : jamais spectacle n’a aussi bien porté son nom tant le metteur en scène est fou !
Deux pièces en un acte d'Anton Tchekhov traduites par André Markowicz et Françoise Morvan.
Anton Tchekhov est l’auteur incontournable pour tout amateur de théâtre, un fin observateur des ses semblables qui a su si bien décrire la province russe à la fin du 19e siècle.
J’aime son écriture, ses atmosphères, une porte vers le théâtre moderne : « Les trois sœurs », « La cerisaie », ce sont de pures merveilles ou bien encore « Oncle Vania » dans laquelle s’est illustré le regretté Jean-Pierre Marielle ; avec « La mouette » ce sont ses quatre dernières pièces qui ont marqué la scène française et en ont fait un des auteurs les plus connus de la littérature russe.
Mais aujourd’hui ce sont deux farces, deux pièces en un acte qui sont à l’honneur, souvent jouées ensemble, des œuvres de jeunesse (il avait 27-28 ans) : « La demande en mariage » et « L’ours », cette dernière fut la première pièce de Tchekhov à entrer dans le répertoire de la Comédie Française. Deux pièces qui mettent en exergue le thème de l’amour entre propriétaires terriens, avec leurs failles.
« L’ours » joué en deuxième partie mais écrite avant « La demande en mariage » fut celle qui lui donna un commencement de reconnaissance.
L’argument de « La demande en mariage » est très simple : Lomov, un jeune homme de 35 ans (pas si jeune que cela en fait) vient demander la main de sa voisine Natalia. Il est reçu par le père Tchouboukov qui est enthousiaste à cette idée et se presse d’aller chercher sa fille pour qu’il lui fasse sa demande de visu.
Une demande qu’il n’aura jamais l’occasion de formuler, car chacun d’entre eux, querelleurs dans l’âme, ont une idée extrêmement précise sur ce qui leur appartient et sont dans l’impossibilité de se maîtriser pour exprimer leurs arguments. La conversation tourne en pugilat et c’est une explosion…de rire qui nous est servie sur un plateau d’argent !
Natalia entre dans une furie incontrôlée et bazarde tout ce qui lui passe sous la main pour exprimer sa colère devant le refus de Lomov d’admettre qu’il a tort ; un entêtement qui lui donnera quelques frayeurs avec sa fragilité du cœur.
Mais au final un père qui laissera les deux tourtereaux trinquer à l’harmonie de leurs caractères.
La mise en scène de Jean-Louis Benoît est complètement folle, il a gommé le côté « folklorique » que l’on connaît d’habitude dans les interprétations des œuvres de Tchekhov pour se concentrer sur le côté humain des personnages, au fond si cher à l’auteur. Il a mis en avant le côté joyeux et farceur que Tchekhov a voulu dépeindre dans ces deux pièces.
Tout est dans le détail de ces propriétaires terriens qui travaillent dans les champs, en plein été, jusqu’à entendre les mouches voler…
Un thème sur l’impossibilité de communiquer, qui a toute sa place aujourd’hui avec les réseaux sociaux qui nous enferment plutôt qu’ils nous ouvrent aux autres.
Et nous poursuivons sans entracte, s’il vous plaît, avec « L’ours ». Une veuve vit recluse dans sa maison depuis sept mois avec son serviteur où l’on entend les oiseaux gazouiller ; vient se présenter à son domicile un propriétaire foncier qui était en affaire avec son défunt mari et qui lui demande d’honorer sa dette. Dans un premier temps, elle refuse de le recevoir mais devant l’insistance de ce dernier, elle cède. Bien mal lui en pris car il refuse de partir tant qu’elle n’aura pas payé la dette. Elle a beau lui expliquer que son régisseur ne reviendra de la ville que le surlendemain, il ne veut rien savoir et s’installe chez elle car il doit rembourser, le jour même, des intérêts à la Banque Agricole Impériale au risque de se voir dépouiller de ses biens
S’ensuit alors une joute verbale explosive mettant encore une fois la colère à l’honneur. Une colère communicative puisque nos deux héros sortiront de cette impasse, dans laquelle ils se sont engouffrés, par un duel aux pistolets.
Deux farces à la férocité indéniable frisant l’absurdité, mais qui ont comme ressort le Rire !
Jean-Louis Benoît a su habilement, avec de belles trouvailles dans sa mise en scène, exploiter la force comique des trois comédiens dans un rythme à couper le souffle, comme dans le tourbillon de l’Amour. Ils sont tous les trois au même niveau, au même diapason, ils ont un sens inné de la comédie. Ils ont la voix puissante mais ne jouent jamais en force, c’est ce qui leur donne une justesse de jeu précis et hilarant. Que cela soit dans les silences ou dans les paroles, ils captent notre attention sans jamais la lâcher.
Un Tchekhov dépoussiéré, effaçant le côté classique pour mettre en avant, dans une vision très animée, la drôlerie des propos de l’auteur.
Jean-Paul Farré avec sa célèbre coiffure ébouriffée, le patriarche, est un illuminé grandiose. Son jeu est d’une gaîté folle, il nous embarque dans ses délires avec gourmandise.
Manuel Le Lièvre dans son jeu discret mais très efficace donne du volume à son interprétation. Qu’il soit avec sa perruque aux cheveux gominés, plaqués ou au naturel, il emporte l’adhésion de tous dans son jeu rompu aux situations comiques.
Mon coup de cœur, pour une comédienne que je découvre, va vers Emeline Bayart. La première fois que j’ai entendu parler d’elle est en faisant la queue pour aller voir « Michel for ever ». Une dame vantait les louanges de son spectacle où elle chante, spectacle qu’elle joue toujours.
Dans ces deux farces elle est volcanique, elle a une force comique remarquable, des attitudes, des expressions, des regards, des mimiques, à se tordre de rire.
Un spectacle incontournable auquel je mets la note de 10/10 ! et c’est rare…
Deux pièces en un acte d'Anton Tchekhov traduites par André Markowicz et Françoise Morvan.
Anton Tchekhov est l’auteur incontournable pour tout amateur de théâtre, un fin observateur des ses semblables qui a su si bien décrire la province russe à la fin du 19e siècle.
J’aime son écriture, ses atmosphères, une porte vers le théâtre moderne : « Les trois sœurs », « La cerisaie », ce sont de pures merveilles ou bien encore « Oncle Vania » dans laquelle s’est illustré le regretté Jean-Pierre Marielle ; avec « La mouette » ce sont ses quatre dernières pièces qui ont marqué la scène française et en ont fait un des auteurs les plus connus de la littérature russe.
Mais aujourd’hui ce sont deux farces, deux pièces en un acte qui sont à l’honneur, souvent jouées ensemble, des œuvres de jeunesse (il avait 27-28 ans) : « La demande en mariage » et « L’ours », cette dernière fut la première pièce de Tchekhov à entrer dans le répertoire de la Comédie Française. Deux pièces qui mettent en exergue le thème de l’amour entre propriétaires terriens, avec leurs failles.
« L’ours » joué en deuxième partie mais écrite avant « La demande en mariage » fut celle qui lui donna un commencement de reconnaissance.
L’argument de « La demande en mariage » est très simple : Lomov, un jeune homme de 35 ans (pas si jeune que cela en fait) vient demander la main de sa voisine Natalia. Il est reçu par le père Tchouboukov qui est enthousiaste à cette idée et se presse d’aller chercher sa fille pour qu’il lui fasse sa demande de visu.
Une demande qu’il n’aura jamais l’occasion de formuler, car chacun d’entre eux, querelleurs dans l’âme, ont une idée extrêmement précise sur ce qui leur appartient et sont dans l’impossibilité de se maîtriser pour exprimer leurs arguments. La conversation tourne en pugilat et c’est une explosion…de rire qui nous est servie sur un plateau d’argent !
Natalia entre dans une furie incontrôlée et bazarde tout ce qui lui passe sous la main pour exprimer sa colère devant le refus de Lomov d’admettre qu’il a tort ; un entêtement qui lui donnera quelques frayeurs avec sa fragilité du cœur.
Mais au final un père qui laissera les deux tourtereaux trinquer à l’harmonie de leurs caractères.
La mise en scène de Jean-Louis Benoît est complètement folle, il a gommé le côté « folklorique » que l’on connaît d’habitude dans les interprétations des œuvres de Tchekhov pour se concentrer sur le côté humain des personnages, au fond si cher à l’auteur. Il a mis en avant le côté joyeux et farceur que Tchekhov a voulu dépeindre dans ces deux pièces.
Tout est dans le détail de ces propriétaires terriens qui travaillent dans les champs, en plein été, jusqu’à entendre les mouches voler…
Un thème sur l’impossibilité de communiquer, qui a toute sa place aujourd’hui avec les réseaux sociaux qui nous enferment plutôt qu’ils nous ouvrent aux autres.
Et nous poursuivons sans entracte, s’il vous plaît, avec « L’ours ». Une veuve vit recluse dans sa maison depuis sept mois avec son serviteur où l’on entend les oiseaux gazouiller ; vient se présenter à son domicile un propriétaire foncier qui était en affaire avec son défunt mari et qui lui demande d’honorer sa dette. Dans un premier temps, elle refuse de le recevoir mais devant l’insistance de ce dernier, elle cède. Bien mal lui en pris car il refuse de partir tant qu’elle n’aura pas payé la dette. Elle a beau lui expliquer que son régisseur ne reviendra de la ville que le surlendemain, il ne veut rien savoir et s’installe chez elle car il doit rembourser, le jour même, des intérêts à la Banque Agricole Impériale au risque de se voir dépouiller de ses biens
S’ensuit alors une joute verbale explosive mettant encore une fois la colère à l’honneur. Une colère communicative puisque nos deux héros sortiront de cette impasse, dans laquelle ils se sont engouffrés, par un duel aux pistolets.
Deux farces à la férocité indéniable frisant l’absurdité, mais qui ont comme ressort le Rire !
Jean-Louis Benoît a su habilement, avec de belles trouvailles dans sa mise en scène, exploiter la force comique des trois comédiens dans un rythme à couper le souffle, comme dans le tourbillon de l’Amour. Ils sont tous les trois au même niveau, au même diapason, ils ont un sens inné de la comédie. Ils ont la voix puissante mais ne jouent jamais en force, c’est ce qui leur donne une justesse de jeu précis et hilarant. Que cela soit dans les silences ou dans les paroles, ils captent notre attention sans jamais la lâcher.
Un Tchekhov dépoussiéré, effaçant le côté classique pour mettre en avant, dans une vision très animée, la drôlerie des propos de l’auteur.
Jean-Paul Farré avec sa célèbre coiffure ébouriffée, le patriarche, est un illuminé grandiose. Son jeu est d’une gaîté folle, il nous embarque dans ses délires avec gourmandise.
Manuel Le Lièvre dans son jeu discret mais très efficace donne du volume à son interprétation. Qu’il soit avec sa perruque aux cheveux gominés, plaqués ou au naturel, il emporte l’adhésion de tous dans son jeu rompu aux situations comiques.
Mon coup de cœur, pour une comédienne que je découvre, va vers Emeline Bayart. La première fois que j’ai entendu parler d’elle est en faisant la queue pour aller voir « Michel for ever ». Une dame vantait les louanges de son spectacle où elle chante, spectacle qu’elle joue toujours.
Dans ces deux farces elle est volcanique, elle a une force comique remarquable, des attitudes, des expressions, des regards, des mimiques, à se tordre de rire.
Un spectacle incontournable auquel je mets la note de 10/10 ! et c’est rare…
Tous les curseurs d'expression sont poussés à fond, mais complètement au service des textes, et pour le plus grand plaisir du public...
Ces situations banales en apparence et truculentes à souhaits, exposent un vrai regard sur l'âme Russe, de l'époque de l'auteur.
Ces situations banales en apparence et truculentes à souhaits, exposent un vrai regard sur l'âme Russe, de l'époque de l'auteur.
... Un incontournable et magnifique spectacle, pour le plaisir de retrouver ou de découvrir ces deux chefs d'œuvre comiques de Tchékhov. Une mise en scène époustouflante. Une interprétation irrésistible. Un conseil ? Courez-y !
Et voilà c’est parti pour une soirée de folie au Poche !
Deux ‘plaisanteries’ (comme le disait lui-même Tchekhov) au cours de la même soirée jouées par un trio qui a une belle forme !
Donc au programme :
’ La demande en mariage’ : petite drôlerie où le jeune homme ne peut à aucun moment demander la main à sa belle tellement leurs caractères impétueux renversent tout sur leur passage, d’ailleurs le décor très réussi de Jean Haas est beaucoup secoué aussi !
Suivi de ‘l’Ours’, premier succès de Tchekhov, où Jean-Paul Farré incarne cet homme des bois bourru à souhait et qui va basculer dans un nouveau monde grâce au miracle de l’amour.
C’est Jean-louis Benoit qui met en scène les deux histoires et c’est réussi ! Fluidité et précision sont les maitres mots !
Les comédiens ajoutent la touche finale en livrant une prestation absolument délirante : les deux pièces sont menées tambour battant ! Peu de temps mort pour nos zygomatiques !
Emeline Bayart est championne du monde de mimiques hilarantes, ses hurlements et autres ahanements sont tordants et son sens de la rupture a provoqué des larmes de rire.
C’est toujours un plaisir de croiser Jean-Paul Farré dans un théâtre car il est très accessible, et c’est encore mieux quand il est sur les planches car je n’ai pas le souvenir d’avoir été déçue une seule fois au cours des nombreuses pièces où je l’ai vu. Au Poche, il ne fait pas exception, son talent est immense et c’est une belle leçon de le regarder surtout dans l’Ours où son personnage évolue par de nombreux états d’esprits.
Manuel Le Lièvre n’est pas en reste, il possède une belle prestance et son talent n’est plus à démontrer. En tant que ‘demandeur en mariage’, il m’a beaucoup fait rire.
Bref, on ressort du Poche avec un grand sourire et ça fait un bien fou !
Deux ‘plaisanteries’ (comme le disait lui-même Tchekhov) au cours de la même soirée jouées par un trio qui a une belle forme !
Donc au programme :
’ La demande en mariage’ : petite drôlerie où le jeune homme ne peut à aucun moment demander la main à sa belle tellement leurs caractères impétueux renversent tout sur leur passage, d’ailleurs le décor très réussi de Jean Haas est beaucoup secoué aussi !
Suivi de ‘l’Ours’, premier succès de Tchekhov, où Jean-Paul Farré incarne cet homme des bois bourru à souhait et qui va basculer dans un nouveau monde grâce au miracle de l’amour.
C’est Jean-louis Benoit qui met en scène les deux histoires et c’est réussi ! Fluidité et précision sont les maitres mots !
Les comédiens ajoutent la touche finale en livrant une prestation absolument délirante : les deux pièces sont menées tambour battant ! Peu de temps mort pour nos zygomatiques !
Emeline Bayart est championne du monde de mimiques hilarantes, ses hurlements et autres ahanements sont tordants et son sens de la rupture a provoqué des larmes de rire.
C’est toujours un plaisir de croiser Jean-Paul Farré dans un théâtre car il est très accessible, et c’est encore mieux quand il est sur les planches car je n’ai pas le souvenir d’avoir été déçue une seule fois au cours des nombreuses pièces où je l’ai vu. Au Poche, il ne fait pas exception, son talent est immense et c’est une belle leçon de le regarder surtout dans l’Ours où son personnage évolue par de nombreux états d’esprits.
Manuel Le Lièvre n’est pas en reste, il possède une belle prestance et son talent n’est plus à démontrer. En tant que ‘demandeur en mariage’, il m’a beaucoup fait rire.
Bref, on ressort du Poche avec un grand sourire et ça fait un bien fou !
Une phénoménale leçon de théâtre !
Un pur enchantement !
En montant ces deux pièces de jeunesse du grand Anton, écrites à l'âge de 28 ans, Jean-Louis Benoît plonge le Poche-Montparnasse dans un complet bonheur et une totale frénésie !
Ce qui se passe sur le plateau nous ravit, nous passionne, nous fait rire aux éclats, nous émeut également, nous bluffe par l'énergie déployée et nous fait également réfléchir.
Jean-Louis Benoît connaît bien son Tchékhov.
Il sait que l'auteur considérait ces deux pièces comme des « plaisanteries », même si l'on peut penser qu'un peu de fausse modestie caractérisait ce terme.
Nous allons énormément rire, à suivre les aventures des protagonistes de ces deux farces.
Le sociologue qu'est Tchékhov, avec son regard acéré sur ses concitoyens va s'en donner à cœur joie.
Car bien entendu, nous sommes au-delà de la pure farce, certes drôlissime,. Nous assistons à une féroce et néanmoins très réaliste peinture de la société russe du moment.
Il sera question d'une demande en mariage ô combien étonnante, entre deux caractères bien trempés. Puis nous sera contée l'histoire d'un petit propriétaire terrien, un véritable ours, venu demander le remboursement d'un prêt à une créancière voisine.
Jean-louis Benoît s'est attaché à nous disséquer de façon on ne peut plus subtile les thèmes chers au futur auteur d'Oncle Vania et de la Cerisaie.
La première réussite de cette entreprise dramaturgique, c'est d'avoir mis en avant la terre, le monde de la paysannerie. Ce sont des gens attachés à leur terre qui sont mis en scène. La propriété foncière va générer bien des péripéties et des situations de pure comédie. Je vous conseille d'être très attentifs à la bande son.
La deuxième réussite du metteur en scène, c'est d'avoir mis l'accent sur l'image ambivalente que pouvait avoir Tchékhov des femmes. Ici, Emeline Bayart va camper deux femmes qui finalement seront les personnages principaux de la soirée.
Des femmes qui veulent certes assumer leur féminité, mais pas seulement. Dans la deuxième pièce l'héroïne, veuve éplorée et inconsolable, veut également se comporter en homme. Son personnage sera d'ailleurs presque plus homme que les deux autres.
Et puis bien entendu, un autre grand mérite de Jean-Louis Benoît est d'avoir réuni un époustouflant casting.
Les trois comédiens, Emeline Bayart, Jean-Paul Farré et Manuel Le Lièvre vont déployer une énergie, une vis comica, un rythme, une puissance furieuse presque grotesque, une violence et à la fois une subtilité dans leur jeu qui forcent le respect.
Ce qui se joue sur le plateau, pendant cette heure vingt, est véritablement passionnant.
Ces trois-à nous proposent un véritable cours de comédie.
Ils nous embarquent dans un tourbillon, un maelström. Une sorte de folie complètement maîtrisée monte progressivement dans chacune des pièces.
Chacun parvient à faire évoluer subtilement son personnage, en partant d'un état initial relativement calme, pour arriver à des situations et des échanges paroxystiques au possible.
Jean-Louis Benoît a su placer le curseur à son exacte place. Les cris, les vociférations, les scènes de disputes sont à la fois réalistes et exagérées. Une vraie folie et en même temps de vraies situations très réalistes.
Une nouvelle fois Emeline Bayart est absolument hilarante. Ses expressions, sa gestuelle, sa façon d'écarquiller les yeux, ses ruptures, ses envolées lyriques, ses cris, ses rugissements déclenchent des fou-rires nourris.
Quelle puissance comique ! Quelle nature !
Jean-Paul Farré est à son habitude magnifique de drôlerie, de folie. Son interprétation de cet « ours » est un grand moment de jeu. Il fait passer son personnage du plus extrême et intraitable des misogynes au plus transi des amoureux avec une incroyable finesse et une progression tout en subtilité.
Quant à Manuel Le Lièvre lui aussi fait fonctionner nos zygomatiques à plein régime. Il faut le voir, un pulvérisateur de Fly-Tox à la main menacer ses partenaires, ou aux prises avec un rouleau de papier tue-mouche.
Je ne voudrais pas passer sous silence le magnifique décor de Jean Haas, qui participe à a vision tchékhovienne d'une société russe en déliquescence.
Oui, ce merveilleux spectacle est d'ores et déjà un incontournable de cette fin de saison.
Vous l'aurez compris, il faut vous ruer au Poche-Montparnasse !
Et moi de me répéter : c'est une magistrale leçon de théâtre qui vous y attend !
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas...
Un pur enchantement !
En montant ces deux pièces de jeunesse du grand Anton, écrites à l'âge de 28 ans, Jean-Louis Benoît plonge le Poche-Montparnasse dans un complet bonheur et une totale frénésie !
Ce qui se passe sur le plateau nous ravit, nous passionne, nous fait rire aux éclats, nous émeut également, nous bluffe par l'énergie déployée et nous fait également réfléchir.
Jean-Louis Benoît connaît bien son Tchékhov.
Il sait que l'auteur considérait ces deux pièces comme des « plaisanteries », même si l'on peut penser qu'un peu de fausse modestie caractérisait ce terme.
Nous allons énormément rire, à suivre les aventures des protagonistes de ces deux farces.
Le sociologue qu'est Tchékhov, avec son regard acéré sur ses concitoyens va s'en donner à cœur joie.
Car bien entendu, nous sommes au-delà de la pure farce, certes drôlissime,. Nous assistons à une féroce et néanmoins très réaliste peinture de la société russe du moment.
Il sera question d'une demande en mariage ô combien étonnante, entre deux caractères bien trempés. Puis nous sera contée l'histoire d'un petit propriétaire terrien, un véritable ours, venu demander le remboursement d'un prêt à une créancière voisine.
Jean-louis Benoît s'est attaché à nous disséquer de façon on ne peut plus subtile les thèmes chers au futur auteur d'Oncle Vania et de la Cerisaie.
La première réussite de cette entreprise dramaturgique, c'est d'avoir mis en avant la terre, le monde de la paysannerie. Ce sont des gens attachés à leur terre qui sont mis en scène. La propriété foncière va générer bien des péripéties et des situations de pure comédie. Je vous conseille d'être très attentifs à la bande son.
La deuxième réussite du metteur en scène, c'est d'avoir mis l'accent sur l'image ambivalente que pouvait avoir Tchékhov des femmes. Ici, Emeline Bayart va camper deux femmes qui finalement seront les personnages principaux de la soirée.
Des femmes qui veulent certes assumer leur féminité, mais pas seulement. Dans la deuxième pièce l'héroïne, veuve éplorée et inconsolable, veut également se comporter en homme. Son personnage sera d'ailleurs presque plus homme que les deux autres.
Et puis bien entendu, un autre grand mérite de Jean-Louis Benoît est d'avoir réuni un époustouflant casting.
Les trois comédiens, Emeline Bayart, Jean-Paul Farré et Manuel Le Lièvre vont déployer une énergie, une vis comica, un rythme, une puissance furieuse presque grotesque, une violence et à la fois une subtilité dans leur jeu qui forcent le respect.
Ce qui se joue sur le plateau, pendant cette heure vingt, est véritablement passionnant.
Ces trois-à nous proposent un véritable cours de comédie.
Ils nous embarquent dans un tourbillon, un maelström. Une sorte de folie complètement maîtrisée monte progressivement dans chacune des pièces.
Chacun parvient à faire évoluer subtilement son personnage, en partant d'un état initial relativement calme, pour arriver à des situations et des échanges paroxystiques au possible.
Jean-Louis Benoît a su placer le curseur à son exacte place. Les cris, les vociférations, les scènes de disputes sont à la fois réalistes et exagérées. Une vraie folie et en même temps de vraies situations très réalistes.
Une nouvelle fois Emeline Bayart est absolument hilarante. Ses expressions, sa gestuelle, sa façon d'écarquiller les yeux, ses ruptures, ses envolées lyriques, ses cris, ses rugissements déclenchent des fou-rires nourris.
Quelle puissance comique ! Quelle nature !
Jean-Paul Farré est à son habitude magnifique de drôlerie, de folie. Son interprétation de cet « ours » est un grand moment de jeu. Il fait passer son personnage du plus extrême et intraitable des misogynes au plus transi des amoureux avec une incroyable finesse et une progression tout en subtilité.
Quant à Manuel Le Lièvre lui aussi fait fonctionner nos zygomatiques à plein régime. Il faut le voir, un pulvérisateur de Fly-Tox à la main menacer ses partenaires, ou aux prises avec un rouleau de papier tue-mouche.
Je ne voudrais pas passer sous silence le magnifique décor de Jean Haas, qui participe à a vision tchékhovienne d'une société russe en déliquescence.
Oui, ce merveilleux spectacle est d'ores et déjà un incontournable de cette fin de saison.
Vous l'aurez compris, il faut vous ruer au Poche-Montparnasse !
Et moi de me répéter : c'est une magistrale leçon de théâtre qui vous y attend !
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas...
Je vais d'ailleurs y retourner !
Mercredi 17 avril 2019
“La demande en mariage”, Lomov veut se marier, il a 35 ans, un peu souffreteux, mais c’est en costume et gants blancs qu’il se présente chez Tchouboukov, voisin et ami pour lui demander la main de Natalia. Tchouboukov tout heureux va chercher sa fille, et c’est là que tout se gâte, la gracieuse enfant, souriante mais plutôt brutale dans ses gestes, ses paroles, elle a une idée et elle y tient, ils vont se quereller et même plus au sujet d’un morceau de terrain, qui appartiendrait depuis des générations à l’un ou l’autre, ils ne savent même plus ! Réconciliation ? Pas longtemps en tout cas.
Quant à “l’ours” Smirnov, il est au bord de la crise de nerfs, il a besoin d’argent pour régler ses dettes, il vient réclamer son dû à la veuve, mais Louka est fidèle à l’image de son défunt, le méritait-il autant ? elle en dresse un portrait peu flatteur, il l’a trompée, humiliée elle le défend bec et ongle, allant jusqu’à provoquer l’insolent Smirnov en duel !
Il fallait une distribution exceptionnelle et Jean-Louis Benoit, l’a trouvée avec Emeline Bayart, qui a un abattage incroyable, Manuel Le LIèvre qui nous fait éclater de rire avec ses mimiques et ses malaises, et bien entendu Jean-Paul Farré, clownesque, et ours mal léché frappé par Cupidon !
Une mise en scène dynamique, joyeuse, on rit du début à la fin des situations burlesques et des personnages grotesques. Un beau début de printemps au Poche Montparnasse !
Quant à “l’ours” Smirnov, il est au bord de la crise de nerfs, il a besoin d’argent pour régler ses dettes, il vient réclamer son dû à la veuve, mais Louka est fidèle à l’image de son défunt, le méritait-il autant ? elle en dresse un portrait peu flatteur, il l’a trompée, humiliée elle le défend bec et ongle, allant jusqu’à provoquer l’insolent Smirnov en duel !
Il fallait une distribution exceptionnelle et Jean-Louis Benoit, l’a trouvée avec Emeline Bayart, qui a un abattage incroyable, Manuel Le LIèvre qui nous fait éclater de rire avec ses mimiques et ses malaises, et bien entendu Jean-Paul Farré, clownesque, et ours mal léché frappé par Cupidon !
Une mise en scène dynamique, joyeuse, on rit du début à la fin des situations burlesques et des personnages grotesques. Un beau début de printemps au Poche Montparnasse !
Tout y est : la campagne, la famille et l'amour. Mais cette fois-ci, Tchékhov explore le registre de la "plaisanterie" et il s'y donne à coeur joie, pour notre plus grand plaisir ! Nous ne sommes pas dans la demie mesure : les tables se renversent, ça vitupère, ça se chicane à un rythme effréné.
Trois comédiens nous embarquent dans leur folie, mention spéciale à Emeline BAYART qui roule des yeux et grimace à loisir.
C'est (très) drôle, et très vivant grâce à une mise en scène dynamique, mais n'en reste pas moins très intelligent !!!!
Trois comédiens nous embarquent dans leur folie, mention spéciale à Emeline BAYART qui roule des yeux et grimace à loisir.
C'est (très) drôle, et très vivant grâce à une mise en scène dynamique, mais n'en reste pas moins très intelligent !!!!
Tchekhov à la folie mis en scène par Jean-Louis Benoit.
Quel moment délicieux, Emeline Bayart, Jean-Paul Farré et Manuel Le Lièvre nous entrainent avec grand brio dans ces deux farces en un acte de Tchekhov drolatiques, cocasses, pétillantes. Ce sont des « Plaisanteries » dira Tchekhov.
*La demande en mariage.
Ivan Vassilievitch Lomov en costume du « dimanche » vient demander la main de Nathalia Stepanovna à son père Stepan Stepanovitch Tchouboukov. Celui-ci ravi s’éclipse pour informer sa fille.
Mais Nathalia surgit promptement. Ignorant les intentions de Lomov, une première querelle explosive et effrénée va éclater entre eux.
*Natalia : Pardon de vous interrompre. Vous dîtes « mon pré aux vaches » ...Mais est-ce qu'il est à vous ?
Nous ne sommes point au bout de nos surprises, le ton monte, Nathalia et Lomov sont impulsifs et ne peuvent se contenir. Les portes claquent, les tables volaient en l’air…
Cette demande va-t-elle aboutir ?
C’est truculent, pittoresque et plein d’énergies.
L’ours
Popava aristocrate au caractère bien trempé, se cloitre dans ses appartements pour vénèrer la mémoire son défunt mari qui fut pourtant un époux volage et peu prévenant.
*Et plus jamais je ne sortirai... Ma vie est finie.
Survient Smirnov, propriétaire terrien au bord du gouffre venant réclamer l’argent que lui devait le disparu.
Smirnov est un homme rustre, colérique et déterminé n’ayant pas grande considération du sexe féminin.
*Est-ce qu'une femme sait aimer qui que ce soit, hormis les chats...
Les affrontements vont se multiplier, Popava n’hésite pas à provoquer en duel Smirnov…
Les tableaux se succèdent, c’est pétulant, vivant, les répliques fusent et nous amusent.
Le dénouement nous réserve bien des surprises…
Les décors astucieux de Jean Haas et la mise en scène dynamique de Jean-Louis Benoit nous transportent avec bonheur dans ce milieu de petits propriétaires terriens si cher à Tchekhov.
Emeline Bayart, Jean-Paul Farré et Manuel Le Lièvre tous trois de grands talents, nous réjouissent. C’est un vrai régal.
Quel moment délicieux, Emeline Bayart, Jean-Paul Farré et Manuel Le Lièvre nous entrainent avec grand brio dans ces deux farces en un acte de Tchekhov drolatiques, cocasses, pétillantes. Ce sont des « Plaisanteries » dira Tchekhov.
*La demande en mariage.
Ivan Vassilievitch Lomov en costume du « dimanche » vient demander la main de Nathalia Stepanovna à son père Stepan Stepanovitch Tchouboukov. Celui-ci ravi s’éclipse pour informer sa fille.
Mais Nathalia surgit promptement. Ignorant les intentions de Lomov, une première querelle explosive et effrénée va éclater entre eux.
*Natalia : Pardon de vous interrompre. Vous dîtes « mon pré aux vaches » ...Mais est-ce qu'il est à vous ?
Nous ne sommes point au bout de nos surprises, le ton monte, Nathalia et Lomov sont impulsifs et ne peuvent se contenir. Les portes claquent, les tables volaient en l’air…
Cette demande va-t-elle aboutir ?
C’est truculent, pittoresque et plein d’énergies.
L’ours
Popava aristocrate au caractère bien trempé, se cloitre dans ses appartements pour vénèrer la mémoire son défunt mari qui fut pourtant un époux volage et peu prévenant.
*Et plus jamais je ne sortirai... Ma vie est finie.
Survient Smirnov, propriétaire terrien au bord du gouffre venant réclamer l’argent que lui devait le disparu.
Smirnov est un homme rustre, colérique et déterminé n’ayant pas grande considération du sexe féminin.
*Est-ce qu'une femme sait aimer qui que ce soit, hormis les chats...
Les affrontements vont se multiplier, Popava n’hésite pas à provoquer en duel Smirnov…
Les tableaux se succèdent, c’est pétulant, vivant, les répliques fusent et nous amusent.
Le dénouement nous réserve bien des surprises…
Les décors astucieux de Jean Haas et la mise en scène dynamique de Jean-Louis Benoit nous transportent avec bonheur dans ce milieu de petits propriétaires terriens si cher à Tchekhov.
Emeline Bayart, Jean-Paul Farré et Manuel Le Lièvre tous trois de grands talents, nous réjouissent. C’est un vrai régal.
Vraiment le spectacle à voir sans hésiter !
Vendredi 12 avril 2019
Alors ?
En guise d'introduction, le directeur du Théâtre de Poche-Montparnasse, Philippe Tesson, nous prévient : ce n'est pas "un Tchékhov ordinaire" mais deux pièces courtes "très surprenantes par la gaité".
La demande en mariage, suivie de L'Ours, des "plaisanteries" selon les termes d'Anton Tchékhov, reprennent bien les thèmes chers à l'auteur : la campagne, la famille et l'amour. Mais en effet, le registre est ici bien plus décoiffant et absurde. Ivan Vassilievitch Lomov (Manuel Le Lièvre) se présente à Natalia Stepanovna (Emeline Bayart), en habit du nouvel an. Contrairement à Stepan Stepanovitch Tchouboukov (Jean-Paul Farré), Natalia ignore qu'Ivan, malgré ses gants blancs, vient lui demander sa main. Elle se prend le bec avec son prétendant pour des histoires rustiques de terre, de chien et de chasse. Les querelles reprennent de plus belles, même lorsqu'elle a compris qu'il était venu mettre un genou à terre.
C'est qu'elle a un sacré caractère de poissonnière, Natalia, balançant la table quand bon lui semble ou implorant le ciel pour qu'il revienne à elle. Monsieur, véritable démon de la contradiction, est plus sur la réserve, centré son hypocondrie, avec des positions de principe très fermes et une vision très romantique de l'engagement : "si on réfléchit trop longtemps, si on hésite, si on reste à parler et attendre l'idéal ou l'amour véritable, à ce train-là, on ne se mariera jamais".
La comédienne Emeline Bayart excelle en femme virile qui défend son territoire et ses opinions : "vous m'offrez ma propre terre !?". Elle incarne la folie avec beaucoup de cocasserie. Sa gestuelle et ses mimiques provoquent instantanément le rire du public. Elle est délirante. La seconde pièce, celle de L'Ours, ne démarre pas sur les chapeaux de roue comme La demande en mariage.
C'est d'ailleurs presque dommage : le spectateur est encore étourdi de la farce qu'il vient de voir, qu'il se heurte aux problèmes d'argent de Grigori Stépanovitch Smirnov (Jean-Paul Farré). Celui-ci campe sur place, tant qu'il ne sera pas remboursé de la dette du défunt mari d'Éléna Ivanovna Popova (Emeline Bayart), tandis que Louka (Manuel Le Lièvre) ne sait plus trop quoi faire. Le rythme n'est plus aussi effréné, bien que la scène finale soit délicieuse. Les yeux du comédien Jean-Paul Farré, tout confus, ayant la frousse d'avoir provoqué un duel avec celle dont il tombe éperdument amoureux. La mise en scène de Jean-Louis Benoît, qui selon ses dires "est un théâtre de blague où tout doit paraître vrai. Il faut être crédible dans l'invraisemblable" mélange parfaitement le registre vaudeville et l'attachement que nous avons pour les personnages de Tchékhov.
Entre les deux pièces, les décors de Jean Haas changent par parcimonie et avec intelligence. Le piège ruban à glu pour attraper les mouches trônant au milieu de la scène est à l'image du spectacle : on n'en décroche pas.
En guise d'introduction, le directeur du Théâtre de Poche-Montparnasse, Philippe Tesson, nous prévient : ce n'est pas "un Tchékhov ordinaire" mais deux pièces courtes "très surprenantes par la gaité".
La demande en mariage, suivie de L'Ours, des "plaisanteries" selon les termes d'Anton Tchékhov, reprennent bien les thèmes chers à l'auteur : la campagne, la famille et l'amour. Mais en effet, le registre est ici bien plus décoiffant et absurde. Ivan Vassilievitch Lomov (Manuel Le Lièvre) se présente à Natalia Stepanovna (Emeline Bayart), en habit du nouvel an. Contrairement à Stepan Stepanovitch Tchouboukov (Jean-Paul Farré), Natalia ignore qu'Ivan, malgré ses gants blancs, vient lui demander sa main. Elle se prend le bec avec son prétendant pour des histoires rustiques de terre, de chien et de chasse. Les querelles reprennent de plus belles, même lorsqu'elle a compris qu'il était venu mettre un genou à terre.
C'est qu'elle a un sacré caractère de poissonnière, Natalia, balançant la table quand bon lui semble ou implorant le ciel pour qu'il revienne à elle. Monsieur, véritable démon de la contradiction, est plus sur la réserve, centré son hypocondrie, avec des positions de principe très fermes et une vision très romantique de l'engagement : "si on réfléchit trop longtemps, si on hésite, si on reste à parler et attendre l'idéal ou l'amour véritable, à ce train-là, on ne se mariera jamais".
La comédienne Emeline Bayart excelle en femme virile qui défend son territoire et ses opinions : "vous m'offrez ma propre terre !?". Elle incarne la folie avec beaucoup de cocasserie. Sa gestuelle et ses mimiques provoquent instantanément le rire du public. Elle est délirante. La seconde pièce, celle de L'Ours, ne démarre pas sur les chapeaux de roue comme La demande en mariage.
C'est d'ailleurs presque dommage : le spectateur est encore étourdi de la farce qu'il vient de voir, qu'il se heurte aux problèmes d'argent de Grigori Stépanovitch Smirnov (Jean-Paul Farré). Celui-ci campe sur place, tant qu'il ne sera pas remboursé de la dette du défunt mari d'Éléna Ivanovna Popova (Emeline Bayart), tandis que Louka (Manuel Le Lièvre) ne sait plus trop quoi faire. Le rythme n'est plus aussi effréné, bien que la scène finale soit délicieuse. Les yeux du comédien Jean-Paul Farré, tout confus, ayant la frousse d'avoir provoqué un duel avec celle dont il tombe éperdument amoureux. La mise en scène de Jean-Louis Benoît, qui selon ses dires "est un théâtre de blague où tout doit paraître vrai. Il faut être crédible dans l'invraisemblable" mélange parfaitement le registre vaudeville et l'attachement que nous avons pour les personnages de Tchékhov.
Entre les deux pièces, les décors de Jean Haas changent par parcimonie et avec intelligence. Le piège ruban à glu pour attraper les mouches trônant au milieu de la scène est à l'image du spectacle : on n'en décroche pas.
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