Critiques pour l'événement Saigon
16 juin 2019
2/10
16
Quelle déception!
La souffrance des personnages devient celle des spectateurs, avec cette mise en scène poussée à bout, ce larmoyant de tous les instants.
Je rejoins certaines critiques postées ici: pourquoi Antoine en veut il à sa mère? Pour son père est un tel imbécile? Qui est Cécile?
Une seule explication me vient : l’auteure règle ses comptes avec la France et les français: tous les français sont violents, stupides, sans coeur. La France-bashing au sommet.
Bref, ça dure 3 heures et c’est insupportable. Dommage car les acteurs vietnamiens sont excellents.
20 janv. 2019
1/10
24
Je me réjouissais de voir cette pièce, j'ai été très déçue et partage pleinement le commentaire de Célia Clavel. Cette pièce est un vrai regret: on ne sort pas indemne d'un mauvais spectacle; une promesse non tenue!

La pièce était larmoyante, braillarde, très mal jouée (c'était surjoué, redondant) excepté peut-être le personnage de Marie-Antoinette plein d'authenticité, de finesse, d'humour et de malice. Je ne comprends pas non plus la note de 7,6 donnée au texte qui est pauvre, qui veut tout traiter de cette Histoire et ne nous en dit rien: qui trop embrasse mal étreint. Le manque de travail dans tous les domaines est flagrant. On s'y ennuie, vraiment pas de chance que cela dure plus de 3h!! Si je ne suis pas partie, c'est uniquement par compassion et correction vis à vis des acteurs. J'avais vu Rwanda, 7h de spectacle, un seul personnage: pas vu le temps passé!
A éviter!
24 nov. 2018
7,5/10
41
Il y a deux façons de voir ce spectacle.
Côté face, un décor superbe, un jeu d'acteur parfait, une mise en scène maîtrisée et une capacité à émouvoir phénoménale.
Côté pile, un début de spectacle poussif et alambiqué, le récit des protagonistes souvent haché et incomplet, une certaine facilité dans l'émotion.
Pour autant (...), la réalisatrice est sincère et honnête, et les acteurs généreux. Le spectacle est donc réussi à mes yeux.
13 févr. 2018
4,5/10
98
En lisant les critiques, je m'étonne d'être la seule à avoir principalement vu les énormes défauts de cette pièce.

Le décor est somptueux, certes. Le pari de mélanger les langues, les cultures est audacieux, oui.
La petite histoire qui s'inscrit dans la Grande est intéressante et touchante, ok.
Mais tout le reste manque clairement de travail d'écriture et de générosité.

Pourquoi Antoine, le fils est il si en colère envers sa mère ? Pourquoi le père est-il comme il est ? Qui est cette Cécile ? Quel est son lien avec le père ? On ne sait rien, on ne nous dit rien, on ne nous donne rien.
Les personnages sont superficiels et cela donne des scènes longues et incompréhensibles, comme quand Hao, qui parle parfaitement vietnamien à Paris, se retrouve à begayer en anglais lors de son voyage à Ho-Chi-Minh-Ville...

Pour provoquer des émotions aussi factices que le décor, les acteurs hurlent, pleurent, geignent, surjouent et les violons (artifice habituellement réservé au cinéma) raisonnent pour encore mieux nous faire comprendre que là, vous voyez, c'est poignant.

C'est prétentieux, mal dirigé, mal joué.

C'est décevant.
18 janv. 2018
9/10
120
Beaucoup de souffrance et de pudeur, c'est l'histoire de la décolonisation d'Indochine.

En bref, Caroline Guiela NGUYEN raconte la décolonisation, au Vietnam (en 1956 à Saigon) et en France (en 1996 à Paris). C'est très complet, on partage la tristesse des français qui rentrent (militaires et civils), des vietnamiens forcés de s'exiler en France, et des vietnamiens reconstruisent leur pays.

Quelles vies brisées ! Il y a de la continuité dans le spectacle, on suit les exilés, de leur départ de Saigon à leur installation à Paris, on a une vision long-terme de leur tristesse, qui ne s'arrête jamais vraiment. Malgré quelques moments de bonheur, ces gens ont connu de grandes douleurs, celles de se séparer de leur famille, de leur identité, de ce qu'ils avaient construit, et la désillusion de leur accueil en France. On ne peut que partager leur drame.

Ce qui est très beau, justement, c'est que la souffrance est vécue de manière très interne. Linh et Hao ont beaucoup de pudeur sur ce qu'ils ont enduré : aucune colère, aucune rage. Mais on sent tellement de souffrance, et de contrôle pour ne pas craquer. Celui qui craque le plus c'est Antoine, le fils de Linh et Edouard, qui souffre par ricochet : il ressent toute la souffrance de sa mère qui n'arrive pas à l'extérioriser. Un superbe échange, à ce propos, a lieu entre Linh la mère, et Antoine son fils, à ce sujet. Elle lui répond que sa pudeur, c'est pour ne pas faire souffrir les autres. Une réplique à l'image de cet échange : "C'est ainsi qu'on raconte les histoires au Vietnam, avec beaucoup de larmes" ; et donc avec peu de mots mais beaucoup de douleur.

Le thème de la décolonisation indochinoise est magnifique. L'Histoire à ce sujet est passionnante : le décret pour trouver des volontaires à la 2nde guerre mondiale), le retour des militaires qui se sont inventés une vie pendant leur mission, et qui sont totalement pommés dans leur mensonge en rentrant, le retour des civils, l'accueil des vietnamiens qui ont collaboré, le retour des vietnamiens chez eux en 1996. La mise en scène est magnifique : le restaurant avec ses tables en aluminium, le karaoké, les fleurs en plastique rose jaune et rouge, le petit autel avec Bouddah, les cuisines, les dialogues en vietnamiens "Un petit bout de Saigon en France" comme le dit Edouard à Cécile.

Ce que j'ai un peu regretté tout de même : le personnage d'Antoine, qui est en perpétuel conflit avec sa mère Linh, car il ne la comprend pas. Il n'accepte pas sa pudeur. Par moment, on aimerait qu'il comprenne les non-dits. La relation mère-fils manque un peu de crédit.

Bon spectacle !
18 janv. 2018
9,5/10
121
« Saigon. Every Morning, I wake up in Saigon... »
Voici les premers mots du Capitaine Willard, dans Apocalypse Now.
Saigon.

Il est des villes emblématiques, qui évoquent la colonisation, l'occupation, les souffrances individuelles et collectives.

Saigon, devenue devenue Ho-Chi-Minh-Ville, capitale de la République du Vietnam, après la partition du pays à la fin de la guerre d'Indochine, Saigon est de ces villes-là.

Le propos de l'auteure et metteure en scène Caroline Guiela Nguyen et de la compagnie Les hommes approximatifs est de raconter des départs, des exils, des absences, et d'établir des passerelles entre cette ville tellement meurtrie, et Paris, lieu d'accueil de ces migrants. (Oui, on savait accueillir, à l'époque. Suivez mon regard...)

1956-1996
Des allers-retours temporels et géographiques entre ces deux villes et ces deux années.
Des multiples destins vont se croiser.
Des destins brisés, des destins de migrants, d'expatriés (les Viet-kieuts), des destins d'absences et d'abandon.

La mise en scène de l'auteure est toute en subtilité.
Les transitions entre les époques et les lieux sont assurées se manière subtile.
Tout fonctionne à la perfection, nous savons en permanence pendant ces trois heures et trente minutes où nous en sommes.

Nous allons être totalement pris par ces histoires bouleversantes-là.
Alors, bien évidemment, tout ceci va relever du mélo-drame.

Comme nous l'apprendrons à la toute fin de la pièce, « Au Vietnam, c'est comme ça que l'on raconte les histoires. Avec beaucoup de larmes. »

Des larmes, il y en aura beaucoup sur le plateau, et je dois vous avouer, que par moment, votre serviteur n'en menait pas large...
Il faut une grande maîtrise de son art pour ne pas tomber dans un ridicule achevé ou un pathos de mauvais aloi.

Ici, il n'en est rien. Ici, tout est maîtrisé.

Les comédiens, français et vietnamiens, sont pour beaucoup dans cette réussite totale : tout est joué avec une vraie justesse, tous sont crédibles dans des rôles difficiles et assurément casse-gueule.
Les dialogues en Français et en Vietnamien sous-titré contribuent eux-aussi à assurer cette justesse et cette vraie émotion qui se dégage en permanence.
Les mots collent au plus près de ces histoires pathétiques, au sens noble du terme.

Mais nous allons rire également, notamment grâce à Anh Tran Nghia, la Marie-Antoinette patronne du restaurant éponyme, le Saigon.
D'une rare fraîcheur, avec truculence, spontanéité et drôlerie, elle campe un personnage haut en couleur.
Elle se montrera également déchirante, lors d'une scène on ne peut plus forte.

Une véritable révélation !

On l'aura compris, Caroline Guiela-Nguyien nous raconte des destinées qui l'ont touchée. On ne peut pas partir du néant pour écrire une telle pièce.
Elle réussit de bien belle manière à nous transmettre cette réelle émotion. Je ne suis pas prêt d'oublier Linh, Mai, Antoine, Hao, Edouard et les autres personnages, tous plus attachants les uns que les autres.

Faut-il rappeler qu'à Avignon, l'été dernier, cette pièce a été applaudie debout par le public de la cour d'honneur du palais des papes ?

Hier encore, sur le comptoir du bar du Saigon, le maneki-neko, le petit chat doré du bonheur, n'a pas arrêté de bouger sa patte gauche. Nous étions invités à un grand moment de théâtre.
13 janv. 2018
8/10
92
Un seul être vous manque…

Préparez vos mouchoirs, parce que nous avons à faire ici à un mélo, un vrai de vrai. Rien de péjoratif dans ce terme, tellement le travail de la metteure en scène et de ses comédiens parait sincère et exemplaire, même si je ne peux m’empêcher de penser que c’est légèrement tire-larmes (oui, j’en ai versé plus d’une…).

(début de la parenthèse : ça me fait penser à la « conférence » de Jos Houben « L’art du rire » durant laquelle il nous démontrait par a + b, qu’on allait rire à l’instant t. Force est de constater qu’ici on nous annonce plus ou moins que les larmes couleront sur nos joues, on étire une scène où une des protagonistes apprend la vérité sur son fils disparu, on fait durer une belle chanson de Françoise Hardy et les robinets s’ouvrent. Fin de la parenthèse)

Pourtant ces larmes n’empêcheront pas le sourire de venir poindre sur nos lèvres, grâce notamment au naturel confondant de Anh Tran Nghia interprétant la fameuse Marie-Antoinette.

Les passages d’une période à une autre (1956 -> 1996) et d’une ville à l’autre (Saïgon -> Paris) sont très bien gérés, même si certaines scènes auraient eu besoin d’être élaguées.

Ce spectacle en cinémascope prend le temps (un peu trop parfois), nous fait questionner sur une période de la France finalement assez peu représentée (Indochine, Algérie, même combat), découvrir l’itinéraire des Viet kieu (Viêtnamiens de l’étranger) et donne envie de suivre le travail de Caroline Guiela Nguyen et des Hommes Approximatifs (que personnellement je ne connaissais que de nom).
11 janv. 2018
9/10
106
"C'est ainsi qu'on raconte les histoires au Vietnam ... avec beaucoup de larmes !"
Il y a beaucoup de larmes, c'est vrai, parfois même un petit peu trop ! Mais que cela ne vous empêche surtout pas de courir voir Saigon, ce serait une erreur !
Car il y a aussi beaucoup de rires, une émotion à fleur de mots, qui nous touchent, en français comme en vietnamien.
Quelle idée géniale d'avoir mélangé les 2 langues, les 2 univers, les 2 époques, les 2 villes dans un seul et unique décor ... Et quel décor!
Un "vrai" restaurant vietnamien, où les destins se croisent dans une mise en scène magistrale.
Où les petites histoires et la grande Histoire se rejoignent.
Où l'on réalise tout à coup que l'on ne connait pas grand chose de cet épisode peu glorieux de notre pays !
Il y a des comédiens français qui ne parlent pas vietnamien, des comédiens vietnamiens qui ne parlent pas français, et des comédiens qui parlent les 2 langues. Et cela donne une authenticité incroyable à leur jeu !
Et il y a Marie Antoinette, le pilier de ce restaurant, d'une authenticité absolue, qui nous fait croire que tout cela est pour de vrai !
Alors qu'en fait, c'est pour de vrai !!!!
1 sept. 2017
9/10
11
Saigon est une pièce mélo-dramatique dans le sens le plus noble du terme.

En partant des "récits oubliés" de l'Indochine, Caroline Guiela Nguyen nous touche en plein coeur. Sa mise en scène, ainsi que son espace scénographique font respirer son histoire de manière subtile. Les comédiens sont au cordeau et sont animés d'un souffle dramatique qui affleure toujours sans être surligné.

Une pièce essentielle à bien des aspects !
De l'Indochine je ne connais finalement pas grand-chose. Il y a le très beau film de Régis Varnier avec Catherine Deneuve, "L'Amant" de Marguerite Duras, cet oncle qui avait "fait l'Indochine" mais jamais n'en parlait, comme une tache honteuse et indélébile sur sa vie, et ce pays exotique où se situent les racines d'une ex-collègue mais sur lequel elle aussi gardait un voile pudique.

Parce que ce n'est pas non plus dans les manuels de mes cours d'histoire du lycée qu'il en était question. C'est avec tout cela en tête que j'abordais le spectacle de Caroline Guiela Nguyen. La metteuse en scène de 36 ans nous raconte deux pans de l'histoire : Saïgon 1956, la fin d'une époque, la route de l'exil pour certains, et Paris 1996, date d'un retour qui est enfin possible pour ces Viet Kieu. Entre-temps l'Indochine est devenue le Vietnam, Saïgon est devenue Ho Chi Min Ville, le napalm a imprimé d'autres images dans les esprits, mais là n'est pas le propos de la dramaturge franco-vietnamienne.

SAÏGON 1956 - PARIS 1996

Nous sommes dans le restaurant de Marie-Antoinette. Un restaurant vietnamien comme il en existe tant en France. La scène, un décor empreint de nostalgie, se prête avec réussite aux allers-retours entre ses deux dates, celle du départ et celle du retour, les confondant parfois dans un glissement très cinématographique. Marie-Antoinette (la délicieuse Anh Tran Nghia), la maîtresse des lieux à la joviale bonhomie accueille une clientèle fidèle. D'une époque à l'autre on retrouve les rires et les larmes, les jeunes et les vieux, les séparations et les retrouvailles, les drames du pays et les cassures individuelles. Comédiens français et vietnamiens se côtoient dans ces deux univers temporels. Il y a des chants nostalgiques, des non-dits, des éclats de voix, et beaucoup de solitude et de tristesse retenue.

"Car c'est ainsi que se racontent les histoires au Vietnam, avec beaucoup de larmes"

AU PLUS PROFOND DE L'INTIME

Au travers ces tranches de vie de Viet Kieu (Vietnamiens de l'étranger) Caroline Guiela Nguyen livre avec beaucoup de pudeur les douleurs héritées de l'Histoire, celle de l'exil forcé, des difficultés à être accepté dans ce Paris du XIIIe arrondissement, de la violence faite aux générations métisses par leur pays d'accueil ou par le silence des aînés, de l'espoir d'un retour, du temps perdu que l'on ne rattrape plus. Des émotions authentiques fruit des récits recueillis par la dramaturge à Ho Chi Min Ville et à Paris.

La metteuse en scène ne s'attarde pas sur la fin du colonialisme. Ce qui l’intéresse c'est l'humain, l'âme et le cœur de ces oubliés de l'Histoire. Comme le ressenti d'Antoine (Pierric Plathier), fils d'une vietnamienne et d'un français, parti enfant de Saïgon et qui ne parle pas la langue de sa mère que cette dernière n'a pas voulu lui apprendre. De la difficulté de la transmission lorsque le souvenir du pays est trop douloureux. Les comédiens des deux nationalités sont empreints de cette douleur pudique et intériorisée, de cette nostalgie qui dévore de l'intérieur. Leur justesse de jeu nous touche au cœur. On touche à l'âme d'un peuple docile, pudique, blessé, qui ne s'épanche par sur ses états d'âme et n'étale pas ses sentiments. Antoine est l'image de la croisée de ces cultures : incompris de l'une comme de l'autre, seul avec le vide que l'Histoire a créé dans les vies de ces êtres déracinés, fantômes émouvants d'une époque révolue. Le récit s'étire, parfois un peu trop, et on regrette parfois que les personnalités ne soient pas toutes plus approfondies, mais on repart ému à défaut d'être bouleversé, avec en soi un fragment de cette tragédie franco-vietnamienne.

En bref : une fresque historique toute en pudeur, marquée par une forte nostalgie et une émotion contenue. Entre rires et larmes un pan d'histoire et des tranches de vie émouvantes qui nous plongent au cœur de l'âme d'un peuple blessé, écartelé entre deux cultures. Un très beau moment de théâtre qui tire peut-être trop sur le sentimentalisme ou le mélodrame pour en faire un spectacle complètement bouleversant.