Critiques pour l'événement Miss Nina Simone
21 juin 2018
8/10
35
L'ambiance parait curieusement intimiste dès la première scène, avec sa lumière tamisée, sa musique feutrée, son pianiste discret, et ses deux personnages qui s'apprivoisent.

La mise en scène, signée Anne Bouvier, efficace et sobre, s'oriente autour de quelques accessoires, vêtements qui évoquent le luxe et la richesse du milieu.

La relation des protagonistes, toute en pudeur et en tendresse, nous gagne peu à peu, prétexte au récit de l'enfance et des douleurs de Miss Simone, que l'on découvre au fil de ce biopic théâtral magnifiquement interprété.

Valentin de Carbonnières, le sublime Dorian Gray de Thomas le Douarec, arbore ici une imposante moustache qui fait oublier son physique de jeune premier, mais pas sa formidable présence scénique et son jeu remarquable.

Face à lui, Jina Djemba, charismatique et gracieuse, porte le masque d'une chanteuse à qui elle n'a rien à envier : sa voix est envoûtante, donnant tout son impact à cette parenthèse musicale, qu'on savoure et qui passe comme un rêve.
14 juin 2018
9/10
28
Un grand moment. Une comédienne solaire qui chante divinement.

L’histoire de cette grande chanteuse sur scène nous a fait vibrer, beaucoup d’humour et de moments graves.
La mise en scène est superbe avec des morceaux de Nina Simone.

A voir et revoir.
9 juin 2018
8/10
28
J'ai trouvé de personnage de N. Simone très attachant.
Le trio sur scène est parfait, et fait vivre avec beaucoup de sensibilité cette page d'histoire.

Ps : public enchanté !
Lucernaire
27/05 18h

Feeling Good

Comment adapter un roman biographique à la scène ? Oublions la légende que nous connaissons et ne cherchons pas à la comparer à ce que nous voyons. Laissons-nous porter par cette histoire.

C’est la fin de la vie de Nina Simone (Jina Djemba), Eunice Kathleen Waymon de son vrai nom. Nina, elle l’a choisi en se rappelant un jeune homme qui l’appelait « Niña », et Simone en hommage à Simone Signoret ! Nous sommes dans l’intimité de cette femme puisque nous nous retrouvons dans ses appartements où elle rencontre Ricardo (Valentin de Carbonnière), envoyé par son agent. Il devient son homme à tout faire. C’est avec lui, qu’elle retraverse sa vie, son enfance, ses succès, son public … Elle redevient même petite fille avec une petite robe blanche. C’est l’un de ses premiers concerts en tant que pianiste. Ses parents sont assis au premier rang et elle joue. Soudain un couple (de Blancs) arrive et dit aux parents de se lever car qu'ils occupent illégitimement des places réservées aux Blancs. La jeune Eunice, outrée, arrête de jouer et affirme qu’elle ne terminera pas son tour de chant si l'on déplace ses parents !!
Valentin de Carbonnière passe sans artifice et avec beaucoup de justesse de Ricardo-personnage à Ricardo-narrateur. Il interprète également un journaliste venu voir Miss Simone. Le comédien est excellent, et circule d’un registre à l’autre en un clin d’oeil !
Denis Koransky (créateur lumière) parvient à nous porter d’une atmosphère à l’autre avec un rien. Nous nous retrouvons par exemple au bord de la piscine de Nina en quelques secondes.
Il s’agit d’un spectacle limpide, accompagné en live par un formidable musicien, Julien Vasnier.
Pour finir, Jina Djemba interprète Nina Simone sans chercher à l’imiter. Elle interprète certaines de ses grandes chansons comme Black is the color of my true love’s hair, et c’est magnifique. On repart avec ses airs en tête et ça fait du bien !!
Je n’ai pas besoin de vous dire de courir au Lucernaire (ou au Théâtre de l'oeuvre où le spectacle est repris): je pense que vous l’avez compris !
13 mai 2018
8/10
31
Anne Bouvier a trouvé des interprètes de choix, Jina Djemba, une présence et une voix remarquables, Valentin de Carbonnières, humble, humain, drôle, une belle palette de sentiments lui aussi ! Jina parfaitement accompagnée par Julien Vasnier pour la musique, on se régale de musique et de chant.
27 avr. 2018
8,5/10
45
« Oh sinnerman, where you gonna run to ?

Sinnerman, where you gonna run to ?
All on that day,

We got tu run to the rock... »

Qui n'a jamais écouté cette chanson « Sinnerman », qui figure au passage dans le film « L'affaire Thomas Crown » ?
Qui ne connaît pas « Feeling good », « My baby just cares of me » ou encore ses versions tellement personnelles de « Ne me quitte pas » et de « Mr Bojangles » ?

Nina Simone fait en effet partie de ces artistes qui appartiennent au patrimoine culturel de l'Humanité.
Jina Djemba a eu la très bonne idée d'adapter le roman que Gilles Leroy a consacré à cette légende de la musique.

Dans cet ouvrage, et donc dans cette pièce, nous nous trouvons le plus souvent à Marseille, dans la propriété de Nina Simone, à la fin de sa vie.
Elle va engager Ricardo, homme de ménage philippin, factotum, intendant, confident, et aussi, il faut bien l'admettre, souffre-douleur.

Ce sont les relations très fortes entre ces deux personnages qui vont constituer les ressorts dramaturgiques de la pièce.
Miss Simone la bipolaire, la maniaco-dépressive, la star alcoolique va se livrer à Ricardo, elle va se souvenir, elle va dire sa vérité. Ou plutôt ses vérités.

La comédienne d'origine russo-camerounaise Jina Djemba incarne Nina Simone. La comédienne parvient sans problème à nous faire croire à son personnage de vieille dame plus ou moins insupportable, plus ou moins acariâtre, mais tellement attachante.

Nous sommes vraiment en face de l'immense artiste qui n'a pas oublié ses luttes, ses combats, sa volonté première d'être une pianiste classique, qui va rappeler son admiration pour Maria Callas et sa détestation de Billie Holliday.

La jeune femme ne fera pas que jouer (très bien) la comédie.
Elle va interpréter plusieurs titres de la chanteuse.
De sa voix chaude et colorée de mezzo-soprane, sans chercher à imiter trivialement son idole, elle nous donne sa version des chansons de Nina Simone.

Le résultat est enthousiasmant.

La tessiture de Melle Djemba est assez impressionnante. Celle-ci monte dans les aigus avec aisance, et elle aborde le registre grave avec un très beau timbre et beaucoup de grain.
Bien des émotions se dégagent de l'interprétation de ces succès.

C'est Valentin de Carbonnières qui interprète Ricardo le majordome-intendant.
Il est très drôle, et souvent très émouvant, dans ce rôle de souffre-douleur lui même en proie à l'éloignement familial.
Le duo fonctionne à la perfection. La mise en scène efficace, comme à l'accoutumée, d'Anne Bouvier permet aux deux comédiens de constituer ce couple étonnant et détonant.

Valentin de Carbonnières interprétera une autre partition, hilarante celle-là. Une vraie scène de comédie s'installe alors entre les deux. Je ne vous en dirai pas plus.

Côté jardin, Julien Vasnier nous fait entendre la musique qu'il a composée, à base de séquences numérisées qu'il déclenche lui-même.
J'espère que lors des prochaines représentations, le système fonctionnera parfaitement. Hier, des incidents techniques ont émaillé le spectacle, créant des bruits ou des silences intempestifs, ainsi qu'une agitation assez désagréable.
Il joue également un peu de guitare, un peu de flûte et un peu de human beat-box.

Au final, j'aurai assisté à un bien beau et bien émouvant spectacle musico-biographique.
Le théâtre a aussi cette fonction de nous révéler des pans plus ou moins tus, oubliés ou inconnus de la vie de personnages célèbres.

Ici, l'objectif artistique de Jina Djemba est pleinement rempli. L'hommage qu'elle rend à Nina Simone est très réussi.
Je défie d'ailleurs quiconque de ne pas sortir de ce spectacle en fredonnant l'un des titres mentionnés plus haut !
19 avr. 2018
9/10
5
Un joli moment de théâtre musical, une belle et extraordinaire histoire de vie qui se termine. À écouter et à vivre dans l’émotion du souvenir. Un agréable spectacle.