Critiques pour l'événement Les Femmes Savantes avec Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri
29 déc. 2016
7/10
111
Un plaisir immense de retrouver Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui !

C'est vrai, le début de la pièce est difficile mais le talent de la troupe fait oublier le premier quart d'heure.
Mention particulière pour Evelyne Buyle épatante ! Et le jeu naturel, excellent de Jean-Pierre Bacri !

Mon seul bémol : ce théâtre vétuste et inconfortable, pas de places pour les jambes sans parler de la visibilité désastreuse...
28 déc. 2016
6/10
137
Molière, même avec Jaoui/Bacri, c'est quand-même bien dépassé.

Pas sûr que ce fut du haut de gamme à sa sortie, mais les années n'ont pas arrangé les choses. On peut y aller pour la nostalgie des cours de français : Les Fourberies de Scapin, Le Malade Imaginaire, Le Bourgeois Gentilhomme, L'avare... qui n'a pas appris ces vers ?

Cependant, si on ne doit en aller voir qu'une, il faut foncer sur celle-là.
15 nov. 2016
6/10
144
Une représentation dans les règles de l’art… classique !

Avec Catherine Hiegel à la barre de la mise en scène, Julie-Marie Parmentier et Benjamin Jungers embarqués dans le rôle des jeunes amants, une odeur iodée de Comédie Française plane sur la scène du théâtre la porte Saint-Martin !

D’aucuns reprocheront à cette mise en scène d’être trop sage, avec des costumes trop classiques ne collant pas à certains des éléments de décor un peu loufoques. Mais dans une certaine mesure, l’impressionnant est qu’on commence souvent sa découverte du théâtre en s’attaquant à Molière. Or l’écriture en alexandrin et ses plaidoyers virulent sous le masque de la comédie sont d’une finesse qui demandent un effort à plus d’un. On ne fait pas ce qu’on veut de Molière. Aussi, cette représentation bien que très classique m’a plu car elle respecte l’œuvre et le propos de l’auteur- le siècle de l’auteur se prête bien à la représentation de cette fausse culture de salon. Comme dans son rôle dans « on ne badine pas avec l’amour » lors de son court passage à la Comédie Française, Julie-Marie Parmentier a une voix un peu chétive qu’on aurait voulu plus forte et plus affirmée ! Elle reste plus convaincante à l’écran que sur les planches. Le contraste avec Agnès Jaoui, campant dans le rôle de la matrone dominante, aveuglée par sa cuistrerie et son savoir badin est d’autant plus criant. Dans le rôle de la tante libertine et délurée, Evelyne Buyle est tout simplement exquise, en courtisane sur le déclin. Le jeu de Jean-Pierre Bacri face à cette horde de femme m’a semblé bien fade. Pour sa part, Philippe Dusquenne dans le rôle de maître à penser est presque méconnaissable et transcrit bien l’orgueil et la perversité du personnage.

C’est donc une représentation sage et bien orchestrée qui permet à tout le monde de découvrir ou redécouvrir ce classique. Pour autant, la dimension féministe soi-disant mise en avant par C. Hiegel ne m’a vraiment pas sauté aux yeux. Parfois un théâtre en costume d’époque et bien interprété vaut mieux qu’un massacre à coup d’anachronismes et de modernisation surfaite ! Quand le message est intemporel mieux vaut le laisser dans son écrin d’origine pour qu’il garde toute sa pertinence et son intensité et ne pas chercher à faire dire à un texte déjà riche ce qu’il ne dit pas !
9 nov. 2016
7,5/10
151
On a un peu peur au début de la pièce car celles qui interprètent les deux sœurs, surtout Henriette, ont du mal avec les alexandrins et cela joue sur la compréhension...

Heureusement ça s'améliore dès l'arrivée de Jean-Pierre Bacri qui est parfait dans son rôle, à noter aussi les prestations d'Agnès Jaoui, Evelyne Buyle et Philippe Duquesne, les autres sont un peu en demi-teinte mais le tout est bien mené grâce à une mise en scène soignée et à un décor sympathique !

Un bon moment !
27 oct. 2016
8/10
134
Très bon Bacri mais surtout excellente Evelyne Buyle !

Par contre Agnès Jaoui est plutôt décevante, et on a du mal à comprendre la jeune Henriette qui semble gênée par les alexandrins.

Ceci dit un excellent spectacle, une très belle mise en scène.
20 oct. 2016
7/10
48
Mis à part une reprise du misanthrope, la maison de Molière boude un peu l'auteur cette saison. Avec ses femmes savantes, la Porte Saint-Martin n'a pas à rougir et propose une belle pièce en costume d'époque et fidèle au texte et à l'esprit de la pièce...

C'est là où on peut apporter un bémol. Dans les différentes interview que j'avais pu lire, Catherine Hiegel qui met en scène la pièce, indiquait vouloir proposer une pièce féministe presque allant contre un texte d'un machisme ordinaire pour l'époque.
Et si la pièce a salué unanimement la performance de Jean-Pierre Bacri (c'est vrai qu'il est bon et intéressant de ne pas le voir dans un rôle de Misanthrope), il faut avouer que cela va contre sa femme incarnée par une Agnès Jaoui qui veut trop imposer son autorité. On penche alors immédiatement du côté de Chrysale donc pas d'inversement de l'ordre établi.

Une fois ce détail écarté, toute le reste est plaisant à commencer par la troupe avec de très bons seconds rôles (Tissotin et surtout Bélise sont hilarants, Henriette touchante sans oublier une très bonne intervention de Martine la servante). Les décors sont simples mais élégants, magnifiés par une belle lumière et une superbe autruche. Cet accessoire est une des rares fantaisies de cette pièce mais étant donné que je la découvrait, cela m'a convenu amplement !
12 oct. 2016
8/10
70
C'est dans un unique décor que tout se joue. Beau décor où les épaves sont des restes d'animaux, squelettes ou empaillés. C'est cette ironie qui plante une modernité.

Le ton de Bacri aussi insuffle cette modernité humaine d'un homme en retrait des agitations, cherchant la paix et plutôt laconique, son personnage ne se livre pas dans la rhétorique comme la plupart des personnages mais n'est jamais loin du doute par la bonté, à la limite de la lâcheté mais volontaire quand même pour sauver les vies (par affection et pur bon sens moderne -la modernité donne au désir toute sa volonté -)
Il y a donc ce lieu qui est un entrepôt de l'observation encyclopédique du monde. Ces femmes savantes voudraient faire entrer le monde dans un salon mais leur vive ambition n'est pas corrélée à un jugement sûr. La connaissance est si diffuse qu'élle est aussi une intimidation vertigineuse, c'est ce vertueux vertige qui finalement les ègare un peu soit dans l'amour (la fille aînée perd son amour dans une sorte de vanité d'espoir érudit) soit dans l'escroquerie (la mère croit au talent d'un empoudré pilleur de vers qui n'en veut qu'à ses biens).
Mais Molière n'accable pas ces vertueuses, la mère garde malgré cette errance une vraie grandeur de cœur et c'est au final cette grandeur d'âme qui transparaît et qui fait qu'il n'y a pas de ridicule pour la disgracier aux yeux du public. La fille, grande en taille, restera malgré les larmes, perchée dans son credo spirituel, chose louable.

Une belle troupe pour une pièce de Molière tout en genre plutôt féministe mais qui interroge aussi sur la vraie nature des gens (gens d'esprit ou pas gens d'esprit ?) sur le fameux bon sens populaire (le port de la culotte par l'homme est il une fatalité ?).

Finalement genre féminin ou masculin doivent s'apparier pour l'intelligence (ou se séparer intelligemment). Les rôles se redistribuent et la femme doit jouer son rôle au même titre que l'homme.
Une pièce qui s'achève entre femmes, en belles voix. La beauté n'est-ce pas féminin au fond ?
2 oct. 2016
4,5/10
51
Une pièce en alexandrin est déjà compliquée à suivre, en français d'il y a 3 siècles de surcroît.

On a compris notre malheur pendant la 1ère demi-heure jouée par "Henriette" et "Armande", IN-COM-PRE-HEN-SIBLE. On a envie de leur dire qu'il ne suffit pas de crier pour se faire comprendre lorsque l'on parle en alexandrins, mais de bien séparer chaque mot, par pitié !!
Le reste de la pièce est rattrapé par les autres comédiens savoureux et dont on comprend enfin ce qu'ils disent. Buyle, Duquesne et Bacri formidables.
Bémol : mise en scène pâlichonne.

Autre gros bémol sur le théâtre en lui-même : on se croyait dans le métro à l'heure de pointe. Pas de place pour les jambes, collée à son voisin, chaleur étouffante et les 2/3 de la scène cachés par une tête devant soit, malgré une place en 1ère catégorie sur 2eme balcon...
1 oct. 2016
6/10
49
J'avais lu dans la presse "la Comédie Française s'installe au Théâtre de la Porte Saint-Martin". J'avais vu la fabuleuse mise en scène du Bourgeois Gentilhomme par Catherine Hiegel, dans ce même théâtre en 2012. Je suis une fan inconditionnelle des Bacri-Jaoui. Alors forcément, ces Femmes savantes représentaient pour moi l'un des rendez-vous privilégiés de cette rentrée théâtrale 2016.

Quelle déception !
Si la mise en scène de Hiegel, très classique, fait la part belle au génie du texte de Molière (près de trois siècles et demi et pas une ride) l'ensemble ne fonctionne pas.
Tout d'abord, parce que sur les trois fameuses érudites, seule Bélise - la soeur de Chrysale, incarnée par l'excellente Evelyne Buyle - parvient à nous faire rire. Cette vieille fille qui se croit irrésistible et s'invente des soupirants nous régale de ses manières et de son pédantisme.
En comparaison, les deux autres "femmes du clan" (Agnès Jaoui en Philaminte et Chloé Berthier en Armande) nous semblent bien pâles, bien fades et l'on peine à croire qu'elles ont imposé leur loi dans la demeure de Chrysale. Le voici justement, le maître de maison : merveilleux Chrysale interprété par un sensationnel Jean-Pierre Barcri. Il semble avoir toujours été Chrysale, être né Chrysale. Il nous enchante, nous fait rire, nous émeut, à tel point que l'on n'aura de cesse, jusqu'à la fin de la pièce, de guetter ses apparitions au plateau. Les scènes avec sa bonne Martine (réjouissante Catherine Ferran) font partie des rares qui nous animent réellement.

L'autre personnage masculin haut en couleur, le pédant Trissotin (Philippe Duquesne) dont les apparitions sont en général "le clou du spectacle", est aussi terne et falot que son maquillage...
Le couple énamouré que campent les deux ex-pensionnaires de la Comédie-Française (Julie-Marie Parmentier et Benjamin Jungers) paraît un peu effacé par la mise en scène.
Au final, on aura tout de même passé un bon moment, car il est toujours délectable de réécouter les vers de Molière et cette pièce-là n'est pas si souvent jouée. Mais on ne peut s'empêcher de rester sur sa faim, de déplorer une mise en scène sans réel parti pris et une direction d'acteurs pas toujours idéale. Cependant, Jean-Pierre Bacri ira rejoindre dans nos coeurs la galerie des inoubliables Chrysales, à tel point qu'on aimerait le voir en Harpagon, en Monsieur Jourdain, en Tartuffe, en Argan, en Arnolphe...
1 oct. 2016
2/10
63
Voilà quelque chose que je ne fais jamais, ou si rarement : partir avant la fin d’un spectacle. Je trouve cela irrespectueux envers le travail des comédiens, metteur en scène, techniciens lumières et autres costumiers qui ont passé tant de temps pour nous offrir cela. Mais devant un travail aussi bâclé, sans idée, sans but, je ne peux plus perdre mon temps qui se fait rare cette année.

Je suis allée voir les Femmes Savantes de la grande Catherine Hiegel, et j’assiste à une représentation digne d’une fin de collège. Lorsqu’on ne trouve pas une nécessité dans un spectacle, mieux vaut ne pas le monter que d’ennuyer ainsi le public.

Je me souviens des Femmes Savantes d’Arnaud Denis, après lesquelles je m’étais dit qu’il serait difficile de faire mieux. Sa mise en scène, classique et brillante, était limpide et intelligente. Quel contraste avec ce que j’ai vu ce soir ! Avec 10 fois plus de moyen, Catherine Hiegel n’atteint pas le petit orteil de ce spectacle qui me laisse encore aujourd’hui un souvenir incroyable. Quel besoin de mettre tant d’argent dans des costumes – certes magnifiques – et dans un décor – tout aussi beau – si l’âme du spectacle est absente ? En est-on à un tel point qu’on privilégie la forme à la matière ? A quel moment est-on tombés si bas ?

40 secondes à peine que le spectacle a débuté et déjà je sens que quelque chose ne va pas. Les deux jeunes femmes qui s’affrontent sur la scène sonnent faux, mal, dépensent leur énergie en criant alors que le texte reste incompréhensible. On attendait mieux de Julie-Marie Parmentier, qui campe une Henriette bien fade. Mais je suis aussi là pour le duo Bacri et Jaoui, comme les 4/5e de la salle, alors je prends mon mal en patience. Je vois passer un Benjamin Jungers bien terne avant qu’entre enfin en scène Jean-Pierre Bacri. Ah, voilà un Chrysale de qualité, bien que par moments Bacri lui-même ne semble pas y croire. Mais lorsqu’entre face à lui Agnès Jaoui, ce qu’il avait commencé à construire s’effondre : où est la femme forte qu’est Philaminte ? Où est la terreur, l’agressivité, l’intelligence ? Je ne vois qu’insipidité et banalité. La voix mal posée, les répliques tombantes, le corps gênant, on se demande bien ce qu’Agnès Jaoui fait là.

Seule Evelyne Buyle semble dans son élément, en accord avec cette idée de Catherine Hiegel de faire des Femmes Savantes une pièce féministe : l’actrice, bien qu’interprétant Bélise, est d’une grande classe. Mais elle est bien la seule : à croire que Catherine Hiegel est partie d’une idée sans la creuser, sans chercher en profondeur un fil directeur dans cette mise en scène qui n’en ressort que profondément vide et dénuée de sens.

Allez, je reste encore un acte, pour la scène de Trissotin. Quand même, ça, c’est drôle. Mais non ! Catherine Hiegel a réussi l’exploit d’empoussiérer ces Femmes Savantes, de les rendre lentes et ennuyeuses, froides et mornes, inintéressantes, éteintes. Autour de moi, les enfants s’agitent, ne rient pas, s’ennuient. Comme je les comprends ! Mais j’ai la chance, contrairement à eux, de pouvoir prendre la décision de partir, et c’est ce que je fais. En moi la colère gronde : dire que des parents emmènent probablement pour la première fois leurs enfants au théâtre pour voir pareil spectacle, il y a de quoi les dégoûter !

Il y a tant de beaux spectacles en cette rentrée théâtrale qu’il ne faut pas perdre son temps avec celui-ci...
19 sept. 2016
7,5/10
58
Un vrai plaisir de retrouver Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui sur scène, entourés d'excellents comédiens !
Cela faisait plus de vingt ans que j'attendais ça. Je les avais vu là, en 94, dans Un Air de Famille (trois fois !). Un plaisir immense.

Le choix de la pièce est excellent. C'est loin d'être ma préférée de Molière, mais elle sied si bien à cette version et au rapport "dominant/dominé" du couple, une tension qui rappelle leurs pièces originales. On croirait presque qu'ils ont écrit quelques répliques eux-mêmes !
La mise en scène est à la hauteur.

Le seul défaut que je trouve à cet excellent spectacle est, parfois, la longueur de quelques scènes, carrément interminables parfois.
Mais ne boudons pas ce plaisir immense, dont il ne faut surtout pas se priver.
Merci à toute la troupe !
18 sept. 2016
4/10
70
Le théâtre de la Porte Saint Martin a une hauteur sous plafond énorme et quand vous êtes au dernier étage...vous êtes loin de la scène, ça donne le vertige.
Donc à partir de là, un texte si exigeant en alexandrins c'est compliqué... Surtout si les comédiennes sont pas au maximum des décibels.
Résultat je n'ai pas tout compris. Et j'ai donc été déçu par la pièce.

Aucune adaptation à attendre, la pièce est jouée a l'ancienne. Le 1er acte est un effort d'adaptation total pour le public. Aucun applaudissement à la tombée du rideau à la fin de celui là d'ailleurs.
Le 2ème acte voit l'arrivée de Bacri qui lui est audible et joue avec sens. Ensuite plusieurs scènes se suivent avec plus ou moins d'intérêt.

Personnellement je ne suis pas allé jusqu'au bout car j'étais trop déçu par le placement et que cette pièce demandait un effort de concentration trop important en échange de rires qui n'étaient pas assez nombreux.
Certes j'étais mal placé mais rien n'a été fait pour me retenir.
15 sept. 2016
6,5/10
51
Les Femmes Savantes est classique.
La mise en scène toute en monumentalité intensifie ce sentiment. Le texte un peu daté reste toutefois piquant et n’épargne aucun des personnages. Du coup, on a du mal à s’identifier, notre cœur balance tantôt pour les femmes savantes tantôt pour leurs « opposants ».
Les acteurs principaux sont très bons mais malheureusement le casting n’est pas aussi sélectif pour les seconds rôles.

Une pièce sympathique mais avec un mauvais rapport qualité / prix.
15 sept. 2016
8/10
149
Oui, Molière le fait dire sans ambages à son Clitandre :
« ….............. et je vous suis garant
Qu'un sot savant est sot plus qu'un sot ignorant. »

Voilà en quelques mots résumé le propos de cette comédie.

Et ce propos, comme il n'a pas vieilli, comme il est d'actualité !

Il n'est pour s'en convaincre que de constater la profusion de pseudo-experts de tout poil sur nos étranges lucarnes et dans nos bizarres transistors...
Et de ne pas oublier que l'an passé, le Louvre confiait son Hall Napoléon à un pseudo-conservateur, autrefois conseiller d'un président de la République élu en 1981, pour organiser une exposition aussi pédante qu'inutile. (Un indice au cas où : les initiales sont J et A.... Voilà, ça, c'est fait ! )

Pour ces femmes savantes, Catherine Hiegel, ex Doyenne du Français, signe une très jolie mise en scène classique, en costumes et en décor « d'époque ».
(Somptueux, le décor : un très bel appartement bourgeois du XVIIème (siècle, pas arrondissement...) qui se transforme petit à petit en cabinet de curiosités, avec un son lot d'objets incongrus. La scène du squelette d'autruche est d'ailleurs désopilante.)

On n'est pas surpris, on sait à quoi s'attendre, on n'est pas déçu : Mme l'ex-Doyenne a véritablement su mettre en valeur texte et comédiens. Les alexandrins coulent de source !
Que demander de plus, finalement...

J'ai eu l'impression qu'elle avait pris un malin plaisir à soigner les rôles masculins, un peu plus que celui de ces dames.

Jean-Pierre Bacri fait ce qu'il sait faire de mieux, à savoir du Bacri, (son entrée est désopilante...), déclenche l'hilarité du public qui, bien souvent, à en croire les réactions, est venu pour lui.
Son jeu, outre le texte, ses mimiques, tics, gestes entre les répliques, son jeu est phénoménal.

Agnès Jaoui est un peu en retrait, (la production ne fait que commencer), alors qu'Evelyne Buyle campe une cougar drôlissime.

Bien entendu, le piège pour cette pièce est de transformer ces femmes réellement avides de savoirs et finalement d'une certaine forme d'émancipation en « Précieuses ridicules ».
Mme Hiegel n'y tombe pas, et c'est tant mieux.

Mais celui qui m'a vraiment enthousiasmé est Philippe Duquesne, en Trissotin fardé de blanc et à la canne riche en ressources liquides et alcoolisées.

Duquesnes, qu'on adorait chez Deschamps-Makeieff en général et dans les Deschiens en particulier, (Canal plus historique...), montre la belle richesse de sa palette.
Il est en effet tour à tour pédant, hilarant, mais également fourbe, calculateur, manipulateur, inquiétant.
Une vraie réussite !

Le reste de la distribution est au top, avec notamment les anciens de la Comédie française (Catherine Farran, Benjamin Jungers, Baptiste Roussillon...).

Au final, ce fut une excellente soirée.
Un classique monté avec classe et classicisme.
La tradition a aussi du bon.

Molière peut dormir sur ses deux oreilles : il a encore de bien talentueux serviteurs.
13 sept. 2016
8/10
41
Une pièce qui met d'abord en avant Molière sans complexe.
Les décors magnifiques, très travaillés, très précis.
Les costumes d'époque qui n'en font pas des tonnes.
Les lumières qui arrivent à magnifier, adoucir, dynamiser ou encore focaliser tour à tour. J'ai vraiment apprécié les différentes ambiances que l'éclairage électrique ou aux bougies ont su apporter. L'éclairage avait du coup une force scénique importante.
La mise en scène classique mais pleine de gaité, de succession de beaux tableaux. C'est simple, sans chichi, sans excès mais bien trouvé, bien mis en valeur.
Enfin, les comédiens qui ont su chacun avec sa forte personnalité s'emparer d'un texte pas facile à dire en alexandrins. Evelyne Buyle par exemple est épatante, Bacri a un texte qui semble écrit pour lui. Il est à l'aise et naturel. Eux deux avec la bonne ont conquis le public. Toute petite réserve sur Jaoui qui a moins de coffre et de diction pour ses longues tirades. Les autres personnages sont justes, bien interprétés.
Bref, Molière serait content ! Cette pièce lui rend un bel hommage.