Critiques pour l'événement Les Beaux
Quelle ingénieuse scénographie de Côme de Belliscize. Il trouve le juste milieu pour montrer la bascule dans la folie. Les apparences s’effondrent tout comme le décor et se chacun montre à nu ses blessures.
Cela abouti à cette scène troublante, drôle et émouvante à la fois où chacun doit dire l’inverse de ce qu’il pense. La force, la précision et la justesse des mots de Léonore Confino sont sublimés par l’incroyable prestation d'Elodie Navarre et Emmanuel Noblet. Impossible de quitter des yeux ce couple en rupture qui s’effondre à en perdre la raison. On ne doute ni de la sincérité de leur amour ni de leur haine. Ils incarnent avec fureur et passion ce Ken et Barbie qui se sont égarés sur les chemins de la raison.
L’enfant, invisible au plateau, est le catalyseur des souffrances dont l’expression se fait dans la violence. Une Alice au pays des désenchantements qui ne peut que s’épanouir loin de ces géniteurs qui pourrissent ce qui les entoure. Une réalité cruelle et brutale auxquelles le non-sens ne peut être que la réponse.
On se laisse porter dans la tempête des émotions où la solitude triomphe.
Cela abouti à cette scène troublante, drôle et émouvante à la fois où chacun doit dire l’inverse de ce qu’il pense. La force, la précision et la justesse des mots de Léonore Confino sont sublimés par l’incroyable prestation d'Elodie Navarre et Emmanuel Noblet. Impossible de quitter des yeux ce couple en rupture qui s’effondre à en perdre la raison. On ne doute ni de la sincérité de leur amour ni de leur haine. Ils incarnent avec fureur et passion ce Ken et Barbie qui se sont égarés sur les chemins de la raison.
L’enfant, invisible au plateau, est le catalyseur des souffrances dont l’expression se fait dans la violence. Une Alice au pays des désenchantements qui ne peut que s’épanouir loin de ces géniteurs qui pourrissent ce qui les entoure. Une réalité cruelle et brutale auxquelles le non-sens ne peut être que la réponse.
On se laisse porter dans la tempête des émotions où la solitude triomphe.
L'amour, son usure, la vision qu'un enfant a du couple parental : le thème est déjà vu, alors gare à ne pas proposer du déjà écrit… malheureusement, c'est un peu le cas pour cette pièce.
Une très bonne idée de départ, quelques fulgurances, un très bon jeu d'acteurs font que ce spectacle est agréable, mais j'ai tout de même la sensation que la pièce n'est pas terminée, qu'il aurait fallu creuser, élaguer et davantage refuser la facilité.
Parfois le spectacle s'envole, souvent il retombe lourdement sur le plateau, dommage.
Une très bonne idée de départ, quelques fulgurances, un très bon jeu d'acteurs font que ce spectacle est agréable, mais j'ai tout de même la sensation que la pièce n'est pas terminée, qu'il aurait fallu creuser, élaguer et davantage refuser la facilité.
Parfois le spectacle s'envole, souvent il retombe lourdement sur le plateau, dommage.
Je t'aime ... moi non plus !
Une crise de couple écrite au scalpel, cruelle mais tellement juste et qui résonne en chacun de nous.
La descente aux abîmes est tumultueuse et amère.
Le mensonge et la vérité se mêlent et se confondent pour pouvoir dire l'intime.
Tour à tour victimes et bourreaux, les amants touchent le fond. Puis avec cette capacité de résilience de certains couples, ils reprennent leur route ensemble, apaisés pour un moment.
Mis en scène avec une folie réjouissante et féroce, les deux comédiens sont superbes de naturel et de complexité. Leur engagement physique est total, sans aucune retenue ...
Attachez vos ceintures, c'est parti pour le meilleur et pour le pire !
Une crise de couple écrite au scalpel, cruelle mais tellement juste et qui résonne en chacun de nous.
La descente aux abîmes est tumultueuse et amère.
Le mensonge et la vérité se mêlent et se confondent pour pouvoir dire l'intime.
Tour à tour victimes et bourreaux, les amants touchent le fond. Puis avec cette capacité de résilience de certains couples, ils reprennent leur route ensemble, apaisés pour un moment.
Mis en scène avec une folie réjouissante et féroce, les deux comédiens sont superbes de naturel et de complexité. Leur engagement physique est total, sans aucune retenue ...
Attachez vos ceintures, c'est parti pour le meilleur et pour le pire !
Les échos étant plus que favorables, je me pose la question : pourquoi suis-je passée à côté, pourquoi n'ai je pas réussi à me laisser attendrir, par ce couple totalement perdu, dont les failles... abyssales sont esquissées... Trop peu, ou trop...
Le rythme est pourtant très soutenu, un grand huit des émotions traverse cette Barbie et ce Ken. Du lisse béat et sucré, on plonge dans le trash, l'adversité, la brutalité limite morbide pour revenir vers une esquisse de l'apaisement.
La construction est habile, le fond est là... Le prisme de l'enfant qui, dans sa différence et sa singularité conduit ses parents à changer le regard qu'ils se portent et revoir leur mode de communication est remarquable, de même que la lecture d'Alice aux pays des merveilles (ce conte m'a toujours laissé en réflexion, même enfant).
Peut être que la forme n'a pas permis de provoquer l'enthousiasme tant attendu... sans compter le public (mes voisins proches ont très vite "lâché" et se sont, du coup, avérés dissipés).
Le rythme est pourtant très soutenu, un grand huit des émotions traverse cette Barbie et ce Ken. Du lisse béat et sucré, on plonge dans le trash, l'adversité, la brutalité limite morbide pour revenir vers une esquisse de l'apaisement.
La construction est habile, le fond est là... Le prisme de l'enfant qui, dans sa différence et sa singularité conduit ses parents à changer le regard qu'ils se portent et revoir leur mode de communication est remarquable, de même que la lecture d'Alice aux pays des merveilles (ce conte m'a toujours laissé en réflexion, même enfant).
Peut être que la forme n'a pas permis de provoquer l'enthousiasme tant attendu... sans compter le public (mes voisins proches ont très vite "lâché" et se sont, du coup, avérés dissipés).
Pour être beaux ils sont beaux ils sont bons aussi ! Ils auraient tout pour être heureux, mais comme ils n'ont pas été préparés aux difficultés de la vie leur bonheur se délite !! Une vie de couple loin de l'idéal de barbie et ken c'est la triste réalité des choses !!! Une bonne pièce que nous propose Léonore Confino ...
Une intensité de jeu digne d'un Cassavetes, un miroir profond, actuel, jubilatoire de nous, de notre société, de nos courses sans tête.
Le couple est ici fouillé sous des angles rares. Les comédiens ne jouent plus... le spectateur ne joue plus... et pourtant, dans toute cette intimité, on rit beaucoup. Merci.
Le couple est ici fouillé sous des angles rares. Les comédiens ne jouent plus... le spectateur ne joue plus... et pourtant, dans toute cette intimité, on rit beaucoup. Merci.
Une pièce pleine d’énergie. Les acteurs en débordent (heureusement pour eux le spectacle ne dure qu'une heure environ). Parfois, et notamment peu après le début, après la bascule Barbie-Ken vers parents, je me suis dit "c'est trop forcé". Et en fin de spectacle, je n'ai plus du tout eu ce sentiment.
J'ai beaucoup aimé comment est traité le sujet du couple face à la vie, au coup de canif dans le contrat, à une enfant perçue comme différente, aux autres...
La mise en scène est intéressante.
Suite à un bug informatique, l'éclairage a été géré en live. Et, à mon avis, géré de main de maître, parce que le spectacle n'a pas pâti de ce désagrément.
Une très belle soirée pour ma femme et moi.
J'ai beaucoup aimé comment est traité le sujet du couple face à la vie, au coup de canif dans le contrat, à une enfant perçue comme différente, aux autres...
La mise en scène est intéressante.
Suite à un bug informatique, l'éclairage a été géré en live. Et, à mon avis, géré de main de maître, parce que le spectacle n'a pas pâti de ce désagrément.
Une très belle soirée pour ma femme et moi.
Ils sont jeunes, bobos et beaux et leur histoire commence dans la chambre de leur fille Alice qui les transforme en Ken et Barbie.
Sortis du jeu, on les découvre puérils et narcissiques, incapables d’assumer leur vie d’adulte et leur enfant différent des autres. Les désillusions du couple et de la société de consommation dont ils sont les plus parfaits produits s’expriment dans leurs invectives, reproches et mensonges jusqu’à ce que l’amour finisse par apparaître, dans une relation qui retrouve son humanité. Habile et rythmée, la pièce de la jeune et talentueuse Léonore Confino trace des réflexions intéressantes qu’on aurait aimé voir plus développées, mais en une heure dix, le pari est déjà largement gagné.
Un boulevard contemporain bien construit, miroir sans concession de nos vies modernes.
Sortis du jeu, on les découvre puérils et narcissiques, incapables d’assumer leur vie d’adulte et leur enfant différent des autres. Les désillusions du couple et de la société de consommation dont ils sont les plus parfaits produits s’expriment dans leurs invectives, reproches et mensonges jusqu’à ce que l’amour finisse par apparaître, dans une relation qui retrouve son humanité. Habile et rythmée, la pièce de la jeune et talentueuse Léonore Confino trace des réflexions intéressantes qu’on aurait aimé voir plus développées, mais en une heure dix, le pari est déjà largement gagné.
Un boulevard contemporain bien construit, miroir sans concession de nos vies modernes.
Texte génial, jeu d'acteur superbe. Des moments intenses voir violents qui font réfléchir.
Voilà du théâtre qui décoiffe !
C'est percutant, intense, parfois violent... mais c'est du théâtre ; quoi que ?
Deux acteurs ébouriffants qui ne s'économisent pas, une mise en scène énergique, un texte ciselé : tout est réuni pour un bon moment théâtral, arrosé à la sauce vitriol.
C'est percutant, intense, parfois violent... mais c'est du théâtre ; quoi que ?
Deux acteurs ébouriffants qui ne s'économisent pas, une mise en scène énergique, un texte ciselé : tout est réuni pour un bon moment théâtral, arrosé à la sauce vitriol.
Confiante dans l’écriture de Léonore Confino, j’ai préféré ne rien savoir sur l’histoire de cette pièce et me laisser surprendre. De fait le début est réellement étonnant !
Elle, blonde et belle, lui, grand et beau : entre eux une relation un peu trop parfaite pour être réelle. Le couple semble sorti d’un téléfilm ou d’une publicité. Les clichés s’enchaînent, «Mardi je commence l’aquagym avec Toby» et les compliments se succèdent « tu es parfaite » "je t'aime"… ce magnifique couple nage autant dans le bonheur que dans les stéréotypes. Je n'en dis pas plus...
Et puis tout à coup, tout bascule. L’ensemble se craquelle et la réalité apparaît, brutale et sombre. Ce début original et remarquable nous plonge d’autant plus violemment dans la misère du quotidien de la seconde partie.
Au fur et à mesure de ses pièces, Léonore Confino creuse et analyse ce qu’il y a de plus sombre au sein des environnements du quotidien : l’entreprise, la famille, et bien sûr les relations homme/femme. Dans Les beaux, l'auteure met brillamment en lumière la dégradation du sentiment amoureux au sein du couple. Elle étudie comment celui-ci se détériore inéluctablement, broyé par les contraintes du quotidien et la violence de la vie.
Certaines scènes sont particulièrement exceptionnelles et les répliques à la fois caustiques et décalées font mouche. Le public rit jaune, c’est cruel et jouissif. «Arrête de me piquer mon jambon sinon je me suicide» c’est drôle et à la fois terriblement déprimant car le couple de comédiens apporte vérité et justesse même dans les moments que l’on pourrait trouver absurdes. Tout le monde dans la salle a malheureusement le souvenir d’une dispute aussi stupide que "la disparition du dernier yaourt à la cerise dans le frigidaire". Des disputes parsemées de phrases balancées un peu vite que l’on regrette ensuite même si l’on est malgré tout content de les avoir dites...
On se moque donc un peu de soi-même en observant ce couple tout en étant parfois aussi un peu gêné d’assister à cette violente et triste engueulade si familière. Mais la pièce va au delà de cette monotone et glauque quotidienneté et les personnages vont aller au bout de leurs travers, au bout de leur folie. Ils sont entiers et incontrôlables, la souffrance à l'état brut apparait alors, violente et intense.
Côme de Bellescize s’est littéralement emparé du texte de Léonore Confino. Sa mise en scène et le travail réalisé avec les comédiens sont remarquables. On sent comme toujours dans ses propositions une vraie recherche et des choix forts et pertinents.
Les comédiens sont engagés, précis, subtils et justes. Leur relation à la fois sensuelle, passionnelle et dévastatrice donne beaucoup d’intensité à la pièce.
L’ensemble est intelligent et corrosif à souhait. C'est une pièce de qualité dans laquelle on passe du rire à l'émotion (oui j'avoue, j'ai versé ma petite larme..), c'est surprenant, profond et généreux.
Quel plaisir de vivre de telles émotions au théâtre, c'est si rare !
Mon grand coup de cœur de la rentrée.
Elle, blonde et belle, lui, grand et beau : entre eux une relation un peu trop parfaite pour être réelle. Le couple semble sorti d’un téléfilm ou d’une publicité. Les clichés s’enchaînent, «Mardi je commence l’aquagym avec Toby» et les compliments se succèdent « tu es parfaite » "je t'aime"… ce magnifique couple nage autant dans le bonheur que dans les stéréotypes. Je n'en dis pas plus...
Et puis tout à coup, tout bascule. L’ensemble se craquelle et la réalité apparaît, brutale et sombre. Ce début original et remarquable nous plonge d’autant plus violemment dans la misère du quotidien de la seconde partie.
Au fur et à mesure de ses pièces, Léonore Confino creuse et analyse ce qu’il y a de plus sombre au sein des environnements du quotidien : l’entreprise, la famille, et bien sûr les relations homme/femme. Dans Les beaux, l'auteure met brillamment en lumière la dégradation du sentiment amoureux au sein du couple. Elle étudie comment celui-ci se détériore inéluctablement, broyé par les contraintes du quotidien et la violence de la vie.
Certaines scènes sont particulièrement exceptionnelles et les répliques à la fois caustiques et décalées font mouche. Le public rit jaune, c’est cruel et jouissif. «Arrête de me piquer mon jambon sinon je me suicide» c’est drôle et à la fois terriblement déprimant car le couple de comédiens apporte vérité et justesse même dans les moments que l’on pourrait trouver absurdes. Tout le monde dans la salle a malheureusement le souvenir d’une dispute aussi stupide que "la disparition du dernier yaourt à la cerise dans le frigidaire". Des disputes parsemées de phrases balancées un peu vite que l’on regrette ensuite même si l’on est malgré tout content de les avoir dites...
On se moque donc un peu de soi-même en observant ce couple tout en étant parfois aussi un peu gêné d’assister à cette violente et triste engueulade si familière. Mais la pièce va au delà de cette monotone et glauque quotidienneté et les personnages vont aller au bout de leurs travers, au bout de leur folie. Ils sont entiers et incontrôlables, la souffrance à l'état brut apparait alors, violente et intense.
Côme de Bellescize s’est littéralement emparé du texte de Léonore Confino. Sa mise en scène et le travail réalisé avec les comédiens sont remarquables. On sent comme toujours dans ses propositions une vraie recherche et des choix forts et pertinents.
Les comédiens sont engagés, précis, subtils et justes. Leur relation à la fois sensuelle, passionnelle et dévastatrice donne beaucoup d’intensité à la pièce.
L’ensemble est intelligent et corrosif à souhait. C'est une pièce de qualité dans laquelle on passe du rire à l'émotion (oui j'avoue, j'ai versé ma petite larme..), c'est surprenant, profond et généreux.
Quel plaisir de vivre de telles émotions au théâtre, c'est si rare !
Mon grand coup de cœur de la rentrée.
J’étais un peu dubitative en me dirigeant vers ces Beaux qui semblaient déjà faire les beaux jours du Petit Saint-Martin. Et pour cause : il y a près de 6 ans maintenant, au même endroit, sur le même thème j’y avais vu Ring par la même autrice qui ne me laisse pas grand chose d’autre qu’un vague goût d’oubli en bouche. Mais après tout, des années ont passé, ma vision du couple a évolué, l’écriture de Léonore Confino aussi : allons-y !
La pièce s’ouvre sur un couple parfait. Ils sont beaux, ils s’aiment, ils sont tellement irréprochables que c’en devient presque flippant. Parfois, des cris résonnent au-dessus de leur tête qui semble les effrayer, leur conversation s’interrompt alors brusquement et ils cherchent alors à se cacher dans les coussins du canapé. Ces êtres merveilleux sont en réalité des reproductions réduites des parents de la petite Alice, qu’elle met en scène tout au long de la journée pour échapper à un quotidien de cris et d’engueulades. Une fois la supercherie dévoilée, on passera dans le vrai monde, avec les vrais parents qui font subir ce supplice bruyant à leur fille. Un beaux-nheur.
D’abord, je dois dire que je suis un poil déçue de m’être fait spoiler l’histoire avant le début du spectacle. Allez savoir pourquoi, moi qui ne lis jamais les bibles, voilà que j’ai pris connaissance de celle-là quelques minutes avant le début du spectacle. Je n’ai donc pas eu la surprise de la situation et cela m’a manqué. Je pense – même si je vous ai moi même divulgâché l’histoire, vous m’en voyez désolée – qu’on doit gagner en surprise et en intérêt à essayer de comprendre ce qui est en jeu. Je n’ai pas eu cette chance.
Néanmoins, j’ai trouvé l’idée intéressante et très bien utilisée. La restitution d’Alice est littérale, ce qui donne certaines situations un peu cocaces – mais après tout, c’est vrai, que représente un chasseur de tête pour une enfant de 7 ans ? Le monde de l’enfance est parfaitement reproduit, avec ses incompréhensions, sa naïveté, sa vision déformée et une pointe de cruauté qui vient saupoudrer le tout, c’est d’ailleurs d’autant plus cruel que l’image – parfaite – et le son – plutôt glauque – sont totalement décalées. J’aurais d’ailleurs beaux-coup aimé que le parallèle entre les deux couples – celui en plastique et celui en chair – se poursuive dans la suite du spectacle. Mais elle devient encore plus sombre que la première partie.
Ici, on passe dans la « vraie vie ». Les cris sont réels, les insultes violentes, les punchlines fusent. La cruauté d’Alice en devient presque attendrissante. Le rire, léger dans la première partie, se fait bien plus jaune ici : les situations sont certes caricaturales mais elles sonnent douloureusement justes. Clairement, on est sur des scènes de la vie quotidienne vécues. Répétées, amplifiées, mais vécues. Les répliques sont cinglantes. Ca fuse de partout et c’est très bien mené. Deux petits regrets malgré tout : le rôle d’Alice, qui ne semble qu’un prétexte à la première scène et ne revient que peu par la suite, ce qui est presque frustrant, et la fin qui cherche un peu trop l’émotion pour convaincre réellement. Cette histoire d’Alice qui travers le miroir tombe un peu comme un cheveu sur la soupe
C’est suffisamment rare pour être souligné : le trio écriture mise en scène acteurs est vraiment convaincant. Le travail de Côme de Bellescize rythme parfaitement ce texte explosif et la coordination entre les décors et l’avancée de l’histoire est finement pensée. Il complète le tableau avec une direction d’acteurs au poil : les deux comédiens tiennent leurs échanges avec ardeur, faisant de cette joute verbale un match de beau-xe où l’on ne compte plus les points. Son personnage de mère perdue donne à entendre quelques accents de désamour pour son enfant toujours très subtils et sans jugement, et Élodie Navarre semble errer durant toute la pièce dans un triangle sans fin : mère-femme-épouse. Lui passe avec brio de la douceur à la folie, les yeux soudainement écarquillés et le visage tendu comme si toute sa haine passait dans ses grimaces. Il est effrayant à souhait. Et au milieu de tout cet emportement, entre leurs insultes, on parvient malgré tout à saisir une pointe de détresse, sans pathos, très bien dosée. Un beau duo !
La pièce s’ouvre sur un couple parfait. Ils sont beaux, ils s’aiment, ils sont tellement irréprochables que c’en devient presque flippant. Parfois, des cris résonnent au-dessus de leur tête qui semble les effrayer, leur conversation s’interrompt alors brusquement et ils cherchent alors à se cacher dans les coussins du canapé. Ces êtres merveilleux sont en réalité des reproductions réduites des parents de la petite Alice, qu’elle met en scène tout au long de la journée pour échapper à un quotidien de cris et d’engueulades. Une fois la supercherie dévoilée, on passera dans le vrai monde, avec les vrais parents qui font subir ce supplice bruyant à leur fille. Un beaux-nheur.
D’abord, je dois dire que je suis un poil déçue de m’être fait spoiler l’histoire avant le début du spectacle. Allez savoir pourquoi, moi qui ne lis jamais les bibles, voilà que j’ai pris connaissance de celle-là quelques minutes avant le début du spectacle. Je n’ai donc pas eu la surprise de la situation et cela m’a manqué. Je pense – même si je vous ai moi même divulgâché l’histoire, vous m’en voyez désolée – qu’on doit gagner en surprise et en intérêt à essayer de comprendre ce qui est en jeu. Je n’ai pas eu cette chance.
Néanmoins, j’ai trouvé l’idée intéressante et très bien utilisée. La restitution d’Alice est littérale, ce qui donne certaines situations un peu cocaces – mais après tout, c’est vrai, que représente un chasseur de tête pour une enfant de 7 ans ? Le monde de l’enfance est parfaitement reproduit, avec ses incompréhensions, sa naïveté, sa vision déformée et une pointe de cruauté qui vient saupoudrer le tout, c’est d’ailleurs d’autant plus cruel que l’image – parfaite – et le son – plutôt glauque – sont totalement décalées. J’aurais d’ailleurs beaux-coup aimé que le parallèle entre les deux couples – celui en plastique et celui en chair – se poursuive dans la suite du spectacle. Mais elle devient encore plus sombre que la première partie.
Ici, on passe dans la « vraie vie ». Les cris sont réels, les insultes violentes, les punchlines fusent. La cruauté d’Alice en devient presque attendrissante. Le rire, léger dans la première partie, se fait bien plus jaune ici : les situations sont certes caricaturales mais elles sonnent douloureusement justes. Clairement, on est sur des scènes de la vie quotidienne vécues. Répétées, amplifiées, mais vécues. Les répliques sont cinglantes. Ca fuse de partout et c’est très bien mené. Deux petits regrets malgré tout : le rôle d’Alice, qui ne semble qu’un prétexte à la première scène et ne revient que peu par la suite, ce qui est presque frustrant, et la fin qui cherche un peu trop l’émotion pour convaincre réellement. Cette histoire d’Alice qui travers le miroir tombe un peu comme un cheveu sur la soupe
C’est suffisamment rare pour être souligné : le trio écriture mise en scène acteurs est vraiment convaincant. Le travail de Côme de Bellescize rythme parfaitement ce texte explosif et la coordination entre les décors et l’avancée de l’histoire est finement pensée. Il complète le tableau avec une direction d’acteurs au poil : les deux comédiens tiennent leurs échanges avec ardeur, faisant de cette joute verbale un match de beau-xe où l’on ne compte plus les points. Son personnage de mère perdue donne à entendre quelques accents de désamour pour son enfant toujours très subtils et sans jugement, et Élodie Navarre semble errer durant toute la pièce dans un triangle sans fin : mère-femme-épouse. Lui passe avec brio de la douceur à la folie, les yeux soudainement écarquillés et le visage tendu comme si toute sa haine passait dans ses grimaces. Il est effrayant à souhait. Et au milieu de tout cet emportement, entre leurs insultes, on parvient malgré tout à saisir une pointe de détresse, sans pathos, très bien dosée. Un beau duo !
J'veux du cuir : pas du peep show, du vécu.
J'veux des gros seins, des gros culs.
J'veux du cuir,
Sade et Shade et Suzy Q....
C’est sur ces paroles chaudes, la voix suave de Souchon résonnant dans ma tête, que sonne Sophie. Je ne la supporte pas. Avec Gentiane, ma femme, nous avons 2 baby-sitters : Léa et Sophie.
Autant Léa est plutôt discrète, douce. Autant, Sophie est bête. No life, no pote, no future ! Elle tient la jambe pour des platitudes débiles « Ah vous avez fait un clafoutis ? j’adore les cerises, et puis c’est pas cher et c’est bon pour la santé, hihi ! »
Je l’évite. Elle parle trop, déjà. Je laisse Gentiane opérer. Dernières recommandations, baiser aux minots, sourire chaleureux et assuré de père serein : « Passez une bonne soirée Sophie ».
La porte est derrière nous, libres pour quelques heures. Enfin.
Heureux, légers, c’est notre moment qui commence. Ce soir, nous allons au théâtre, voir « Les Beaux ». Le taxi est cool, le quartier aussi. Une bière en terrasse plus tard, nous sommes sur nos fauteuils, chauds, enthousiastes. Attaque, Jean-Jacques !
Et bien, mes aïeux ! Servis !
Mon garçon, si tu veux une petite soirée tranquille, genre moment simple, un peu tendre, un coin de romance, une bougie mielleuse qui suinte. Ne va pas voir ça. Tu vas dans ton vidéo club le plus proche et tu me chopes « coup de foudre à Nothing Hill » (avec un d, pas un t, gros dégueulasse !)
Parce que Les Beaux, tu vas te faire secouer. Ça va vite, ça chahute, ça tente de rallumer les synapses à tous les étages. Au départ, l’histoire n’est pas franchement originale : un couple a oublié de s’aimer, coincé entre une lassitude programmée et une enfant éreintante. Sur le papier, pas dingo, on imagine Tatiana pleurant de fatigue, simulant pendant les coïts du week-end avec son mari transformé en connard auto-centré, auto-suffisant, auto-mate….
He bien Walou ! C’est attaqué sous un angle très différent : Barbie et Ken, le couple parfait. La pièce démarre ainsi, un peu mièvre. Ils sont superbes, le vernis toujours nickel, l’appétit au beau fixe, le verbe jovial, la convivialité débordante.
Et puis Barbie et Ken disparaissent soudainement. Ils n’étaient vivants que dans l’imaginaire de leur fille. La réalité est bien plus rock, plus trash. Les personnages sont denses, entiers, intransigeants. Et c’est le postulat le plus réjouissant de cette pièce. C’est cela qui permet toute l’intensité qui suit. Leurs échanges sont chauds. Ils ne s’aiment plus vraiment, se supportent difficilement. Dans tous les sens de ces deux verbes. Ils n’aiment plus l’autre, mais ne s’aiment pas plus personnellement, dépourvus d’estime pour ce qu’ils deviennent. Et ne supporte plus l’autre, autant que l’image d’eux-mêmes que celui-ci leur renvoie.
Ils morflent et en sont profondément conscients. Ils veulent vivre, encore. Ils veulent baiser, danser, boire, se droguer. Ils veulent hurler. Ils ont le sentiment que la vie est juste, qu’elle s’acharne sur eux, leur faisant payer cette beauté, cette réussite permanente jusque-là : « est-ce que les personnes cool et belles au lycée ont une espérance de vie qui se limite à 50 ans ? »
En somme, une bonne grosse claque, intelligente et généreuse. Une claque aussi loufoque que réaliste, franchement drôle. Une claque qu’on a envie de renouveler car habités par ce sentiment de n’en retenir qu’une trop petite partie.
Nous rentrons tranquillement, légers, de notre évasion, certains d’avoir été les cools du lycée, mais pas à ce point-là, pas comme ces couples iconiques des bals de promo américain. Nous sommes tendres, enlacés dans ce taxi. Envie d’un Gin-Tonic et d’une baise un peu bestiale.
J’accroche mon manteau et sursaute, saisi par sa voie niaise et nasillarde : « Alors, comment c’était cette pièce ? Une amie à moi - dont les parents faisaient du théâtre étant jeunes - me dit souvent que ça fait plus vrai que le cinéma… je la crois volontiers. De toute façon, elle a souvent raison. A l’école, tous les profs le disaient que Naomie avait juste… »
Je l’avais oubliée. C’était l’une des nombreuses réussites de cette pièce… J’arrive près du réfrigérateur. Citron, Glace, Gin, et Tonic. Je sers 2 grands verres, seul dans mon esprit, heureux de prolonger notre soirée. Ils sont frais, ils sont beaux. Je veux du cuir.
- Sophie ?
- Oui Monsieur ?
- Ta gueule !
J'veux des gros seins, des gros culs.
J'veux du cuir,
Sade et Shade et Suzy Q....
C’est sur ces paroles chaudes, la voix suave de Souchon résonnant dans ma tête, que sonne Sophie. Je ne la supporte pas. Avec Gentiane, ma femme, nous avons 2 baby-sitters : Léa et Sophie.
Autant Léa est plutôt discrète, douce. Autant, Sophie est bête. No life, no pote, no future ! Elle tient la jambe pour des platitudes débiles « Ah vous avez fait un clafoutis ? j’adore les cerises, et puis c’est pas cher et c’est bon pour la santé, hihi ! »
Je l’évite. Elle parle trop, déjà. Je laisse Gentiane opérer. Dernières recommandations, baiser aux minots, sourire chaleureux et assuré de père serein : « Passez une bonne soirée Sophie ».
La porte est derrière nous, libres pour quelques heures. Enfin.
Heureux, légers, c’est notre moment qui commence. Ce soir, nous allons au théâtre, voir « Les Beaux ». Le taxi est cool, le quartier aussi. Une bière en terrasse plus tard, nous sommes sur nos fauteuils, chauds, enthousiastes. Attaque, Jean-Jacques !
Et bien, mes aïeux ! Servis !
Mon garçon, si tu veux une petite soirée tranquille, genre moment simple, un peu tendre, un coin de romance, une bougie mielleuse qui suinte. Ne va pas voir ça. Tu vas dans ton vidéo club le plus proche et tu me chopes « coup de foudre à Nothing Hill » (avec un d, pas un t, gros dégueulasse !)
Parce que Les Beaux, tu vas te faire secouer. Ça va vite, ça chahute, ça tente de rallumer les synapses à tous les étages. Au départ, l’histoire n’est pas franchement originale : un couple a oublié de s’aimer, coincé entre une lassitude programmée et une enfant éreintante. Sur le papier, pas dingo, on imagine Tatiana pleurant de fatigue, simulant pendant les coïts du week-end avec son mari transformé en connard auto-centré, auto-suffisant, auto-mate….
He bien Walou ! C’est attaqué sous un angle très différent : Barbie et Ken, le couple parfait. La pièce démarre ainsi, un peu mièvre. Ils sont superbes, le vernis toujours nickel, l’appétit au beau fixe, le verbe jovial, la convivialité débordante.
Et puis Barbie et Ken disparaissent soudainement. Ils n’étaient vivants que dans l’imaginaire de leur fille. La réalité est bien plus rock, plus trash. Les personnages sont denses, entiers, intransigeants. Et c’est le postulat le plus réjouissant de cette pièce. C’est cela qui permet toute l’intensité qui suit. Leurs échanges sont chauds. Ils ne s’aiment plus vraiment, se supportent difficilement. Dans tous les sens de ces deux verbes. Ils n’aiment plus l’autre, mais ne s’aiment pas plus personnellement, dépourvus d’estime pour ce qu’ils deviennent. Et ne supporte plus l’autre, autant que l’image d’eux-mêmes que celui-ci leur renvoie.
Ils morflent et en sont profondément conscients. Ils veulent vivre, encore. Ils veulent baiser, danser, boire, se droguer. Ils veulent hurler. Ils ont le sentiment que la vie est juste, qu’elle s’acharne sur eux, leur faisant payer cette beauté, cette réussite permanente jusque-là : « est-ce que les personnes cool et belles au lycée ont une espérance de vie qui se limite à 50 ans ? »
En somme, une bonne grosse claque, intelligente et généreuse. Une claque aussi loufoque que réaliste, franchement drôle. Une claque qu’on a envie de renouveler car habités par ce sentiment de n’en retenir qu’une trop petite partie.
Nous rentrons tranquillement, légers, de notre évasion, certains d’avoir été les cools du lycée, mais pas à ce point-là, pas comme ces couples iconiques des bals de promo américain. Nous sommes tendres, enlacés dans ce taxi. Envie d’un Gin-Tonic et d’une baise un peu bestiale.
J’accroche mon manteau et sursaute, saisi par sa voie niaise et nasillarde : « Alors, comment c’était cette pièce ? Une amie à moi - dont les parents faisaient du théâtre étant jeunes - me dit souvent que ça fait plus vrai que le cinéma… je la crois volontiers. De toute façon, elle a souvent raison. A l’école, tous les profs le disaient que Naomie avait juste… »
Je l’avais oubliée. C’était l’une des nombreuses réussites de cette pièce… J’arrive près du réfrigérateur. Citron, Glace, Gin, et Tonic. Je sers 2 grands verres, seul dans mon esprit, heureux de prolonger notre soirée. Ils sont frais, ils sont beaux. Je veux du cuir.
- Sophie ?
- Oui Monsieur ?
- Ta gueule !
L’auteure Léonore Confino allait déjà très loin dans l’analyse de l’aliénation de la vie en couple, dans « Ring » où l’amour était vu comme un combat de boxe dont l’homme et la femme finissaient tous les deux ko.
Elle va encore au-delà dans « Les Beaux » où la vision de l’harmonie amoureuse d’une maman Barbie et d’un papa Ken fantasmés par une petite fille laisse cède rapidement la place à une lutte entre deux bêtes féroces, une femme et un homme qui se griffent le cœur, lacèrent leurs rêves, se lèchent et se dévorent.
C’est un magnifique texte, très finement ciselé et qui dit des choses d'une vérité à en détourner le regard sur la vie de couple, et de parents, sur des enfants tellement gâtés par la vie dans leur jeunesse qu'une fois celle-ci passée ils n'ont aucune arme pour affronter la vie.
La mise en scène de Côme de Bellescize est subtile et puissante. Et les deux acteurs sont exceptionnels : Emmanuel Noblet saisissant jusqu’au vertige de violence et de frustrations trop longtemps contenue ; Élodie Navarre d’une vérité bouleversante dans le rôle d’une femme perdue entre son rôle d’épouse et de mère, une femme que la solitude et la haine de soi entraînent au bord du gouffre, inoubliable.
C’est un spectacle, effrayant, exutoire, perturbant, incisif, mais aussi souvent très drôle.
Je vous le recommande chaudement (mais attention si vous y allez en couple, la discussion qui suivra sera à vos riques et périls).
Elle va encore au-delà dans « Les Beaux » où la vision de l’harmonie amoureuse d’une maman Barbie et d’un papa Ken fantasmés par une petite fille laisse cède rapidement la place à une lutte entre deux bêtes féroces, une femme et un homme qui se griffent le cœur, lacèrent leurs rêves, se lèchent et se dévorent.
C’est un magnifique texte, très finement ciselé et qui dit des choses d'une vérité à en détourner le regard sur la vie de couple, et de parents, sur des enfants tellement gâtés par la vie dans leur jeunesse qu'une fois celle-ci passée ils n'ont aucune arme pour affronter la vie.
La mise en scène de Côme de Bellescize est subtile et puissante. Et les deux acteurs sont exceptionnels : Emmanuel Noblet saisissant jusqu’au vertige de violence et de frustrations trop longtemps contenue ; Élodie Navarre d’une vérité bouleversante dans le rôle d’une femme perdue entre son rôle d’épouse et de mère, une femme que la solitude et la haine de soi entraînent au bord du gouffre, inoubliable.
C’est un spectacle, effrayant, exutoire, perturbant, incisif, mais aussi souvent très drôle.
Je vous le recommande chaudement (mais attention si vous y allez en couple, la discussion qui suivra sera à vos riques et périls).
Dans « Les beaux », on retrouve tout le talent d’écriture de Léonore Confino.
La pièce est très intelligemment construite sur le procédé de mise en abyme qui a fait ses preuves au théâtre. La tension ne cesse de monter tout au long du spectacle et on comprend vite que le jeu un peu niais de l’enfant avec ses poupées cache une réalité violente et une vraie cruauté. Quand les poupées deviennent des êtres de chair et d’os, ils ne sont plus manipulés par une petite fille mais par toute la société qui les a poussés à devenir de véritables monstres.
La mise en scène de Côme de Bellescize et le talent des deux interprètes servent particulièrement bien le texte et savent rendre cette montée en tension et cette animalité latente.
Un beau spectacle que ces « beaux » !
La pièce est très intelligemment construite sur le procédé de mise en abyme qui a fait ses preuves au théâtre. La tension ne cesse de monter tout au long du spectacle et on comprend vite que le jeu un peu niais de l’enfant avec ses poupées cache une réalité violente et une vraie cruauté. Quand les poupées deviennent des êtres de chair et d’os, ils ne sont plus manipulés par une petite fille mais par toute la société qui les a poussés à devenir de véritables monstres.
La mise en scène de Côme de Bellescize et le talent des deux interprètes servent particulièrement bien le texte et savent rendre cette montée en tension et cette animalité latente.
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