Critiques pour l'événement Le Tartuffe, avec Arditi et Weber
17 janv. 2019
4,5/10
72
Une grosse déception.
Une mise en scène soporifique et malgré le jeu de Weber et Arditi la pièce ne décolle pas.
Vraiment dommage je m’en faisais une joie en voyant les têtes d’affiches.

Je trouve qu'Arditi est un bon Tartuffe et Manon Combes excellente Dorine, je suis d'accord avec toi pour la mise en scène, assez banale.

1
Jeudi 17 janvier 2019
7 nov. 2018
9/10
96
Mise en scène classique, ont dit certains en rechignant.... Eh bien oui, une mise en scène qui fait justice à ce Tartuffe qu'on a trop souvent joué ténébreux, maléfique, satanique, alors que ce n'est qu'un escroc, usant de la défroque de la dévotion pour parvenir à ses fins.

Arditi le joue sans le surjouer, et c 'est tant mieux, car il lui fait réintégrer la comédie. Mention spéciale pour la scène de dépit amoureux, généralement bâclée et conventionnelle, qui ici pétille et amuse pour notre plus grand plaisir. Le décor et la mise en scène sont sobres: pour autant ils sont extrêmement raffinés et plaisants. Nous avons applaudi, parce que nous nous sommes amusés et que nous n'avons pas vu le temps passer.
24 oct. 2018
8/10
98
Tartuffe, éternelle reprise. Une personnage lynchéen chez Stein.

Venu d'un bas fond, habitant sous le toit (d'Orgon), une verrue sur le monde, le mal contaminant le salon, remplaçant le monde par une immondicité venue de l'ancien monde. C'est ce qu'il faut regarder au centre de cette mise en scène, Arditi montré en chair flasque d'autoflagellation (démonstration du péché à l'oeuvre dans toute humanité), inaugurant de dos sa présence imminente et obsédée-obsédante. Cheveux souillés, laideur sans séduction, créature avant tout dans sa stratégie d'insecte saprophyte.

Tout le texte se déroule autour de cet être. La troupe fait briller une normalité perturbée. A la fin on ne comprends pas grand chose de la tirade princière, (la voix se perd un peu dans un système brouilleur d'écho, voulu ?) . On comprend qu'il faut mettre une sorte de divin pour rendre la couleur justice aux âmes mais justice y a t-il quand au final l'âme elle même est si facile à perdre ?

C'est là tout le sacré païen de Tartuffe cette part du mal qui peut si facilement entrer en nous.
7 oct. 2018
9,5/10
146
N'en déplaise aux fâcheux, avares de compliments, c'est une standing ovation qui a salué la superbe performance de ce soir !

Si le théâtre existe, c'est bien pour divertir ...
On se délecte du cabotinage de ces merveilleux comédiens, on rit beaucoup.
Rarement Molière n'a été aussi proche de nous, et son Tartuffe, qui va fêter ses 350 ans se porte mieux que jamais !

Hollywood à la Porte St Martin ? Peut être ... Il n'empêche que pas un alexandrin ne manque à l'appel !

Vous reprendrez bien un dernier vers ??
5/10
93
Peu de surprise dans ce Tartuffe très très très classique... Zzzzzz.
27 sept. 2018
9/10
75
Vu en septembre 2018
Un grand moment, une diction du texte qui modernise Molière, des artistes au top. J'ai tardé un peu pour y aller, ayant un peu de mal avec Arditi. Et là, surprise : le comédien s'efface devant le rôle.

Le spectacle était d'une telle qualité que je pensais être à la Comédie Française.
Seul hiatus : la fin, que j'ai trouvée rapide et facile.
Par contre j'ai lu ici et là -Telerama- des critiques un peu exagérées, voire non fondées. Il y a un problème entre les journalistes et cette pièce ? C'est grotesque.
23 sept. 2018
9,5/10
41
J’ai découvert Peter Stein avec Le Prix Martin. Étonnant mélange que la rigueur allemande et la folie labichienne ; de curieuse, je devins conquise. Le résultat était parfait. J’ai compris depuis que tout ce que touchait Peter Stein se transformait en or. Il doit lui-même avoir conscience de ce pouvoir et ne l’utilise qu’à bon escient, attendant ses 80 ans passés pour monter son premier Molière et s’attaquer à ce monument du théâtre français. Et pourtant, devant un tel spectacle, il est difficile de croire à une première fois.

Rigoureux, drôle, réaliste, classique, moderne, stylisé, mais surtout incroyablement Moliérien, Peter Stein est de ces metteurs en scène qui partent du verbe pour monter leur spectacle. Étonnamment, je n’avais jamais entendu l’alexandrin pareillement dit : cassant le rythme habituel – le rythme français ? -, son oreille allemande nous le fait percevoir d’une manière différente. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : j’ai rarement aussi bien entendu le texte de Molière. La déclamation a une allure nouvelle, efface presque les rimes, lisse la versification et lui donne un naturel nouveau.

Ça surprend dans un premier temps… pour finalement convaincre très rapidement, emportés par une langue qu’on redécouvre, à la fois quotidienne et classique. D’ailleurs, pour la rendre la plus accessible possible, Peter Stein a coupé dans le texte tout ce qui pouvait ancrer l’histoire dans un temps passé : les références datées, les tirades évoquants des portraits de Cour ou les longues descriptions du futur marital qui attend Marianne. Étonnante également, cette façon de traiter le Tartuffe aussi comme un drame bourgeois, avec des costumes très disparates : Madame Pernelle et Valère endossent des costumes qui évoquent le XVIIème, Marianne et Dorine ont respectivement une robe et un costume de bonne du début XXème, Damis est plutôt dans un esprit dandy du même siècle, et Orgon et Elmire s’accordent avec des habits des années 30. Tartuffe, quant à lui, porte une soutane intemporelle qui semble traverser les siècles et impacter à sa manière chacun des personnages qui gravitent autour de lui.

Peter Stein est, quelque part, le grand couturier de la mise en scène – mais Yves Saint-Laurent, pas John Galliano. Les coutures sont invisibles, et le tissu semble parfait. Là où une robe s’adapte avec élégance, finesse, et surtout simplicité à la silhouette qui lui est destinée, son travail s’efface derrière la scène qui prend vie de la manière la plus évidente qui soit. Il est de ces travaux qui ne s’analysent pas : quand, soudain, un comédien se trouve en haut de l’escalier, son déplacement nous a semblé si naturel, si nécessaire, si authentique, que nous l’avons suivi sans arrière pensée avec une sorte de béatitude revendiquée.

Remercions aussi une direction d’acteur d’une qualité rare. Devant l’annonce de ce spectacle, j’ai fait la moue : je connais les failles de Pierre Arditi pour l’avoir vu souvent au théâtre ces dernières années. Il n’en est pas question ici. C’est l’Arditi des sommets, celui des Fausses Confidences de Didier Bezace. Peter Stein ne l’a pas dénaturé : par instants, on reconnaîtrait presque Pierre Arditi, à travers à un sourire, un geste, une intonation. Mais le reste du temps il n’est que Tartufferie, et forme avec Jacques Weber un duo des plus grands. Lui aussi s’est transformé. Il propose une succession de Et Tartuffe ? d’anthologie, l’adoration et la bienveillance envers son protégé se lisant dans son regard enfantin. Et soudain les deux personnages côte à côte, la tête reposant sur l’épaule de l’autre, se détachent du reste du spectacle pour ne former plus qu’un. Enfin, lorsqu’Orgon apprend la trahison de celui qu’il croyait son ami, Jacques Weber semble prendre 10 ans d’un coup. Un vrai coup de poignard, pour lui comme pour nous.

Cette potion de transformation qu’il impose à ces comédiens a touché également Isabelle Gélinas, méconnaissable Elmire. Pour Stein, elle reste l’un des supports comiques de la pièce, puisqu’il la fait surjouer dans la scène Elmire-Tartuffe où Orgon est caché sous la table. C’est d’ailleurs avec une grande finesse qu’on s’aperçoit au fil de la pièce qu’elle porte des bas noirs, acmé de sa scène avec Tartuffe, et qui seront dévoilés progressivement, par des gestes toujours subtils. Et sa palette ne s’arrête pas là car, le reste du temps, elle joue une Elmire grande bourgeoise, très classe, solide, comme le pilier principal d’une maison où tout part à vau l’eau. Avec cette force qui lui est propre, elle donne à entendre, sans l’appuyer et avec beaucoup de dignité, cette réplique sur la libre-décision de la femme, comme une réponse de Molière au mouvement MeToo – et que je ne résiste pas à copier ici :

Est-ce qu’au simple aveu d’un amoureux transport,
Il faut que notre honneur se gendarme si fort ?
Et ne peut-on répondre à tout ce qui le touche
Que le feu dans les yeux, et l’injure à la bouche ?
Pour moi, de tels propos je me ris simplement ;
Et l’éclat, là-dessus, ne me plaît nullement.

Si j’avais un bémol – il en faut bien un ! – ce serait dans l’interprétation de Marianne par Marion Malenfant. C’est le seul personnage que Peter Stein fait jouer de manière caricaturale et, si je ne doute pas de son intention première, je pense que ce qu’il a en tête est si précis et si fin à jouer que Marion Malenfant peine à trouver le bon équilibre : elle passe de longues scènes à chouiner bruyamment et ne parvient pas encore à convaincre par sa composition. Mais je ne m’inquiète pas : quand je retournerai voir ce Tartuffe, elle aura trouvé.

On s’incline.
20 sept. 2018
8/10
33
Ce qui nous est donné à voir est du Molière dans sa plus stricte expression loin des artifices inutiles.
On a l'impression de voir du concentré de Molière, de l'essence de parfum.
On se délecte du texte servi par d'immenses comédiens. Arditi épatant, incroyable, variant ses effets, capable de passer de l'intrigant inquiétant au bouffon comique.
Mise en scène épurée mais puissante.
Décor magnifique, graphique, vide mais imposant.
Très beaux costumes avec des codes du 19e tout en mélangeant des rappels historiques.
La seule fausse note sera pour le tableau final. Un peu confus, un peu artificiel avec ce Louis XIV un peu surfait.
16 sept. 2018
8/10
31
La pièce débute par une fête, danse, musique en tout genres, on boit, on rit, on s'amuse puis après le départ de cette joyeuse compagnie, voilà Mme Pernelle furieuse, elle quitte le domicile de son fils, tout n'est que fracas, mauvaises fréquentations, bals, cette austère personne ne supporte pas cette famille, et dit son fait à chacun. Comme son fils elle ne vénère que Tartuffe !

Tartuffe c'est Pierre Arditi, que j'ai trouvé excellent, la scène du mouchoir avec Dorine est très drôle, il joue sur tous les tableaux, à la limite, pas du tout effrayant, mais ridicule, charmeur, jouissif.

Dorine, c'est Manon Combes, pour moi une découverte, une merveilleuse comédienne, elle a de l'abattage et de l'aplomb. Elmire c'est la charmante Isabelle Gélinas, qui tient bien son rôle. Marion Malenfant est Marianne petite blonde pleurnicharde.

Catherine Ferran campe une austère Mme Pernelle, c'est une valeur sûre du théâtre et on content de la retrouver.

Jacques Weber m'a déçue, certes il est bougon, son élocution laisse à désirer, peut être le stress de la première. J'ai des réserves aussi pour les autres comédiens.

Peter Stein transpose la pièce fin 19ème siècle, Molière en a vu d'autres ! Il a aussi coupé certaines répliques. Un Tartuffe en demi-teinte, la mise en scène de Peter Stein m'a semblée bien classique. la dernière scène est curieuse aussi, Tartuffe revient pour expulser Orgon et sa famille, et nous nous retrouvons au 17ème siècle pour la scène finale... et voilà le méchant Tartuffe "propulsé" dans les airs !