Critiques pour l'événement La Puce à l'Oreille
2 mars 2020
9/10
6
Dans un chalet enneigé des années 60, Raymonde de Chandebise est persuadée que son mari la trompe. Avec l’aide de son amie Lucienne, elle va tenter de démasquer le coupable en organisant un RDV coquin à l’hôtel du Minet-Galant… mais rien ne va bien sûr se passer comme prévu! Car son mari a un sosie… employé de l’hôtel…

Tous les ingrédients du vaudeville sont en place! Des portes qui claquent, des lits qui tournent, des quiproquos et rires en pagaille, le tout dans un rythme échevelé!

C’est parfaitement calé, et derrière la légèreté et les gags, toute la technique de la troupe peut se déployer!

Comédie française La puce à l'oreille cinéma
Quelle distribution en effet! Entre l’excellent Serge Bagdassarian qui passe en un instant du rôle du mari à son sosie (sacré performance en coulisses pour gérer le changement de costume!) avec la même justesse, le drôlissime docteur ( Alexandre Pavloff ) ou encore le neveu affublé d’un tic de prononciation qui ne prononce que les voyelles (Jean Chevalier), tous sont parfaits dans leur rôle.

On ne rit sans doute plus aujourd’hui exactement aux mêmes répliques qu’à la création. Côté misogynie, il y a quand même des choses qui ont bougé, et cela fait du bien d’en rire!

Des scènes très « cinématographiques », une implication des corps, un engagement physique, un Feydeau virevoltant, réglé comme un coucou suisse, qu’il serait dommage de manquer, que vous passiez par Paris, ou par une salle de cinéma!
24 nov. 2019
10/10
8
Un décor planté dans les années soixante, des musiques qui surgissent d'une mappemonde-bar, des acteurs virevoltant et savamment orchestrés dans une mise en scène parfaite : cette pièce m'a réjoui.

Je garderai plein de très bons moments en mémoire, peut-être plus que tout cette musicalité qui courre tout au long de la pièce, accentuée par le "phrasé" du cousin (ici il n'est pas un neveu), là par le double jeu de Chandebise (dont la voix se modifie suivant le rôle), par les explosions.

C'est un grand moment que de voir ce spectacle !
11 oct. 2019
10/10
6
Attention : Cette pièce est très loufoque. Le jeu des acteurs et décor sont bons.

À voir en urgence.
29 sept. 2019
9,5/10
18
De l'importance des portes !

Durant 2h15 d'un rythme endiablé, la Troupe du Français nous embarque sans un seul temps mort dans la folie du maître du Boulevard.

Sur le plateau, dans un décor 60's digne de Blake Edwards, les portes claquent à tout bout de champ, les répliques fusent, les cascades s'enchaînent. Rien de plus difficile à jouer que cette partition là, où chaque frénésie doit être parfaitement chorégraphiée !

Fantastique travail de toute l'équipe, intense travail sur le corps de la part des comédiens ...

D'hilarantes trouvailles renforcent encore le comique des situations, et les rires en cascade qui fusent ne laissent aucun doute :

C'est parfaitement réjouissif !!
28 sept. 2019
10/10
11
« La puce à l’oreille » de Georges Feydeau mise en scène par Lilo Baur à la Comédie Française est un pur régal à servir à toute heure !

Quand on respecte l’esprit, les codes et la mécanique de Feydeau, cela fonctionne quelle que soit l’époque et quand il est mis en scène par le génie de Lilo Baur c’est la merveille des merveilles : on jubile devant tant d’inventivité !
Mon Dieu que j’ai aimé cette représentation, cette musicalité jouée par une éblouissante troupe à l’unisson, où tout fonctionne sans la moindre fausse note sur des musiques réjouissantes au son du coucou, tombant par magie aux moments opportuns, de Mich Ochowiak.

Dans Feydeau vous avez toujours la mise en situation comme pour un feu de camp regroupant une bande de copains.
Dans un premier temps vous apportez les brindilles puis les branches pour allumer le feu (acte I), ensuite devant de feu de joie qui étincelle, qui crépite, vous faites la fête (acte II) ; puis vient le moment de se séparer, de mettre en veille le feu, ou tout simplement de l’éteindre (acte III).

C’est exactement ce qui se passe avec « La puce à l’oreille ».
Raymonde Chantebise soupçonne son époux Victor-Emmanuel (cela tombe bien, un clin d’œil pour la Savoie…) de la tromper. Par une belle matinée ensoleillée, elle confie à sa meilleure amie Lucienne Homenidès de Histangua qu’elle a ouvert un colis destiné à son mari et a trouvé une paire de bretelles lui appartenant. C’en est trop, elle doit en avoir le cœur net et par un stratagème, elle organise un rendez-vous dans l’hôtel de Minet-Galant, d’où provient le colis, afin de l’y confondre et savoir avant tout avec qui.

Toute personne cocue, depuis la nuit des temps, veut toujours savoir pourquoi, avec qui et comment.
Georges Feydeau ne déroge pas à la règle et a concocté une comédie où les entrées et les sorties sont réglées comme du papier à musique. Une partition qu’il faut jouer sincèrement si l’on veut que les effets escomptés fassent mouche et c’est admirablement le cas !
Ses répliques acerbes sur cette bourgeoise bien pensante sont intemporelles, elles traversent les siècles sans jamais se démoder.
Il a l’art et la manière de mettre en contact des personnes qui ne devraient pas se rencontrer et entraînent les spectateurs dans un tourbillon de rires. L’avantage pour le public et cela aussi est une raison de son succès, c’est que le spectateur a toujours une longueur d’avance sur le pauvre malheureux qui se fait prendre dans les mailles du filet.
Comme souvent, Feydeau aime apporter de la couleur dans ses personnages avec un accent sud-américain, un accent chantant, jaloux de préférence, et cette fois-ci, il complète cette folie avec un sosie.
Notre Victor-Emmanuel, bourgeois de son état va devoir faire face à son sosie, un pauvre valet de l’hôtel, ivrogne pour pimenter la sauce, au nom de Poche.

Avec tous ces ingrédients, la mayonnaise va vite monter dans les rideaux et telle une locomotive lancée à cent à l’heure va entraîner dans son sillage tous les personnages dans une folie délirante jusqu’à l’issue fatale ou non : à vous de le découvrir.

Dans un décor d’Andrew D Edwards, mis en lumières avec brio par Fabrice Kebour, toujours à l’image de la grandeur du superbe travail des ateliers de la Comédie Française, Lilo Baur a transposé l’action dans les années 60, à la montagne, à la période de Noël, moment festif du regroupement familial et de la réconciliation.
Dès la première scène, je me suis retrouvé en enfance, j’avais l’impression d’assister à un épisode des « Saintes chéries ». Tout y était, les couleurs, les très beaux costumes d’Agnès Falque, confectionnés par les petites mains des ateliers qui font comme toujours un travail remarquable.
Sa mise en scène est irréprochable, rythmée à souhait (2h15 sans entracte : chapeau pour les comédiens !) aidée par Joan Bellviure, tous les comédiens sont excellents, il n’y a pas de « petits » rôles, tous sont mis en valeur, tous ont une présence indispensable au bon déroulement de l’action, tels des engrenages qui s’entraînent les uns les autres sans jamais s’enrayer dans une fluidité parfaite.
Comment ne pas fondre devant cette neige qui tombe sur ce décor amenant son lot de skieurs de fond. Comment ne pas rire aux éclats avec cette scène complètement loufoque de l’hôtel de l’acte II avec sa fanfare ou celle avec le boxeur qui ne parle pas un mot de français. Quelques entorses de Lila Baur qui s’intègrent parfaitement dans l’esprit de Feydeau sans le dénaturer.
Oui, un acte II époustouflant digne de Feydeau porté au sommet de sont art.

Je ne veux pas faire de favoritisme, mais par l’ampleur de leurs rôles respectifs, leurs présences sur scène, forcément on s’attache plus à des personnages que d’autres.
En premier lieu Serge Bagdassarian dans Chantebise et Poche, un comique tout en retenu, un jeu délicat, une opposition entre les deux personnages très juste et savoureuse.
Jérémy Lopez, espiègle à souhait, remporte énormément de succès avec son accent déclenchant les fous rires en cascade. Son jeu très dynamique, accentue le rythme endiablé de la mise en scène.
Le beau brun ténébreux qui fait chavirer le cœur de ses dames, et on les comprend, joué tout en charme par le malicieux Sébastien Pouderoux, entouré par les deux divines ingénues Anna Cervinka et Pauline Clément aux cœurs tendres.
Un docteur qui n’est pas en reste dans son analyse de la santé de ses patients joué coquinement par Alexandre Pavloff.
Sans oublier le neveu Chantebise, au défaut de prononciation jubilatoire, joué par Jean Chevalier.
Complètent cette brillante distribution : Thierry Hancisse, Cécile Brune, Bakary Sangaré, Nicolas Lormeau, Elise Lhomeau, Birane Ba, et les comédiens de l’académie : Camille Seitz, Aksel Carrez, Michaël Pelissier et Nicolas Verdier.

Une puce à l’oreille qui vous réservera beaucoup de surprises et qui vous mettra de bonne humeur, jouée dans le cadre magique de la salle Richelieu de la Comédie Française : à ne pas rater pour l’entretien du bon fonctionnement de vos zygomatiques.
26 sept. 2019
8,5/10
9
Raymonde Chantebise soupçonne que son mari Victor-Emmanuel la trompe à cause d’un colis ouvert ‘par mégarde’ en provenance de l’hôtel du Minet Galant le bien-nommé, qui lui aurait mis ‘la puce à l’oreille’. Son amie Lucienne se prête au jeu du test de la missive bouillante écrite par une inconnue afin de prouver ses soupçons. Missive que Victor-Emmanuel va exhiber comme un trophée devant son ami Tournel qui rêve d’avoir pour amante Raymonde et devant le sanguin mari de Lucienne, Carlos, qui reconnait l’écriture de celle-ci. Evidemment ce n’est qu’une partie des aventures de cette ‘Puce à l’oreille’ basée sur moult quiproquos, portes qui claquent et autres malentendus.

Un Feydeau réussi, c’est une pièce dotée d’une mécanique à la précision absolue et qui joue sur les entrées et sorties des personnages et Lilo Baur réussi pleinement ce ballet millimétré avec la troupe du Français. Le rythme monte progressivement et nous rions de plus en plus car le dosage entre imbroglios, infidélités et observations aigues de l’être humain est parfait !

Le décor façon années 60 est beau sur fond de montagne pendant la période de Noel : le calme du paysage enneigé contraste joyeusement avec la frénésie à l’intérieur de la maison du couple Chantebise. Oh mais oui ça sautille de partout !

La distribution est extrêmement importante pour cette pièce tant les rôles sont marqués :

Ainsi Serge Bagdassarian est impérial que ce soit en monsieur Chantebise ou dans le rôle de Poche son double paumé et alcoolique. Mais quel comédien et quel ouragan aussi !

Jéremy Lopez m’a bien fait rire dans son rôle où il est explosif de jalousie, son accent est hilarant. Elise Lhomeau est magnifique de jeunesse.Pauline Clément est cette épouse superbe d’un mari possessif qui veut aider son amie et qui va causer sa perte. et Alexandre Pavlov qui est un sacré médecin !

L’ensemble de l’équipe est superbe comme à son habitude et semble s’amuser sur scène surtout dans les scènes de panique qui sont franchement excellentes, on ne sent pas que c’est chorégraphié, ils ont l’air tellement naturels : chapeau !

Alors les esprits chagrin pourront toujours dire que Feydeau n’est plus au gout du jour car son modèle bourgeois ne ressemble plus à notre société, je préfère penser que les thèmes de l’infidélité, jalousie et autre passion sont éternels.

Merci à tous pour cette belle soirée !
24 sept. 2019
10/10
6
... Une « PUCE À L'OREILLE » magnifique. Un spectacle qui fera date. Joué avec une finesse roublarde et une maîtrise artistique et technique stupéfiante. Un Feydeau incontournable servi par une frénésie torrentielle qui touche à l'excellence.
23 sept. 2019
10/10
24
Un feu d'artifice ! Un tourbillon de folie feydolienne ! Un festival hilarant de situations comiques !
Voici à quoi nous invite Lilo Baur, pour sa cinquième mise en scène dans la Maison de Molière.
Une leçon de comédie !

Ou comment réussir on ne peut plus brillamment la si difficile gageure de monter Feydeau, à la fois en respectant les terribles contraintes qu'il impose et en parvenant à s'en affranchir grâce à sa propre inventivité.
Ceci n'est vraiment pas donné à tout le monde !

Durant deux heures quinze et ce sans entracte (il faudra faire corriger les programmes distribués dans la salle), les comédiens français vont s'en donner à cœur joie.
Je ne saurais vous dire combien de fois j'ai ri aux larmes !

Ce qui frappe tout d'abord les spectateurs en pénétrant dans la salle Richelieu, c'est la magnifique scénographie d'Andrew D. Edwards.
Ô surprise, nous ne sommes pas à Paris, au tout début du XXème siècle mais bel et bien à Courchevel, ou à Morzine, dans les années 1950.

Lilo Baur a eu la bonne idée de transposer à la fois temporellement et spatialement l'action parisienne initiale.
Immédiatement, on pense au célèbre film La panthère rose de Blake Edwards, le premier volet de la série qui révéla vraiment Peter Selers.
On pense également aux séries Mad Men (dont est fan la metteure en scène), Ma sorcière bien aimée, ou encore Les Saintes-Chéries.

Dans les deux décors de la pièce (un appartement bourgeois à la montagne et l'hôtel très borgne du Minet-Galan), Melle Baur va mettre en scène une bonne quinzaine de comédiens et comédiennes survoltés.
Sa direction d'acteurs est très précise, millimétrée. Elle a parfaitement su faire s'exprimer la machinerie infernale de l'intrigue : dans cette histoire assez tarabiscotée de suspicion permanente, (d'où le titre), aux nombreux personnages, nous ne serons jamais perdus.

Il serait trop long d'énumérer les mérites de tous, plongés qu'ils sont dans cette mécanique infernale qui va si bien fonctionner.
Il n'y pas de petits rôles !

Serge Bagdassarian est phénoménal, dans ses deux rôles. (La mécanique dramaturgique en question repose sur des quiproquos, certes, mais également sur le thème du sosie). Quelle énergie, quelle vis comica ! Ce qu'il nous donne relève du grand art ! Je défie quiconque de rester de marbre à chacune de ses facéties.

Anna Cervinka, dans le rôle de sa jeune épouse, confirme le fait qu'elle est capable de tirer les plus grands fous-rires du public. Ses expressions outrées, ses ruptures sont magnifiques et d'une redoutable efficacité.

Jean Chevalier est hilarant en Camille, le neveu affublé d'un défaut de prononciation : il ne peut prononcer les consonnes !

Jérémy Lopez est drôlissime en « hidalgo » outragé au plus que très fort accent ibérique. Quel abattage, quelle force comique... Une nouvelle fois. Il est irrésistible !

Alexandre Pavloff donne beaucoup de sa personne, Nicolas Lormeau pratique de façon experte le lancer de patin, Sébastien Pouderoux les acrobaties sur canapé, Birane Ba lui, c'est la boxe !

Voir Cécile Brune à la perruque éponyme se transformer en sapin de Noël est un grand moment à la fois surréaliste et jubilatoire !

Lilo Baur a axé une grande partie de son travail sur la mécanique corporelle.
Ici, les corps vont s'attirer, se repousser, s'étreindre, se renverser, se battre, se frapper, dans un irrésistible maelström.

De plus, bien des running gags servant entièrement le propos vont émailler la pièce.
Une petite musique sortant d'un gros globe terrestre...
Un coucou suisse se déclenchant de façon intempestive...
Des adeptes de ski de fond...
Sans oublier une référence à un court métrage britannique des années 60 en noir et blanc, Dinner for one, mettant en scène une peau de tigre au sol... Je n'en dis pas plus, c'est parfait !

Les changements à vue de décor sont eux aussi très réussis, avec un parti pris qui fonctionne de façon épatante. (Vous n'en saurez pas plus...)
Il me faut également mentionner la musique très années 50-60 de Mich Ochowiak (Ah ! Ces jerks et ces twists endiablés...) ainsi que les très beaux costumes de Agnès Falque.

Dès le noir final tombé, les bravi fusent, le public réserve une véritable ovation à cette production, et ce n'est que justice.
La réussite de Lilo Baur et de sa petite troupe est totale ! L'excellence au service du fond et de la forme.
Feydeau peut dormir sur ses deux oreilles.

Précipitez-vous Salle Richelieu, venez rire aux larmes, venez voir comment réussir de façon éclatante et brillante la mise en scène d'une pièce du plus grand vaudevilliste français.

Un spectacle incontournable de ce début de saison !
22 sept. 2019
8,5/10
9
Une puce au charme piquant

Votre rédactrice n’aime pas Feydeau, c’est, pour elle, toujours la même histoire. Il y a toujours un mari et une épouse au désespoir, elle le soupçonne, et il ne le perçoit pas, Il lui raconte des histoires, mais elle ne le démêle pas, on en a fait beaucoup trop de vaudevilles.

Lucienne Comment, tu le pinceras ! Mais alors, tu n'as pas la preuve ?
Raymonde Eh ! non ! je ne l'ai pas ! Le lâche ! Oh ! mais je l'aurai.

Mais Lilo Baur a réussi à la divertir avec du Feydeau. Sa mise en scène, légère et festive de La puce à l’oreille, l’a fait rire aux éclats. Et ça, c’est fantastique, non ! La transposition dans les sixties nous fait oublier le vaudeville, les comédiens ne surjouent pas, la scénographie est dynamique (les changements de décor sont des scènes à elles seules).
Cela reste toutefois du Feydeau, il y a toujours les portes qui claquent, les cris, les courses-poursuites du 2eme acte qui lui ont rappelé L’hôtel du libre-échange joué la saison dernière. Le bémol.

Mais surtout il y a les jouissives interventions de Jean Chevalier (Camille) et Jeremy Lopez (Carlos Homenidès de Histangua). Le premier est surprenant de justesse alors que son texte est extrêmement difficile. Le deuxième est d’une drôlerie aussi bien dans son texte que ses actes. Les autres comédiens du Français sont excellents aussi mais ces deux la se démarquent.

Camille É an-oueon-eu e i-e-eu e a o-on eie on-a-i, ea-a-a-en ?
Carlos Cé n’est pas la yhaloussie ! mais yo trouve qué c’est ounférior à la dignité.

Juste pour le rire, courez y vite.