Critiques pour l'événement Faisons un Rêve
29 nov. 2017
5/10
65
C'est Guitry et c'est Briançon, MAIS … parfois cela ne suffit pas !!

La magie n'est pas du tout au rendez vous, rien n'est à la hauteur de notre attente, à part peut être le mari cocu… et encore !
5 novembre, 14h30, Paris

Que dire ? Faisons un rêve ? Non, plutôt un cauchemar ! Le texte est d’une misogynie insupportable. Comment monter un tel texte encore aujourd’hui ?

Le personnage du valet est grotesque. Il se balade sur le plateau avec un costume invraisemblable. Pour faire rire ? Peut-être, mais chez moi, comme je le pense chez beaucoup d’autres, ce genre d’humour lourd ne prend pas…

La scénographie est kitch, mais représentative de l’époque où ce texte à été écrit. Pourquoi pas ? Il y a certes quelques éléments de cette scénographie que nous pouvons mettre en avant comme, par exemple, la transformation assez subtile d’un tableau en table.

Nicolas Briançon est un très bon comédien mais, hélas, peu convaincant en metteur en scène.
26 oct. 2017
9/10
42
Elle est ravissante, élégante, son mari un bon bougre de provincial à l’accent chantant. Ils ont été invités par un avocat qui doit leur présenter quelque chose... quoi en fait, ça n’a guère d’importance mais Monsieur s’énerve, leur hôte se fait attendre.

Le mari hésite, mais sa femme, préfère fermer les yeux et de toutes façons, elle n’est pas mécontente qu’il parte à son rendez-vous avec « un américain du sud »...

Le mari enfin parti, le maître des lieux arrive tout guilleret, charmant, charmeur, il est décidé à séduire la jeune femme, ce ne sera pas bien difficile ! Il parle beaucoup (dame il est avocat !), il enveloppe sa proie avec beaucoup d’esprit. Elle est amoureuse.

Ils passent la nuit ensemble, et le matin au réveil, elle angoisse de devoir affronter son mari, qui bien entendu doit l’attendre de pied ferme à leur domicile. Oui mais tout ne se passe pas comme prévu, et un retournement de situation inattendu ravira l’un et paraitra bien cruel à l’autre.

Nicolas Briançon est à l’aise dans son rôle de séducteur, Marie-Julie Baup est expressive, son regard dit tout ! Eric Laugerias et son bel accent, Guitry ne l’a pas loupé, mais c’est un rôle si bien servi, et que dire du valet de chambre que compose avec maestria et loufoquerie Michel Dussarat, impeccable valet qui vous accueille dans le hall du théâtre !

C’est Guitry, que dire de plus, intelligence du texte, bons mots, finesse, un vrai feu d’artifice.
22 oct. 2017
9/10
38
Ce spectacle est un précis d’élégance, d’espièglerie et de charme. Un vaudeville savoureux aux allures de farce bourgeoise où l’amour brille de ses éclats, l’humour fait des ravages et le désir est roi.

Les personnages du fameux trio amoureux sont croqués avec panache et un redoutable abattage précieux et acerbe. Les bons mots se bousculent aux césures désopilantes, aux ruptures de situations et aux envolées lyriques auto dérisoires.

Du Sacha Guitry des grands jours ! Ceux où le maître se laisse aller à la poésie comme à la folie du moment. Ceux des jours fastes où il célèbre le culte de la passion amoureuse. Dévorante, éphémère et sincère mais toujours entière et belle comme si nous faisions un rêve.

Chez Guitry, l’amour est religion, le désir est calice et l’aube est volage. Son théâtre est une liturgie du plaisir. Il en rit avec sérieux, il en parle avec éloquence, il en joue avec classe. Toujours à contre-pied de la convenance, jamais hors des clous du convenable mais souvent proche des limites de l’outrage et du burlesque.

Nicolas Briançon cisèle sa mise en scène comme un orfèvre travaille ses bijoux. Tout étincèle. Du décor, des costumes aux lumières. Des mouvements, des postures aux jeux. C’est beau, truffé d’astuces. L’ouvrage touche au délire sans y sombrer et multiplie les touches poétiques avec délicatesse.

Les comédiens jouent d’excellence. Marie-Julie Baup illumine son personnage d’épouse avec un charme fou et une élégance altière mêlée d’une candeur feinte ; Nicolas Briançon incarne le séducteur raffiné et malicieux avec brio ; Éric Laugérias dépeint l’époux cocu et dépité avec truculence ; Michel Dussarat étonne par ses savoureuses entrées pantominesques, finissant un tableau majestueux.

Un spectacle soigné, du théâtre de plaisir, un temps très agréable. Le public en sort enchanté.
4 oct. 2017
9/10
84
Ah ! L'éternel trio dramaturgique !
Ah ! L'inévitable triangulaire condition humaine et amoureuse !

L'argument de cette pièce de Guitry est finalement assez simple, finalement... Même que plus simple, ça ferait trop.

Un avocat séduit une femme mariée, passe la nuit avec elle.
Le lendemain, au saut du lit, le mari trompé, qui lui-même a découché, vient solliciter ce « membre du barreau » : lui aussi a besoin d'un alibi.
Le dénouement ? Eh oh, et puis quoi encore !...

Nicolas Briançon qui décidément ressemble de plus en plus à Russel Crowe, (et ce n'est pas Léonie Simaga qui me contredira...) est aux manettes.
Non seulement il met en scène, mais il incarne cet avocat parisien amateur de jolies femmes, et qui ne plaide jamais.

La difficulté est ici non pas d'être « simplement » juste dans ce rôle, mais d'être à la fois proche et éloigné de Guitry, qui bien entendu écrivait ce rôle pour lui.

Rien ne serait plus assommant que de voir un comédien singer Sacha (pas facile à dire, singer Sacha...)

Et pourtant, il faut bien délivrer sur scène ses mots, ses aphorismes et ses déclarations définitives.

Et Cupidon sait s'il y en a, dans cette pièce.

Briançon est simplement parfait.

Il a su trouver l'exacte position du curseur : ni trop, ni trop peu.
Il réussit à se démarquer en permanence tout en gardant l'esprit.

Son personnage est éblouissant.
Quel présence, quel charisme, quelle prestance briançonienne !
Il est tour à tour charmant, drôle, misogyne, affable, odieux, attendrissant, fulgurant, entreprenant, timide...
Quelle palette de jeu époustouflante !

C'est Marie-Julie Baup (c'est bien simple je l'adore, notamment dans son rôle de secrétaire enamourée dans l'excellente série TV de Jean-François Halin « Au service de la France ») qui lui donne la réplique et va se retrouver dans ses bras.

Elle est délicieuse d'ingénuité, de candeur, de sensualité, mais également de finesse et de rouerie.

Le couple formé par ces deux-là est on ne peut plus crédible.

Et le cocu, me direz-vous ?
C'est un encorné méridional, à l'accent digne d'un Escarteffigue au mieux de sa marseillaise forme.

C'est l'épatant (pléonasme) Eric Laugérias qui s'y colle.
Comment ne pas rire aux éclats devant sa faconde, sa diction et sa démarche bourrue ?

Il est drôlissime d'abattage et de force comique.
Il faut le voir les cheveux gominées coiffés en arrière, les lèvres déformées par l'accent, interpréter ce rustaud simplet...

Lui aussi est parfait.

Nicolas Briançon a étoffé le quatrième personnage, le valet de chambre joué par l'excellent Michel Dussarat, au moyen d'accessoires plus ou moins emplumés et de moyens capillaires plus ou moins sophistiqués !

La mise en scène alerte offre une totale cohérence entre ces quatre là, la sauce prend dès les premières répliques.
Tout roule, tout coule de source, comme si, paradoxalement, il n'y avait pas de mise en scène.

C'est un signe qui ne trompe pas.
C'est pétillant, enlevé, joyeux.
Ca pulse, ça virevolte, ça tourbillonne.

Mais quelle belle soirée !
De celles que l'on passe avec un bon champagne qu'on a sabré, en bonne compagnie !
30 sept. 2017
9/10
14
Il y a ces critiques qu’on peine à écrire, celles qui rament un peu, qu’on a du mal à sortir de notre ventre parce que le spectacle était certes bon, mais qu’il nous laissera finalement un souvenir plutôt flou. Et il y a les critiques qu’on aimerait incroyables, aussi entraînantes que le spectacle dont on sort, celles dont on s’imagine un nombre incalculable de bons mots superbement rythmés à la sortie de la pièce mais qui au fond déçoivent toujours tant elles sont en dessous de ce qu’on voudrait écrire, dire, et même crier au monde entier. La critique qui va suivre est de celles-là.

Ceux que je vois grincer des dents à l’annonce d’une pièce de Sacha Guitry ne connaissent pas Faisons un Rêve. A mon sens, c’est un chef-d’oeuvre de théâtre : l’un de plus beaux monologues, l’une des plus belles fins, l’une des répliques les plus perspicaces sur les réactions humaines absurdes (mais je vous laisse la découvrir…). Et pourtant, tout cela part d’une situation bien banale : le mari, la femme, l’amant. Mais la finesse et le charme des dialogues de Guitry nous entraîne bien plus loin qu’une simple scène de boulevard et je vous invite à découvrir (ou à redécouvrir) cette pièce entre les mains de Nicolas Briançon.

C’est un texte que je devinais fait pour lui. Il a ce talent-là de faire éclater des bulles de Guitry sans jamais perdre la saveur du délicieux champagne qu’il nous sert. Le texte lui sied à merveille, et il lui rend si bien : endossant la casquette de metteur en scène, il nous livre un spectacle éclatant, sans aucun artifice : il le sait, ce texte a du génie, et si on l’entend bien le résultat sera là. Partant de ce constat, sa direction d’acteur est impeccable, et il a su créer une belle harmonie sur la scène – du trio amoureux, aucun ne cherche à se démarquer, et cet accord parfait est un charme supplémentaire de ce spectacle.

Mais, on le sait, il a plus d’une corde à son arc, et il peut diriger brillamment un spectacle tout en incarnant l’un des personnages principaux avec maestria. Son Lui est exquis : charmeur sans lourdeur, plaisant sans bouffonnerie, il a le regard vif et l’oeil coquin. Il faut bien le reconnaître : il est absolument délicieux, et il nous conquiert aussi rapidement qu’il séduit Elle, incarnée par Marie-Julie Baup. Grâcieuse et très touchante, elle confère à son personnage une dimension que je n’avais jusqu’alors pas observée chez Elle : une réelle humanité et une délicatesse de femme. Son Je t’aime ! déclaré avec une réelle spontanéité est des plus beaux, des plus sincères, et des plus émouvants qu’il m’ait été donné de voir. Pour compléter le trio, Éric Laugérias campe un mari plutôt simple, en contrepoint des deux autres, dont l’accent chantant et les remarques décalées soulèvent tout autant les rires que ses camarades. Et comme la finesse est de mise dans ce spectacle, j’aurais aussi un mot pour Michel Dussarat qui est un valet de chambre cocasse, jamais pesant !

Je l’attendais, le voilà : mon coup de coeur de cette rentrée théâtrale.
17 sept. 2017
6,5/10
8
Une pièce de Sacha Guitry qui ne parle pas de tromperie conjuguale n'est pas une pièce de Guitry, "Faisons un rêve " n'échappe pas à la règle.

Une fois qu'on connait ce paramètre, on est prêt à assister à la pièce : dans ce joli théâtre de la Madeleine, la première partie débute dans un salon joliment décoré de peintures où un mari (Eric Laugérias) et son épouse (Marie Julie baup) attendent le propriétaire du dit salon, il est en retard et le mari doit partir pour ne pas être en retard à un autre rendez vous qu'il justifie de façon douteuse à sa femme. Dès qu'il part pour son mystérieux rendez vous, Nicolas Briançon entre en scène et se déclare à la jeune femme. Un troisième comédien masculin Michel Dussarat assure un rôle de valet de chambre tout à fait original.

Dans le couple, on n'entend quasiment pas la comédienne, ses répliques sont courtes, sa voix est basse et son attitude est effacée, bien sur elle est belle, j'ai trouvé que son jeu était fade mais il y a aussi un parti pris de mise en scène qui fait la part elle aux comédiens masculins.

Son époux est un cocu benêt et lourdaud avec un soit disant accent du sud mais j'ai n'ai pas entendu le soleil dans la voix d'Eric Laugérias plutot une caricature d'accent, c'est sans doute le coté 'trop' de son interprétation.

Les dialogues de ce couple sont plutot prévisibles, presque assomants mais il faut bien que l'histoire s'installe.

Nicolas Briançon réveille le public car il apparait seulement dans une seconde partie et ne quittera pas la scène jusqu'à la fin. Il insuffle un dynamisme bienvenu à la pièce, son personnage a un humour plutot coquin et on le tient en sympathie même s'il 'profite' des femmes.

Dans un beau décor, de beaux costumes et avec une mise en scène dynamique, on se prend à sourire des rebondissements qui s'enchainent sous nos yeux comme dans un rêve.
17 sept. 2017
8,5/10
15
Vu hier soir dans le bel écrin du théatre de la Madeleine. C'est un très beau spectacle.

La pièce est très drôle, magnifiquement écrite, on sent un Guitry en liberté et très en forme ! Décors et costumes superbes. Belle mise-en-scène et direction d'acteur précise qui nous donne à voir l'humanité des personnages. Nicolas Briançon est brillant et très dynamique en amant triomphant (il est un peu moins à l'aise dans le long monologue), Marie-Julie Baup est émouvante en femme trompée, fine mouche et spirituelle même si elle manque un peu de brillant. Eric Laugerias est touchant, drôle, magistral en cocu magnifique à l'accent chantant. Pas de caricature, pas d'excès (Laugerias peut "être trop" parfois) le personnage a une vraie épaisseur.

Michel Dussarat qui signe les costumes vraiment splendides joue un valet extraordinaire de légèreté et de folie. Une silhouette dansante sortie d'un rêve.
Résultat, un vrai Guitry de rêve !
10 juil. 2017
7/10
20
Nouvelle création de Nicolas Briançon qui assure aussi le rôle principal.

L'histoire est chouette, l'écriture de Guitry fine et acérée, les situations restent d'actualité et la mise en scène de Briançon permet de conjuguer ancien et modernité. Les virgules décalées sont assez bien venues.
On y voit l'amant magnifique, égoïste, misogyne mais drôle, fin et élégant. On le sait fourbe et pourtant on s'attache à lui.

Cet amant est magistralement interprété par Nicolas Briançon qui se fond parfaitement dans son personnage. Il a la diction, la gestuelle, l'aisance, le piquant parfait pour dire du Guitry.
On se régale à l'écouter. Son oeil pétille de plaisir à jouer ce rôle.

Les comédiens sont globalement très bons même si la comédienne Marie-Julie Baup est un peu fade. Elle est mignonnette mais n'apporte pas grand chose au rôle qui pourrait être tenu par n'importe qui d'autre sans que ça change quoi que ce soit. Alors que les comédiens hommes ont une vraie personnalité, un ton particulier. Même le petit rôle du majordome est croustillant. Le public est conquis à la première seconde de son apparition.

Très très beaux costumes et décors. C'est toujours agréable quand c'est le cas. Pour le plaisir des yeux !

La mise en scène est enlevée mais un gros souci est gênant c'est le long monologue de l'amant qui attend sa belle. Trop long. On s'ennuie vraiment à la moitié de ce tableau. Cette longueur fait retomber complètement l'ambiance. Les comédiens semblent soulagés quand ils en sortent.
On aimerait qu'il y ait beaucoup plus d'échanges entre le mari et l'amant qui sont vraiment truculents et de grâce coupez la moitié de la tirade. Ca gâche !