Ses critiques
160 critiques
9,5/10
Après la reprise d'ANTIGONE c'est une nouvelle création d'Adel Hakim qui met à l'honneur le Théâtre de Palestine au Théâtre des Quartier d'Ivry. Trois générations de femmes malmenées par l'Histoire, 40 ans d'amour et de haine entre Israël et Palestine. Le souffle de la tragédie porté par une troupe qui excelle dans son art.
HISTOIRE FAMILIALE ET COLLECTIVE
1944. Miriam est une jeune femme juive pleine de vie. Elle a fui l'Allemagne pour Jérusalem. Dans un bal elle rencontre John, officier britannique. L'amour de sa vie lui donnera une fille, Léa, et mourra dans l'attentat contre l’hôtel King David le 22 juillet 1946, étape importante de la construction d'Israël. Miriam se pardonnera-t-elle d'avoir donné à l'Irgoun, qu'elle a rejoint sous l'impulsion de son frère, les informations qui ont permis le succès de cette opération ?
20 ans plus tard Léa, qui refuse de devenir soldat, rencontre Moshen. Il est palestinien. C'est le coup de foudre. Leur fille Yasmine naît au moment de la guerre des 6 jours. Léa est séquestrée à Tel-Aviv par son oncle Aaron, qui la contraint à abandonner son mari et sa fille. Moshen rejoint l'organisation clandestine OLP. 20 ans plus tard Yasmine est une activiste convaincue lors de la première Intifada. Arrêtée par l'armée israélienne elle est interrogée par Rose, soldate impitoyable. Lorsque Moshen retrouve sa femme et sa fille il découvre l'existence de sa deuxième fille, Rose. Mais il est trop tard. Yasmine meurt sous la torture et Rose se suicide.
OEUVRE MAGISTRALE
Avec cette fresque historique en trois tableaux Adel Hakim restitue avec simplicité et limpidité une partie de l'histoire du Moyen-Orient, prenant à témoin les femmes sur trois générations. Son récit est clair. C'était un pari osé que de tenter de raconter le conflit israélo-palestinien, sans tomber dans la caricature ni le manichéisme.
Chaque tableau est introduit par un duo de clowns, transposition du chœur antique. clowns masculins en noir et blanc dans la première partie, duo féminin tout de rouge vêtu dans la seconde, duo des grands-parents dans la dernière. Il offre un contraste permettant de délivrer les parties les plus dures du récit.
C'est une tragédie contemporaine. Bien sûr on pense à Romeo et Juliette, mais, comme le dit l'un des personnages dans l'oeuvre de Shakespeare "les enfants dépassent les préjugés de leurs familles". Les destins individuels sont indissociables du destin collectif. Chacune des héroïnes devra choisir entre l'amour et la patrie. L'imbrication des personnages démontre toute la complexité de la situation politique, des rapports homme-femme. Une oeuvre riche de différents niveaux de lecture.
TROUPE MAJESTUEUSE
Pourtant il n'allait pas de soin de faire interpréter par des acteurs palestiniens une histoire qui commence avec une famille juive partiellement décimée dans les camps de concentration. Adel Hakim a commencé l'écriture en 2014. Le texte, travaillé entre la France et Jérusalem, a été resserré pour donner cette version magnifique présentée pour la première fois en Palestine en juin 2016.
La troupe du Théâtre de Palestine présente un travail d'une très grande qualité. Shaden Saleem, qui était Antigone dans la précédente création, est une Miriam qui traverse les épreuves du temps et de la vie pour sombrer dans la folie, hantée par le fantôme de son mari, témoin impuissant des drames éprouvés par sa famille. Hussam Abu Eisheh passe d'un Créon impitoyable à un Aaron tout aussi intransigeant. Tous sont remarquables, passant d'un personnage à un autre selon les époques : Alaa Abu Gharbieh (Alphan Dov), Kamel El Bashan (Saleh) Yasmin Hamaar (Gamma, Léa) , Faten Khoury (Epsilon, Rose), Sami Metwasi (John), Lama Namneh (Lamba, Yasmine) et Daoud Toutah (Béta, Mohsen). Ils évoluent dans un décor simple fait de panneaux translucides mobiles et d'un écran en fond de scène, avec pour seuls accessoires deux tables et quelques chaises. Mention particulière pour la mise en musique.
En bref : cette seconde création avec le Théâtre de Palestine permet à Adel Hakim de nous offrir une fresque historique émouvante. Le souffle épique des grands traverse cette tragédie contemporaine. Une troupe dotée d'un immense talent pour une oeuvre magistrale qui traite avec simplicité et sans manichéisme d'une situation complexe au travers du destin de trois générations de femmes. A ne manquer sous aucun prétexte.
HISTOIRE FAMILIALE ET COLLECTIVE
1944. Miriam est une jeune femme juive pleine de vie. Elle a fui l'Allemagne pour Jérusalem. Dans un bal elle rencontre John, officier britannique. L'amour de sa vie lui donnera une fille, Léa, et mourra dans l'attentat contre l’hôtel King David le 22 juillet 1946, étape importante de la construction d'Israël. Miriam se pardonnera-t-elle d'avoir donné à l'Irgoun, qu'elle a rejoint sous l'impulsion de son frère, les informations qui ont permis le succès de cette opération ?
20 ans plus tard Léa, qui refuse de devenir soldat, rencontre Moshen. Il est palestinien. C'est le coup de foudre. Leur fille Yasmine naît au moment de la guerre des 6 jours. Léa est séquestrée à Tel-Aviv par son oncle Aaron, qui la contraint à abandonner son mari et sa fille. Moshen rejoint l'organisation clandestine OLP. 20 ans plus tard Yasmine est une activiste convaincue lors de la première Intifada. Arrêtée par l'armée israélienne elle est interrogée par Rose, soldate impitoyable. Lorsque Moshen retrouve sa femme et sa fille il découvre l'existence de sa deuxième fille, Rose. Mais il est trop tard. Yasmine meurt sous la torture et Rose se suicide.
OEUVRE MAGISTRALE
Avec cette fresque historique en trois tableaux Adel Hakim restitue avec simplicité et limpidité une partie de l'histoire du Moyen-Orient, prenant à témoin les femmes sur trois générations. Son récit est clair. C'était un pari osé que de tenter de raconter le conflit israélo-palestinien, sans tomber dans la caricature ni le manichéisme.
Chaque tableau est introduit par un duo de clowns, transposition du chœur antique. clowns masculins en noir et blanc dans la première partie, duo féminin tout de rouge vêtu dans la seconde, duo des grands-parents dans la dernière. Il offre un contraste permettant de délivrer les parties les plus dures du récit.
C'est une tragédie contemporaine. Bien sûr on pense à Romeo et Juliette, mais, comme le dit l'un des personnages dans l'oeuvre de Shakespeare "les enfants dépassent les préjugés de leurs familles". Les destins individuels sont indissociables du destin collectif. Chacune des héroïnes devra choisir entre l'amour et la patrie. L'imbrication des personnages démontre toute la complexité de la situation politique, des rapports homme-femme. Une oeuvre riche de différents niveaux de lecture.
TROUPE MAJESTUEUSE
Pourtant il n'allait pas de soin de faire interpréter par des acteurs palestiniens une histoire qui commence avec une famille juive partiellement décimée dans les camps de concentration. Adel Hakim a commencé l'écriture en 2014. Le texte, travaillé entre la France et Jérusalem, a été resserré pour donner cette version magnifique présentée pour la première fois en Palestine en juin 2016.
La troupe du Théâtre de Palestine présente un travail d'une très grande qualité. Shaden Saleem, qui était Antigone dans la précédente création, est une Miriam qui traverse les épreuves du temps et de la vie pour sombrer dans la folie, hantée par le fantôme de son mari, témoin impuissant des drames éprouvés par sa famille. Hussam Abu Eisheh passe d'un Créon impitoyable à un Aaron tout aussi intransigeant. Tous sont remarquables, passant d'un personnage à un autre selon les époques : Alaa Abu Gharbieh (Alphan Dov), Kamel El Bashan (Saleh) Yasmin Hamaar (Gamma, Léa) , Faten Khoury (Epsilon, Rose), Sami Metwasi (John), Lama Namneh (Lamba, Yasmine) et Daoud Toutah (Béta, Mohsen). Ils évoluent dans un décor simple fait de panneaux translucides mobiles et d'un écran en fond de scène, avec pour seuls accessoires deux tables et quelques chaises. Mention particulière pour la mise en musique.
En bref : cette seconde création avec le Théâtre de Palestine permet à Adel Hakim de nous offrir une fresque historique émouvante. Le souffle épique des grands traverse cette tragédie contemporaine. Une troupe dotée d'un immense talent pour une oeuvre magistrale qui traite avec simplicité et sans manichéisme d'une situation complexe au travers du destin de trois générations de femmes. A ne manquer sous aucun prétexte.
7/10
En période estivale, que ce soit pour se mettre à l'abri du soleil ou de la pluie, rien ne vaut une bonne comédie. Au Funambule Théâtre l'été rock et humour se conjuguent au présent pour une comédie rythmée, entre amour et amitié, portée par des comédiens très justes.
Evidemment quand on vous annonce une comédie "pas romantique" on sait tout de suite comment ça va finir. Le tout est de savoir comment on va y arriver. Yanik Vabre contourne avec réussite les pièges du genre. Chris est englué dans une relation toxique qui le bride depuis 7 ans. Ce soir arrivera-t-il enfin à s'en sortir ? Il appelle au secours les copains dont le temps et surtout son amie l'ont éloigné. Camille répond à l'appel. La meilleure amie, la pote, celle qui le comprenait le mieux. Et si elle débarque au premier appel ce n'est pas dans l'intention de l'écouter se lamenter. Les souvenirs du passé vont se télescoper avec les règlements de comptes et les révélations tardives, rock, Nutella, vin rouge et cacahuète à l'appui.
C'est une histoire de pote, une histoire de trentenaire. Face à Chris réduit à l'état de toutou bien dressé par sept ans d'une relation avec une perverse narcissique Camille n'est qu'énergie, langage franc. Libre elle enchaîne les relations avec les hommes. Des retrouvailles explosives. Jane Resmond et Julien Héteau sont justes dès les premières secondes. La complicité est là. Les répliques fusent, cinglantes de la part de Camille, dans les jeux de mots pour Chris, secouant la salle de rires.
Bref, une sympathique comédie romantique, sur le thème de l'amitié est-elle possible entre hommes et femmes. Une comédie moderne, dans l'air temps, pour une soirée de détente.
Evidemment quand on vous annonce une comédie "pas romantique" on sait tout de suite comment ça va finir. Le tout est de savoir comment on va y arriver. Yanik Vabre contourne avec réussite les pièges du genre. Chris est englué dans une relation toxique qui le bride depuis 7 ans. Ce soir arrivera-t-il enfin à s'en sortir ? Il appelle au secours les copains dont le temps et surtout son amie l'ont éloigné. Camille répond à l'appel. La meilleure amie, la pote, celle qui le comprenait le mieux. Et si elle débarque au premier appel ce n'est pas dans l'intention de l'écouter se lamenter. Les souvenirs du passé vont se télescoper avec les règlements de comptes et les révélations tardives, rock, Nutella, vin rouge et cacahuète à l'appui.
C'est une histoire de pote, une histoire de trentenaire. Face à Chris réduit à l'état de toutou bien dressé par sept ans d'une relation avec une perverse narcissique Camille n'est qu'énergie, langage franc. Libre elle enchaîne les relations avec les hommes. Des retrouvailles explosives. Jane Resmond et Julien Héteau sont justes dès les premières secondes. La complicité est là. Les répliques fusent, cinglantes de la part de Camille, dans les jeux de mots pour Chris, secouant la salle de rires.
Bref, une sympathique comédie romantique, sur le thème de l'amitié est-elle possible entre hommes et femmes. Une comédie moderne, dans l'air temps, pour une soirée de détente.
6,5/10
On le connaît surtout pour ses interventions à la Radio et notamment ses brèves dans Si tu écoutes, j'annule tout sur en fin d'après-midi sur France Inter, émission qu'il co-anime avec Charline Vanhoenacker ou pour ses chroniques hebdomadaires dans C l'hebdo sur France 5. Mais Alex Vizorek est avant tout un humoriste qui sillonne les routes de la francophonie depuis 2009 avec son spectacle "Alex Vizorek est une oeuvre d'art".
Preuve que les écoles de commerce mènent à tout à condition d'en sortir, Alex Vizorek a multiplié les cordes à son arc puisqu'il a aussi une formation de journaliste. Mais c'est la comédie qui attire le jeune belge qui décide de se former au Cours Florent. Remarqué sur les scènes de Bruxelles, révélé par le "Made in Brussels show", c'est à Montreux que son talent éclate. Commence alors la carrière qu'on lui connaît.
Cela fait plusieurs saisons qu'il fait les beaux lundis soirs du théâtre de la Pépinière à Paris, scène qu'il retrouvera dès le 1er octobre 2017. Son one man show est une leçon d'histoire de l'art. Avec un humour fin il nous décode pour nous quelques œuvres phares de la musique, de la sculpture, de l'art moderne ou du cinéma.
Un spectacle qui ne manque pas d'originalité. Que ce soit pour nous parler du discobole, de René Magritte, de Ravel ou de Bergson il ne manque pas une occasion de nous faire rire avec cet humour belge que nous apprécions tant en France. Non seulement on rit mais on s'instruit. Car où ailleurs que chez Alex Vizorek pourrez-vous voir se côtoyer Bergson et Pamela Anderson, Visconti et Paris Hilton.
Bref : Alex Vizorek fait partie de cette nouvelle vague d'humoristes belges qui nous font passer un très agréable moment. Un humour fin, intelligent, caustique, un brin pince-sans rire et un final hilarant avec des brèves incroyables mais vrais.
Preuve que les écoles de commerce mènent à tout à condition d'en sortir, Alex Vizorek a multiplié les cordes à son arc puisqu'il a aussi une formation de journaliste. Mais c'est la comédie qui attire le jeune belge qui décide de se former au Cours Florent. Remarqué sur les scènes de Bruxelles, révélé par le "Made in Brussels show", c'est à Montreux que son talent éclate. Commence alors la carrière qu'on lui connaît.
Cela fait plusieurs saisons qu'il fait les beaux lundis soirs du théâtre de la Pépinière à Paris, scène qu'il retrouvera dès le 1er octobre 2017. Son one man show est une leçon d'histoire de l'art. Avec un humour fin il nous décode pour nous quelques œuvres phares de la musique, de la sculpture, de l'art moderne ou du cinéma.
Un spectacle qui ne manque pas d'originalité. Que ce soit pour nous parler du discobole, de René Magritte, de Ravel ou de Bergson il ne manque pas une occasion de nous faire rire avec cet humour belge que nous apprécions tant en France. Non seulement on rit mais on s'instruit. Car où ailleurs que chez Alex Vizorek pourrez-vous voir se côtoyer Bergson et Pamela Anderson, Visconti et Paris Hilton.
Bref : Alex Vizorek fait partie de cette nouvelle vague d'humoristes belges qui nous font passer un très agréable moment. Un humour fin, intelligent, caustique, un brin pince-sans rire et un final hilarant avec des brèves incroyables mais vrais.
8,5/10
Audrey Dana et Murielle Magellan portent à la scène un spectacle joyeux, décalé. Un récit en partie autobiographique écrit à quatre mains dans lequel Audrey Dana convoque sans amertume son enfance et son adolescence hors du commun. Un premier coup de poing en ce début de saison.
ETRE SOI
Peintre. Elle sera peintre. Dès l'âge de 8 ans elle sait qu'elle sera peintre. Mais d'abord il lui faut passer son bac. Ainsi le veut le pacte passé avec son père adoré. La route sera longue, tortueuse, une course de haies. À chaque obstacle surmonté un nouveau apparaît qu'il faut écraser pour continuer. Le prix à payer pour la liberté d'être.
"Papa, c'est quoi Indocile" ? C'est le qualificatif qui lui est attribué par cette maîtresse, dans dette école où on s’ennuie tant. Pas facile de se construire dans cette fratrie, lorsque Papa voulait à tout prix un garçon, qu'on est la troisième fille non désirée et que Maman n'est qu'un concept tant elle est submergée par sa dépression. Difficile de grandir entourée d'indociles.
Alors elle va se construire seule, avec un peu l'aide de grande sœur lumière, avec un but et une détermination chevillés au corps : passer ce bac pour enfin être peintre, être elle-même. Un parcours plutôt discipliné pour cette indocile née. L'expression d'une soif de liberté, d'expression de soi.
DIALOGUE AVEC LA BATTERIE
Seule sur scène, avec la complicité musicale de Lucie Antunes, Audrey Dana est les 14 personnages qui se croisent, se chevauchent, s'entrechoquent, se télescopent ou s'ignorent. Qui tous ont leur part d'indocilité. L'énergie de la batterie fait écho au dynamisme de la comédienne, fait corps avec elle, dialogue, lui répond dans des improvisations parfois qui sont en osmose avec le texte. Les chorégraphies de Karine Briançon s'intègrent subtilement au jeu de la comédienne. Sans temps mort, dans un décor d'atelier de peintre en devenir, on découvre à coups d'incursion du passé dans un présent à la fois fragile et volontaire le combat d'une enfant devenue femme, d'une fille en admiration devant un père absent mais aimant, d'une enfant puis d'une adolescente qui ravale ses frustrations, tendue vers un seul but, d'une femme éprise de liberté.
L'écriture de Murielle Magelan et d'Audrey Dana est fine, précise. L'interprétation d'Audrey Dana nous prend par la main, par le cœur, par les tripes et nous emporte dans un tourbillon d'émotions. On rit, on subit, on vibre de colère retenue, on trépigne et s'impatiente, on suit cette jeune femme forte et fragile qui veut mettre de la couleur dans la vie des gens et vivre sa vie en couleur.
Bref, premier uppercut de la rentrée. La subtilité de sa plume de Murielle Magellan conjuguée à la sensibilité de la comédienne Audrey Dana (et inversement), accompagnée par l'énergie de la batteuse Lucie Antunes font de ce spectacle un moment d'émotion festive, intense, décalée et suscite une impulsion de révolte ou au moins une furieuse envie d'être une indocile.
ETRE SOI
Peintre. Elle sera peintre. Dès l'âge de 8 ans elle sait qu'elle sera peintre. Mais d'abord il lui faut passer son bac. Ainsi le veut le pacte passé avec son père adoré. La route sera longue, tortueuse, une course de haies. À chaque obstacle surmonté un nouveau apparaît qu'il faut écraser pour continuer. Le prix à payer pour la liberté d'être.
"Papa, c'est quoi Indocile" ? C'est le qualificatif qui lui est attribué par cette maîtresse, dans dette école où on s’ennuie tant. Pas facile de se construire dans cette fratrie, lorsque Papa voulait à tout prix un garçon, qu'on est la troisième fille non désirée et que Maman n'est qu'un concept tant elle est submergée par sa dépression. Difficile de grandir entourée d'indociles.
Alors elle va se construire seule, avec un peu l'aide de grande sœur lumière, avec un but et une détermination chevillés au corps : passer ce bac pour enfin être peintre, être elle-même. Un parcours plutôt discipliné pour cette indocile née. L'expression d'une soif de liberté, d'expression de soi.
DIALOGUE AVEC LA BATTERIE
Seule sur scène, avec la complicité musicale de Lucie Antunes, Audrey Dana est les 14 personnages qui se croisent, se chevauchent, s'entrechoquent, se télescopent ou s'ignorent. Qui tous ont leur part d'indocilité. L'énergie de la batterie fait écho au dynamisme de la comédienne, fait corps avec elle, dialogue, lui répond dans des improvisations parfois qui sont en osmose avec le texte. Les chorégraphies de Karine Briançon s'intègrent subtilement au jeu de la comédienne. Sans temps mort, dans un décor d'atelier de peintre en devenir, on découvre à coups d'incursion du passé dans un présent à la fois fragile et volontaire le combat d'une enfant devenue femme, d'une fille en admiration devant un père absent mais aimant, d'une enfant puis d'une adolescente qui ravale ses frustrations, tendue vers un seul but, d'une femme éprise de liberté.
L'écriture de Murielle Magelan et d'Audrey Dana est fine, précise. L'interprétation d'Audrey Dana nous prend par la main, par le cœur, par les tripes et nous emporte dans un tourbillon d'émotions. On rit, on subit, on vibre de colère retenue, on trépigne et s'impatiente, on suit cette jeune femme forte et fragile qui veut mettre de la couleur dans la vie des gens et vivre sa vie en couleur.
Bref, premier uppercut de la rentrée. La subtilité de sa plume de Murielle Magellan conjuguée à la sensibilité de la comédienne Audrey Dana (et inversement), accompagnée par l'énergie de la batteuse Lucie Antunes font de ce spectacle un moment d'émotion festive, intense, décalée et suscite une impulsion de révolte ou au moins une furieuse envie d'être une indocile.
6,5/10
16 Juillet 1942. Une date inscrite en rouge sang dans nos livres d'histoire. Dans un seul en scène d'une forte intensité dramatique Philippe Ogouz raconte la rafle du Vel d'Hiv telle que l'a vécu Maurice Rajsfus alors âgé de 14 ans.
LA FIN D'UN MONDE
"Hier c'était encore l'été". En ce mois de juillet 1942 Maurice Rajsfus a 14 ans. Collégien il vit modestement avec ses parents et sa sœur à Vincennes. Le bel âge. Pas encore adulte mais pas encore totalement sorti de l'enfance. L'âge de l'insouciance. Mais comme dit la chanson, d'autres gens en avaient décidé autrement. La rafle du 16 juillet 1942, la plus grande opération de ce genre pendant l'occupation, orchestrée par la police de Vichy, va transformer ce monde.
Ses souvenirs, Maurice Rajsfus les a regroupés en trois livres : "Opération Etoile Jaune", "La rafle du Vel d'Hiv" et "Chroniques d'un survivant". Il y raconte ces jours d'avant, la vie insouciante de l'adolescent dans un Vincennes où les rues s'appellent "Liberté", "Egalité" ou "Fraternité". Les amis, les professeurs dont on se moque avec une certaine bienveillance. L'image du Maréchal Pétain. Et puis cette étoile jaune que la France de Vichy impose aux juifs. Jusqu'à ce 16 juillet 1942 où le destin de 15.000 juifs de Paris et de sa banlieue, dont 5.000 enfants, bascule dans l'horreur.
DEVOIR DE MÉMOIRE
Philippe Ogouz adapte le récit de Maurice Rajsfus en un seul en scène qu'il a écrit, mis en scène, qu'il interprète, et dans lequel il mêle récit historique et données administratives factuelles. Cet événement, l'un des plus honteux et des plus monstrueux de l'histoire de France, il nous le fait vivre à travers les yeux d'un adolescent, rescapé miraculeusement de cette horreur. Les mots sont là, précis, cruels, dans toute la puissance dramatique de l'horreur vécue par le narrateur. Dans un espace vide, sous un méticuleux jeu de lumière mis au point par André Diot, Philippe Ogouz dialogue avec l'accordéon de Paul Predki qui lui répond, se fait parfois léger, souvent grave et de la lourdeur de plomb du drame qui nous est compté. L'émotion est là, sans fioritures, portée par la musique de l'accordéoniste.
"Les mots ne crient pas, ne chantent pas, ne mentent pas, ils disent".
Un spectacle d'une très forte intensité dramatique.
LA FIN D'UN MONDE
"Hier c'était encore l'été". En ce mois de juillet 1942 Maurice Rajsfus a 14 ans. Collégien il vit modestement avec ses parents et sa sœur à Vincennes. Le bel âge. Pas encore adulte mais pas encore totalement sorti de l'enfance. L'âge de l'insouciance. Mais comme dit la chanson, d'autres gens en avaient décidé autrement. La rafle du 16 juillet 1942, la plus grande opération de ce genre pendant l'occupation, orchestrée par la police de Vichy, va transformer ce monde.
Ses souvenirs, Maurice Rajsfus les a regroupés en trois livres : "Opération Etoile Jaune", "La rafle du Vel d'Hiv" et "Chroniques d'un survivant". Il y raconte ces jours d'avant, la vie insouciante de l'adolescent dans un Vincennes où les rues s'appellent "Liberté", "Egalité" ou "Fraternité". Les amis, les professeurs dont on se moque avec une certaine bienveillance. L'image du Maréchal Pétain. Et puis cette étoile jaune que la France de Vichy impose aux juifs. Jusqu'à ce 16 juillet 1942 où le destin de 15.000 juifs de Paris et de sa banlieue, dont 5.000 enfants, bascule dans l'horreur.
DEVOIR DE MÉMOIRE
Philippe Ogouz adapte le récit de Maurice Rajsfus en un seul en scène qu'il a écrit, mis en scène, qu'il interprète, et dans lequel il mêle récit historique et données administratives factuelles. Cet événement, l'un des plus honteux et des plus monstrueux de l'histoire de France, il nous le fait vivre à travers les yeux d'un adolescent, rescapé miraculeusement de cette horreur. Les mots sont là, précis, cruels, dans toute la puissance dramatique de l'horreur vécue par le narrateur. Dans un espace vide, sous un méticuleux jeu de lumière mis au point par André Diot, Philippe Ogouz dialogue avec l'accordéon de Paul Predki qui lui répond, se fait parfois léger, souvent grave et de la lourdeur de plomb du drame qui nous est compté. L'émotion est là, sans fioritures, portée par la musique de l'accordéoniste.
"Les mots ne crient pas, ne chantent pas, ne mentent pas, ils disent".
Un spectacle d'une très forte intensité dramatique.