Ses critiques
160 critiques
8/10
"Ce qu'est le coeur de Simon Limbres..." Ainsi commencent le livre de Maylis de KERANGAL et l'adaptation théâtrale mise en scène par Sylvain MAURICE pour cette création au théâtre de Sartrouville. C'est la première phrase lancée par Vincent DISSEZ quelques secondes après avoir pris place dans la très belle scénographie d'Eric SOYER. Belle et solennelle : sur le fond noir de la salle et des pendrillons une structure en arc, noire elle aussi, surplombant un tapis roulant, noir, tandis que la plateforme accueille une Joachim LATARJET et ses instruments de musique. Au fond une rangée de lumière blanche jette sa lumière froide et fait jaillir des éclairs d'acier.
Vincent DISSEZ se lance alors dans le récit de cette journée tragique. 24h de drame et d'espoir. Simon Limbres a 19 ans. Il aime la vie et Juliette, il aime la musique et la mer. Ce dimanche matin il croisera son destin au retour d'une virée de surf. L'accident de voiture a l'issue duquel il est déclaré en mort cérébrale. Le choc. L'hôpital. Les parents. La possibilité d'un don d'organe. Pour Pierre Revol et Thomas Remiges la possibilité de sauver des vies, pour que la mort de Simon ne soit pas vaine.
La scénographie, le jeu, la musique, la mise en lumière, le rythme et le phrasé du texte, tout concourt à créer une atmosphère tendue. Si au départ on a un peu de mal à rentrer dans l'histoire de Simon, la voix, la musique captent l'attention. Le récit se déroule dans un premier temps entièrement tendu vers le constat de l'état de Simon et l'attente de la décision des parents. La batterie fait entendre ce cœur qui bat encore. La musique et les lumières rythment ces moments de doute, d'angoisse, d'espoir, ces accélérations et ce tempo qui parfois ralenti, accorde au spectateur des pauses. Vincent DISSEZ semble en équilibre sur ce tapis roulant qui avance, inexorablement vers la fin de cette journée compte à rebours. Colère, Déni. Incompréhension. Stupeur. La tension monte. Le public est figé, silencieux, tendu dans l'attente d'un mot.
Un mot qui vient comme une libération pour tous. Alors le spectacle entre dans une seconde phase, plus clinique. Dans sa présentation de sa création Sylvain MAURICE écrit "Réparer les Vivants est un grand livre grâce à son style : une langue magnifique, une narration haletante, des personnages hauts en couleur". S'il a su garder la précision, la beauté de l'écriture de Maylis de KERANGAL et le rythme de ce récit, il manque l'épaisseur des personnages. Ceux qui n'ont pas lu le livre seront happés par l'histoire mise en scène d'une manière très clinique, reprenant la précision technique de l'auteur. Ceux qui ont lu le livre regretteront de ne pas y trouver tous les petits détails qui font de chacun des acteurs de cette journée des êtres humains de chair et de sang, animés par leurs passions et leurs émotions.
Une adaptation d'une grande qualité mais des choix mettant l'accent sur l'aspect médical qui font perdre au roman sa force d'évocation de l'humain. Néanmoins une scénographie, une mise en scène et une interprétation procurant d'intenses émotions.
Vincent DISSEZ se lance alors dans le récit de cette journée tragique. 24h de drame et d'espoir. Simon Limbres a 19 ans. Il aime la vie et Juliette, il aime la musique et la mer. Ce dimanche matin il croisera son destin au retour d'une virée de surf. L'accident de voiture a l'issue duquel il est déclaré en mort cérébrale. Le choc. L'hôpital. Les parents. La possibilité d'un don d'organe. Pour Pierre Revol et Thomas Remiges la possibilité de sauver des vies, pour que la mort de Simon ne soit pas vaine.
La scénographie, le jeu, la musique, la mise en lumière, le rythme et le phrasé du texte, tout concourt à créer une atmosphère tendue. Si au départ on a un peu de mal à rentrer dans l'histoire de Simon, la voix, la musique captent l'attention. Le récit se déroule dans un premier temps entièrement tendu vers le constat de l'état de Simon et l'attente de la décision des parents. La batterie fait entendre ce cœur qui bat encore. La musique et les lumières rythment ces moments de doute, d'angoisse, d'espoir, ces accélérations et ce tempo qui parfois ralenti, accorde au spectateur des pauses. Vincent DISSEZ semble en équilibre sur ce tapis roulant qui avance, inexorablement vers la fin de cette journée compte à rebours. Colère, Déni. Incompréhension. Stupeur. La tension monte. Le public est figé, silencieux, tendu dans l'attente d'un mot.
Un mot qui vient comme une libération pour tous. Alors le spectacle entre dans une seconde phase, plus clinique. Dans sa présentation de sa création Sylvain MAURICE écrit "Réparer les Vivants est un grand livre grâce à son style : une langue magnifique, une narration haletante, des personnages hauts en couleur". S'il a su garder la précision, la beauté de l'écriture de Maylis de KERANGAL et le rythme de ce récit, il manque l'épaisseur des personnages. Ceux qui n'ont pas lu le livre seront happés par l'histoire mise en scène d'une manière très clinique, reprenant la précision technique de l'auteur. Ceux qui ont lu le livre regretteront de ne pas y trouver tous les petits détails qui font de chacun des acteurs de cette journée des êtres humains de chair et de sang, animés par leurs passions et leurs émotions.
Une adaptation d'une grande qualité mais des choix mettant l'accent sur l'aspect médical qui font perdre au roman sa force d'évocation de l'humain. Néanmoins une scénographie, une mise en scène et une interprétation procurant d'intenses émotions.
9/10
Le livre de Maylis de Kerangal figure dans ma PAL (pile à lire) depuis plusieurs mois. D'une part pour son sujet, le don d'organes, d'autre part pour le style assez particulier de l'auteur dont j'avais aimé NAISSANCE D'UN PONT.
C'est donc la curiosité qui m'a poussée à La Conditions des Soies pour cette adaptation pour le théâtre de RÉPARER LES VIVANTS. Lauréat de nombreux prix littéraires il s'agit du récit d'une transplantation cardiaque. 24h : le temps qui s'est écoulé entre le moment où Simon LIMBRES, 19 ans, a quitté sa petite amie Juliette pour aller faire du surf avec ses copains et la transplantation cardiaque qui marque le début d'une nouvelle vie pour Marie, 51 ans.
Emmanuel NOBLET n'a mis que 22 jours après la parution du livre pour soumettre à son auteur une note d'intention pour une d'adaptation théâtrale. Comme une urgence à transmettre sous une autre forme cette émotion, la même urgence qu'il y a pour le corps médical à agir. Urgence à monter le spectacle puisque tout a commencé en janvier 2014.
Il n'avait pas prévu de jouer lui-même. Mais rapidement cela est devenu une évidence. Avec justesse, force et sensibilité Emmanuel NOBLET ne se contente pas de dire un texte. Il donne vie à la dizaine de personnages qui se retrouvent impliqués dans cette aventure humaine à la fois intime et collective, donnant parfois la réplique à des voix off qui loin de créer une distanciation prennent chair et âme dans le regard du comédien, comme les parents de Simon confrontés au difficile et douloureux choix du don des organes de leur fils pas tout à fait mort mais pas vivant non plus.
Quelques projections vidéos éclairent l'espace, donnent une information, créent une ambiance. Nous sommes aux côté de Simon sur sa planche de surf sur cette eaux argentées et mouvantes du petit matin, nous partageons les émois de Juliette, la petite amie qui se souvient de leur premier baiser, nous prenons l'avion et sommes animés de la même ambition que Virgilio qui effectuera le prélèvement du cœur, la même angoisse qu'Alice son interne pour qui s'est une première, avons les mêmes craintes que Rémage le coordinateur. C'est la vie qui jaillit à chaque instant, comme autant d'instantanés.
L'habillage lumière et sonore est très soigné, donne du rythme. L'ambiance se fait froide comme une salle d'opération, intime comme la douleur des parents, romantique comme les premiers émois adolescents, vive et chaude comme la vie.
Si l'humour est présent l'émotion est forte. Face à une telle justesse dans le jeu et le texte comment ne pas sourire, frémir, trembler, espérer, pleurer. On sort de la salle saisi, bouleversé. On s'interroge sur sa propre position sur le don d'organe.
Mise à jour de septembre 2016 : un peu plus d'un an après le succès immédiat rencontré part REPARER LES VIVANTS dans le OFF 2015 l'aventure continue de plus belle pour Emmanuel NOBLET. Plus de 130 dates pour la saison 2016/2016, dont une trentaine de dates au Théâtre du Rond Point. J'ai revu le spectacle en avril 2016. L'émotion reste intacte, pure, sublime. Pour la retrouver cliquer ICI pour les dates de la tournée
Dans un seul en scène rythmé Emmanuel NOBLET nous offre un moment d'émotion intense avec cette très belle adaptation du livre de Maylis de Kerangal. A ne pas manquer.
C'est donc la curiosité qui m'a poussée à La Conditions des Soies pour cette adaptation pour le théâtre de RÉPARER LES VIVANTS. Lauréat de nombreux prix littéraires il s'agit du récit d'une transplantation cardiaque. 24h : le temps qui s'est écoulé entre le moment où Simon LIMBRES, 19 ans, a quitté sa petite amie Juliette pour aller faire du surf avec ses copains et la transplantation cardiaque qui marque le début d'une nouvelle vie pour Marie, 51 ans.
Emmanuel NOBLET n'a mis que 22 jours après la parution du livre pour soumettre à son auteur une note d'intention pour une d'adaptation théâtrale. Comme une urgence à transmettre sous une autre forme cette émotion, la même urgence qu'il y a pour le corps médical à agir. Urgence à monter le spectacle puisque tout a commencé en janvier 2014.
Il n'avait pas prévu de jouer lui-même. Mais rapidement cela est devenu une évidence. Avec justesse, force et sensibilité Emmanuel NOBLET ne se contente pas de dire un texte. Il donne vie à la dizaine de personnages qui se retrouvent impliqués dans cette aventure humaine à la fois intime et collective, donnant parfois la réplique à des voix off qui loin de créer une distanciation prennent chair et âme dans le regard du comédien, comme les parents de Simon confrontés au difficile et douloureux choix du don des organes de leur fils pas tout à fait mort mais pas vivant non plus.
Quelques projections vidéos éclairent l'espace, donnent une information, créent une ambiance. Nous sommes aux côté de Simon sur sa planche de surf sur cette eaux argentées et mouvantes du petit matin, nous partageons les émois de Juliette, la petite amie qui se souvient de leur premier baiser, nous prenons l'avion et sommes animés de la même ambition que Virgilio qui effectuera le prélèvement du cœur, la même angoisse qu'Alice son interne pour qui s'est une première, avons les mêmes craintes que Rémage le coordinateur. C'est la vie qui jaillit à chaque instant, comme autant d'instantanés.
L'habillage lumière et sonore est très soigné, donne du rythme. L'ambiance se fait froide comme une salle d'opération, intime comme la douleur des parents, romantique comme les premiers émois adolescents, vive et chaude comme la vie.
Si l'humour est présent l'émotion est forte. Face à une telle justesse dans le jeu et le texte comment ne pas sourire, frémir, trembler, espérer, pleurer. On sort de la salle saisi, bouleversé. On s'interroge sur sa propre position sur le don d'organe.
Mise à jour de septembre 2016 : un peu plus d'un an après le succès immédiat rencontré part REPARER LES VIVANTS dans le OFF 2015 l'aventure continue de plus belle pour Emmanuel NOBLET. Plus de 130 dates pour la saison 2016/2016, dont une trentaine de dates au Théâtre du Rond Point. J'ai revu le spectacle en avril 2016. L'émotion reste intacte, pure, sublime. Pour la retrouver cliquer ICI pour les dates de la tournée
Dans un seul en scène rythmé Emmanuel NOBLET nous offre un moment d'émotion intense avec cette très belle adaptation du livre de Maylis de Kerangal. A ne pas manquer.
5,5/10
Les croix gammées qui ornent discrètement les murs de la salle de la Reine Blanche et la musique qui remplit l'espace sèment le doute : sommes-nous bien en 2016 ? Oui, mais dans un aujourd'hui dans lequel les nazis ont gagné la guerre en 1944, sont toujours au pouvoir dans toute l'Europe et imposent leur politique et leur censure. Un aujourd'hui où Jean Cocteau est un auteur oublié, où le progrès semble s'être figé 72 ans plus tôt, où le théâtre ne sert qu'à présenter les classiques ou du vaudeville parce que "les gens veulent voir des histoires simples pas de la politique-fiction" dit un personnage.
C'est dans ce contexte qu'une comédienne et son mari, directeur du théâtre, tentent de monter une pièce subversive écrite en 1943, qui envisageait un futur dans lequel les alliés auraient gagné en 1945. La démocratie régnerait, la société serait plus tolérante au point qu'un coup de foudre pourrait survenir entre une femme et un homosexuel. Impensable dans ce monde de 2016 dominé par la pensée nazie. Survient un coup de théâtre qui nous envoie dans une autre réalité. Nous sommes désormais en 1943. Paris est occupé et un dramaturge écrit une pièce qui se déroulera en 2016. Un 2016 qui aura vu la défaite des nazis. Mais la censure de l'occupant rode et l'auteur doit trouver le moyen de transmettre son texte à sa famille pour l'avenir. Nouveau coup de théâtre qui nous amène dans le 2016 du mariage pour tous, dans un théâtre où un couple de comédien homo répète une pièce de politique fiction, alors que la comédienne tombe amoureuse de l'un des des acteurs homosexuels qui soudain prend la fuite pour rejoindre le Paris uchronique.
Dans cette mise en abyme en forme de matriochka Jacques ATTALI enchaîne les poncifs. "Que reste-t-il du rêve d'une Europe unie" se demande-t-il sans apporter le moindre début de réponse. Ce présent qui aurait pu être manque totalement d'imagination et de crédibilité. Ce labyrinthe dans le temps tourne en rond sans aucune issue. L'ambition est de nous interpeller sur ... sur quoi ? L'histoire n'est que le prétexte à une succession de réflexions banales sur les relations entre les hommes et les femmes, la censure, le théâtre et ses spectateurs. On y dénonce une élite intellectuelle collabo mais ce n'est plus un secret pour personne. La peur domine les deux mondes décrits : peur du pouvoir, peur de l'opinion publique, peur d'affirmer ses convictions, peur de la censure politique ou morale. Une peur qui paralyse, qui tue la créativité, qui fige hommes et idées dans la médiocrité et la facilité. On attendait mieux de la part de celui qui fut le conseiller de François Mitterrand. Plus d'originalité, plus de profondeur, plus de vision.
Ce voyage dans le temps voulu en boucle tourne à vide. "Il faut, du chaos originel de la pièce à la surprise finale, assurer la continuité de la compréhension malgré les coups de théâtre - ou grâce à eux" lit-on dans la note d'intention. Hélas la construction et le texte ne permettent pas de gagner ce pari, l'auteur ayant éprouvé le besoin de mettre dans les dialogues les explications de texte, comme si finalement le spectateur est réellement incapable de dépasser le premier degré et n'attend vraiment du théâtre que des histoires simples et que intuition ne lui permet pas de décoder la volonté de l'auteur.
La mise en scène de Christophe BARBIER manque également de subtilité et plonge parfois dans la caricature (l'échange de SMS, le couple de comédiens homosexuels si caricatural qu'il en devient insultant, le subterfuge des "coups de théâtre"). La scénographie de Pascal CROSNIER qui s'annonçait intéressante en dépassant le 4ème mur est finalement décevante avec son panneau recto verso censé représenter la passerelle entre les époques et sa rangée de sièges. L'ensemble ne m'a pas permis de "passer du cerveau à l'esprit, de l'intelligence à l'intuition" (note d'intention du metteur en scène), et ressemble plus à un vaudeville qu'à un texte avant-gardiste.
Heureusement il reste trois excellents comédiens. Marianne BASLER est tantôt combattante, tantôt craintive, séductrice ou faussement soumise. Xavier GALLAIS multiplie lui aussi les propositions. Jean ALIBERT est remarquable dans toutes les époques, exploitant de toute l'étendue de sa palette de jeu. La conjugaison de ces talents permet de relativiser le propos et de passer néanmoins une agréable soirée.
Hélas, à force de mise en abîme de mises en abîme on finit par toucher le fond. Et pour avoir une idée de ce que pourraient être les mondes parallèles, mon conseil est de lire ou relire "A la croisée des mondes" de Philip Pulman.
Une proposition qui semblait intéressante et qui se noie dans les poncifs malgré l'interprétation de grande qualité du trio de comédiens.
C'est dans ce contexte qu'une comédienne et son mari, directeur du théâtre, tentent de monter une pièce subversive écrite en 1943, qui envisageait un futur dans lequel les alliés auraient gagné en 1945. La démocratie régnerait, la société serait plus tolérante au point qu'un coup de foudre pourrait survenir entre une femme et un homosexuel. Impensable dans ce monde de 2016 dominé par la pensée nazie. Survient un coup de théâtre qui nous envoie dans une autre réalité. Nous sommes désormais en 1943. Paris est occupé et un dramaturge écrit une pièce qui se déroulera en 2016. Un 2016 qui aura vu la défaite des nazis. Mais la censure de l'occupant rode et l'auteur doit trouver le moyen de transmettre son texte à sa famille pour l'avenir. Nouveau coup de théâtre qui nous amène dans le 2016 du mariage pour tous, dans un théâtre où un couple de comédien homo répète une pièce de politique fiction, alors que la comédienne tombe amoureuse de l'un des des acteurs homosexuels qui soudain prend la fuite pour rejoindre le Paris uchronique.
Dans cette mise en abyme en forme de matriochka Jacques ATTALI enchaîne les poncifs. "Que reste-t-il du rêve d'une Europe unie" se demande-t-il sans apporter le moindre début de réponse. Ce présent qui aurait pu être manque totalement d'imagination et de crédibilité. Ce labyrinthe dans le temps tourne en rond sans aucune issue. L'ambition est de nous interpeller sur ... sur quoi ? L'histoire n'est que le prétexte à une succession de réflexions banales sur les relations entre les hommes et les femmes, la censure, le théâtre et ses spectateurs. On y dénonce une élite intellectuelle collabo mais ce n'est plus un secret pour personne. La peur domine les deux mondes décrits : peur du pouvoir, peur de l'opinion publique, peur d'affirmer ses convictions, peur de la censure politique ou morale. Une peur qui paralyse, qui tue la créativité, qui fige hommes et idées dans la médiocrité et la facilité. On attendait mieux de la part de celui qui fut le conseiller de François Mitterrand. Plus d'originalité, plus de profondeur, plus de vision.
Ce voyage dans le temps voulu en boucle tourne à vide. "Il faut, du chaos originel de la pièce à la surprise finale, assurer la continuité de la compréhension malgré les coups de théâtre - ou grâce à eux" lit-on dans la note d'intention. Hélas la construction et le texte ne permettent pas de gagner ce pari, l'auteur ayant éprouvé le besoin de mettre dans les dialogues les explications de texte, comme si finalement le spectateur est réellement incapable de dépasser le premier degré et n'attend vraiment du théâtre que des histoires simples et que intuition ne lui permet pas de décoder la volonté de l'auteur.
La mise en scène de Christophe BARBIER manque également de subtilité et plonge parfois dans la caricature (l'échange de SMS, le couple de comédiens homosexuels si caricatural qu'il en devient insultant, le subterfuge des "coups de théâtre"). La scénographie de Pascal CROSNIER qui s'annonçait intéressante en dépassant le 4ème mur est finalement décevante avec son panneau recto verso censé représenter la passerelle entre les époques et sa rangée de sièges. L'ensemble ne m'a pas permis de "passer du cerveau à l'esprit, de l'intelligence à l'intuition" (note d'intention du metteur en scène), et ressemble plus à un vaudeville qu'à un texte avant-gardiste.
Heureusement il reste trois excellents comédiens. Marianne BASLER est tantôt combattante, tantôt craintive, séductrice ou faussement soumise. Xavier GALLAIS multiplie lui aussi les propositions. Jean ALIBERT est remarquable dans toutes les époques, exploitant de toute l'étendue de sa palette de jeu. La conjugaison de ces talents permet de relativiser le propos et de passer néanmoins une agréable soirée.
Hélas, à force de mise en abîme de mises en abîme on finit par toucher le fond. Et pour avoir une idée de ce que pourraient être les mondes parallèles, mon conseil est de lire ou relire "A la croisée des mondes" de Philip Pulman.
Une proposition qui semblait intéressante et qui se noie dans les poncifs malgré l'interprétation de grande qualité du trio de comédiens.
7,5/10
Chloé est peintre et a du mal à percer, mais si elle doute parfois Nicolas, neurologue, est là pour l'encourager. 4 ans d'un amour intense dont témoignent 8732 textos échangés, du plus romantique au plus terre à terre, et les photos qui sont accrochées sur cette toile de fils tendue dans leur appartement. Mais la passion s'émousse. Avec elle arrive la trahison. Leur belle histoire arrive à sa fin. C'est alors que survient un événement tragique qui pourrait être une nouvelle chance pour repartir de zéro.
Versant jusqu'alors dans le domaine de la comédie Nicolas TAFFIN se lance avec sa quatrième pièce dans la comédie dramatique. Et c'est une réussite sur tous les plans. L'écriture est riche, les dialogues aiguisés, l'histoire cohérente et l'intrigue se déroule avec fluidité tout en réservant quelques rebondissements intéressants dont il faut laisser la surprise. Dilemmes, mensonges, secrets : autant de touches de vies qui viennent tacher la toile de leur relation. La vie leur donne l'occasion d'essayer de redonner des couleurs à cette toile devenue blanche. Mais quelles traces indélébiles resteront gravées ?
Dès les premières secondes Mathilde MOULINAT (Chloé) et Nicolas TAFFIN (Nicolas) nous attrapent avec leurs relations parfois sauvages souvent tendres. Chloé est énergique, espiègle, colérique, câline. Nicolas, plus posé, est taquin, provocateur, charmeur. Leur amour est addictif, complice, avec quelques désaccords solides. Pourraient-ils l'oublier à tout jamais ? Le spectateur est immédiatement en empathie avec ces deux êtres si attachants, si vrais. Comme une petite souris qui se serait glissée dans leur appartement on rit avec eux, on vibre au rythme de leur histoire, on souffre pour l'un comme pour l'autre sans porter aucun jugement, on espère.
PIGMENTS est un spectacle où tout a été travaillé dans un objectif d'excellence. La direction d'acteur et mise en scène de Elodie WALLACE sont parfaites, alternant rythme et moments de poésie. Les deux comédiens sont criants de justesse et de vérité, énergiques, sensibles, transmettant les émotions variées de leurs personnages. L'habillage du spectacle est en parfaite cohérence : la composition musicale originale de Dian POITRENAUD, la mise en lumière subtile de Jean-Philippe De OLIVEIRA, jusqu'à la communication visuelle de Gatsby ETEVE-SAURE et de l'équipe de myfourmi.com.
PIGMENTS est une très belle comédie-dramatico-romantique écrite avec talent et interprétée avec justesse et sensibilité par un magnifique duo de comédiens. On espère le retrouver très vite à l'affiche d'un beau théâtre parisien et en tournée car tout est là pour que ce spectacle ait une longue vie. Un régal !
Versant jusqu'alors dans le domaine de la comédie Nicolas TAFFIN se lance avec sa quatrième pièce dans la comédie dramatique. Et c'est une réussite sur tous les plans. L'écriture est riche, les dialogues aiguisés, l'histoire cohérente et l'intrigue se déroule avec fluidité tout en réservant quelques rebondissements intéressants dont il faut laisser la surprise. Dilemmes, mensonges, secrets : autant de touches de vies qui viennent tacher la toile de leur relation. La vie leur donne l'occasion d'essayer de redonner des couleurs à cette toile devenue blanche. Mais quelles traces indélébiles resteront gravées ?
Dès les premières secondes Mathilde MOULINAT (Chloé) et Nicolas TAFFIN (Nicolas) nous attrapent avec leurs relations parfois sauvages souvent tendres. Chloé est énergique, espiègle, colérique, câline. Nicolas, plus posé, est taquin, provocateur, charmeur. Leur amour est addictif, complice, avec quelques désaccords solides. Pourraient-ils l'oublier à tout jamais ? Le spectateur est immédiatement en empathie avec ces deux êtres si attachants, si vrais. Comme une petite souris qui se serait glissée dans leur appartement on rit avec eux, on vibre au rythme de leur histoire, on souffre pour l'un comme pour l'autre sans porter aucun jugement, on espère.
PIGMENTS est un spectacle où tout a été travaillé dans un objectif d'excellence. La direction d'acteur et mise en scène de Elodie WALLACE sont parfaites, alternant rythme et moments de poésie. Les deux comédiens sont criants de justesse et de vérité, énergiques, sensibles, transmettant les émotions variées de leurs personnages. L'habillage du spectacle est en parfaite cohérence : la composition musicale originale de Dian POITRENAUD, la mise en lumière subtile de Jean-Philippe De OLIVEIRA, jusqu'à la communication visuelle de Gatsby ETEVE-SAURE et de l'équipe de myfourmi.com.
PIGMENTS est une très belle comédie-dramatico-romantique écrite avec talent et interprétée avec justesse et sensibilité par un magnifique duo de comédiens. On espère le retrouver très vite à l'affiche d'un beau théâtre parisien et en tournée car tout est là pour que ce spectacle ait une longue vie. Un régal !
9/10
Il s'appelait Danny Boodmann T.D. Lemon Novencento. Il est né en 1900, sur un paquebot transatlantique. Abandonné par ses parents sur le piano de la salle de bal des premières classes il est recueilli par l'équipage. C'est Tim Tooney, son ami trompettiste et témoin privilégié de ce parcours hors du commun qui nous conte l'histoire du plus grand pianiste que la terre ait porté, lequel n'aura jamais mis le pied sur le plancher des vaches puisque jamais il ne sera jamais descendu de son bateau. Une vie déconnectée placée sous l'angle de la musique. Ragtime et jazz sont principalement au programme de ce pianiste virtuose qui appris la musique en autodidacte et se permit le luxe, au cours d'un duel surréaliste, de faire la nique à Jelly Roll Morton, inventeur auto-proclamé du jazz.
Le texte d'Alessandro Baricco est un monologue, Pour créer ce spectacle André Dussolier se fait non seulement l'interprète mais aussi le metteur en scène de cette adaptation française réalisée en collaboration avec Gérald Sibleyras et Stéphane de Groodt, Et puis le comédien a souhaité s'entourer sur scène de 4 musiciens. Et c'est une réussite. La trompette de Sylvain Gontard prend des accents de Duke Ellington, la contrebasse d'Olivier Andres nous entoure de toute sa rondeur, les percussions de Michel Bocchi roulent, grondent et trépignent, et le piano d'Elio di Tanna fini de nous emporter dans un univers jazzy qui fleure bon la nostalgie d'une époque de liberté.
La scénographie de Pierre-François Limbosch crée un univers empreint de nostalgie. Les décors très réussis nous font voyager à bord du Virginian, Nous le longeons en remontant le quai avant de monter à bord en compagnie de Tim Tooney pour découvrir un hall qui n'a rien à envier à celui du Titanic (si ce n'est qu'il ne sombrera jamais). Puis nous faisons un détour par le bar des premières avant de plonger dans les entrailles de la salle des machines pour remonter sur le troisième pont et admirer l'arrivée sur New York.
L'adaptation du texte d'Alessandro Baricco est émaillée d'humour et de jeux de mots qu'André Dussolier distille avec malice et gourmandise. Il y a toujours chez ce jeune homme une telle maîtrise de son art, une telle intelligence de jeu et un amour de la langue que c'est à chaque fois un bonheur de le voir (oui je suis fan et j'assume ce léger manque d'objectivité et cet enthousiasme). L'osmose avec l'orchestre est totale et la complicité avec le public s'établit dès les premières secondes.
André Dussolier nous conte avec talent et gourmandise une belle histoire pleine de tendresse et de nostalgie, de bonheur et de jazz. Un joli moment de théâtre que je vous recommande chaudement.
Le texte d'Alessandro Baricco est un monologue, Pour créer ce spectacle André Dussolier se fait non seulement l'interprète mais aussi le metteur en scène de cette adaptation française réalisée en collaboration avec Gérald Sibleyras et Stéphane de Groodt, Et puis le comédien a souhaité s'entourer sur scène de 4 musiciens. Et c'est une réussite. La trompette de Sylvain Gontard prend des accents de Duke Ellington, la contrebasse d'Olivier Andres nous entoure de toute sa rondeur, les percussions de Michel Bocchi roulent, grondent et trépignent, et le piano d'Elio di Tanna fini de nous emporter dans un univers jazzy qui fleure bon la nostalgie d'une époque de liberté.
La scénographie de Pierre-François Limbosch crée un univers empreint de nostalgie. Les décors très réussis nous font voyager à bord du Virginian, Nous le longeons en remontant le quai avant de monter à bord en compagnie de Tim Tooney pour découvrir un hall qui n'a rien à envier à celui du Titanic (si ce n'est qu'il ne sombrera jamais). Puis nous faisons un détour par le bar des premières avant de plonger dans les entrailles de la salle des machines pour remonter sur le troisième pont et admirer l'arrivée sur New York.
L'adaptation du texte d'Alessandro Baricco est émaillée d'humour et de jeux de mots qu'André Dussolier distille avec malice et gourmandise. Il y a toujours chez ce jeune homme une telle maîtrise de son art, une telle intelligence de jeu et un amour de la langue que c'est à chaque fois un bonheur de le voir (oui je suis fan et j'assume ce léger manque d'objectivité et cet enthousiasme). L'osmose avec l'orchestre est totale et la complicité avec le public s'établit dès les premières secondes.
André Dussolier nous conte avec talent et gourmandise une belle histoire pleine de tendresse et de nostalgie, de bonheur et de jazz. Un joli moment de théâtre que je vous recommande chaudement.