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Yves Poey
Yves Poey
Mini-Molière du Critique
120 ans
62 espions
espionner Ne plus espionner
Des critiques de théâtre, des interviews webradio, des coups de coeur, des coups de gueule.
Son blog : http://delacouraujardin.over-blog.com/
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1005 critiques
D'elle à Lui

D'elle à Lui

9,5/10
36
Un récital d'Emeline Bayart n'est pas un récital comme les autres !

Melle Bayart est une authentique chanteuse lyrique (dame, elle se produit également à l'Opéra-comique, s'il vous plaît !). Une chanteuse lyrique, donc, qui a décidé de faire beaucoup, mais alors beaucoup faire rire en nous replongeant dans l'univers si particulier du Caf' Conc' et des années folles. (Des chansons un peu moins anciennes sont également au programme.)

Certes, Melle Bayart est une chanteuse lyrique. C'est également et peut-être surtout une formidable et épatante comédienne.

Ceux qui comme moi ont récemment adoré la mise en scène par Jean-Louis Benoît de deux pièces courtes « L'ours » et « La demande en mariage » de Tchekhov au Poche-Montparnasse, ceux-là seront évidemment d'accord avec moi.

Alors bien entendu, armée de ces deux vrais talents, elle va nous faire revivre de manière souvent hilarante ces chansons à la fois étonnantes et détonantes, illustrant le si difficile chemin « d'elle à lui », des portraits souvent au vitriol d'hommes et de femmes, qui se cherchent, s'attirent, se repoussent, se quittent, se font souffrir, se trompent, se cocufient, j'en passe et des pires.

C'est ainsi que nous allons retrouver des titres créés ou repris par Christine Sèvres (Oscar et Irma), Mireille (Et hop, nous vl'à repartis !), Patachou (Le bricoleur), Suzy Solidor (Ernest, éloignez-vous), Félix Mayol (Elle vendait des p'tits gâteaux), Fragson (Les amis d'Monsieur), Marie Dubas (Le tango stupéfiant), Marcel Amont (Julie), sans bien entendu oublier Yvette Guilbert et sa célèbre Mme Arthur, celle-là même qui fit tellement, tellement, tellement, tellement parler d'elle...

La technique vocale d'Emeline Bayart est irréprochable. Quelle tessiture, quel timbre, quelles nuances ! Ses pianissimi et ses fortissimi sont remarquables.

Parfois, elle va jusqu'à caricaturer à l'extrême certaines de ces techniques (des effets de vibrato forcés, des excès de voix de tête, des descentes dans l'extrême grave...) aboutissant à des portraits décalés de Castafiores drôlissimes.
Faut-il avoir du talent en la matière pour arriver à détourner de cette façon, une fois appropriés, les codes de l'art lyrique.

Au cours de ce récital nous allons énormément rire !
Visualisez-vous le concept de « énormément rire » ? C'est encore au delà !
Mais quelle vis comica, quelle force comique émanent d'Emeline Bayart !

C'est bien simple, j'ai pensé irrésistiblement à Jaqueline Maillan.
« La » Maillan. Oui, oui. Parfaitement.

L'une des plus grands comédiennes comiques françaises.
J'ai retrouvé les mimiques, les ruptures, les mouvements d'yeux, la gestuelle souvent exagérée et dans l'outrance.
D'ailleurs, l'une des chansons interprétée hier soir fait partie du répertoire de la grande Jacqueline. Je vous laisse découvrir.

A l'occasion d'une chansoin, Melle Bayart nous montre qu'elle sait également se situer dans un registre beaucoup plus émouvant. Bouleversant même.
Sous les voûtes en pierre calcaire du Kibélé, on aurait à cet instant du spectacle entendu une mouche voler, tellement ce quelle nous montre et nous chante est intense et prenant.
Elle pleure.

Bien entendu, le côté humoristique reprend vite le dessus, notamment avec un duo drôlissime avec Manuel Peskine, le pianiste, à qui je tire un vrai coup de chapeau.
Non seulement en raison de son talent d'interprète, bien entendu, mais également en raison du fait qu'il parvient à ne pas éclater de rire en accompagnant sa partenaire de scène.

De plus, Emeline Bayart joue de façon jubilatoire avec le public.
Deux couples, lors de l'interprétation d'une autre chanson d'Yvette Guilbert, se souviendront longtemps de leur venue. (Je tais le titre de la chanson volontairement, pour l'effet de surprise!)

Au Kibélé, les artistes sont rémunérés « au chapeau ».
Une nouvelle fois, la chanteuse-comédienne va nous faire éclater de rire, en passant dans les rangs avec un chapeau-cloche dans les mains, en diseuse de bonne aventure étonnante...

Un rappel hilarant lui aussi nous sera « imposé ». Une chanson de Bernard Joyet qui prouve que la jeunesse ne fait pas tout !

Il faut coûte que coûte aller applaudir Emeline Bayart, que ce soit en ce moment au Kibélé, donc, ou à l'Opéra-Comique.
C'est l'un des spectacles musicaux les plus enthousiasmants auquel j'ai pu assister.
Ou comment associer de la plus brillante façon virtuosité et hilarité.
-----------
Nb : le café-théâtre Le Kibélé ne s'occupant pas des réservations, il vous faut impérativement réserver auprès d'Emeline Bayart à cette adresse :

réservationemelinebayart@gmail.com
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Huis clos (Jean-Louis Benoît)

Huis clos (Jean-Louis Benoît)

10/10
34
Debout les morts !
Grâce à Jean-Louis Benoît, les morts de Sartre n'auront peut-être jamais paru aussi vivants !
Le metteur en scène et ses comédiens en état de grâce vont nous donner une magistrale leçon de théâtre !

Oui, la salle en bois du théâtre de l'Epée elle aussi de bois est devenue un véritable enfer.
L'Enfer avec un E majuscule, pavé à la fois de bonnes ou moins bonnes intentions et de centaines de petits cubes posés à même le sol.

Les trois personnages, introduits dans cet espace par un garçon d'étage en marcel blanc, ne vont pas tarder à se rendre compte du lieu dans lequel ils vont passer l'éternité.

Trois personnages en quête de bourreau.
Garcin, le journaliste, Inès, l'employée des postes et Estelle la grande bourgeoise.

On connaît le propos de Sartre : ces trois-là, reconnaissant enfin les actes qui les définissent, seront leurs propres et éternels tourmenteurs. Parce qu'ils n'usent pas de leur libre-arbitre, de leur liberté, parce qu'ils seront en permanence dépendants des autres.

Jean-Louis Benoît a pris le texte de Sartre à bras le corps !
Sa mise en scène est on ne peut plus physique, viscérale, organique !
Oui, la mort n'a jamais paru aussi vivante !
Nous sommes loin, très loin de certaines mises en scène souvent trop intellectualisées.
De plus, la métaphore scène de théâtre-Enfer est très pertinente et très réussie. Je n'en dis pas plus.

Ici, les personnages sont avant tout des corps en chair et en os, et pas seulement des esprits...
Ces corps vont s'attirer, se repousser, se battre, se désirer, s'enlacer, se caresser.

Ces corps vont crier, hurler, rire !

L'énergie, la passion brute transpirent durant les quatre-vingts minutes que dure la pièce.
Les comédiens nous attrapent et ne nous lâchent plus, dans un maelström infernal, dans un tourbillon pulsionnel et physique.
De plus, l'humour noir de la pièce est férocement mis en évidence. Jean-Louis Benoît a parfaitement su mettre en évidence la volonté de Sartre à détourner les codes du théâtre de vaudeville et de boulevard.

Marianne Basler, Mathilde Charbonneaux, Maxime d'Aboville sont ces trois damnés.
Des damnés magnifiques !

Les trois nous proposent chacun une exceptionnelle interprétation ! Et oui, je pèse l'épithète exceptionnel.

Le trio nous emmène très loin dans ce huis clos, chacun par sa capacité à donner vie et corps à ces personnages.
La progression dans la distillation des informations relatives à leur présence en ce lieu, la mise en vie des différentes relations nouées dans ce triangle dramaturgique, la capacité à aller jusqu'à l'os du texte, tout ceci relève du grand art.

Tous nous glacent, nous sidèrent, nous bouleversent, et nous amusent aussi. Ah ! Cette scène de fou-rire qui ponctue la pièce !
Faut-il du talent, tout de même, faut-il disposer d'une très large palette de jeu, pour aborder d'une manière aussi viscérale ces trois rôles !

Je n'aurai garde d'oublier de mentionner le quatrième comédien, Antony Cochin, par ailleurs collaborateur artistique du metteur en scène, qui incarne le garçon d'étage. Ses sourires en coin, ses insinuations, sa bonhommie apparente d'espèce de régisseur des lieux la banane à la hanche participent eux aussi à la réussite de la pièce.

Un mot également sur les lumières de Pascal Pracht.
L'éclairage tient également un rôle important, notamment dans la matérialisation des scènes de retour sur la vie réelle.
De plus un effet très réussi vient ponctuer par deux fois le texte. Tout ceci est très beau.

Sans oublier les costumes de Marie Sartoux, avec notamment une sublime robe bleue.

Dès le noir final venu, une ovation retentit, et les "Bravo !" fusent.

On l'aura donc compris, cette lecture du classique du XXème sièce que Huis-Clos est une totale réussite !
Il faut absolument courir toutes affaires cessantes à l'Epée de bois découvrir cette mise en scène qui fera date.
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Forums

Forums

9/10
41
Slt ! Tkt ! ???????????? Tu va bi1 cpdre la critik ! MDR ! Lol ! ???????? On é pa sur 1 VPN ! ????????????

L'Homme serait-il devenu un réseau pensant ?

Enfin... plus ou moins pensant, le réseau...
Le net...
Un Virtuel de plus en plus réel, avec ses espaces dédiés, de plus en plus codifiés, ses sites, ses blogs, ses social networks, et peut-être surtout ses forums...

La réalisatrice et écrivaine Jeanne Herry a conçu et mis en scène ce spectacle dans lequel, avec trois auteurs, Patrick Goujon, Hélène Grémillon et Maël Piriou, elle va matérialiser sur le plateau la parole écrite que l'on trouve sur la foultitude de forums internet.

Oui, la parole écrite. Parce qu'il s'agit pour ces internautes qui fréquentent de transmettre et d'exprimer (ou parfois de tenter d'exprimer) leur pensée par le geste à la fois numérique et scriptural.

Les trois auteurs et la metteure en scène vont donc pratiquement faire œuvre de sociologie.

Ici, il va être question d'interroger le monde contemporain par le biais d'écritures générées par un nouveau médium.

Ils rejoignent en ce sens la démarche de Jean Cocteau qui en 1930, mettait en scène la Sociétaire Berthe Bovy, qui durant la pièce, s'exprimait de façon lacunaire au moyen d'un outil technique qui se démocratise alors : le téléphone.

Sociologie, certes, mais théâtre avant tout.
Les posts écrits seront re-transformés en dialogues, portés par sept comédiens.
Ce sont ces échanges, qu'ils soient frivoles, tendus, intenses, drôles, graves, dérisoires, fantasmés, grossiers, insultants ou encore illégaux, que les auteurs ont imaginés grâce à leur fréquentation assidue de ce médium numérique.

Tout commence dans un dispositif qui n'est pas sans rappeler le très ancien jeu télévisé « L'académie des 9 » : les comédiens se retrouvent dans des sortes de « cases » plus ou moins en hauteur, avec les projections vidéo de leur pseudo, ainsi qu'une espèce de carte heuristique de leurs connexions informatiques. Le réseau, les forums sont ainsi matérialisés.

Visualiser le net. Voici une belle gageure.
L'internet de Jeanne Herry est un espace avant tout humain. Nous ne sommes pas dans Matrix : les personnages, sortes d'avatars en chair et en os, portent par moment sur eux bien des couches de vêtements. Comment savoir vraiment avec qui l'on communique vraiment, sur ces forums ?
Quelle est l'identité réelle de ceux avec qui nous communiquons ?

Une très jolie scène, évoquant les vestiaires d'une mine du XIXème siècle, permet de formaliser à la fois l'anonymat et les identités masquées des forumeurs, et également, mais c'est mon interprétation, les octets et autres bytes qui portent le langage. Je n'en dis pas plus. C'est très beau.

Les comédiens interprètent une multitude d'internautes. Ils sont systématiquement nommés par leurs pseudos respectifs.
Les sept pensionnaires et sociétaires sont tous brillants, comme à leur habitude.
Dans une succession de saynètes très réussies, les moments très drôles alternent avec des situations plus graves, plus tendues. Parce que ces hommes et ces femmes internautes expriment avant tout une certaine difficulté à vivre.

Bien entendu, les problématiques abordées ne constituent pas une liste exhaustive, mais reflètent parfaitement les comportements de ceux qui s'adonnent à ces échanges numériques.
Tout ceci est très habile.
Un tout petit regret : j'aurais bien aimé que fût abordée la problématique du point Godwin.

Et puis, il y a la dernière partie.
A mon sens la plus intéressante.

Les auteurs, dans une judicieuse construction dramaturgique alternée de deux situations, vont permettre aux comédiens de nous faire comprendre le côté ambivalent de ces forums, capables de générer le pire et le meilleur.

Pour Jeanne Herry, il est hors de question de porter un jugement : ces outils ne sont que ce que nous en faisons, et servent les plus bas instincts ou les plus belles aspirations d'humanité.
Là encore, tout ceci est très habile.

Je voudrais tirer un coup de chapeau à Birane Ba, qui pour l'occasion, se coltine un texte difficile, une espèce de salmigondis sensé être généré par Google trad. Chapeau bas !

Je vous conseille vivement ce spectacle très original, très abouti et totalement maîtrisé de bout en bout.
Ou quand le théâtre nous renvoie très finement à nos propres pratiques sociétales contemporaines en matière de communication humaine.
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Qui a coupé l'eau ?

Qui a coupé l'eau ?

9/10
31
L'espèce humaine a-elle enfin compris qu'il fallait faire preuve d'une grande leçon d'humidité ?
Eh bien non, figurez-vous qu'on a coupé l'eau sur la Terre !

Impossible de boire, de se laver, de faire la vaisselle, j'en passe et des pires !

Kimo, une petite fille curieuse, intrépide et délurée, va se lancer dans une grande enquête autour du monde afin de retrouver le ou les coupables, et rapporter des solutions pour que notre planète puisse retrouver la précieuse H20.

Voici le point de départ de ce remarquable, intelligent, militant et pédagogique spectacle musical que l'on doit à Romain Lefrançois, Yu M. Frydig et Aneta Szynkiel.

Un spectacle fait non seulement pour divertir les têtes plus ou moins blondes à partir de quatre ans, mais également leur faire prendre conscience, plus ou moins implicitement de cet enjeu écologique majeur qu'est la préservation de cette ressource naturelle, essentielle à la survie de l'Humanité.

Durant une cinquantaine de minutes, petits et grands vont suivre la quête de Kimo. Un voyage qui en fait va se révéler formaliser et matérialiser le cycle de l'eau.

Kimo, c'est Angélique Fridblatt, par ailleurs membre à part entière du célèbre groupe vocal Les Divalala.
Elle va rencontrer toute une série de personnages interprétés par Romain Lefrançois : un ours, une bactérie (si si...), une sorte de roi des rivières et des océans, sans oublier le célèbre professeur Sam Harchepas. (Son assistant est-il le non moins connu Yves Aréprétoutça ? L'histoire ne le dit pas...)

Le duo déroule l'histoire, au moyen notamment de chansons très bien ficelées, rythmées, avec des paroles sensées et elles aussi très intelligentes.
Ici, pas de pathos de mauvais aloi. Tout ceci sonne très juste, avec des mélodies et des rythmes entraînants, qui permettent de reprendre les refrains.

Melle Fridblatt et M. Lefrançois ont beaucoup de métier.
Les lignes musicales sont très inspirées et les harmonies délicates et travaillées. C'est d'ailleurs le comédien qui a composé les paroles et les musiques des différents titres interprétés.

Dans ses différents personnages, Romain Lefrançois fait preuve d'une sacrée vis comica.
Tout le monde rit beaucoup.
Avec des références que peuvent s'approprier les adultes : son savant m'a fait furieusement penser au fameux Doc Emmett Brown, de la trilogie Retour vers le futur.
Nom de Zeus !

De jolis et astucieux costumes, de nombreux acessoires drôles, ingénieux, faits de bric et de broc, servent eux aussi à illustrer le propos.

J'ai beaucoup aimé le sac à dos permettant la téléportation, « très utile par temps de grève » ! (Je cite Kimo, qui assurément suit l'actualité politique française.)

Un spectacle musical, certes, mais également un spectacle qui repose sur la mise en scène et dramaturgie épatantes d'Aneta Szynkiel.
Le fond et la forme !

De nombres techniques théâtrales variées sont utilisées à très bon escient : jeu avec des vidéos très malignes, utilisation de petites lampes dans l'obscurité, ombres chinoises, ou encore jeu avec les couleurs des projecteurs.

Et puis bien entendu, il y a le côté pédagogique.
Des différents étapes de cette enquête écologique, Kimo rapporte des indices, qu'elle matérialise par des petites phrases et des gestes qu'elle fait répéter aux enfants.
Le tout sera récapitulé à la fin du spectacle, de façon à ce que le clou soit bien enfoncé.

Je n'aurai garde d'oublier que dans le texte, c'est « Maman qui ne peut plus s'occuper du jardin », et « Papa qui n'a plus d'eau pour préparer le biberon du bébé ».
Là encore, une volonté très pédagogique et militante ! Les stéréotypes genrés, pas pour eux !

C'était un vrai bonheur de voir les très jeunes spectateurs participer pleinement et avec un vrai enthousiasme aux aventures de Kimo.

Je vous recommande très chaudement ce spectacle enthousiasmant, qui fait partie de ceux qu'il serait dommage de réserver aux seuls petits.
Si vous n'avez pas d'enfant, empruntez-en un ou deux à votre belle sœur ou à vos voisins afin d'aller découvrir cette formidable réussite.
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Dix ans après, avec Julien Boisselier, Bruno Solo, Mélanie Page

Dix ans après, avec Julien Boisselier, Bruno Solo, Mélanie Page

8,5/10
68
Comme disait ma grand-mère, « il vaut mieux être cocu qu'aveugle. Au moins, tu vois tes collègues d'infortune... ».

Le cocu !
Inépuisable ressort dramaturgique depuis Plaute...

Le cocu magnifique de David Foenkinos va permettre à l'auteur de poursuivre de façon à la fois originale et irrésistible l'exploration du fait et surtout du désordre amoureux.

Yves (Ah ! Le beau prénom, tout de même...) et sa compagne ont invité à dîner Pierre.
(Peut-être aurez-vous remarqué que je ne vous livre volontairement pas le prénom de la compagne en question...)
Les deux hommes se sont perdus de vue depuis dix ans, et il a pris (subitement ?) envie au porteur du beau prénom ci-dessus de retrouver celui qui fut son meilleur ami.
Et Pierre arrive.

Va s'enclencher alors une mécanique dramaturgique à la fois très ingénieuse et très drôle.
On connaît l'écriture de Foenkinos.
Des dialogues ciselés, souvent hilarants, des formules chocs (si vous êtes courtier en assurances, cette pièce est faite pour vous...), une trame narrative implacable, sans temps morts et qui va droit au but, à savoir faire fonctionner à plein régime nos zygomatiques.

Cette fois-ci, il parvient même à faire se télescoper les différents temps narratifs, en mêlant de façon très habile plusieurs époques.
Bien entendu, je n'en dirai pas plus. Le procédé fonctionne à la perfection, et les amateurs de perruques se régalent.

A son habitude, Nicolas Briançon signe une mise en scène on ne peut plus efficace, avec une vraie science des déplacements et de l'occupation de l'espace scénique. Malgré la largeur importante de plateau de la salle Réjane, les comédiens ne sont jamais « perdus » dans l'espace.

(J'en profite pour mentionner une nouvelle fois le formidable travail du scénographe Jean Haas.

Le rythme est enlevé, sans pour autant relever de la cavalcade. Une nouvelle fois, M. Briançon a su placer le curseur à sa position optimale.

Les trois excellents comédiens que sont Mélanie Page, Julien Boisselier et Bruno Solo, vont évidemment contribuer eux aussi à la réussite de l'entreprise.

Le trio relève de la plus grande cohérence. Il n'y a pas de petit rôle, et chacun, sans tirer la couverture à soi, parvient parfaitement à faire en sorte que la mayonnaise dramaturgique prenne, et ce, le plus rapidement possible.
Tour à tour, ils nous font énormément rire. On sent en permanence une grande et indéfectible complicité.

Je ne vous cacherai pas que Bruno Solo fait partie de ces acteurs qui me raviraient simplement en lisant l'annuaire inversé des entrepreneurs de pompes funèbres de la Corrèze.

Ici, sa composition est une nouvelle fois épatante.
Son Pierre pourrait être un cousin germain du célèbrissime Hervé Dumont, le héros de Caméra café. On en retrouve d'ailleurs quelques traits de caractère.

Bruno Solo arrive sur le plateau, et sans rien faire d'autre que de regarder la compagne d'Yves, il déclenche les rires.

Faut-il avoir une sacrée vis comica, une vraie puissance comique, pour arriver à cet acte de faire rire sans autre artifice que son regard.

Bien entendu, pour notre plus grand plaisir, le comédien déploie toute sa palette comique.

Il faut regarder évidemment Bruno Solo lorsqu'il dit son texte, mais il faut le lâcher des yeux le moins possible lorsqu'il ne dit rien.
Ses ruptures, ses double-takes, ses mimiques, ses airs de chien battu avec les sourcils en accent circonflexe, ses regards en coin, ses petits soupirs, tout ceci relève d'un art consommé de la comédie.

Pour autant, il parvient également à être très touchant, à certains moments importants de la pièce que je ne dévoilerai évidemment pas.

Vous l'aurez compris, j'ai pris beaucoup de plaisir à assister à cette comédie je le répète très originale.

On rit énormément, et le rire qui nous est proposé est un rire sain et intelligent.

Cette entreprise artistique est une vraie réussite !
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