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Yves Poey
Yves Poey
Mini-Molière du Critique
120 ans
62 espions
espionner Ne plus espionner
Des critiques de théâtre, des interviews webradio, des coups de coeur, des coups de gueule.
Son blog : http://delacouraujardin.over-blog.com/
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Ses critiques

1005 critiques
J'aurais aimé savoir ce que ça fait d'être libre

J'aurais aimé savoir ce que ça fait d'être libre

9/10
12
« Vous connaissez Nina Simone ? », nous demande Chloé Lacan.
« Si vous ne la connaissez pas, vous pouvez rester, c'est pas grave... »

Encore une énième pièce consacrée à Nina Simone, me direz-vous ?
Eh bien non !
Chloé Lacan nous propose un spectacle consacré à... Chloé Lacan.

Melle Lacan, ado, qui va rencontrer une voix, dans les années 80.
Une voix de colère, une voix « au couteau », nous dit-elle, qui va la marquer à jamais, qui va résonner encore et encore, toujours.


Parce qu'il est des voix comme ça. Vous les entendez, et elles s'imposent à vous.
Une voix d'artiste, mais peut-être et surtout, la voix d'une femme qui montre le chemin à ses sœurs en humanité.

Une voix qui dira la colère, la rage, le refus de tout accepter, mais aussi la voix qui dira également l'état amoureux, cet état qui peut conduire à toutes les concessions, quitte à les regretter ensuite.


Chloé Lacan nous confesse tout d'abord avoir été une enfant parfaite, une enfant propre à deviner ce que les adultes en général et la famille en particulier attendaient d'elle.
Une enfant-terreau prête à voir grandir en elle et prendre à son compte le désir de liberté de Miss Simone.

C'est véritablement ce passage de l'enfance à l'adolescence qui constitue un fil directeur important de ce spectacle.

La comédienne qui se tient devant nous est avant tout une musicienne, une chanteuse.
Ce spectacle-concert mélangera des titres de son répertoire et ceux de celle qui compte tellement à ses yeux.

Elle commence a capella, avec une magnifique et poignante complainte.
« D'aussi loin qu'il m'en souvienne,
Nous étions plein dans ce corps-là.
La garce, la sainte, la vilaine... »

Tout au long de la pièce qui nous décrira les passerelles existant entre les deux femmes, et surtout ce que la deuxième, Chloé, doit à la première, Nina, cinq actes seront articulés autour de cinq mots qui apparaîtront « physiquement » sur scène de façon judicieuse et inattendue.

Des mots qui seront nécessaires pour fixer le cadre dans lequel les chansons des deux artistes interviendront.

Des mots qui nous rappellent beaucoup d'éléments biographiques de celle à qui l'homme blanc refusa la qualité de première pianiste concertiste classique noire.


Chloé Lacan n'est pas seule sur la scène du théâtre de Belleville.
Un deuxième musicien, poly-instrumentiste, en l'occurrence Nicoles Cloche, (aux chant, piano, batterie, ukulélé et aux arrangements) se tiendra à ses côtés.

Le duo, mis en scène Nelson Rafaell Madel, fonctionne à la perfection. Il faut dire qu'ils jouent souvent ensemble, partageant le même amour et la même conception de la chose musicale, du jeu, de la théâtralité.
La complicité artistique est très vite palpable.

Nicolas Cloche est beaucoup plus qu'un accompagnateur.

Nous avons devant nous deux musiciens qui nous procurent bien des émotions, notamment dans une sublime version accordéon-piano-voix de Sinnerman.
Le public n'en mène alors pas large. Des frissons parcourent les échines...

Les titres de Nina Simone sont arrangés de façon tout à fait personnelle et tout à fait réussie pour les deux artistes, qui donnent également une vraie dimension physique renforçant le coté viscéral des paroles, en se servant parfois de leur corps comme percussions.

J'ai redécouvert notamment My baby just Cares for me, avec une version mettant en avant les qualités rythmiques et harmoniques de l'une des chansons les plus connues de Miss Simone.

Ce spectacle nous permet de comprendre en finesse combien une artiste peut marquer, peut influencer une jeune femme dans toute sa personnalité, humaine et artistique.
Une artiste dont la voix montre la voie.

C'est un très beau moment musical et dramaturgique qui vous attend au théâtre de Belleville.
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Les Premiers

Les Premiers

9/10
13
« C'est dur, l'amour ! »
Pas faux, André !

André, nous le découvrons sur son matelas, endormi sous une couverture militaire.
Il habite une maison assez rudimentaire, sans grand confort. Un abri, une cabane, un refuge qui lui permet de ne pas rester à l'extérieur.

De l'extérieur, justement, va surgir Rislieux, d'une façon que personne n'imaginait.

Nous n'allons pas tarder à découvrir que ces deux-là, elle et lui, sont deux solitaires, des êtres à la marge, « inadaptés » l'un à l'autre.
Deux entités humaines qui ne savent pas grand chose ou qui ont tout oublié.
Spécialement en ce qui concerne l'amour...

Les premiers de leur espèce ?
Un Adam et une Eve des temps modernes ?
Un dieu, une déesse chargés sur une Olympe de pacotille d'imaginer et de mettre en place un archétype du récit amoureux ?

Jeanne Lepers a écrit, à la façon de Bertrand Blier ou encore de Rémi De Vos, un conte, une fable surréaliste, drôle, parfois caustique, parfois émouvante, dans laquelle elle va s'attacher à disséquer ce qui fait la spécificité de la relation amoureuse, vue par le prisme de l'ignorance et de la découverte.

Ses deux héros, ce sont des non-sachants. Ils ne savent pas aimer, ils ne savent pas le dire, l'avouer, le faire, le rêver ou le regretter. Pour autant, ils vont découvrir que cet amour où tout est à faire constituera leur salut.
Pour eux, tout est à faire. La séduction, la sensualité, l'érotisme, mais aussi le manque, la séparation, les regrets, le pardon...

Nous allons énormément rire, parce que la façon dont ces deux-là vont aller de découvertes en découvertes, cette façon-là est très drôle.
Des situations paroxystiques, des détournements de codes et de chansons d'amour servant à mettre en évidence leur envie de s'échapper de leur condition de solitaires, (les fans de Garou se régalent), des petits ou grands gestes emphatiques, tout ceci nous tire quantité de rires.

Melle Lepers a également beaucoup travaillé sur le thème des rituels.
André, puis Rilsieux, sont des êtres de rituels. Des adeptes des algorithmes de tous les jours, acquis et revendiqués pour lui, à découvrir pour elle.

Ce sont bien souvent ces petites scènes qui mettent en place de façon très humoristique ces routines ordinaires créant la grande drôlerie voire le côté burlesque de la pièce.
A ce titre, une magistrale scène de petit-déjeuner m'a fait à maintes reprises hurler de rire.
Vous ne regarderez plus votre plaquette de beurre, votre tasse de café ou votre sucrier de la même façon après avoir vu cette pièce.

Dans ce théâtre de l'absurde, dans ce théâtre qui prend son temps, les deux comédiens Kristina Chaumont et Adrien Guiraud sont particulièrement excellents.

Ils incarnent ces deux personnages surréalistes avec une force, une énergie et une conviction totales.
J'ai totalement cru à ces deux marginaux sympathiques, attachants.
J'ai eu envie de les aider à se découvrir, à s'apprivoiser, ils m'ont captivé à suivre leurs déboires amoureux.

Ils m'ont fasciné à jouer leur émerveillement devant toutes les découvertes des petits événements qui font la relation amoureuse : une caresse sur la joue, un baiser ou une encore étreinte maladroite.

Mais l'amour, c'est aussi le corps.
Le corps qui en bougeant, en se mouvant dit également beaucoup de choses.

Les deux personnages se lancent parfois dans des sortes de danses étranges et très réussies, chorégraphiées par Julien Gallée-Ferré.
Avec une précision qui met en scène la maladresse des deux personnages, ces ballets permettent eux aussi de nous montrer l'envie irrésistible mais aussi la difficulté de trouver le salut dans la nécessité de ne plus être seul.

Mais attention : pas à n'importe quel prix !

Rilsieux nous le dira clairement. « On n'est pas des animaux, on est des amoureux ! ». Elle sait exactement dans quel cosmos situer l'éros !

Immanquablement, cette pièce nous renvoie à notre expérience en matière de récit amoureux.
Impossible de ne pas se projeter dans notre propre passé, proche ou éloigné, impossible de ne pas faire référence à nos propres expériences, qu'elles soient heureuses ou malheureuses.

Il me faut également mentionner les belles lumières de Carine Gérard, qui contribuent pleinement elles aussi au propos de l'auteure-metteure en scène.

Je vous conseille fortement ce spectacle intelligent, étonnant et passionnant, qui ne peut laisser personne indifférent.
Je ne suis pas près d'oublier le drôle et formidable couple de théâtre que forment André et Rilsieux !
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Du rififi dans la galaxie

Du rififi dans la galaxie

9,5/10
14
Il y a bien longtemps, dans une lointaine galaxie...

Par le grand marteau de Praktar !
Rien ne va plus !
C'est ce que nous explique sur l'écran vidéo le texte jaune qui se déroule sur fond étoilé, (ça ne vous rappelle rien ?), le tout sur fond de générique de la série Cosmos 1999.

Nous sommes en 20 220. Figurez-vous que le cosmotix écarlate est introuvable !
A sa recherche, les troupes de l'empereur Padisha 1er, les Corsaires centauriens, sans oublier les Forces rebelles intergalactiques menées par la colonelle Supernova, tout ce petit monde écume les parsecs stellaires à qui mieux mieux.

Pendant ce temps-là, sur Eupholia, la petite planète aride aux trois soleils, le duc Leto et les indigènes ont eux aussi leurs propres préoccupations. Le terrible Bargob rôde...

Remarquable ! J'ai assisté à un remarquable spectacle !
Une nouvelle fois, la compagnie Tamèrantong permet à vingt-quatre jeunes de 8 à 12 ans issus d'un quartier populaire, en l'occurrence cette fois-ci de Paris-Belleville, de nous proposer un spectacle très abouti.


Depuis maintenant vingt-huit ans, cette compagnie fondée par Christine Pellicane œuvre afin de faire entrer la culture, le théâtre dans des lieux où tout ceci n'est pas forcément la préoccupation première des gamins et des familles.
Par le biais de ces vecteurs culturels, il s'agit également de construire ensemble des projets artistiques ambitieux, citoyens, dans lesquels bien des valeurs humanistes essentielles sont défendues : le vivre ensemble, la tolérance, le respect de l'Autre et de sa différence ou encore l'empathie.

Ce spectacle écrit et mis en scène par Philippe Maymat est véritablement passionnant.
Non pas parce que ce sont des enfants qui jouent, mais bien parce que devant nous, nous avons bel et bien affaire à de jeunes, très jeunes comédiens qui déjà possèdent bien des qualités indispensables à ce métier.

Dans cette histoire qui mêle l'univers de la Tempête, de Shakespeare, de Star Wars, de Dune ou encore de Star Trek, ce que j'ai vu force le respect !

Les techniques de jeu, la diction, les silences, la prise de temps, les ruptures, les double-takes sont déjà bien en place, et permettent d'assister à une pièce épatante, drôle, parfois émouvante, souvent burlesque.

Les jeunes sont souvent impressionnants et déjà très professionnels.
On sent évidemment un sacré travail de pédagogie derrière tout cela !


Les formateurs de la compagnie ont réussi à mettre en place des conditions de travail qui font que le résultat est là : sur le plateau, on sent une vraie cohésion, une belle énergie, une envie palpable de raconter et montrer cette histoire. Les mômes jouent, s'amusent. Ici, le verbe jouer est à prendre dans ses deux acceptations.
Le sens du plateau est bien présent, tout ceci est aéré, espacé, la mise en scène peut ainsi être fluide, vive, enlevée, dynamique au possible.


Pas de temps morts, les tableaux s'enchaînent à toute allure !
Des scènes hilarantes se succèdent, comme notamment celle des trois troopers et leur capitaine qui déclenchent les rires de tout le public en bombant le torse et en ratiocinant à qui mieux mieux.


Des personnages sont épatants, comme ce Guerney, qui place systématiquement le complément d'objet avant le verbe, comme un certain Yoda, (Ah ! Ce « Se détendre, il nous faut » !), ou encore le professeur Rasimov, la colonelle Supernova, l'empereur Padisha, le duc Leto, Alia, et bien d'autres.

Le texte est intelligent, spirituel, malin, avec un fil narratif jubilatoire à plusieurs niveaux de compréhension. Petits et grands s'y retrouvent, chacun à sa mesure. Un message humaniste et écologiste passe sans problème.



Des combats au sabre laser sont très réussis, subtilement réglés, ainsi que de très jolies scènes d'ensemble très chorégraphiées.

La bande-son de la pièce reprend tous les grands classiques de la SF, avec des bruitages caractéristiques. Les sons des lasers, des vaisseaux, et même le cri rauque emprunté à un célèbre personnage tout poilu avec une arbalète, tout ceci est également très réussi.

Les belles illustrations très cartonnesques de Melvin sont projetées sur grand écran, et nous permettent de nous retrouver sur les différents lieux de l'action, sur Eupholia ou à bord du Mostromo, le croiseur-amiral de l'empereur.

La pièce sera donnée très prochainement, le vendredi 3 avril (10h et 14h) pour les scolaires, et le samedi 4 avril à 17h au théâtre de l'Epée de Bois, à la Cartoucherie de Vincennes.

Allez impérativement découvrir ce magnifique et étonnant spectacle, qui témoigne de l'engagement, de la volonté, de la persévérance et surtout du talent de tous pour mettre sur pied un formidable projet culturel et citoyen.

Indispensable et incontournable !
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas !
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Gros

Gros

8,5/10
15
C'est l'histoire d'une crevette devenue bébé-cachalot.


Une fable ? Un conte ?
Non, une quasi-autobiographie.

Celle de Sylvain Levey, l'auteur de théâtre contemporain, vingt-huit textes au compteur, actuellement publiés aux Editions théâtrales.


Sylvain Levey, comédien, également, même s'il remonte pour l'occasion sur la scène, qu'il avait « physiquement » quittée depuis une quinzaine d'années.

Dirigé par Matthieu Roy, (par ailleurs co-directeur de la Maison Maria Casarés), l'auteur de Ouasmok, Comme des mouches ou encore Costa le Rouge nous propose une lecture de son dernier texte en date, Gros.

Une lecture très aboutie. On sent bien que le cahier à spirale ne demande qu'à quitter les mains de son propriétaire, et que celui-ci est pratiquement prêt à dire, jouer et non plus seulement lire.

Dans son style reconnaissable, fait de phrases courtes, percutantes, aux formules ciselées et très imagées, il va nous raconter son histoire personnelle.

Une histoire dont le personnage principal est le gras.
Le gras de la bouffe. La graisse de la malbouffe.
Le gras du beurre, du saucisson, des merguez, des chipolatas, du fromage, le gras qu'il voudrait s'injecter en intraveineuse.

Crevette, donc, ce Sylvain de bébé, prématuré de 2,980 kg à la naissance.
Une enfance de petit maigre.
« Je suis petit. Banal et petit !», affirme-t-il.

Et puis l'été des dix ans. La rencontre avec la nourriture.
La nourriture, le besoin constant de manger, et la fatale et inéluctable conséquence : la prise de poids.
L'histoire personnelle se confond alors avec une histoire quantifiée de prise de masse.

Le petit Sylvain devient alors le petit gros tout court.
Avec les vexations, les humiliations associées à la rondeur et au surpoids. A l'école, au collège, sur le terrain de foot, à la piscine, les petits gros sont dans le collimateur des autres enfants.

Ou quand la différence physique engendre moqueries et autres quolibets. Une forme de violence vécue comme telle.

Certes, il nous raconte tout ceci avec un humour souvent ravageur.
Mais derrière l'humour qui sert à cacher, à dissimuler certaines blessures, les spectateurs perçoivent bien une vraie détresse dans ce qui nous est révélé.
Certains moments sont très émouvants, l'autodérision laissant passer le désarroi devant l'impossibilité de perdre les kilos en trop.

C'est un véritable combat qui nous est décrit. Un combat perdu d'avance.

Ce spectacle est aussi d'une certaine manière une pièce politique qui établit un rapport certain entre la malbouffe et le prolétariat.
Manger de façon équilibrée coûte très cher, les pauvres n'ont pas les moyens de bien manger.
La démonstration de l'auteur est imparable.

C'est une pièce qui nous parle également d'amour.
Aimer, c'est facile, mais être aimé, c'est une autre paire de manches, nous dit en substance Sylvain Levey. Il nous le prouve.

Et puis, c'est aussi une pièce qui nous parle de théâtre.
Le théâtre qui se présente à vous par le biais d'une petite affiche lue par hasard, sur la devanture d'une entreprise de pompes funèbres .

Le théâtre qui ouvre des portes et révèle un monde insoupçonné.
Le théâtre et son écriture, qui sauvent.

Il revient maintenant à Matthieu Roy de finaliser cette lecture, pour en faire une véritable pièce.
Un parti pris est déjà trouvé, qui fonctionne parfaitement : à plusieurs reprises, Sylvain Levey se précipite comme un forcené vers un réfrigérateur ou un congélateur imaginaires. C'est drôle et on ne peut plus explicite.

Le metteur en scène pense également faire cuisiner son comédien sur scène, en lui faisant confectionner un gros gâteau pendant qu'il raconte. Au beurre, le gâteau, forcément.

Je vous conseille donc vivement d'aller assister à cette lecture d'une pièce qui interpelle chacun d'entre nous.
On est tous le gros de quelqu'un.

« Allez, hop hop hop, un petit tour dans le frigo ! »
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Anne Delaleu
Anne Delaleu

Je file manger ma soupe de légumes, je rêve d'une planche de charcuterie...

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Vendredi 6 mars 2020
Sur les pas de Léonard de Vinci

Sur les pas de Léonard de Vinci

8,5/10
16
Eh non, en 1495, la pizza n'était pas inventée. Même à Florence !


Cruelle déception pour Léo, que sa sœur Lisa a traîné plus ou moins de force au Louvre, devant le portrait le plus célèbre de toute l'histoire de la peinture occidentale.

Un portrait qui s'est animé, à la grande stupéfaction des deux petits orphelins.

Oui, la Joconde en a marre de poser pour les selfies mondiaux des touristes !

Ras le bol d'être confinée dans ce cadre hyper sécurisé dans une salle du même acabit. Elle a besoin d'air, Mona Lisa !
Et surtout, elle brûle de faire découvrir aux deux enfants son créateur, l'illustrissime Léonard de Vinci.

Et pour ce faire, quoi de mieux qu'un petit voyage dans le temps, je vous le demande un peu !
Et nous, petits et grands, de nous retrouver dans l'atelier du génie.

On ne change pas une équipe qui gagne.

William Mesguich et sa petite troupe de comédiens-chanteurs-musiciens, qui nous avaient précédemment ravis, ici même, au théâtre Paris-Plaine dans une version très aboutie des Misérables, nous proposent cette fois-ci un nouveau et remarquable spectacle pour jeune public.

Une évocation épatante, à la fois dramaturgique et picturale, du grand Léonard.

Ici, dans ce voyage initiatique, écrit par Estelle Andréa, il va être question de transmission Et de résilience, aussi.
La rencontre avec il signore Da Vinci sera le prétexte à véhiculer auprès des têtes plus ou moins blondes de vraies valeurs humanistes, telles que la tolérance, l'acceptation de la différence (une séquence sur un quiproquo « gai » et « gay » est très drôle et très pertinente), ou encore le respect de l'Autre.

A son habitude, William Mesguich mène son monde avec une vraie acuité dramaturgique, avec pertinence et une belle énergie.
Les tableaux se succèdent avec un rythme soutenu. Ici, pas de temps morts !

Les chansons composées par Grégoire Lemoine sont fort réussies et très entraînantes. Impossible pour moi de ne pas fredonner le refrain de la toute dernière, à la sortie du spectacle.

Les paroles intelligentes, spirituelles collent parfaitement au texte.

Une très belle scénographie permet de recréer notamment l'atelier du peintre, avec les fameuses planches à la sanguine projetées sur trois écrans, dont deux amovibles.
Tout ceci est très beau et très réussi.
La scène de superposition de Léonard en chair et en os avec son Homme de Vitruve est particulièrement belle.


Et puis les quatre comédiens nous ravissent.
Par leur jeu, certes, mais également par leur talent de chanteurs. Et pour certains, de chanteurs et chanteuses lyriques.

C'est notamment le cas de Magali Palies, mezzo-soprano, par ailleurs directrice artistique de la compagnie Coïncidences Vocales.
Oui, Melle Palies incarne de façon jubilaroire cette Mona Lisa émancipée, qui n'hésite pas à danser du hip-hop ! Sa composition de « pilote d'essai » est également épatante. Je vous laisse découvrir sans en dire plus.

La comédienne est très drôle, mettant parfois en œuvre une gestuelle qui me fait penser à Valérie Lemercier.
Son interprétation de ce rôle pas si évident que cela est une belle réussite.

Tout comme celle de Julien Clément qui campe un De Vinci plus que convaincant.
Dans le rôle de ce grand humaniste, il déploie une vraie justesse, notamment dans la scène où est abordée de façon tout à fait adaptée son homosexualité.
Je n'aurai garde d'oublier son côté pédagogique qui fait découvrir notamment la technique du sfumato.

Léo est interprété par Oscar Clark, qui lui aussi fait beaucoup rire les jeunes spectateurs, avec ses expressions désabusées du début du spectacle.
Le comédien est également un guitariste émérite, accompagnant ainsi plusieurs des chansons.

Et puis l'auteur de la pièce, Estelle Andréa joue elle-même Lisa, la petite fille par qui tout arrive.
Le duo fonctionne très bien.

Tout comme les élèves de l'école Alain-Fournier présents dans la salle ce mercredi après-midi, tout comme Tifaine, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre les aventures spatio-temporelles de Mona Lisa.
Encore un spectacle qu'il serait dommage de laisser aux seuls petits !
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