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Yves Poey
Yves Poey
Mini-Molière du Critique
120 ans
62 espions
espionner Ne plus espionner
Des critiques de théâtre, des interviews webradio, des coups de coeur, des coups de gueule.
Son blog : http://delacouraujardin.over-blog.com/
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Ses critiques

1005 critiques
Une vie allemande

Une vie allemande

9/10
21
102 ans.
Qu’est-ce qui peut bien pousser une dame âgée de 102 ans à raconter en 2013 à une équipe de journalistes-documentaristes autrichiens des souvenirs datant d’environ soixante-dix ans ?

Il faut dire que cette dame n’est pas n’importe qui, et que ces souvenirs-là ne sont pas n’importe quels souvenirs.

Brunehilde Pomsel fut en effet à partir de 1942 l’une des secrétaire de Joseph Goebbels, tristement célèbre ministre de la propagande du IIIème Reich nazi.

Besoin de témoigner, d’expurger de façon quasi cathartique une mémoire remplie d’événements dramatiques ? Nul ne le sait vraiment, y compris l’intéressée, qui précisait en tout cas en 2016 : « Il ne s’agit absolument pas de soulager ma conscience. »

Tout est dit.

Cette volonté de raconter « sa » vérité, de nous dire qu’elle ne savait rien des camps de concentrations, si ce n’est que c’était « seulement » une entreprise de rééducation des Juifs, de nous expliquer que sans véritable conscience politique, elle ignorait un certain nombre de faits, de nous certifier qu’elle avait adhéré au parti nazi « comme tout le monde », tout ceci constitue une réelle ambigüité.

C’est évidemment cette ambigüité-là qui a séduit l’auteur Christopher Hampton pour tirer de ces cent-treize minutes que dure le documentaire, un texte théâtral.
Car oui, ce texte créé à Londres en 2019 au Bridge Theatre par Maggie Smith, dans une mise en scène de Jonathan Kent, ce texte est bel et bien du théâtre.
(Il faut saluer au passage la traduction française de Dominique Hollier.)

Du théâtre, et non pas le relevé mot-à-mot du documentaire.
C’est ce qu’a bien compris le Thierry Harcourt, qui met en scène Judith Magre.
La merveilleuse Judith Magre. (Et non, je ne peux une nouvelle fois m’empêcher d’écrire ce pléonasme.)

Ces deux-là se connaissent bien. C’est en effet leur quatrième collaboration.
Une vraie complicité les unit.

Qui dit théâtre dit certes distanciation et catharsis, mais également fonction d’édification de l’opinion.
Nous autres spectateurs, accueillis par la comédienne déjà installée à son bureau derrière une pile de livres, nous, nous allons devoir nous forger notre propre avis.
Il faudra ainsi prendre position.

D’ailleurs, Melle Magre nous voit : durant la majeure partie de la pièce, les lumières resteront allumées. Comme si nous étions des jurés chargés de démêler le vrai du faux, et de nous forger notre intime conviction.

La voix. Les yeux. Les mains aux doigts effilés.

Dès ses premiers mots, Judith Magre nous envoûte.
Purement et simplement.
Je défie quiconque de lâcher prise durant l’heure et demie qu’elle va passer à nous dire et vivre les mots de Frau Pomsel.

Durant une première partie, elle raconte l' enfance et la jeunesse de son personnage, dans le Berlin d’avant-guerre.
Nous voyons devant nous la porte de Brandebourg, la maison de la radio berlinoise, les festivals de danse, les lieux de culture, les avenues chargées de voitures.
Nous faisons connaissance avec Heinz, son premier amoureux...
Nous sommes emportés dans ce tourbillon d'insouciance précédant l'horreur.

De grands moments nous attendent.

Des moments parfois drôles, d'ailleurs, que la comédienne raconte avec les yeux qui pétillent de malice… (La narration des naissances successives des quatre frères Pomsel suite aux permissions du père, la rencontre avec son idole, l’acteur-phare Attila Hörbiger, font par exemple partie de ces instants qui nous font rire.)

Et puis, au bout d’une vingtaine de minutes, la comédienne va subtilement, finement distiller l’ambigüité que j’évoquais un peu plus haut.

Par petites touches, alternant notamment admiration et répulsion pour son patron, le personnage incarné par la comédienne bâtit son argumentation.

Melle Magre parvient à nous déstabiliser en nous restituant les arguments de Brunehilde Pomsel.
Elle est très troublante.

Grâce à ses immenses talent et métier, elle est en permanence sur le fil du rasoir.
L’effet d’appropriation est tel que par moment, on a envie d’intervenir, de lui opposer des arguments ou encore de la conforter dans ses justifications.

La comédienne est également très émouvante, dans des scènes marquantes, comme celle où, une fois libérée du camp de Buchenwald en 1950, son personnage apprend l’assassinat, parmi les six millions de juifs, de sa camarade de jeunesse Eva Löwental.
Ou bien encore celle de la révélation du meurtre par leur mère des six enfants Goebbels.

Bouleversante Judith Magre !

C’est un intense et admirable moment de théâtre auquel il faut absolument assister.
Quelle rentrée, au Poche-Montparnasse !
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La promesse de l'aube

La promesse de l'aube

9,5/10
50
La mère, qu’on voit penser, le long du golfe niçois...

Je n’irai pas par quatre chemins.
En nous embarquant littéralement dans son adaptation du livre fascinant de Romain Gary, Franck Desmedt nous donne une véritable leçon de théâtre !

C’est bien simple, durant cette heure et dix minutes que dure le spectacle, il fait beaucoup plus qu’incarner ce petit garçon, cet adolescent puis ce jeune homme : il devient tout bonnement Romain Gary, tellement il réussit à s’approprier les mots de l’auteur.
Ces mots, ces phrases, ces extraits, il va les faire siens.
Il va les vivre !

Après que Louis Armstrong nous eût chanté une nouvelle fois le caractère merveilleux du monde, le comédien apparaît.

Costume trois pièces, symbole de réussite.
Cravate noire. Un autre symbole.

Immédiatement, il va planter le décor. Le monde merveilleux, en l'occurrence, c’est Nice, après le départ de Lituanie.
Nice qui a accueilli la mère du petit Roman.
Nice, son marché de la Buffa et sa plage de la Grande bleue.

Dès les premiers mots, le Molière 2020 du meilleur comédien pour un second rôle va nous attraper pour ne plus nous lâcher.
Il sera alors impossible pour nous autres spectateurs de se détacher de ce qu’il nous dit et ce qu’il nous montre.
De la même façon que nous étions fascinés par son Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline, dans son fief de La Huchette en 2018.

Adapter, c’est choisir.
Il l’a fallu, pour nous parler de cet amour inconditionnel d’une mère pour son fils.

L'amour maternel...
L'amour d'une mère abandonnée par son mari à la naissance de son fils, qui reporte sur lui tout son amour, un immense amour exclusif, possessif.
Une mère qui place en son rejeton les espoirs les plus grandioses.

« Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais », nous dit Romain Gary, dans ce roman autobiographique, publié en 1960.

Ces extraits choisis vont révéler l’immense palette de jeu du comédien.

C’est un véritable bonheur que de le voir restituer l’humour contenu dans l’œuvre.
De grands moments nous attendent.

Avec notamment la description de la servante Mariette et de son postérieur, le dépucelage de l’adolescent par la sus-nommée, une rencontre surréaliste avec le roi de Suède, l’attentat manqué d’Hitler, j’en passe et non des moindres, autant d’évocations qui vont susciter l’hilarité du public.

Certes, l’humour est bel et bien contenu dans le texte. Encore faut-il savoir et pouvoir le restituer.
M. Desmedt, mis en scène par Stéphane Laporte et Dominique Scheer, s’en donne à cœur joie : ses intonations, ses ruptures, ses silences très évocateurs, ses regards adressés au public, quelques apartés jubilatoires, tout ceci est mis en œuvre de formidable façon pour nous faire rire.

C’est un vrai bonheur de voir ses yeux pétiller de malice. Lui aussi s’amuse.
A tel point qu’au moment de l’imitation d’un grand homme, j’ai cru déceler poindre un fou-rire finalement retenu.

Car de plus, grâce à des gestuelles particulières et des accents épatants, il incarne non seulement le « couple » maman-fiston, mais aussi beaucoup d’autres truculents personnages.
Je vous laisse évidemment découvrir…

Mais là n’est pas seulement le seul talent du comédien. Loin de là.
Le plus difficile, peut-être, restait à faire.

Franck Desmedt nous restitue subtilement, finement, parfois gravement, en tout cas avec beaucoup de sensibilité, toute l’émotion du texte.
L’émotion, certes, mais également une certaine forme d’angoisse.
Nous comprenons parfaitement le déchirement du jeune Romain à l’idée de ne pas pouvoir réaliser les attentes de sa mère.
La promesse en question, que personne ne peut tenir.

Et puis dans la seconde partie, la maman n’est plus.
Même en ayant lu plusieurs fois le livre, même en ayant vu d’autres adaptations de ce texte, mes yeux sont devenus humides devant la scène des lettres.
Un autre très grand moment du spectacle.

Vous l’aurez compris, et vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas, il faut absolument aller voir cette intelligente et passionnante adaptation, qui bien entendu, nous renvoie à notre propre rapport à l’amour maternel.

Une leçon, vous dis-je !
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L'île des esclaves

L'île des esclaves

9/10
18
Une île, entre le ciel et Marivaux…
Une île-république, dont la devise pourrait bien être : liberté, identité, humanité.

Pour cette rentrée au Poche-Montparnasse, Didier Long a entrepris de mettre en scène cette pièce qui n’est pas la plus montée de l’auteur.

Marivaux délaisse pour un temps sont thème de prédilection, les méandres amoureux, pour nous proposer sa vision de la justice sociale.
Prévoyant probablement qu’autour de lui, les rapports sociaux et sociétaux ne peuvent plus longtemps rester en l’état, il imagine cette île sur laquelle les rôles sont inversés : les maîtres deviendront esclaves, la réciproque étant également vérifiée.


Pour autant, Marivaux n’est pas un révolutionnaire de 1789, encore moins de 1793.
Pour lui, le changement doit intervenir avant tout par le besoin d’une prise de conscience : chaque homme et chaque femme doit chercher à savoir qui il ou elle est, la recherche pour chacun de son identité propre devant aboutir à l’obtention de l’humanité.

C’est donc ce qu’a bien compris Didier Long, qui n’a pas comme certains de ses confrères axé son propos sur une vision trop politique et « politicienne » de l’œuvre.
Ici, dans cette île-caverne platonicienne, il sera principalement question du « gnothi seauton », le « connais-toi toi-même » grec.

Dans un travail tout en précision et fluidité, le metteur en scène nous parle de regards.
Le regard que l’on porte sur l’autre, mais aussi et surtout, le regard porté sur soi-même.

Le beau décor de Jean-Michel Adam, avec à jardin de grands miroirs, avec ou sans tain, permet d’ailleurs d'amplifier ces regards.
Les regards, qui auront une place primordiale, dans ce spectacle.
Je vous conseille d’ailleurs de jeter un œil sur les comédiens qui ne s’expriment pas, et qui s’observent les uns les autres, ou bien encore contemplent leur propre reflet.
Pour se connaître, il faut se regarder.

Ces comédiens vont nous procurer beaucoup d’émotions et de plaisir.

L’élégance et la grâce seront omniprésentes.
Le public tombe très rapidement sous le charme de la petite troupe.

Un habitué des lieux, Hervé Briaux, (comment oublier son magnifique spectacle « Tertullien », ici même), Hervé Briaux, donc, campe un impressionnant Trivelin, sorte de GO de ce Club-Med très particulier.

En philosophe-maître des lieux, il donne à son personnage une autorité et un charisme incontestables. En manteau noir contemporain, parmi des costumes plus XVIIIème siècle, de sa voix grave, qu’elle soit portée ou chuchotée, il inspire respect et confiance.
Un type qu’on n’a pas envie de contester, et qu’on est prête à suivre les yeux fermés.
(Son premier verbe à l’impératif, presque crié du fond de la salle, résonne encore à mes oreilles.)

La façon qu’il a d’accoucher les nouveaux îliens de leur autocritique (pour reprendre un concept perverti du XXème siècle), cette façon-là est admirable.

Pierre-Olivier Mornas est quant à lui un grand Arlequin.
C’est surtout lui qui va mettre en évidence les traits d’humour dont Marivaux a truffé sa pièce.
Oui, le comédien, ébouriffé tout au long du spectacle, va nous faire beaucoup rire.


Sa façon d’observer ses camarades, ses mimiques, sa gestuelle (la scène de séduction avec une langue digne de celle du loup de Tex Avery est irrésistible), sa démarche parfois étonnante ravissent les spectateurs.
Pour autant, le comédien nous démontre sa large palette de jeu en devenant très émouvant, à la toute fin du spectacle.
Un grand Arlequin, vous dis-je !

Julie Marbœuf et Frédéric Rose sont Euphrosine et Iphicrate, les maîtres devenus serviteurs.
Tous les deux parviennent subtilement à nous montrer le dur chemin intérieur qui est celui de leur personnage.
Les deux nous font parfaitement comprendre le changement qui s’opère dans l’esprit de ces nobles arrogants devenus beaucoup plus humains.

Et puis Chloé Lambert, en servante affranchie et promue, va elle aussi nous ravir.
Dans de longues tirades, la comédienne nous brosse de façon sidérante le portrait sans concession de sa ex-maîtresse.

Elle est souvent déchirante, à nous dire ce que son personnage a subi, les quolibets, les insultes, les moqueries.
Elle aussi parvient tout en finesse, notamment dans la dernière partie, à nous faire comprendre le changement intérieur qui s’opère dans son personnage, et puis surtout, elle nous fait comprendre quelle peut être la difficulté d’accepter ce changement.
Sa Cléanthis restera elle aussi longtemps dans nos esprits.

Je n’aurai garde pour terminer d’oublier de mentionner deux pléonasmes : les beaux costumes de Corinne Rossi, qui ré-interprète la mode du XVIIIème siècle, et la jolie musique de François Peyrony, avec notamment une entrée en matière au clavecin très réussie.
Coup de chapeau également Denis Koransky pour ses belles lumières. (Difficile d'éclairer, avec des miroirs sur un plateau...)

On l’aura compris, voici un premier spectacle incontournable de cette rentrée 2021/2022.
Il faut aller aller sur cette île de la confrontation.
Qu’on se le dise !
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Chirac

Chirac

9,5/10
21
« On est nostalgiques d’un temps que l’on n’a pas connu ! ».
Voici ce que me confiaient deux très jeunes spectatrices dans la file d’attente du théâtre de la Contrescarpe, impatientes qu’elles étaient de découvrir cette pièce.
Chirac.

Comme pour illustrer la fascination au sens premier du terme qu’exerce encore et toujours l’ex-président de la République.
Comme pour dire leur besoin de retrouver l’homme, public et privé, l’animal politique.

Pendant une heure et quart d’un remarquable spectacle, étonnant et passionnant, nous allons le voir, Jacques Chirac.
En chair et en os, serais-je tenté d’écrire.



Nous voici dans le jardin du Luxembourg.
Sur une chaise métallique estampillée Sénat, une jeune femme lit les mémoires chiraquiens.
Je vous aurais bien révélé son prénom, mais celui-ci est prétexte à une formidable séquence que je me garderai bien de déflorer.

Elle s’endort. La rencontre peut avoir lieu.

A cour, dans la pénombre, le voici qui paraît en contrejour sur la scène.
Tout d’abord une silhouette familière.
Un grand gaillard en costume, avec les lunettes si célèbres (La maison Bonnet est remerciée sur le dossier de presse, ce sont bien les mêmes…), avec la coupe de cheveux gominés bien connue…

Impossible de s’y tromper. C’est bien lui. Le voici qui entame la conversation.

Durant ces soixante-quinze minutes, le dialogue entre les deux personnages va littéralement passionner les spectateurs.

La pièce de Dominique Gosset et Géraud Bénech va nous faire revivre les heurs, bonheurs et malheurs de ce président « pas comme les autres ».
Ni hagiographie, ni dossier à charge. Le curseur est à sa bonne place.

Dans un réalisme saisissant, grâce à une écriture ciselée reprenant des éléments journalistiques et biographiques, aux formules percutantes souvent très drôles, parfois bien émouvantes, nous allons assister à une joute oratoire, souvent à fleurets mouchetés, entre les deux personnages.


Vont se dérouler devant nous un retour sur la vie privée, un bilan de l’action politique, (avec les réussites incontestables et incontestées mais aussi les casseroles), un retour sur les conceptions de l’État, de la place des femmes, de l’écologie, ou encore une évocation des paradoxes et des contradictions de cet homme.

Le duo de comédiens fonctionne à la perfection.

Elle, c’est Fabienne Galloux.
Elle est parfaite, tour à tour candide posant des questions, espiègle titillant l’ancien chef de l’Etat ou provocatrice rappelant les « dossiers » chiraquiens.

Et puis, il y a Marc Chouppart, qui livre une véritable performance.

L’ex-pensionnaire de la Comédie-française est purement et simplement Jacques Chirac.
C’est même par moments très troublant. Une véritable performance.

Nous l’avons vraiment devant nous.

Tout y est.
La silhouette, donc, mais également la gestuelle, (je vous conseille des bien observer ses mains…), les mimiques, sans oublier l’incroyable ressemblance du visage.

Et puis la voix. La célèbre voix.

Jacques Chirac a beaucoup été imité. Dans des sketchs n’excédant bien souvent pas plus de dix minutes.
Marc Chouppart, lui, tient son personnage durant une heure et quart.

Tout y est : les intonations, le timbre si particulier, les consonnes finales prononcées, les variations subites de volume...
Impressionnant et troublant, vous dis-je.

Il est très drôle, à nous rappeler les célèbres expressions attendues par tout le monde, (vous savez, le « ça m’en touche une, etc, etc »…), à envoyer des piques à ses «petits » camarades de droite, ou encor à tenter de séduire son interlocutrice.
Il est également bouleversant lorsque sont évoqués les souvenirs douloureux de cet homme.

Le comédien excelle vraiment dans les habits de ce personnage hors du commun. Il nous ravit et nous sidère.

Je n’aurai garde d’oublier de mentionner le magnifique travail du créateur-lumières.
De subtiles éclairages mettent parfaitement en valeur ce qui se joue devant nos yeux.
Un travail rendu d’autant plus difficile en raison de la présence de projections video au lointain, et de multiples pans réfléchissants. De la très belle ouvrage.

Courez donc toutes affaires cessantes au 5 rue de Blainville retrouver celui qui présida à la destinée de la France pendant onze ans, onze mois et vingt-neuf jours.


What do you want ? Me to go back to the Contrescarpe Theater ?
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Quand je serai grande...

Quand je serai grande...

9,5/10
18
Et de deux !
Au tour des femmes !

Voici donc le premier volet (par ordre chronologique d’écriture) de ce diptyque, dont je vous avais narré le second épisode, consacré à la masculinité.
C’était ici.

Tout est parti pour Catherine Hauseux d’une interrogation concernant l’éducation qu’elle pouvait donner à ses enfants : « Comment se fait-il que […] je cherche inconsciemment à « armer » davantage ma fille que mon fils ? »



Elle a donc choisi de travailler sur ce thème qu’est ce questionnement sur la vie des femmes, en 2021, sur la condition féminine contemporaine, qui ne peut se comprendre que si l’on se souvient et l’on analyse le passé.

Le corollaire de ce thème, c’est évidemment le futur : la transmission.
Que veulent transmettre les femmes à leurs filles ?
Le titre du spectacle, à cet égard, ne laisse planer aucun doute : les deux pronoms personnels, le « je » et le « tu » annoncent d’emblée la couleur.

C’est bien simple, ce que va nous dire et nous jouer Melle Hauseux est à la fois remarquable et passionnant. Encore et toujours.

Deux grandes parties composent ce spectacle.

Dans la première, la comédienne parle d’elle.
Dans un texte d’une très grande qualité, elle nous parle de cette condition féminine, avec les valeurs reçues, les modèles rencontrés, les rapports entretenus avec les parents, la famille, le conjoint, sans oublier la façon de se situer par rapport aux codes attendus par la société actuelle envers les femmes.

Ce texte, non seulement il faut le dire, mais il faut le jouer. Nous sommes au théâtre.
Stéphane Daurat a mis en scène la comédienne de façon très judicieuse. Il y aura le fond, mais également la forme.


Dans une dramaturgie et une scénographie où le linge blanc (le symbole évident des tâches ménagères) est omniprésent, pouvant même servir d’écran pour les subtiles projections vidéo, la comédienne va évoluer avec les mêmes codes-couleur : le noir et le rouge. Tous ses différents costumes seront ainsi déclinés.

Les changements d’identités, de costumes seront réalisés avec beaucoup de précision et de subtilité.

Car nous allons retrouver dans une deuxième partie, après quelques mesures de « Piensa en mi » de Luz Casal, le principe des témoignages recueillis auprès de femmes lors d’une résidence artistique à Villeneuve-saint-Georges.

Catherine Hauseux va incarner trois portraits générationnels, trois femmes différentes, trois destins, trois concentrés de vie.

Une jeune retraitée, une adulescente issue des quartiers, et une infirmière désormais arrière-grand-mère.

Ce qu’elle va nous montrer est époustouflant !
Son interprétation de ces trois femmes est d’un réalisme saisissant. Nous oublions la comédienne pour ne plus voir devant nous que ces personnages tour à tour touchants, drôles ou bouleversants.
Les transformations physiques sont saisissantes, avec une formidable et sidérante scène de vieillissement. (Et non, je n’en dis pas plus...)


Une nouvelle fois, ce spectacle n’apporte pas de réponse toute faite.

La comédienne ne juge pas.
Elle propose à notre réflexion ces témoignages, avec un questionnement philosophique concernant le fait de pouvoir évoluer, de grandir à tout âge.


Et puis bien entendu, c’est à nous de faire le job : nous autres spectateurs sommes forcément invités à nous situer par rapport à ce qui est dit et montré.

A nouveau, ce qui se joue devant nous grâce à Catherine Hauseux et Stéphane Daurat, c’est la Vie dans sa plus grande vérité.
Une histoire d’Humanité.
Ces deux-là, par le biais de cet art étrange et merveilleux qu’est le théâtre, nous interrogent de façon magnifique sur notre condition humaine.


A mes côtés, deux jeunes filles pré-ados emmenées à l’Essaion par leurs parents, étaient bouche bée durant ces soixante-quinze minutes.

Oui, ce diptyque devrait bien être subventionné par l’Education Nationale, et montré à tous les collégiens.

Ne passez surtout pas à côté de ces deux spectacles !
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas...
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