Ses critiques
898 critiques
9,5/10
Ah ça mais, ce n’est pas une mince affaire que voilà. Barbara ! Geneviève se prend pour Barbara ! Est-elle folle ou fan ? Joue-t-elle à taper sur les nerfs des autres membres de sa famille ou alors ? Nous le saurons bien assez tôt.
« Un poulet aux pruneaux, un couteau de cuisine, des îles flottantes, un revolver… et Barbara ! Des vies rêvées pour échapper aux cauchemars du quotidien. Et des chansons pour chanter la vie ou tenter au moins de la ré-enchanter ! »
Voici un spectacle comme une ode à la chanteuse mythique, dans un écrin de la folie douce et crue. Une folie douce par moments violente et cruelle, de celles qui savent se faire féroces et farouchement surréalistes. Il y a comme une poétique de la fuite d’un réel qui ne convient pas, d’une vie qui ne devrait pas être celle-là où la succession de frustrations, d’échecs d’en finir et d’espoirs impossibles ne peut qu’être transcendée dans un ailleurs bien vivant lui. Un ailleurs qui s’impose comme une évidence et qui permet de survivre en attendant sa part de bonheur ou une délivrance définitive.
Signée par Pauline Chagne et Pierre Notte dont on reconnait la pate acerbe des répliques et les couteaux tirés des situations, la pièce est atrocement percutante et savoureusement musicale. C’est un conte de sorcières où les fées s’invitent mais n’empêchent pas l’horreur. Les monstres se cachent et jaillissent, et Barbara chante.
Elle a raison Geneviève de se croire Barbara. Elle chante au lieu de pleurer, elle ânonne au lieu de crier, elle fait la belle au lieu de se terrer. Les paroles de Barbara deviennent siennes. Elle oublie la vie pendant des temps furtifs qui deviendront pérennes, pour ne pas penser le malheur, risquer de l’écorcher et de le faire jaillir.
Le spectacle suit le parcours de Geneviève/Barbara au milieu de cette histoire familiale déjantée. Ses vies se distinguent en parallèle, la vie réelle et la vie rêvée. Puis, peu à peu se chevauchent, s’entrelacent et s’embrassent avant de se confondre et de n’en faire plus qu’une. Sans nous le dire et presque s’en apercevoir Geneviève devient Barbara. La magie du spectacle opère, nous sommes pris et emportés.
La mise en scène de Jean-Charles Mouveaux assisté par Esther Ebbo, sobre et efficace, donne à la progression maitrisée du récit un attrait captivant, mêlant dans la forme du spectacle, le trash des situations totalement dingues, le dévoilement plus intime et touchant des personnages et le velours des situations musicales.
L’interprétation est superbe. Tout d’abord, il y a Pauline Chagne, époustouflante Geneviève/Barbara. Elle incarne littéralement ce personnage avec finesse et sans excès, et chante merveilleusement bien Barbara. Puis il y a Flore Lefebvre des Noëttes (la mère) impressionnante et juste. Marie Nègre (la sœur) qui joue aussi bien qu’elle chante, et Jimmy Brégy (le frère) qui chante aussi bien qu’il joue. Elles et lui sont tout simplement crédibles et convaincants. N’oublions pas de saluer le musicien Clément Walker-Viry, excellent accompagnateur. Vraiment, chapeau bas la troupe !
Du théâtre musical comme on aime. Intelligent, surprenant et agréable. Une écriture adroite, une mise en vie réussie et une interprétation remarquable. Je recommande vivement ce spectacle.
« Un poulet aux pruneaux, un couteau de cuisine, des îles flottantes, un revolver… et Barbara ! Des vies rêvées pour échapper aux cauchemars du quotidien. Et des chansons pour chanter la vie ou tenter au moins de la ré-enchanter ! »
Voici un spectacle comme une ode à la chanteuse mythique, dans un écrin de la folie douce et crue. Une folie douce par moments violente et cruelle, de celles qui savent se faire féroces et farouchement surréalistes. Il y a comme une poétique de la fuite d’un réel qui ne convient pas, d’une vie qui ne devrait pas être celle-là où la succession de frustrations, d’échecs d’en finir et d’espoirs impossibles ne peut qu’être transcendée dans un ailleurs bien vivant lui. Un ailleurs qui s’impose comme une évidence et qui permet de survivre en attendant sa part de bonheur ou une délivrance définitive.
Signée par Pauline Chagne et Pierre Notte dont on reconnait la pate acerbe des répliques et les couteaux tirés des situations, la pièce est atrocement percutante et savoureusement musicale. C’est un conte de sorcières où les fées s’invitent mais n’empêchent pas l’horreur. Les monstres se cachent et jaillissent, et Barbara chante.
Elle a raison Geneviève de se croire Barbara. Elle chante au lieu de pleurer, elle ânonne au lieu de crier, elle fait la belle au lieu de se terrer. Les paroles de Barbara deviennent siennes. Elle oublie la vie pendant des temps furtifs qui deviendront pérennes, pour ne pas penser le malheur, risquer de l’écorcher et de le faire jaillir.
Le spectacle suit le parcours de Geneviève/Barbara au milieu de cette histoire familiale déjantée. Ses vies se distinguent en parallèle, la vie réelle et la vie rêvée. Puis, peu à peu se chevauchent, s’entrelacent et s’embrassent avant de se confondre et de n’en faire plus qu’une. Sans nous le dire et presque s’en apercevoir Geneviève devient Barbara. La magie du spectacle opère, nous sommes pris et emportés.
La mise en scène de Jean-Charles Mouveaux assisté par Esther Ebbo, sobre et efficace, donne à la progression maitrisée du récit un attrait captivant, mêlant dans la forme du spectacle, le trash des situations totalement dingues, le dévoilement plus intime et touchant des personnages et le velours des situations musicales.
L’interprétation est superbe. Tout d’abord, il y a Pauline Chagne, époustouflante Geneviève/Barbara. Elle incarne littéralement ce personnage avec finesse et sans excès, et chante merveilleusement bien Barbara. Puis il y a Flore Lefebvre des Noëttes (la mère) impressionnante et juste. Marie Nègre (la sœur) qui joue aussi bien qu’elle chante, et Jimmy Brégy (le frère) qui chante aussi bien qu’il joue. Elles et lui sont tout simplement crédibles et convaincants. N’oublions pas de saluer le musicien Clément Walker-Viry, excellent accompagnateur. Vraiment, chapeau bas la troupe !
Du théâtre musical comme on aime. Intelligent, surprenant et agréable. Une écriture adroite, une mise en vie réussie et une interprétation remarquable. Je recommande vivement ce spectacle.
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8,5/10
Un divertissement charmant et espiègle, élégant et canaille, et somme toute instructif sur les splendeurs d’antan du café-concert. Une narration documentée s’intercale entre les numéros chantés que mesdemoiselles Duperey et Duval ne se privent pas de partager avec gourmandise pour notre plus grand plaisir.
« Les Poupoules sont immortelles. En voici deux de la plus belle espèce : la Duperey et la Duval. Elles excellent et étincellent, réimaginent le caf’conc’ et pétillent de tout l’esprit, la fantaisie et la tendresse - parfois fort coquine - de la Belle Époque. Complices et délicieusement canailles, La Duperey, resplendissant oiseau rare, et La Duval, icône du music-hall, vous entraînent vers les faubourgs de 1900, escortées de leur sémillant pianiste Arzhel Rouxel »
C’est dans une lignée de tradition que s’inscrit le caf’conc’. À la suite des cafés chantants, des goguettes et autres estaminets où se bousculent les bateleurs du 18ème siècle, ce nouveau genre de lieux culturels dédiés à la romance et à la chansonnette souvent goguenarde se densifie dès le milieu du 19ème siècle jusqu’aux débuts de la première guerre mondiale. Souvent désignés comme une « coalition de tous les spectacles qui ne sont pas du théâtre » le café-concert et le music-hall naissant connaissent une réputation et un succès populaire qui traversent toutes les catégories sociales. Seul le music-hall résistera aux changements d’époques et fleurira encore plus à l’arrivée des années folles.
Nombre de partitions et de numéros des répertoires de café-concert contribuent à l’établissement d’un patrimoine qui petit à petit consacre l’avènement de la chanson française, lui donnant ses lettres de noblesse, tel un vivier fastueux et roboratif, ingénieux et exemplaire.
De « Elle vendait des p’tits gâteaux » en passant par « Partie carrée », « les amis de Monsieur » ou « À Saint-Lazare » et « The sheik of Araby », entre autres, Anny Duperey et Charlène Duval savourent autant que nous une vingtaine de ribambelles coquines aux traits sarcastiques, teintées parfois d’émotions poussées aux bords du sentimentalisme ou d’absurde tâtant d’un surréalisme à venir. L’ensemble est traversé d'airs joyeux ou déchirants que d’aucuns compositeurs notoires ont signé tel Lehar, Scotto ou Christiné.
La Duperey et la Duval sont toutes les deux épatantes de gouaille et de panache.
À noter, l’excellent pianiste-accompagnateur Arzhel Rouxel dont le phrasé, la puissance de jeu et la douceur du toucher conviennent tout à fait à ce récital caf’conçé.
Un spectacle à voir pour la découverte ou les retrouvailles de ce répertoire aujourd’hui oublié, aux airs souvent connus jouant de réminiscences d’histoires familiales et patrimoniales. Un petit délice courtois dont le public se fait vite complice.
« Les Poupoules sont immortelles. En voici deux de la plus belle espèce : la Duperey et la Duval. Elles excellent et étincellent, réimaginent le caf’conc’ et pétillent de tout l’esprit, la fantaisie et la tendresse - parfois fort coquine - de la Belle Époque. Complices et délicieusement canailles, La Duperey, resplendissant oiseau rare, et La Duval, icône du music-hall, vous entraînent vers les faubourgs de 1900, escortées de leur sémillant pianiste Arzhel Rouxel »
C’est dans une lignée de tradition que s’inscrit le caf’conc’. À la suite des cafés chantants, des goguettes et autres estaminets où se bousculent les bateleurs du 18ème siècle, ce nouveau genre de lieux culturels dédiés à la romance et à la chansonnette souvent goguenarde se densifie dès le milieu du 19ème siècle jusqu’aux débuts de la première guerre mondiale. Souvent désignés comme une « coalition de tous les spectacles qui ne sont pas du théâtre » le café-concert et le music-hall naissant connaissent une réputation et un succès populaire qui traversent toutes les catégories sociales. Seul le music-hall résistera aux changements d’époques et fleurira encore plus à l’arrivée des années folles.
Nombre de partitions et de numéros des répertoires de café-concert contribuent à l’établissement d’un patrimoine qui petit à petit consacre l’avènement de la chanson française, lui donnant ses lettres de noblesse, tel un vivier fastueux et roboratif, ingénieux et exemplaire.
De « Elle vendait des p’tits gâteaux » en passant par « Partie carrée », « les amis de Monsieur » ou « À Saint-Lazare » et « The sheik of Araby », entre autres, Anny Duperey et Charlène Duval savourent autant que nous une vingtaine de ribambelles coquines aux traits sarcastiques, teintées parfois d’émotions poussées aux bords du sentimentalisme ou d’absurde tâtant d’un surréalisme à venir. L’ensemble est traversé d'airs joyeux ou déchirants que d’aucuns compositeurs notoires ont signé tel Lehar, Scotto ou Christiné.
La Duperey et la Duval sont toutes les deux épatantes de gouaille et de panache.
À noter, l’excellent pianiste-accompagnateur Arzhel Rouxel dont le phrasé, la puissance de jeu et la douceur du toucher conviennent tout à fait à ce récital caf’conçé.
Un spectacle à voir pour la découverte ou les retrouvailles de ce répertoire aujourd’hui oublié, aux airs souvent connus jouant de réminiscences d’histoires familiales et patrimoniales. Un petit délice courtois dont le public se fait vite complice.
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9,5/10
Entre un récit au réalisme social conjugué aux présents d'aujourd'hui et d'hier, et une uchronie teintée de naturalisme expressif, ce spectacle est totalement surprenant par sa scénographie savamment étudiée, les jeux incarnés avec une fluidité incroyable et des rebondissements narratifs surprenants.
« Los Años (les Années) raconte une ville, Buenos Aires, et un groupe d’amis dans une parenthèse de 30 ans. Deux appartements identiques côte à côte. Dans l’un, deux couples d’amis, architectes, ont des projets plein la tête et un bébé en route. Nous sommes en 2020. Dans l’autre, un seul couple d’architectes recomposé a survécu au passage du temps et le bébé est désormais fille et belle fille de ce couple. Nous sommes en 2050. Tout se joue simultanément, à vue. »
L’illusion immédiate du décor trouble l’imaginaire par des similitudes un rien bousculées où l’effet de ressemblance joue des ombres et des traces que les passages du temps semblent avoir opéré. Il y a comme une énigme qui nous accueille tout d’abord dans ce récit labyrinthique qui se meut progressivement en une quête de raisons de vivre et d’émotions des expériences vécues.
Le fil narratif est porté par une actrice qui s’adresse à nous comme une conférencière le ferait pour scander de ses propos les fictions qui s’enchaînent derrière elle et auxquelles elle prend part sans qu’aucun filtre vienne troubler la vraissemblance.
Nous voici confrontées au temps qui passe et au temps passé ; aux aléas de l’histoire familiale et de l’histoire sociale ; leur conjugaison et leurs influences réciproques ; les effets de la mémoire sur les changements survenus, en cours ou à venir.
Un spectacle comme une ballade impromptue et incongrue dans des chemins de vie. Une ballade qui nous renvoie à l’intimité des attentes et des désirs, aux réminiscences et aux oublis enfouis que l’on sent proches mais qu’on ne perçoit pas alors. Comme un trouble lancinant et attractif qui ouvre des portent à des questions en suspens.
Que reste-t-il d’essentiel de ces avants et après entrelacés ? La force des valeurs humaines s’est-elle atténuée, renforcée ou adoucie au fil du temps ? Dans ce milieu d’architectes préoccupés par l’importance symbolique des édifices, leur vision du bâti s’est-elle transformée comme pourrait l’être le sentiment d’appartenance ou la conception de la vie ?
Une mise en scène par l’auteur Mariano Pensotti, savante et fluide jouant sur plusieurs tableaux et mobilisant plusieurs techniques. Les comédiens Mara Bestelli, Paco Gorriz, Julian Keck, Javier Lorenzo et Bárbara Masso nous offrent une interprétation magistrale, proche de l’incarnation et merveilleusement orchestrée par la narratrice.
Un spectacle original et captivant, chaleureux et prégnant. Un beau et fort moment de théâtre.
« Los Años (les Années) raconte une ville, Buenos Aires, et un groupe d’amis dans une parenthèse de 30 ans. Deux appartements identiques côte à côte. Dans l’un, deux couples d’amis, architectes, ont des projets plein la tête et un bébé en route. Nous sommes en 2020. Dans l’autre, un seul couple d’architectes recomposé a survécu au passage du temps et le bébé est désormais fille et belle fille de ce couple. Nous sommes en 2050. Tout se joue simultanément, à vue. »
L’illusion immédiate du décor trouble l’imaginaire par des similitudes un rien bousculées où l’effet de ressemblance joue des ombres et des traces que les passages du temps semblent avoir opéré. Il y a comme une énigme qui nous accueille tout d’abord dans ce récit labyrinthique qui se meut progressivement en une quête de raisons de vivre et d’émotions des expériences vécues.
Le fil narratif est porté par une actrice qui s’adresse à nous comme une conférencière le ferait pour scander de ses propos les fictions qui s’enchaînent derrière elle et auxquelles elle prend part sans qu’aucun filtre vienne troubler la vraissemblance.
Nous voici confrontées au temps qui passe et au temps passé ; aux aléas de l’histoire familiale et de l’histoire sociale ; leur conjugaison et leurs influences réciproques ; les effets de la mémoire sur les changements survenus, en cours ou à venir.
Un spectacle comme une ballade impromptue et incongrue dans des chemins de vie. Une ballade qui nous renvoie à l’intimité des attentes et des désirs, aux réminiscences et aux oublis enfouis que l’on sent proches mais qu’on ne perçoit pas alors. Comme un trouble lancinant et attractif qui ouvre des portent à des questions en suspens.
Que reste-t-il d’essentiel de ces avants et après entrelacés ? La force des valeurs humaines s’est-elle atténuée, renforcée ou adoucie au fil du temps ? Dans ce milieu d’architectes préoccupés par l’importance symbolique des édifices, leur vision du bâti s’est-elle transformée comme pourrait l’être le sentiment d’appartenance ou la conception de la vie ?
Une mise en scène par l’auteur Mariano Pensotti, savante et fluide jouant sur plusieurs tableaux et mobilisant plusieurs techniques. Les comédiens Mara Bestelli, Paco Gorriz, Julian Keck, Javier Lorenzo et Bárbara Masso nous offrent une interprétation magistrale, proche de l’incarnation et merveilleusement orchestrée par la narratrice.
Un spectacle original et captivant, chaleureux et prégnant. Un beau et fort moment de théâtre.
9/10
Loufoque et débridée, burlesque et déjantée, c'est sur un rythme soutenu, vif et joyeux que cette enquête policière nous ballade allègrement pour conter son histoire rocambolesque et charmante, amusante à souhait.
« 1908. Nous sommes au château des Gournay-Martin à 3 heures de Paris. On rédige les faireparts du mariage de Germaine Gournay-Martin avec le Duc de Charmarace. La domestique prépare le thé, le Duc revient de sa promenade à cheval. C’est alors que l’arrivée d’une lettre à l’attention de M. Gournay-Martin va tout faire basculer. ’’Monsieur, j’attire votre attention sur le diadème de la Princesse de Lamballe. J’ai la ferme intention de m’approprier ce joyau et me rendrai dès demain dans votre office parisien, où vous l’exposez et où vous entassez toutes vos œuvres, pour une respectueuse perquisition.’’ signée Arsène Lupin »
L’adaptation et la mise en scène de Delphine Piard fait la part belle à la parodie cartoonesque tout en respectant les codes des célèbres nouvelles de Maurice Leblanc. L’écriture est habile, truffée de saillies efficaces et élégantes teintées d’un soupçon d’autodérision. Un parfum d’absurdie se répand tout partout sur les scènes, les tableaux vivants et les séquences chorégraphiées. L’ensemble fonctionne à merveille et montre avec truculence ce buffet de délires et de ruptures, d’astuces et de grosses ficelles, construit comme une succession de pièces de puzzle où un suspense insoutenable (qui a dit « on pige tout très vite » ?) nous tient en haleine (ou en complicité !) tout le long.
La direction de jeux donne de belles scènes et de beaux numéros à une distribution en verve qui s’amuse autant que nous.
Il est intéressant de remarquer que les personnages joués par Grégoire Baujat, Pierre Khorsand et Florent Chesné ressemblent à s’y méprendre à un véritable trio de clowns dans lequel le clown blanc (Arsène Lupin), le clown rouge dit l’auguste (l’inspecteur Ganimard) et le contre-pitre dit le second auguste (monsieur Charolais) rivalisent de ruses et de postures. Ils s’illustrent avec une drôlerie manifeste dans le récit de cette histoire à tiroirs alambiquée et cocasse.
Les dames ne sont pas en reste, loin de là ! Aude Roman campe Mademoiselle Germaine avec une vigueur ébouriffante, faisant ressortir les côtés psycho-maniaque et nigaud-rigide de son personnage avec des colères croustillantes savoureuses. Emma Brazeilles est Sonia, la domestique et complice du gentleman-cambrioleur, une façon de Miss « les deux-pieds-sur-terre » qui fait le pivot matérialiste de tout cet aréopage de personnages loufoquissimes mais qui n’oublie de se lâcher à son tour… Une fichue bonne équipe. Bravo et chapeau bas !
Un spectacle qui nous sourit et nous amuse en permanence dans la lignée du théâtre de plaisir. Drôle et léger, insouciant et agréable. Laissez-vous tenter par ce divertissement bien ficelé et bien joué.
« 1908. Nous sommes au château des Gournay-Martin à 3 heures de Paris. On rédige les faireparts du mariage de Germaine Gournay-Martin avec le Duc de Charmarace. La domestique prépare le thé, le Duc revient de sa promenade à cheval. C’est alors que l’arrivée d’une lettre à l’attention de M. Gournay-Martin va tout faire basculer. ’’Monsieur, j’attire votre attention sur le diadème de la Princesse de Lamballe. J’ai la ferme intention de m’approprier ce joyau et me rendrai dès demain dans votre office parisien, où vous l’exposez et où vous entassez toutes vos œuvres, pour une respectueuse perquisition.’’ signée Arsène Lupin »
L’adaptation et la mise en scène de Delphine Piard fait la part belle à la parodie cartoonesque tout en respectant les codes des célèbres nouvelles de Maurice Leblanc. L’écriture est habile, truffée de saillies efficaces et élégantes teintées d’un soupçon d’autodérision. Un parfum d’absurdie se répand tout partout sur les scènes, les tableaux vivants et les séquences chorégraphiées. L’ensemble fonctionne à merveille et montre avec truculence ce buffet de délires et de ruptures, d’astuces et de grosses ficelles, construit comme une succession de pièces de puzzle où un suspense insoutenable (qui a dit « on pige tout très vite » ?) nous tient en haleine (ou en complicité !) tout le long.
La direction de jeux donne de belles scènes et de beaux numéros à une distribution en verve qui s’amuse autant que nous.
Il est intéressant de remarquer que les personnages joués par Grégoire Baujat, Pierre Khorsand et Florent Chesné ressemblent à s’y méprendre à un véritable trio de clowns dans lequel le clown blanc (Arsène Lupin), le clown rouge dit l’auguste (l’inspecteur Ganimard) et le contre-pitre dit le second auguste (monsieur Charolais) rivalisent de ruses et de postures. Ils s’illustrent avec une drôlerie manifeste dans le récit de cette histoire à tiroirs alambiquée et cocasse.
Les dames ne sont pas en reste, loin de là ! Aude Roman campe Mademoiselle Germaine avec une vigueur ébouriffante, faisant ressortir les côtés psycho-maniaque et nigaud-rigide de son personnage avec des colères croustillantes savoureuses. Emma Brazeilles est Sonia, la domestique et complice du gentleman-cambrioleur, une façon de Miss « les deux-pieds-sur-terre » qui fait le pivot matérialiste de tout cet aréopage de personnages loufoquissimes mais qui n’oublie de se lâcher à son tour… Une fichue bonne équipe. Bravo et chapeau bas !
Un spectacle qui nous sourit et nous amuse en permanence dans la lignée du théâtre de plaisir. Drôle et léger, insouciant et agréable. Laissez-vous tenter par ce divertissement bien ficelé et bien joué.
8,5/10
Nous voici embarqués dans un voyage en eaux profondes dans les mers houleuses de la planète Dubillard. Intime et impudique autant que criard et explosif, ce périple est tourmenté et impressionnant. Des vagues de hargne et de colère, des jets d’angoisse, des flux de provocations amusées et de magnifiques morceaux de poésie espiègle à la fulgurance doucereuse viennent tout à tour se poser sur notre cheminement.
« Je ne suis pas de moi n’est pas une biographie de Roland Dubillard mais une tentative d’exprimer la rébellion qui se dégage de son journal. Nous avons disséqué ’’cette vie de mots’’ en quatre séquences qui respectent les étapes décisives de son existence : l’enfance, l’âge adulte, la chute et la survie après l’accident. La révolte de Dubillard nous rappelle nos méandres actuels : est-il possible de se confronter au monde sans béquille, sans pacotille, et de vivre malgré tout ? Comment retrouver la joie de s’étonner de tout. Mais avec tout cela, on n’est jamais tranquille car ’’qui bien se connaît ne se porte pas forcément bien.’’ »
Une insubordination quasi guerrière jamais résignée et toujours attentive aux rebonds de la dérision court sur les interrogations et les angoisses de l’auteur sur lui-même, sur la création, l’écriture et le théâtre notamment. Un grandiose et disparate délire autoguidé que voilà. Le dramaturge pose dans ces Carnets en marge ses considérations et ses doutes, sa fragilité et sa douleur aussi, avec un incommensurable humour ravageur et cynique. Le fil narratif se découpe façon puzzle, glissant du burlesque parfois pervers à la fantasmagorie surréaliste en passant par l’introspection troublante.
Le parti pris d’adaptation et de mise en scène de Maria Machado et Charlotte Escamez nous confronte à l’auteur et son double ou peut-être à un double énoncé d’auto-récit, en nous perdant volontiers dans des méandres sombres ou lumineux, silencieux ou bruyants, faits de murmures et d’éclats, de déplacements lents ou de bondissements soudains. Un homme (Denis Lavant) et un jeune homme (Samuel Mercer) pour faire vivre deux faces de Roland. Miroirs inversés, images fuyantes et amalgames déroutants.
Denis Lavant nous stupéfait à nouveau de son jeu intense et profond, nous éblouissant de son espièglerie et de sa confondante vérité qui sait venir nous toucher, nous surprendre et nous emporter dans ce texte au naturalisme irréel. Samuel Mercer se fait plus sage, plus effacé, comme un pendant de tonalité mineure dans une sonate à deux voix où Denis Lavant jouerait en mode majeur.
Un spectacle comme une traversée poétique et ravageuse dans l’univers de Dubillard. Inattendu et captivant. Une interprétation impressionnante.
« Je ne suis pas de moi n’est pas une biographie de Roland Dubillard mais une tentative d’exprimer la rébellion qui se dégage de son journal. Nous avons disséqué ’’cette vie de mots’’ en quatre séquences qui respectent les étapes décisives de son existence : l’enfance, l’âge adulte, la chute et la survie après l’accident. La révolte de Dubillard nous rappelle nos méandres actuels : est-il possible de se confronter au monde sans béquille, sans pacotille, et de vivre malgré tout ? Comment retrouver la joie de s’étonner de tout. Mais avec tout cela, on n’est jamais tranquille car ’’qui bien se connaît ne se porte pas forcément bien.’’ »
Une insubordination quasi guerrière jamais résignée et toujours attentive aux rebonds de la dérision court sur les interrogations et les angoisses de l’auteur sur lui-même, sur la création, l’écriture et le théâtre notamment. Un grandiose et disparate délire autoguidé que voilà. Le dramaturge pose dans ces Carnets en marge ses considérations et ses doutes, sa fragilité et sa douleur aussi, avec un incommensurable humour ravageur et cynique. Le fil narratif se découpe façon puzzle, glissant du burlesque parfois pervers à la fantasmagorie surréaliste en passant par l’introspection troublante.
Le parti pris d’adaptation et de mise en scène de Maria Machado et Charlotte Escamez nous confronte à l’auteur et son double ou peut-être à un double énoncé d’auto-récit, en nous perdant volontiers dans des méandres sombres ou lumineux, silencieux ou bruyants, faits de murmures et d’éclats, de déplacements lents ou de bondissements soudains. Un homme (Denis Lavant) et un jeune homme (Samuel Mercer) pour faire vivre deux faces de Roland. Miroirs inversés, images fuyantes et amalgames déroutants.
Denis Lavant nous stupéfait à nouveau de son jeu intense et profond, nous éblouissant de son espièglerie et de sa confondante vérité qui sait venir nous toucher, nous surprendre et nous emporter dans ce texte au naturalisme irréel. Samuel Mercer se fait plus sage, plus effacé, comme un pendant de tonalité mineure dans une sonate à deux voix où Denis Lavant jouerait en mode majeur.
Un spectacle comme une traversée poétique et ravageuse dans l’univers de Dubillard. Inattendu et captivant. Une interprétation impressionnante.
l'interpretation de Pauline Chagne est magistrale, j'ai encore dans la "tête" la chanson qu'elle interprête au milieu du spectacle "Vienne" ! j'en suis restée soufflée !
Moi aussi !