Je ne suis pas de moi

Je ne suis pas de moi
De Roland Dubillard
Mis en scène par Maria Machado, Charlotte Escamez
Avec Denis Lavant
  • Denis Lavant
  • Lucernaire
  • 53, rue Notre-Dame-des-Champs
  • 75006 Paris
  • Notre-Dame-des-Champs (l.12)
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Je ne suis pas de moi n’est pas une biographie de Roland Dubillard mais une tentative d’exprimer la rébellion qui se dégage de son journal. Nous avons disséqué « cette vie de mots » en quatre séquences qui respectent les étapes décisives de son existence : l’enfance, l’âge adulte, la chute et la survie après l’accident. La révolte de Dubillard nous rappelle nos méandres actuels : est-il possible de se confronter au monde sans béquille, sans pacotille, et de vivre malgré tout ? Comment retrouver la joie de s’étonner de tout. Mais avec tout cela, on est jamais tranquille car « qui bien se connaît ne se porte pas forcément bien. »

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L'AVIS DE LA REDACTION : 8/10

Je ne suis pas un stylo ....ou si j'en suis un il faut me tenir la main !

Le spectacle que nous proposent Maria Machado et Charlotte Escamez est une adaptation des "Carnets en marge" du célèbre auteur des Diablogues.
C'est une tentative de nous donner à voir son intimité au travers de ses mots, piochés dans les quelques 1000 pages du journal qu'il a tenu toute sa vie.
Dubillard est un des maîtres de l'absurde et c'est un pari osé de tenter d'approcher l'esprit de ce jongleur de mots hors normes.

Les deux metteures en scène choisissent de dédoubler le personnage, et de donner le rôle du jeune homme à Samuel Melcer et celui de l'homme mûr à Denis Lavant.
Le premier excelle dans ce rôle de miroir, le second est comme toujours exceptionnel.

Et le face à face, parfois même le ballet entre les deux hommes fonctionne admirablement bien !

Les deux comédiens nous offrent de magnifiques tableaux tout en jonglant avec les mots.

Ces mots de Dubillard qui circulent de l'un à l'autre, comme des feux d'artifice de pensées, et nous entraînent dans la folie et les contradictions du texte.

Texte qui est peut être le petit point faible de ce formidable spectacle.
Il y a de vrais éclairs de génie, du rire et beaucoup d'émotions, mais il y a aussi des moments où nous décrochons des pensées les plus ardues qui peuvent être difficiles à suivre.

Pour un public averti, ce qui était le cas dimanche à en juger par l'ovation faite aux merveilleux comédiens !

Sylvie Tuffier

Parole d'acteur : Roland Dubillard était le second mari de ma grand mère, j'ai donc été très jeune familiarisé avec sa pensée. Je suis danseur de formation et comme Denis est très agile, nous avons eu envie de beaucoup nous exprimer avec le corps ! (Samuel Mercer)

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13 déc. 2022
8/10
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Je ne suis pas un stylo ....ou si j'en suis un il faut me tenir la main !

Le spectacle que nous proposent Maria Machado et Charlotte Escamez est une adaptation des "Carnets en marge" du célèbre auteur des Diablogues.
C'est une tentative de nous donner à voir son intimité au travers de ses mots, piochés dans les quelques 1000 pages du journal qu'il a tenu toute sa vie.
Dubillard est un des maîtres de l'absurde et c'est un pari osé de tenter d'approcher l'esprit de ce jongleur de mots hors normes.

Les deux metteures en scène choisissent de dédoubler le personnage, et de donner le rôle du jeune homme à Samuel Melcer et celui de l'homme mûr à Denis Lavant.
Le premier excelle dans ce rôle de miroir, le second est comme toujours exceptionnel.

Et le face à face, parfois même le ballet entre les deux hommes fonctionne admirablement bien !
Le corps a beaucoup d'importance dans ce portrait de l'auteur, et les deux comédiens, l'un danseur de formation et l'autre incroyablement agile, nous offrent des moments très beaux et très forts.
Les mots de Dubillard circulent de l'un à l'autre, et nous entraînent dans la folie et les contradictions du texte.

Texte qui est peut être le petit point faible de ce formidable spectacle.
Il y a de vrais éclairs de génie, du rire et beaucoup d'émotions, mais il y a aussi des moments où nous décrochons des pensées les plus ardues qui peuvent être difficiles à suivre.

Pour un public averti, ce qui était le cas dimanche à en juger par l'ovation faite aux merveilleux comédiens !
12 déc. 2022
9/10
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Burlesque, Extravagant, Poétique.

Les "Carnets rouge en marge" constituent le journal intime de Roland Dubillard de 1947 à 2003. Pendant cinquante ans, Roland Dubillard a noté ses réflexions, ses projets, ses observations mais aussi des poèmes, et des contes.
Dans cette adaptation de quelques mille pages, Maria Machado et Charlotte Escamez ont choisi de dédoubler le personnage de Roland Dubillard. Samuel Mercer interprète avec talent Roland jeune, le fabuleux et merveilleux Denis Lavant incarne Roland plus âgé.
Dans la pénombre nos deux protagonistes accroupis face à nous, semblent plongés dans leurs pensées, la première phrase donne le ton.
« La nuit est moins dangereuse que le jour. Vous pouvez y entrer les yeux fermés… »

A travers une gestuelle acrobatique et époustouflante, Samuel Mercer et Denis Lavant nous entrainent avec brio et dynamisme dans le monde de Roland Dubillard burlesque, saugrenu, drolatique, plein de philosophie et de poésie. Entre les scénettes, ils trinquent en buvant jusqu’à l’ivresse du champagne bien pétillant …
« le champagne existe moins que le vin ordinaire à cause des bulles »
C’est un texte haut en couleur qui vient frapper nos oreilles et nous réjouir
.Dubillard Vieux …quand j’écris, vous savez ce que je fais?
Dubillard jeune Non
D.V Je me bouche les oreilles, avec de la cire.
D.J Les oreilles ?
D.V Les oreilles!
D.J Et bien ça prouve que tu n’es pas Beethoven, voilà tout.
Ils se questionnent, s’interrogent et se confrontent sur la vie, la mort, la jalousie, le plaisir:
« Tout plaisir est littéraire, même celui de manger une figue…. Si la figue cessait de m’étonner, je la mangerai sans plaisir et si elle m’étonne, j'ai besoin de le dire »
mais aussi sur l’art du théâtre ….
« L’important sur le théâtre, c’est de savoir qu’il est en nous »
Denis Lavant nous subjugue, nous impressionne et nous époustoufle en narrant avec un extraordinaire talent un conte libertin. La salle interloquée s’amuse, les rires résonnent dans le public.
Le monde de Roland Dubillard est rempli d’humour, d’intelligence, d’imaginaire, de burlesque et de réflexions sur l’existence.
Un spectacle riche et réjouissant mené avec vitalité par le grand et l’incontournable Denis Lavant au côté du lumineux Samuel Mercer.
8,5/10
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Nous voici embarqués dans un voyage en eaux profondes dans les mers houleuses de la planète Dubillard. Intime et impudique autant que criard et explosif, ce périple est tourmenté et impressionnant. Des vagues de hargne et de colère, des jets d’angoisse, des flux de provocations amusées et de magnifiques morceaux de poésie espiègle à la fulgurance doucereuse viennent tout à tour se poser sur notre cheminement.

« Je ne suis pas de moi n’est pas une biographie de Roland Dubillard mais une tentative d’exprimer la rébellion qui se dégage de son journal. Nous avons disséqué ’’cette vie de mots’’ en quatre séquences qui respectent les étapes décisives de son existence : l’enfance, l’âge adulte, la chute et la survie après l’accident. La révolte de Dubillard nous rappelle nos méandres actuels : est-il possible de se confronter au monde sans béquille, sans pacotille, et de vivre malgré tout ? Comment retrouver la joie de s’étonner de tout. Mais avec tout cela, on n’est jamais tranquille car ’’qui bien se connaît ne se porte pas forcément bien.’’ »

Une insubordination quasi guerrière jamais résignée et toujours attentive aux rebonds de la dérision court sur les interrogations et les angoisses de l’auteur sur lui-même, sur la création, l’écriture et le théâtre notamment. Un grandiose et disparate délire autoguidé que voilà. Le dramaturge pose dans ces Carnets en marge ses considérations et ses doutes, sa fragilité et sa douleur aussi, avec un incommensurable humour ravageur et cynique. Le fil narratif se découpe façon puzzle, glissant du burlesque parfois pervers à la fantasmagorie surréaliste en passant par l’introspection troublante.

Le parti pris d’adaptation et de mise en scène de Maria Machado et Charlotte Escamez nous confronte à l’auteur et son double ou peut-être à un double énoncé d’auto-récit, en nous perdant volontiers dans des méandres sombres ou lumineux, silencieux ou bruyants, faits de murmures et d’éclats, de déplacements lents ou de bondissements soudains. Un homme (Denis Lavant) et un jeune homme (Samuel Mercer) pour faire vivre deux faces de Roland. Miroirs inversés, images fuyantes et amalgames déroutants.

Denis Lavant nous stupéfait à nouveau de son jeu intense et profond, nous éblouissant de son espièglerie et de sa confondante vérité qui sait venir nous toucher, nous surprendre et nous emporter dans ce texte au naturalisme irréel. Samuel Mercer se fait plus sage, plus effacé, comme un pendant de tonalité mineure dans une sonate à deux voix où Denis Lavant jouerait en mode majeur.

Un spectacle comme une traversée poétique et ravageuse dans l’univers de Dubillard. Inattendu et captivant. Une interprétation impressionnante.
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Notes détaillées (pour les plus courageux)
Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor