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Ses critiques

898 critiques
La Douleur

La Douleur

10/10
3
Pourquoi j’ai cette impression d’avoir assisté à quelque chose d’unique, d’irrévocable et de mémorable ? L’interprétation de Dominique Blanc, sans aucun doute bien sûr. Sa pureté, sa densité, sa fulgurance. Et certainement aussi cette terrible force d’évocation du récit, la puissance cathartique d’une douleur dévoilée surgie de l’intime et la dénonciation de ses causes criée pour expurger et faire savoir, pour ne pas oublier.

« Écrit autobiographique d’un parcours insupportable miné par l’attente. À Paris, en 1945, seule, Marguerite Duras cherche à savoir ce qu’est devenu son mari, l’écrivain et résistant Robert Antelme, alias « Robert L. », déporté politique en juin 1944 en Allemagne. Par-delà la description du chaos de l’époque ou de celle des soldats retrouvant leur foyer, le texte interroge l’incassable fragilité de l’espoir et les modulations du sentiment amoureux. Marguerite retrouvera-t-elle son mari ? Dans quel état ? Quel amour après l’absence ? Après la résurrection ? »

Le texte de Duras décrit le cheminement labyrinthique de la douleur de l’attente et des dégâts causés par le doute qui s’en empare. Le désespoir mêlé à l’entêtement, l’incertitude rejointe par la résignation, le combat à livrer ou la mort à attendre. Mais pas que... Il y a l’histoire dans l’Histoire. Dites et exprimées avec netteté. Implacables, crues et cruelles. Il y a comme une transmission nécessaire et lucide qui conduit vers une transposition étonnamment juste qui vient nous parler de nous et d’aujourd’hui, aussi.

La mise en scène de Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang est lipide et fluide. Pas d’inutile ni de trop. Juste l’interprétation habitée d’un récit terrible et captivant grâce à la maitrise de la voix et du corps, à une expressivité envoutante d’une comédienne éblouissante de talent.

Dominique Blanc nous cueille aussitôt qu’elle parle et nous tient en haleine tout le long. Chaque mot, chaque geste, chaque déplacement, semble pesé et posé à sa bonne place. Tout est vrai, tout est signifiant. Intensité et profondeur du sentiment vécu, restitué telle une évidence et ressenti tel qu’il est, dans une flagrante et spectaculaire simplicité.

Quelle performance !

Un texte sombre et prégnant, un moment magique comme le théâtre sait nous en faire vivre. Une leçon. La mise en vie de Dominique Blanc relève de l’exceptionnel. À ne surtout pas manquer !
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#Jesuisleprochain

#Jesuisleprochain

9,5/10
7
Voici un spectacle vivace et ardu, captivant et envoutant où Sylvain Maurice met en vie, avec une approche quasi diabolique toute en finesse, la pièce de Martin Crimp. Nous sommes embarqués aussitôt dans une surprenante narration de récits juxtaposés qui décapitent la stabilité ordinaire d’une histoire amoureuse, ébranlent les formats du couple et bousculent les liens affectifs habituellement exposés.

« Richard, médecin, et sa femme Corinne ont quitté Londres pour s’installer à la campagne. Tandis que Corinne s’acclimate à cette nouvelle vie avec leurs deux enfants, Richard enchaîne les visites à domicile chez ses patients. Un soir, il rentre à la maison en portant dans ses bras une jeune femme inconsciente prénommée Rebecca. Cette jeune femme, qu’il dit avoir trouvée étendue sur le bord de la route, va semer le doute et révéler les fractures du couple. »

Crimp autopsie le couple, fait surgir de ses entrailles l’espace transitionnel et sacré qui lie le rapport entre soi et l’autre ; entre l’intime et le social ; entre le non-dit, le suggéré et le dit, le ressenti.

Son théâtre se rapproche, une nouvelle fois, du « néo-brutalisme » du théâtre britannique In-Yer-Face où la provocation se marie à l’âpreté des situations décrites ou suggérées par le langage parlé plus que dans les scènes jouées, où la violence rampe sourdement.

La tension s’impose immédiatement dans les échanges, percutant notre écoute, stimulant notre quête de sens et d’indices dans ces bouts d’histoire, placés en parallèle, d’une intrigue qui ne l’est pas. Le doute perdure, entre peurs et soupçons, entre paradoxes et mensonges.

Un huis-clos qui instille une anxiété dans notre attention.

L’écriture abondante, fournie et fouillée fait se chevaucher les questions sans réponses, les réponses à d’autres questions, les interjections éclatantes de fureur semant le trouble et laissant planer un sentiment de terreur.

La mise en scène de Sylvain Maurice assisté par Béatrice Vincent, se révèle habile par une approche simple et claire permettant de faire ressortir la percussion des propos, leur perversité intrinsèque et leurs effets déroutants. Maurice construit le labyrinthe de sens voulu par Crimp. Sa scénographie, réalisée en collaboration avec Margot Clavières, contribue à une esthétique soignée et colorée (lumière de Rodolphe Martin), agréable et douce, qui vient en contrepoint de la cruauté des propos, de l’étrangeté féroce des récits, et du désarroi qui nous ravit.

L’intensité des situations évoquées et leur troublant floutage tissent peu à peu un univers énigmatique que l’ambiance sonore de Jean De Almeida appuie ardemment et que les comédiens s’approprient formidablement.

Les personnages, décrits certes avec précision par le texte et la direction de jeux, sont incarnés magistralement.

Isabelle Carré est Corinne, une épouse troublante : inquiète et épanouie, amoureuse et libérée, nerveuse et froide, une interprétation tout en subtilité.

Yannick Choirat est Richard : puissant et fragile, dérouté et déroutant, énigmatique à souhait. Une interprétation tout en puissance.

Manon Clavel est Rebecca : trublionne de la norme, légère et funeste, perfide et attachante. Une interprétation tout en nuances.

Un spectacle imposant et impressionnant. Une mémorable proposition du théâtre de Martin Crimp. Une mise en vie captivante. Trois rôles, trois partitions, trois interprétations convaincantes et complémentaires, un pur délice de jeux. Un spectacle que je conseille vivement.
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Un bon job

Un bon job

9/10
3
Une pièce qui dépeint une uchronie subversive sous les atours d’une satire sociale à l’humour piquant et au cynisme assumé. Un spectacle surprenant et drôle, singulier et intrusif.

La scène d’exposition place d’emblée une forte tension dans cet entretien qui ressemble à un interrogatoire où une femme questionne avec une domination marquée un homme qui candidate à l’embauche. Premier contact, première rencontre entre Johana la patronne et Raphaël l’employé. Mais quel est ce job ?

Il nous faudra attendre, supputer et se laisser surprendre quand enfin il deviendra évident que nous sommes confrontés à un formidable dévoilement d’une nouvelle forme d’esclavage moderne. Le job est incongru, sorti d’un fantasme de bonheur poussé à l’extrême de sa possession et pourtant, ainsi montré, si probable, si proche des normes qui nous entourent que nous finirions par douter qu’il n’existe pas déjà.

« Pour se libérer de sa charge mentale, Johana s’offre les services d’un ’’homme à penser’’. Cet employé à domicile va apprendre à penser comme elle pour la remplacer en toutes circonstances : dans le business qu’elle gère depuis chez elle, comme dans la gestion des problèmes familiaux. »

Certes la charge mentale, surtout celle des femmes, est un fléau de notre société machiste et productiviste, qui oublie de regarder les autres sans se comparer. Certes, le trop-plein crée le vide, le toujours-plus engendre le manque, cherchant à calmer l’avidité par son assouvissement. Mais là quand-même, Johana, tu abuses ! Seras-tu plus heureuse et sereine, plus riche et prospère, une meilleure mère, une compagne comblée grâce à un « homme à penser » ? À un être de substitution qui prendra ta douleur et préviendra tes risques ? Nous le verrons bien…

Dommage que Freud et Marx ne puissent pas voir ce spectacle. Ils deviseraient sans doute sur les dégâts de la schizophrénie mégalomaniaque ou dépressive et la soumission masochiste à la dépendance d’autrui comme sur l’exploitation de la force de travail pour le profit des finances et ici aussi du bien-être d’une entrepreneuse déroutée et déroutante, d’une femme en péril qui met en péril.

Le texte de Stéphane Robelin est descriptif. Il soigne la situation plus que la parole, laissant aux personnages le soin de nous faire ressentir les enjeux, les tiraillements, les écarts. Sa mise en scène est en cohérence, faisant glisser les habitus et les manies sans les charger d’effets, les jeux les montrent suffisamment (Ah, ces verres à demi pleins et cette plante assoiffée !). La scénographie de David Bersanetti, la musique de Antoine Robelin et la vidéo de Ludovic Lang contribuent avec efficacité à créer un univers à la froidure futuriste, dépouillé d’éléments signifiants, favorisant ainsi l’onirisme possible du regard.

L’interprétation des rôles principaux est colorée. Lionel Nakache est un Raphaël remarquable, au jeu nuancé et particulièrement convaincant. Sophie Vonlanthen campe une Johana toute en force, même dans ses craquages. Ils présentent tous les deux un duo-duel équilibré et réussi. Philippe Chaine, Juliette Marcaillou et le jeune Tom Robelin complètent la distribution avec cohérence.

Un spectacle à la dimension politique comme on aime. Un argument détonant. Des situations qui viennent nous déranger là où il faut réfléchir. Une mise en vie adroite et efficace. Des jeux prégnants et crédibles. Un bon spectacle à découvrir.
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C'est un métier d'homme

C'est un métier d'homme

9/10
17
Un spectacle très drôle aux nombreux rebonds décalés et aux allants ubuesques. Nous retrouvons avec bonheur l’esprit saccageur de l’Oulipo, « Ouvroir de Littérature Potentielle (au début, une dizaine d’écrivains et de mathématiciens réunis en 1960 par Raymond Queneau et François Le Lionnais, s’inventent des contraintes pour atteindre une fantaisie poétique illimitée) ».

Hervé Le Tellier réunit ici une équipe d’autrices et d’auteurs de combat pour notre plus grand plaisir. Les récits abracadabrantesques qui n’auraient rien à envier d'un surréalisme mélangé à une sauce farce façon roublarde, regorgent de propos piqués et piquants, à côté ou dedans c’est selon, mais qui nous percutent toujours dans le mile.

« Une salle de conférences, joyeux capharnaüm de bric et de broc : deux drôles de zèbres se targuent de mille qualités, tour à tour champion de ski ou psychanalyste, buveur ou « terminateur de spectacle », mais toujours sur le même modèle vingt fois décliné : ’’Mon métier consiste à…’’. Ils alignent avec fierté et ridicule autant d’autoportraits burlesques de « métiers d’homme » et trébuchent depuis le piédestal de leur mégalomanie. »

C’était à prévoir, ce spectacle oulipien se gausse de la normalité. Y compris de celle qu'il confère à son apparence. La duperie récurrente et manifeste ne s'épargne pas elle-même, brouillant les codes de la sémantique. L’abattage se fait féroce, par moments sauvage voire barbare et disons-le tout net, au topissime de l’irrévérence de l'académisme ordinaire… Et que c’est bon !

Le loufoque se glisse tout partout : Dans le décalage entre le dit et le vu ; dans le comique de répétition qui devient un acte de contrition solidaire dont nous nous faisons volontiers complices ; dans le dérapage contrôlé sur le sens des situations ainsi détourées. Délicieusement dérangeants, les propos nous enchantent, les formules ricochent et les mots jonglent avec les images (au sens propre comme au figuré).

L’autodérision règne jusqu’à tâter l’homme dans sa virilité érigée en totem de la masculinité. Le « plus fort » en maths, en gym et en bassesse mégalomaniaque grandiloquente ; le « plus beau » et le « plus performant » bien sûr. De ceux qu’on met sur orbite et qui ne finiront jamais de tourner.

Admirables comédiens, Denis Fouquereau et David Migeot ont tout compris de l’alphabet oulipien. Ils se délectent, et nous avec, de cet univers fantasmagorique et fantastiquement drôle, qu’ils ont conçu et qu’ils interprètent avec excellence. C’est un buffet de délices qu’ils ont concocté et nous offrent là.

Ce spectacle est sans nul doute exemplaire de l’art de l’Oulipo. Les textes sont superbement léchés, jouant avec réussite le jeu démoniaque des contraintes. La conception finement ficelée et la mise en vie attractive et adroite, réalisées par les deux comédiens sont tout simplement remarquables. Plus je dors, plus je mange, plus j’y pense, plus je suis convaincu que ce spectacle est incontournable. Courez-y !
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Héros Limite

Héros Limite

10/10
5
Du théâtre expérimental comme on aime, où l’abstraction est poussée aux extrêmes de l’absurde et ouvre grandes les portes de nos imaginaires.

Non content de nous ravir à nouveau pour nous embarquer cette fois-ci dans les contrées improbables, inconnues pour moi, de l’œuvre de l’auteur surréaliste Ghérasim Luca, Christophe Collin ose et réussit encore à nous surprendre.

Il apparait et disparait, de noir vêtu, jouant entre coulisses et plateau, silhouette élastique reconnaissable, voix grave profonde et colorée voguant dans le médium et tâtant de l’aigu, deux tubes gris argentés pour partenaires posés par surprise ici ou là. Dans une scénographie épurée, submergée de vide et de lumières, entre noirs et silences, son visage et ses mains semblent jouer avec notre attention, apparaissant aux côtés des ombres projetées de son corps longiligne que pourtant on aperçoit distinctement si l’on y prend garde.

L’envoutement est total. Le flot et le flux des mots qui s’échappent et s’écharpent nous submergent et nous ballotent dans une gite ininterrompue et absconse. Nous dérivons volontiers, de bouts de phrases en interjections, de substantifs impromptus en verbes conjugués, d’illogismes en allitérations, de métaphores en périphrases, que nous reconstituons tant bien que mal au travers d’un savant hasard de répétitions.

La musicalité extraordinaire tant elle est inhabituelle du débit des sons parlés, de leurs consonances et de leur assemblage forment une poétique qui devient souveraine laissant l’intonation faire sens en absence de message explicite. Un amas hétéroclite à la manière d’un cadavre exquis sans début ni fin, où s’aperçoivent de minuscules cavités de compréhension, minces et sombres objets de désir.

Des rires surviennent tout à coup, on ne sait pas pourquoi. Rires qui s’entendent rarement ensemble aux mêmes moments, aux détours de morceaux pris à la volée que d’aucuns reconnaissent et se font siens, par association d’idées et d’images, d’envies ou de besoins.

L’imaginaire est délibérément à la conduite de l’écoute et du regard d’un public plongé dans l’énonciation des trois poèmes surréalistes en prose (l’Anti-toi, la Voix lactée et Héros-Limite) que Ghérasim Luca publia en 1953.

La prestation de Christophe Collin relève de la performance. Avec une profondeur manifeste et une esthétique théâtrale aboutie, la maîtrise de la voix et du corps sont stupéfiantes et font jaillir toute la singularité du texte. Un moment exceptionnel et sans aucun doute mémorable.
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