Ses critiques
898 critiques
9/10
Wally Valerina Bajeux s’empare de cette pièce prégnante de Grumberg en l’entourant d’une forme de précaution à l’égard du public pour que l’impact et effets du texte soient reçus pour ce qu’ils sont : une vérité intrusive et cruelle certes mais avant tout une évocation qui ne se veut pas crue, juste présente et implacable. Comme un poème réaliste que la fiction honore, laissant l’imaginaire prendre sa place dans la narration.
« Un fils et un directeur de maison médicalisée s’affrontent autour du personnage central de la maman. Tandis qu’entre le rire et l’oubli elle rassemble les souvenirs de sa mémoire éparpillés par un traumatisme d’enfance, la maman recrée une drôle d’histoire dont il devient impossible de démêler le vrai du faux. Jusqu’à en bouleverser le cours des choses … »
Un magnifique chant du cygne que ces dernières rencontres entre une mère et son fils, dans une maison médicalisée. L’émotion est à fleur de peau et le sourire vient souvent dessiner les lèvres qui s’entrouvrent alors pour laisser s’échapper les rires, sans doute pour ne pas pleurer.
« Votre maman ! » dit le directeur de l’établissement en interpellant le fils, à cinq reprises. Pour se plaindre des faits ou des propos de la mère comme des adultes pourraient le faire dans un square de quartier où les enfants jouent, crient et chahutent. Les cinq tableaux vont nous permettre de découvrir progressivement au travers de ses réactions, l’écoute attentive du fils pour sa mère, la défense de sa dignité, sa prise en charge comme une femme et non comme une enfant. S’opposant aux ridicules demandes de réprimandes attendues par un directeur dépassé, débordé, juste incompétent, le fils ne fera que démontrer par son attitude ce que bienveillance et bientraitance veulent dire. Il ne montrera pas seulement son attachement aux valeurs humanistes qui relèvent de l’ordinaire mais aussi son amour et un respect profond, une volonté d’accompagner la fin de vie avec affection, patience et attention.
Aussi quand le directeur lui dira : « Votre maman ! Elle est partie mais ne vous inquiétez pas nous la cherchons, les gendarmes aussi, ils ont des chiens »…
NON !... Il ne veut pas, il ne peut pas. Les gendarmes, le bruit des bottes, le bruit des chiens… Réminiscences, l’enfance, mémoire collective, conscience commune, plaie ouverte, peur sourde…
Bien sûr, la « Maman » n’est pas en état de lucidité, prisonnière d’un passé dont on ne sait pas bien s’il se conjugue au présent ou à l’imparfait du souvenir. Bien sûr… Mais entendre les gendarmes, le bruit des bottes, le bruit des chiens...
La pièce de Jean-Claude Grumberg livre une nouvelle fois un récit où l’émotion, la dignité et la dérision se conjuguent et font bloc comme pour faire reculer le plus loin possible les attaques mortifères de la pulsion de mort au calme latent, prête à bondir, à revenir de l’oubli. Rires et larmes se cachent comme des fantômes dans les ombres des mots et des situations dont nous ne voyons que les résultats sortis du texte par le jeu des comédiens. À noter l’impressionnante interprétation de Marc F. Duret dans le rôle du fils toute en finesse et nuances, aux côtés de Jean-Paul Comart (le directeur) et Colette Louvois (la mère).
La mise en scène de Wally Valerina Bajeux n’encombre pas le texte mais l’enveloppe d’un halo protecteur et velouté, lui donnant des apparences oniriques comme pour nous préserver de l’âpreté et de la dureté de son énonciation. Jusqu’à matérialiser un quatrième mur d’un fin voile permanent pour ne pas nous brusquer tout à fait peut-être, pour nous laisser maitres de filtrer ce que nous recevons. Et paradoxalement, l’ensemble est truffé d’un esprit espiègle quasi burlesque par moments. Toujours cette prévention d’atours bienveillants pour le regard et l’écoute.
Un texte fort et émouvant. Une mise en vie audacieuse et singulière. Un spectacle réussi.
« Un fils et un directeur de maison médicalisée s’affrontent autour du personnage central de la maman. Tandis qu’entre le rire et l’oubli elle rassemble les souvenirs de sa mémoire éparpillés par un traumatisme d’enfance, la maman recrée une drôle d’histoire dont il devient impossible de démêler le vrai du faux. Jusqu’à en bouleverser le cours des choses … »
Un magnifique chant du cygne que ces dernières rencontres entre une mère et son fils, dans une maison médicalisée. L’émotion est à fleur de peau et le sourire vient souvent dessiner les lèvres qui s’entrouvrent alors pour laisser s’échapper les rires, sans doute pour ne pas pleurer.
« Votre maman ! » dit le directeur de l’établissement en interpellant le fils, à cinq reprises. Pour se plaindre des faits ou des propos de la mère comme des adultes pourraient le faire dans un square de quartier où les enfants jouent, crient et chahutent. Les cinq tableaux vont nous permettre de découvrir progressivement au travers de ses réactions, l’écoute attentive du fils pour sa mère, la défense de sa dignité, sa prise en charge comme une femme et non comme une enfant. S’opposant aux ridicules demandes de réprimandes attendues par un directeur dépassé, débordé, juste incompétent, le fils ne fera que démontrer par son attitude ce que bienveillance et bientraitance veulent dire. Il ne montrera pas seulement son attachement aux valeurs humanistes qui relèvent de l’ordinaire mais aussi son amour et un respect profond, une volonté d’accompagner la fin de vie avec affection, patience et attention.
Aussi quand le directeur lui dira : « Votre maman ! Elle est partie mais ne vous inquiétez pas nous la cherchons, les gendarmes aussi, ils ont des chiens »…
NON !... Il ne veut pas, il ne peut pas. Les gendarmes, le bruit des bottes, le bruit des chiens… Réminiscences, l’enfance, mémoire collective, conscience commune, plaie ouverte, peur sourde…
Bien sûr, la « Maman » n’est pas en état de lucidité, prisonnière d’un passé dont on ne sait pas bien s’il se conjugue au présent ou à l’imparfait du souvenir. Bien sûr… Mais entendre les gendarmes, le bruit des bottes, le bruit des chiens...
La pièce de Jean-Claude Grumberg livre une nouvelle fois un récit où l’émotion, la dignité et la dérision se conjuguent et font bloc comme pour faire reculer le plus loin possible les attaques mortifères de la pulsion de mort au calme latent, prête à bondir, à revenir de l’oubli. Rires et larmes se cachent comme des fantômes dans les ombres des mots et des situations dont nous ne voyons que les résultats sortis du texte par le jeu des comédiens. À noter l’impressionnante interprétation de Marc F. Duret dans le rôle du fils toute en finesse et nuances, aux côtés de Jean-Paul Comart (le directeur) et Colette Louvois (la mère).
La mise en scène de Wally Valerina Bajeux n’encombre pas le texte mais l’enveloppe d’un halo protecteur et velouté, lui donnant des apparences oniriques comme pour nous préserver de l’âpreté et de la dureté de son énonciation. Jusqu’à matérialiser un quatrième mur d’un fin voile permanent pour ne pas nous brusquer tout à fait peut-être, pour nous laisser maitres de filtrer ce que nous recevons. Et paradoxalement, l’ensemble est truffé d’un esprit espiègle quasi burlesque par moments. Toujours cette prévention d’atours bienveillants pour le regard et l’écoute.
Un texte fort et émouvant. Une mise en vie audacieuse et singulière. Un spectacle réussi.
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9,5/10
C’est avec une férocité grinçante et sourde autant que détonante que Lucy Kirkwood, jeune autrice anglaise, façonne ce drame moderne aux allures d’uchronie où la dénonciation sociale, écologique et finalement culturelle se veut implacable et devient une évidence nécessaire à affronter. Le style narratif caustique et cynique au patchwork habile de ruptures et de saillies textuelles saute souvent dans les flaques du contrepied. L’humour à la crudité frontale impertinente et aux saveurs aigres de l’ironie, sème une drôlerie salvatrice où le rire vient piquer un univers délibérément mortifère.
« Un couple d’ingénieurs nucléaires à la retraite vit quelque part au bord de la mer près d’une centrale nucléaire qui vient d’être touchée par un tsunami. Une collègue ingénieur qui a participé elle aussi à la construction des grandes centrales scientifiques de la terre (un amour de jeunesse que l’on n’a pas vu depuis 30 ans), arrive un soir d’été pour leur faire une proposition étonnante. »
Le récit traverse tout le long un néo-réalisme allié à un néo-brutalisme qui ne sont pas sans rappeler les caractéristiques du mouvement théâtral britannique « In Yer Face » que Kirkwood semble rejoindre, dans la lignée de Kelly, Crimp ou Kane. La dramaturgie conflictuelle se délivre sur un mode de légèreté et de nonchalance. L’écriture semble vouloir nous tenir à distance de ce qui est dit, de ce qui est fait, de ce que nous comprenons être ça. Mais la narration est ici bien façonnée, ficelée avec adresse, et voilà que le paradoxe généré par le miroir cathartique du théâtre nous place tout net dans un champ de proximité avec les personnages et les situations.
Hazel, Robin et Rose nous surprennent et nous interrogent. Au-delà du trio vaudevillesque qui chahute en public ses souvenirs, ils nous content une satire contemporaine sur la volonté de résilience tentant d’imposer un renouveau pour ne pas sombrer dans l’abîme de la résignation. Mais est-il encore temps ? Croyance ou certitude ? Agitation désespérée pour conjurer le sort ou sublimation de la vieillesse dans le devenir des jeunes générations ? Ces autres nous-même, symboles de notre lignée, peut-être nos propres enfants. Les enfants. Oui les enfants, sorte de repère étalon qui survole l’ensemble de cette rationalité limitée développé dans le texte, signifiants majeurs du changement.
La mise en scène de Éric Vigner assisté par Alban de Tarlé dessine une esthétique épurée de matérialité et réduit les mouvements au stricte nécessaire de la narration. Les sons bruitent et scandent le temps qui change, hachurant ou soulignant les situations. Le texte prévaut avec force et se délivre dans l’extériorité stylisée et clinique d’une scénographie dépouillée. Les personnages s’imposent alors, magnifiés par une remarquable interprétation.
Cécile Brune, Frédéric Pierrot et Dominique Valadié nous saisissent et nous emportent dans ce récit prégnant qui devient un labyrinthe aux idées, bouscule notre imaginaire et notre réflexion. Elles et ils se fondent dans leurs personnages, on les oublie tant il sont vrais. Seuls demeurent Hazel (Cécile Brune, magnifique et majestueuse défenseuse de la Vie, au tonus décapant et à la sensibilité palpable), Robin (troublant Frédéric Pierrot, tout en profondeur dans son désespoir et sa fragilité) et Rose (impressionnante Dominique Valadié, grande faucheuse meurtrie, digne et distante mais déterminée à repartir avec ses proies). Nous nous laissons volontiers cueillir et entreprendre dans cette déroute captivante et sublime à la fois. Elles et Ils nous subjuguent véritablement par la finesse et la puissance de jeu de leurs personnages.
Un spectacle passionnant. Une pièce coup de poing. Un mise en vie à l’évidence discrète et adroite. Une interprétation de très haut vol.
Incontournable !
« Un couple d’ingénieurs nucléaires à la retraite vit quelque part au bord de la mer près d’une centrale nucléaire qui vient d’être touchée par un tsunami. Une collègue ingénieur qui a participé elle aussi à la construction des grandes centrales scientifiques de la terre (un amour de jeunesse que l’on n’a pas vu depuis 30 ans), arrive un soir d’été pour leur faire une proposition étonnante. »
Le récit traverse tout le long un néo-réalisme allié à un néo-brutalisme qui ne sont pas sans rappeler les caractéristiques du mouvement théâtral britannique « In Yer Face » que Kirkwood semble rejoindre, dans la lignée de Kelly, Crimp ou Kane. La dramaturgie conflictuelle se délivre sur un mode de légèreté et de nonchalance. L’écriture semble vouloir nous tenir à distance de ce qui est dit, de ce qui est fait, de ce que nous comprenons être ça. Mais la narration est ici bien façonnée, ficelée avec adresse, et voilà que le paradoxe généré par le miroir cathartique du théâtre nous place tout net dans un champ de proximité avec les personnages et les situations.
Hazel, Robin et Rose nous surprennent et nous interrogent. Au-delà du trio vaudevillesque qui chahute en public ses souvenirs, ils nous content une satire contemporaine sur la volonté de résilience tentant d’imposer un renouveau pour ne pas sombrer dans l’abîme de la résignation. Mais est-il encore temps ? Croyance ou certitude ? Agitation désespérée pour conjurer le sort ou sublimation de la vieillesse dans le devenir des jeunes générations ? Ces autres nous-même, symboles de notre lignée, peut-être nos propres enfants. Les enfants. Oui les enfants, sorte de repère étalon qui survole l’ensemble de cette rationalité limitée développé dans le texte, signifiants majeurs du changement.
La mise en scène de Éric Vigner assisté par Alban de Tarlé dessine une esthétique épurée de matérialité et réduit les mouvements au stricte nécessaire de la narration. Les sons bruitent et scandent le temps qui change, hachurant ou soulignant les situations. Le texte prévaut avec force et se délivre dans l’extériorité stylisée et clinique d’une scénographie dépouillée. Les personnages s’imposent alors, magnifiés par une remarquable interprétation.
Cécile Brune, Frédéric Pierrot et Dominique Valadié nous saisissent et nous emportent dans ce récit prégnant qui devient un labyrinthe aux idées, bouscule notre imaginaire et notre réflexion. Elles et ils se fondent dans leurs personnages, on les oublie tant il sont vrais. Seuls demeurent Hazel (Cécile Brune, magnifique et majestueuse défenseuse de la Vie, au tonus décapant et à la sensibilité palpable), Robin (troublant Frédéric Pierrot, tout en profondeur dans son désespoir et sa fragilité) et Rose (impressionnante Dominique Valadié, grande faucheuse meurtrie, digne et distante mais déterminée à repartir avec ses proies). Nous nous laissons volontiers cueillir et entreprendre dans cette déroute captivante et sublime à la fois. Elles et Ils nous subjuguent véritablement par la finesse et la puissance de jeu de leurs personnages.
Un spectacle passionnant. Une pièce coup de poing. Un mise en vie à l’évidence discrète et adroite. Une interprétation de très haut vol.
Incontournable !
10/10
"Maud, reviens un moment, ton père veut te parler. Il rôde et hante parmi ses souvenirs et nous rejoint pour les raconter. Pour toi d’abord et pour nous aussi…"
« Seul en scène, depuis son pays des morts, Max Linder s’adresse à Maud, sa fille de seize mois. Il lui raconte tout : ses grandeurs et ses démons, ses films »
C'est ainsi que le spectacle sera ponctué d'adresses à sa fille, aujourd’hui disparue, tout le long de cette impressionnante narration documentée de Max Linder, écrite et mise en scène par Stéphane Olivié Bisson.
Un récit de vie incarné au sens littéral du terme par Jérémy Lopez, sociétaire de la Comédie-Française. Un comédien de toute splendeur. Jérémy Lopez ne joue pas, il est Max Linder. Incroyable et magique interprétation d’une intensité et d’une vibration stupéfiantes. Une sensibilité à fleur de peau court tout le long. Un jeu rare tant il est nuances et tant il peut devenir violences, qui nous montre les meurtrissures profondes à jamais béantes, pour toujours gravées dans la mémoire qui revient, de cette figure emblématique du cinéma muet, immense et illustre gloire déchue du début du cinématographe.
« 1905, studios Pathé, l’acteur de théâtre Max découvre le cinéma, art naissant. Révélation et frénésie, il tourne cinq cents films, s’exporte à Hollywood, devient l’égal voire le « professeur » de Charlie Chaplin. Jaquette, chapeau de soie, haut de forme, souliers vernis et gants de noce, il invente l’élégance comique du dandy, parfait et désopilant gentleman »
Comme il l’a fait pour Camus avec ses Carnets, Stéphane Olivié Bisson a cette intuition géniale de faire revivre, le temps d’égrener les bribes essentielles de la vie de Gabriel-Maximilien Leuvielle dit Max Linder, le célèbre inconnu qui inspira le personnage de Charlot à Chaplin et marquera nombre de figures comiques qui l’ont succédé, de Pierre Étaix aux Marx Brothers, entre autres.
Nous voici emportés dans un parcours de vie captivant, magnifié par son interprétation. Nous cheminons parmi les peurs, les doutes et les réussites aussi de l’artiste et de l’homme, du père empêché. Nous revivons avec lui ses joies et ses peines, ses souffrances que sa secrétaire qualifia « des pires parce que peut-être imaginaires ». Et nous apprenons sans l’accepter l’oubli « douloureux et injuste » dans lequel on a jeté son histoire et son œuvre en grande partie détruite.
C’est un moment éblouissant que ce rendez-vous avec Max Linder, génie artistique, que la folie a emporté pour son dernier refuge vers le pays qu’il habite désormais, « le pays de l’oubli et de la nostalgie ».
Voici un spectacle prégnant, richement documenté et soigneusement peaufiné, et surtout, surtout, magistralement interprété par Jérémy Lopez. Un magnifique et mémorable moment de théâtre. Une incontournable découverte que je recommande vivement !
« Seul en scène, depuis son pays des morts, Max Linder s’adresse à Maud, sa fille de seize mois. Il lui raconte tout : ses grandeurs et ses démons, ses films »
C'est ainsi que le spectacle sera ponctué d'adresses à sa fille, aujourd’hui disparue, tout le long de cette impressionnante narration documentée de Max Linder, écrite et mise en scène par Stéphane Olivié Bisson.
Un récit de vie incarné au sens littéral du terme par Jérémy Lopez, sociétaire de la Comédie-Française. Un comédien de toute splendeur. Jérémy Lopez ne joue pas, il est Max Linder. Incroyable et magique interprétation d’une intensité et d’une vibration stupéfiantes. Une sensibilité à fleur de peau court tout le long. Un jeu rare tant il est nuances et tant il peut devenir violences, qui nous montre les meurtrissures profondes à jamais béantes, pour toujours gravées dans la mémoire qui revient, de cette figure emblématique du cinéma muet, immense et illustre gloire déchue du début du cinématographe.
« 1905, studios Pathé, l’acteur de théâtre Max découvre le cinéma, art naissant. Révélation et frénésie, il tourne cinq cents films, s’exporte à Hollywood, devient l’égal voire le « professeur » de Charlie Chaplin. Jaquette, chapeau de soie, haut de forme, souliers vernis et gants de noce, il invente l’élégance comique du dandy, parfait et désopilant gentleman »
Comme il l’a fait pour Camus avec ses Carnets, Stéphane Olivié Bisson a cette intuition géniale de faire revivre, le temps d’égrener les bribes essentielles de la vie de Gabriel-Maximilien Leuvielle dit Max Linder, le célèbre inconnu qui inspira le personnage de Charlot à Chaplin et marquera nombre de figures comiques qui l’ont succédé, de Pierre Étaix aux Marx Brothers, entre autres.
Nous voici emportés dans un parcours de vie captivant, magnifié par son interprétation. Nous cheminons parmi les peurs, les doutes et les réussites aussi de l’artiste et de l’homme, du père empêché. Nous revivons avec lui ses joies et ses peines, ses souffrances que sa secrétaire qualifia « des pires parce que peut-être imaginaires ». Et nous apprenons sans l’accepter l’oubli « douloureux et injuste » dans lequel on a jeté son histoire et son œuvre en grande partie détruite.
C’est un moment éblouissant que ce rendez-vous avec Max Linder, génie artistique, que la folie a emporté pour son dernier refuge vers le pays qu’il habite désormais, « le pays de l’oubli et de la nostalgie ».
Voici un spectacle prégnant, richement documenté et soigneusement peaufiné, et surtout, surtout, magistralement interprété par Jérémy Lopez. Un magnifique et mémorable moment de théâtre. Une incontournable découverte que je recommande vivement !
9/10
Quand les histoires de famille se troublent des travers des personnalités qui la composent, cela donne du grain à moudre à l’esprit de dispute, aux embrouilles et autres dégâts collatéraux sur les liens affectifs. Certes. Mais c’est sans compter sur l’ingénieuse et désopilante façon de voir et de raconter les heurts intimes de ces secrets dévoilés et les sursauts que cela occasionne, que Valérie Fayolle dépeint avec délice dans cette comédie.
« Un testament et un objet inattendu trouvé au fond du grenier vont venir bouleverser l'équilibre vacillant d'une famille bien sous tous rapports. Quand la mère, les deux frères, la sœur et la belle-sœur se retrouvent coincés dans la maison familiale, rien ne se passe comme prévu ! Quand les parents ne règlent pas leurs problèmes ils les lèguent... Dans cette comédie joyeusement macabre "Le comble de la vanité" serait de croire que l'on peut échapper aux liens du sang… »
L’autrice utilise un humour au cynisme efficace truffé de saillies balancées pour composer cette peinture astucieuse et adroite des menteries alimentant les secrets de famille, souvent liées comme ici aux ravages de l’image sociale à préserver par-dessus tout. Et quand il y est ajouté les outrances savoureuses des excès de l’estime de soi et du sentiment de compétence, nous sommes alors en présence d’une singerie espiègle et élégante où l’arrogance narcissique et mégalomane de celles et ceux qui en sont ou en étaient bardés, nous raconte, façon thriller drôle, une histoire atrocement et macabrement rieuse.
Mentir serait-il alors l’ombre de la vanité ? Ce serait un comble !
La mise en scène Ludivine de Chastenet assistée par Sabrina Paul, met le texte en valeur dans une allure allègre et un climat de suspens qui siéent parfaitement au texte et laissent toute la place aux interprètes pour nous entreprendre.
Les éléments scéniques, la scénographie de Emmanuel Charles, les costumes de Isabelle Mathieu, la lumière de François Leneveu et la musique de Pierre-Antoine Durand participent avec harmonie au cheminement agréable de ce spectacle.
L’interprétation est gourmande et mystérieuse à souhait. Autour de Virginie Pradal, magnifique mère tutélaire, drôle et énigmatique jusqu’à la dernière minute, Mikaël Chirinian, Julie Farenc, Cécile Rebboah et David Talbot campent leurs rôles avec fluidité et complémentarité. Un bel ouvrage !
Du théâtre de plaisir. Une comédie amusante. Une merveilleuse distribution. Encore un bon et beau spectacle à la Pépinière Théâtre !
« Un testament et un objet inattendu trouvé au fond du grenier vont venir bouleverser l'équilibre vacillant d'une famille bien sous tous rapports. Quand la mère, les deux frères, la sœur et la belle-sœur se retrouvent coincés dans la maison familiale, rien ne se passe comme prévu ! Quand les parents ne règlent pas leurs problèmes ils les lèguent... Dans cette comédie joyeusement macabre "Le comble de la vanité" serait de croire que l'on peut échapper aux liens du sang… »
L’autrice utilise un humour au cynisme efficace truffé de saillies balancées pour composer cette peinture astucieuse et adroite des menteries alimentant les secrets de famille, souvent liées comme ici aux ravages de l’image sociale à préserver par-dessus tout. Et quand il y est ajouté les outrances savoureuses des excès de l’estime de soi et du sentiment de compétence, nous sommes alors en présence d’une singerie espiègle et élégante où l’arrogance narcissique et mégalomane de celles et ceux qui en sont ou en étaient bardés, nous raconte, façon thriller drôle, une histoire atrocement et macabrement rieuse.
Mentir serait-il alors l’ombre de la vanité ? Ce serait un comble !
La mise en scène Ludivine de Chastenet assistée par Sabrina Paul, met le texte en valeur dans une allure allègre et un climat de suspens qui siéent parfaitement au texte et laissent toute la place aux interprètes pour nous entreprendre.
Les éléments scéniques, la scénographie de Emmanuel Charles, les costumes de Isabelle Mathieu, la lumière de François Leneveu et la musique de Pierre-Antoine Durand participent avec harmonie au cheminement agréable de ce spectacle.
L’interprétation est gourmande et mystérieuse à souhait. Autour de Virginie Pradal, magnifique mère tutélaire, drôle et énigmatique jusqu’à la dernière minute, Mikaël Chirinian, Julie Farenc, Cécile Rebboah et David Talbot campent leurs rôles avec fluidité et complémentarité. Un bel ouvrage !
Du théâtre de plaisir. Une comédie amusante. Une merveilleuse distribution. Encore un bon et beau spectacle à la Pépinière Théâtre !
6/10
Une farce détonante et grinçante parsemée de zigzags d’absurdité comme le dit l’auteur Jean-Michel Ribes.
Il y fait bon se laisser prendre par ces ravages improbables d’un réel passé au crible de la dénonciation des rapports de pouvoir entre les humains, que la fiction fort heureusement sait railler pour notre plus grand plaisir.
« Un Airbus crashé en haut de la cordillère des Andes. Là, deux survivants finissent des pieds de footballeurs grillés aux amandes. Reste la cuisse d’un feu steward, qu’Yvonne veut garder pour Noël, lubie qui rend fou de rage son mari, Lionel. Surgissent deux autres miraculés, un émeutier en passe de devenir El Presidente du Putchicador, et le compositeur de l’hymne du nouveau régime. Un cinquième débarque, général de l’armée qui alimentera tout le monde. Les héros repus rejoignent la jungle amazonienne, sa junte militaire et ses divas réincarnées en oiseaux. »
Et voilà que s’allient dans ce microcosme foldingue, anthropophagique et révolutionnaire, feintes amoureuses de vieux adolescents, bassesses de pleutres et illusions perdues, pour nous faire vivre ce conte qui décèle nombre de vérités venant nous titiller et nous amuser tout autant.
L’univers de Ribes est bien là. Les metteuses en scène Joséphine de Meaux et Mériam Korichi assistées par Jennifer Maria proposent une mise en vie audacieuse, tâtant de la poésie surréaliste dans un décorum scénique à l’apparence trash prononcée. Scénographie, costumes, lumières, sons et musiques sont également au service de cette proposition curieuse et inattendue qui oscille entre café-théâtre, vaudeville "farcesque" et tableaux à sketchs.
La distribution s’empare avec enthousiasme de cette partition sans doute difficile.
Un spectacle qui égrène les messages d’un texte savoureux baigné en permanence dans un rire cocasse, pas innocent du tout.
Un rire de résistance bien sûr.
Il y fait bon se laisser prendre par ces ravages improbables d’un réel passé au crible de la dénonciation des rapports de pouvoir entre les humains, que la fiction fort heureusement sait railler pour notre plus grand plaisir.
« Un Airbus crashé en haut de la cordillère des Andes. Là, deux survivants finissent des pieds de footballeurs grillés aux amandes. Reste la cuisse d’un feu steward, qu’Yvonne veut garder pour Noël, lubie qui rend fou de rage son mari, Lionel. Surgissent deux autres miraculés, un émeutier en passe de devenir El Presidente du Putchicador, et le compositeur de l’hymne du nouveau régime. Un cinquième débarque, général de l’armée qui alimentera tout le monde. Les héros repus rejoignent la jungle amazonienne, sa junte militaire et ses divas réincarnées en oiseaux. »
Et voilà que s’allient dans ce microcosme foldingue, anthropophagique et révolutionnaire, feintes amoureuses de vieux adolescents, bassesses de pleutres et illusions perdues, pour nous faire vivre ce conte qui décèle nombre de vérités venant nous titiller et nous amuser tout autant.
L’univers de Ribes est bien là. Les metteuses en scène Joséphine de Meaux et Mériam Korichi assistées par Jennifer Maria proposent une mise en vie audacieuse, tâtant de la poésie surréaliste dans un décorum scénique à l’apparence trash prononcée. Scénographie, costumes, lumières, sons et musiques sont également au service de cette proposition curieuse et inattendue qui oscille entre café-théâtre, vaudeville "farcesque" et tableaux à sketchs.
La distribution s’empare avec enthousiasme de cette partition sans doute difficile.
Un spectacle qui égrène les messages d’un texte savoureux baigné en permanence dans un rire cocasse, pas innocent du tout.
Un rire de résistance bien sûr.
Tu l'avais vue à l'Atelier avec Hiégel et Putzulu ?