Merci à Alexis Michalik de sortir le théâtre français de sa torpeur, engoncé dans des drames naturalistes pompeux ou les comédies vulgaires à base de trentenaires-célibataires-colocataires.

Ici, on a la sensation de naviguer dans un livre d'aventure, dans une mise en scène inventive, des comédiens talentueux et capables de changer de personnage en un clin d'œil. On est porté par cette enquête littéraire du début à la fin, sans temps mort. Avec "Le Porteur d'histoire", nous voici dans un théâtre populaire qui ne prend pas son public pour des abrutis, qui ne lui mâche pas le travail et le transporte à travers tout un prisme d'émotions.

Un moment rare.

Trop rare.

Quand les Anglais donnent dans l'absurde, ils accouchent de pépites. Les Monty Python en tête.

Quand les Français se lancent dans l'absurde, à défaut de réussir à faire du Ionesco, on obtient des pièces vulgaires tel ce "Coups de théâtre". Certes, les enchaînements sont fluides. Certes, les comédiens s'ébrouent sans compter, certes, il est étonnant de croiser Tchekhov et Molière dans la même pièce. Mais quel dommage de tomber dans l'humour facile, pipi-caca, télé-réalité et surtout d'appuyer ses blagues un peu plus audacieuses en termes de références en explicitant bien les dites références pour les spectateurs les moins cultivés.

Tout ceci manque cruellement de subtilité. Subtilité qu'on retrouvait pourtant il y a quelques années lors des premières saisons du "Tour du monde en 80 jours" du même auteur. Comme quoi, après une "Mission Florimont" bien troussée, un "Coup de ciseaux" au concept (importé et moliérisé) interactif, on ne peut pas réussir à tous les coups... de théâtre !

Fan de la pièce davantage que le film qui en a été issu, je me réjouissais de voir "Le Père-Noël..." en vrai de vrai, remise au goût du jour (ses personnages étant intemporels), dans une mise en scène moderne (et je faisais confiance à Palmade pour trouver un compromis entre le culte et la nouveauté).

Résultat : si le texte et les situations font toujours rire, on est consterné du début à la fin par le travail d'imitation des comédiens sans réussir à atteindre un poil de cheville des acteurs originaux. On fait du Lhermitte, du Jugnot, du Chazel, on n'apporte absolument rien d'inédit. Même le décor est quasiment identique.

On a malheureusement, alors qu'on a affaire à des comédiens professionnels, des amateurs d'une MJC qui veulent reprendre cette pièce culte pour amuser leurs amis. Rien de plus.
Les applaudissements n'ont d'ailleurs été nourris (tant de gens sont partis en plein milieu de la pièce) qu'au moment des saluts, quand apparaissent les portraits des interprètes mythiques du "Père-Noël est une ordure" (mais avec des photos pixellisées).

Le dicton "c'était mieux avant" n'a jamais été aussi bien porté....

Voilà une pièce bavarde qui s'écoute parler...

D'un point de départ somme toute banale (un couple qui se sépare et les deux sons de cloche qui en découlent), on arrive à une comédie qui peine à faire rire et qui ne sert qu'à débiter des platitudes enrobées de jolis mots. Les personnages manquent cruellement de personnalité (hormis deux des trois femmes) et surtout d'interaction : on ne croit ni que ces personnes sont amies depuis plus de 15 ans, ni en ces trois couples. Sans oublier une mise en scène peu originale et prévisible à l'avance.

Tout reste en surface alors que les six personnages s'ingénient à vouloir creuser dans les détails. Tant et si bien que quand ça décolle enfin (malgré une scène de baisers lesbiens pour le moins dispensable et purement gratuite et ridicule), dans les dernières minutes, que la pièce atterrit aussitôt avec une voix off qui casse le rythme et impose un happy end de circonstance, comme si l'auteur ne savait pas comment se dépêtrer des quiproquos qu'il venait de créer. Bien dommage.

Une comédie ennuyeuse et peu originale sur le couple et l'amitié.

Vu deux fois, l'issue est effectivement différente en fonction des propositions du public.

L'interactivité et l'improvisation des comédiens est effectivement LE bon point du spectacle. Tous sont à l'aise et ont l'air de follement s'amuser. D'ailleurs, leurs vannes improvisées (ou alors écrites à l'avance ?) sont meilleures que celles du texte du début qui installe la situation. Car ce dernier, si parfois est amusant, est rempli de poncifs déjà vus et entendus (et surtout bien éculés).

Heureusement, si le début est creux, les acteurs sauvent les meubles par leur énergie et on attend avec impatience le début de l'enquête et celui de l'interactivité.