Ses critiques
55 critiques
8/10
Si les artistes- femmes ont été le plus souvent invisibilisées, Camille Morineau, commissaire de cette exposition, nous explique qu’il n’en a pas été de même pendant les Années 20, une décennie exceptionnelle de reconnaissance de la créativité des femmes, mais aussi de pratiques sexuelles libres, dans ce Paris, ville d’avant-garde avec son quartier latin, Montparnasse et Montmartre.
S’y côtoient des artistes venues du monde entier, comme la tumultueuse Tamara Lempicka qui peint des femmes voluptueuses « la belle Rafaela » ou « Suzy Solidor ». Ou bien Tarsila do Amaral, artiste brésilienne très reconnue dans son pays, amie de Brancusi et de Fernand Léger.
Ces femmes artistes qu’elles soient couturières (Chanel, Pasquin) ou musiciennes (Nadia Boulanger), ont à coeur de vivre de leur art comme Sonia Delaunay, Marie Vassilief, Sophie Taeuber-Arp ou Alice Halicka en créant des costumes, des décors, des marionnettes, des collages de tissu. Le Tout Paris viendra applaudir Joséphine Baker en 1925 au théâtre des Champs-Elysées.
D’autres comme Adrienne Monnier ou Sylvia Beach ouvriront des librairies ou une maison d’édition comme l’américaine Nancy Cunard.
La femme des années 20 change. « La garçonne » , roman de Victor Margueritte, modèle un nouveau genre de femme libérée sexuellement. Les autoportraits de Claude Cahun dégagent une androgynie érotique. Suzanne Valandon, grande prêtresse de la représentation d’un corps de femme sans artifice, tel qu’il est, nous étonne avec « Jeune femme aux bas blancs » et « La chambre bleue ».
Les peintures de Marie Laurencin par leurs couleurs douces et évanescentes savent nous subjuguer inlassablement. Et Romaine Brooks nous donne à voir un portrait troublant de femme « au bord de la mer ».
Toutes ces œuvres d’artistes femmes ne me semblent pas de qualité égale. Pour autant, cette exposition me semble incontournable pour comprendre les Années Folles et la femme dans cette époque.
S’y côtoient des artistes venues du monde entier, comme la tumultueuse Tamara Lempicka qui peint des femmes voluptueuses « la belle Rafaela » ou « Suzy Solidor ». Ou bien Tarsila do Amaral, artiste brésilienne très reconnue dans son pays, amie de Brancusi et de Fernand Léger.
Ces femmes artistes qu’elles soient couturières (Chanel, Pasquin) ou musiciennes (Nadia Boulanger), ont à coeur de vivre de leur art comme Sonia Delaunay, Marie Vassilief, Sophie Taeuber-Arp ou Alice Halicka en créant des costumes, des décors, des marionnettes, des collages de tissu. Le Tout Paris viendra applaudir Joséphine Baker en 1925 au théâtre des Champs-Elysées.
D’autres comme Adrienne Monnier ou Sylvia Beach ouvriront des librairies ou une maison d’édition comme l’américaine Nancy Cunard.
La femme des années 20 change. « La garçonne » , roman de Victor Margueritte, modèle un nouveau genre de femme libérée sexuellement. Les autoportraits de Claude Cahun dégagent une androgynie érotique. Suzanne Valandon, grande prêtresse de la représentation d’un corps de femme sans artifice, tel qu’il est, nous étonne avec « Jeune femme aux bas blancs » et « La chambre bleue ».
Les peintures de Marie Laurencin par leurs couleurs douces et évanescentes savent nous subjuguer inlassablement. Et Romaine Brooks nous donne à voir un portrait troublant de femme « au bord de la mer ».
Toutes ces œuvres d’artistes femmes ne me semblent pas de qualité égale. Pour autant, cette exposition me semble incontournable pour comprendre les Années Folles et la femme dans cette époque.
8/10
S’il ne fallait voir qu’une seule artiste en ce moment à la Bourse du Commerce, alors n’hésitez pas, cette artiste chinoise est surprenante. Son unique œuvre « Whose Utopia » 2006-2007, présentée dans ce beau lieu architectural retravaillé par l’architecte contemporain Tadao Ando, est une installation intelligente, convaincante et fort émouvante.
L’artiste a cotoyé pendant plusieurs mois le sort des ouvriers d’une usine d’ampoules électriques. Il en ressort la présentation en réel de leur lieu de survie – en dehors du travail – à savoir deux lits superposés où les corps fatigués viendront se reposer. Face à ces deux lits submergés de vêtements et de sacs où sont entassés tous les biens de ces ouvriers, une video nous présente leurs désirs comme cette jeune fille se rêvant dansant dans l’usine vide. Puis la video se poursuit avec la triste réalité de leurs corps soumis aux actes répétitifs d’une économie mondialisée.
Une seconde video nous montre l’interview de ces hommes et femmes qui restent dignes et pudiques face à leur sort. Enfin l’installation se termine par un amas de cartons ironiquement dénommés « Utopia Factory ». Une installation vibrante d’émotions. A ne pas manquer.
L’artiste a cotoyé pendant plusieurs mois le sort des ouvriers d’une usine d’ampoules électriques. Il en ressort la présentation en réel de leur lieu de survie – en dehors du travail – à savoir deux lits superposés où les corps fatigués viendront se reposer. Face à ces deux lits submergés de vêtements et de sacs où sont entassés tous les biens de ces ouvriers, une video nous présente leurs désirs comme cette jeune fille se rêvant dansant dans l’usine vide. Puis la video se poursuit avec la triste réalité de leurs corps soumis aux actes répétitifs d’une économie mondialisée.
Une seconde video nous montre l’interview de ces hommes et femmes qui restent dignes et pudiques face à leur sort. Enfin l’installation se termine par un amas de cartons ironiquement dénommés « Utopia Factory ». Une installation vibrante d’émotions. A ne pas manquer.
4/10
« Charles Ray » est la grande exposition actuelle de la Bourse du Commerce. Charles Ray est un artiste américain né en 1953 qui interroge la sculpture classique à partir de thèmes contemporains.
D’une inventivité peu intense, ces œuvres m’ont semblé bien fades à vouloir coller à tout prix à des modèles antiques. S’en démarquent néanmoins deux sculptures de Sans domicile fixe, Jeff et Sleeping Woman, ainsi qu’une « ruine » de tracteur … Les autres artistes présents sont décevants comme Bertrand Lavier aux concepts trop faciles. Adel Abdessemed qui m’avait éblouie et scotchée en 2018 lors de son exposition « Antidote » au MAC de Lyon, ici, m’a plutôt saoulée avec son Joueur de flûte.
Les pigeons de Maurizio Cattelan sont sympathiques mais cela fait-il une œuvre ? Vous pourrez toujours vous rabattre sur l’intéressante architecture de la Bourse du Commerce (18ème/19ème) retravaillée par l’architecte contemporain Tadao Ando.
D’une inventivité peu intense, ces œuvres m’ont semblé bien fades à vouloir coller à tout prix à des modèles antiques. S’en démarquent néanmoins deux sculptures de Sans domicile fixe, Jeff et Sleeping Woman, ainsi qu’une « ruine » de tracteur … Les autres artistes présents sont décevants comme Bertrand Lavier aux concepts trop faciles. Adel Abdessemed qui m’avait éblouie et scotchée en 2018 lors de son exposition « Antidote » au MAC de Lyon, ici, m’a plutôt saoulée avec son Joueur de flûte.
Les pigeons de Maurizio Cattelan sont sympathiques mais cela fait-il une œuvre ? Vous pourrez toujours vous rabattre sur l’intéressante architecture de la Bourse du Commerce (18ème/19ème) retravaillée par l’architecte contemporain Tadao Ando.
8,5/10
Ce Tartuffe / Théorême de Molière proposé par la metteure en scène Macha Makeïeff, décape. Elle signe également les costumes et les décors en saturant les couleurs.
La saturation sonore n’est pas épargnée pour autant avec les notes stridentes de Madame Pernelle, la mère d’Orgon. Ainsi, une ambiance pernicieuse, outrancière, s’installe au sein de la famille d’Orgon, micro-société s’adonnant aux plaisirs de la vie et à ses licences déréglées.
L’effet est troublant : Cléante, Damis, Valère , Dorine et Elmire se trouvent sournoisement réunis pour combattre Tartuffe, dont on connaît l’imposture et l’hypocrisie. Ces conjurés d’un nouveau genre, vont fomenter petit à petit un complot, certainement pas au nom de la morale, mais plutôt pour leur permettre de continuer à jouir sans entrave, de leurs passions charnelles ou … golfiques et de leurs "avoirs" ! On est loin des clichés des « honnêtes hommes », idéal du XVIIème ! Trois portraits de femmes se dégagent. Elmire, la femme d’Orgon, est une séductrice à tous crins et se révèle ici n’être que ce qu’elle est : une libertine. Dorine transgresse les lois sociales et patriarcales. Elle apparaît ici non plus comme une servante mais une amie de la famille, rusée et s’opposant à Orgon, le père.
Mariane, fille soumise à son père Orgon, contraste avec les autres personnages ; elle aplatit les vers de Molière jusqu’au malaise. Son jeu subtil avec les ciseaux est un moment terrifiant de même que la scène finale avec Orgon allongé sur un canapé et elle couchée par terre comme un lévrier fidèle.
Quant à Tartuffe et sa secte de faux dévots, il nous renvoie bien l’image qu’on attend de lui : prédateur fourbe, épris de domination et de possession.
Je recommande cette pièce qui, par sa mise en scène contemporaine, renouvelle ce classique de Molière avec un cynisme déroutant. En tournée à Rennes, Bayonne, Créteil, Amiens et Caen.
La saturation sonore n’est pas épargnée pour autant avec les notes stridentes de Madame Pernelle, la mère d’Orgon. Ainsi, une ambiance pernicieuse, outrancière, s’installe au sein de la famille d’Orgon, micro-société s’adonnant aux plaisirs de la vie et à ses licences déréglées.
L’effet est troublant : Cléante, Damis, Valère , Dorine et Elmire se trouvent sournoisement réunis pour combattre Tartuffe, dont on connaît l’imposture et l’hypocrisie. Ces conjurés d’un nouveau genre, vont fomenter petit à petit un complot, certainement pas au nom de la morale, mais plutôt pour leur permettre de continuer à jouir sans entrave, de leurs passions charnelles ou … golfiques et de leurs "avoirs" ! On est loin des clichés des « honnêtes hommes », idéal du XVIIème ! Trois portraits de femmes se dégagent. Elmire, la femme d’Orgon, est une séductrice à tous crins et se révèle ici n’être que ce qu’elle est : une libertine. Dorine transgresse les lois sociales et patriarcales. Elle apparaît ici non plus comme une servante mais une amie de la famille, rusée et s’opposant à Orgon, le père.
Mariane, fille soumise à son père Orgon, contraste avec les autres personnages ; elle aplatit les vers de Molière jusqu’au malaise. Son jeu subtil avec les ciseaux est un moment terrifiant de même que la scène finale avec Orgon allongé sur un canapé et elle couchée par terre comme un lévrier fidèle.
Quant à Tartuffe et sa secte de faux dévots, il nous renvoie bien l’image qu’on attend de lui : prédateur fourbe, épris de domination et de possession.
Je recommande cette pièce qui, par sa mise en scène contemporaine, renouvelle ce classique de Molière avec un cynisme déroutant. En tournée à Rennes, Bayonne, Créteil, Amiens et Caen.
7,5/10
Tiphaine Raffier, artiste jeune et prometteuse, met en scène La Réponse des Hommes, texte dont elle est elle-même l’autrice. La Réponse des Hommes se révèle d’une grande audace par le sujet développé : mettre en scène neuf œuvres de miséricorde parmi les quatorze de la Bible, auxquelles le pape François a rajouté une quinzième « sauvegarder la création ».
Plusieurs petites scènes traitent d’une ou plusieurs œuvres de miséricorde comme nourrir les affamés, donner à boire aux assoiffés, accueillir les étrangers, vêtir ceux qui sont nus, assister les malades, ensevelir les morts, visiter les prisonniers et la quatorzième, sauvegarder la création.
L’ensemble est montré dans des contextes contemporains et montre des personnages confrontés à des dilemmes moraux alors que leur intention première est de faire œuvre de miséricorde déclinée en bonté, compassion, empathie, don, clémence …
La manière clinique de présenter ces scènes est souvent retenue. Citons par exemple les nombreux interrogatoires que ce soient celui d’un juge, d’un policier, d’un médecin ou d’un psy. Parfois s’y infuse également un certain cynisme comme la roulette (identique à celle du casino) qui s’arrêtera sur « ce » dossier médical et permettra à « ce » patient d’obtenir le rein qui lui manque, à condition qu’il réponde à l’appel téléphonique l’informant de cette bonne nouvelle. Sinon, au suivant …
Qui sauver ? On ne peut pas sauver tout le monde …
La mise en scène et les décors sont excellents. Cependant l’utilisation abusive de la video, même si elle apporte une émotion en direct, n’est pas convaincante. Elle est trop « sur scène » . Le jeu des acteurs tend à la perfection avec l’utilisation d’un sublime clair-obscur, comme la scène du parloir.
Un reproche pourtant : on se perd durant 3h20 dans cette boulimie de jeux obsédés par l’empathie et ses revers. On se perd à explorer trop de pistes de ce labyrinthe qui, au final, nous mène à une impasse. La désolation annoncée est vertigineuse. Nous restons sur notre faim/sur notre fin. « Qui trop embrasse, mal étreint ».
Ce spectacle que je recommande pour se nourrir de création contemporaine, se joue au TNP à Villeurbanne jusqu ‘au 12 février et sera ensuite en tournée à Lorient, Toulouse, Tours, Valenciennes, Vire et Lille-Tourcoing.
Plusieurs petites scènes traitent d’une ou plusieurs œuvres de miséricorde comme nourrir les affamés, donner à boire aux assoiffés, accueillir les étrangers, vêtir ceux qui sont nus, assister les malades, ensevelir les morts, visiter les prisonniers et la quatorzième, sauvegarder la création.
L’ensemble est montré dans des contextes contemporains et montre des personnages confrontés à des dilemmes moraux alors que leur intention première est de faire œuvre de miséricorde déclinée en bonté, compassion, empathie, don, clémence …
La manière clinique de présenter ces scènes est souvent retenue. Citons par exemple les nombreux interrogatoires que ce soient celui d’un juge, d’un policier, d’un médecin ou d’un psy. Parfois s’y infuse également un certain cynisme comme la roulette (identique à celle du casino) qui s’arrêtera sur « ce » dossier médical et permettra à « ce » patient d’obtenir le rein qui lui manque, à condition qu’il réponde à l’appel téléphonique l’informant de cette bonne nouvelle. Sinon, au suivant …
Qui sauver ? On ne peut pas sauver tout le monde …
La mise en scène et les décors sont excellents. Cependant l’utilisation abusive de la video, même si elle apporte une émotion en direct, n’est pas convaincante. Elle est trop « sur scène » . Le jeu des acteurs tend à la perfection avec l’utilisation d’un sublime clair-obscur, comme la scène du parloir.
Un reproche pourtant : on se perd durant 3h20 dans cette boulimie de jeux obsédés par l’empathie et ses revers. On se perd à explorer trop de pistes de ce labyrinthe qui, au final, nous mène à une impasse. La désolation annoncée est vertigineuse. Nous restons sur notre faim/sur notre fin. « Qui trop embrasse, mal étreint ».
Ce spectacle que je recommande pour se nourrir de création contemporaine, se joue au TNP à Villeurbanne jusqu ‘au 12 février et sera ensuite en tournée à Lorient, Toulouse, Tours, Valenciennes, Vire et Lille-Tourcoing.