Ses critiques
99 critiques
7/10
Alors ?
A l'origine du spectacle, Myriam Marzouki, dans sa note d'intention, expose sa thèse selon laquelle il serait impossible, aujourd'hui, avec "les migrations, les exils" - qui "sont devenus un phénomène massif" - de vivre qu'avec "des gens qui nous ressemblent".
Elle se questionne sur l'identité française contemporaine, celle de demain. Le passé n'est invoqué que pour pointer du doigt le malvenu récit national. Point d'étonnement à lire que Myriam Marzouki ait pris notamment comme source l'ouvrage de Patrick Boucheron (Histoire mondiale de la France). Cela étant annoncé, ma crainte de découvrir une pièce militante et prête à penser m'envahit. Mais puisqu'il faut vaincre ses préjugés, j'y suis allée. J'ai découvert un texte anachronique mi-documentaire mi-fictionnel présentant un patchwork ciblé de personnages. Le spectacle englobe autant l'identité américaine que l'identité française, à en croire le choix des personnages. Il est étonnant de présenter ainsi le spectacle comme traitant exclusivement de la question de la citoyenneté française. De même, dans le giron des discriminations, le texte en profite pour instiller des interrogations sur la place des femmes dans l'Histoire.
Sauf que la pièce ne les met certainement pas à l'honneur. Les personnages féminins fictionnels sont déplorables : l'une est une journaliste qui ne comprend pas en quoi ses questions racistes peuvent choquer et l'autre, une fonctionnaire à "l'office national français universel de l'intégration totale", perchée sur ses talons, serrée dans sa jupe fourreau, bonne à réciter bêtement les valeurs de la République française et à lâcher un pet. Fort heureusement, ces deux mêmes personnages sont interprétés sans trop grande grossièreté par la comédienne Claire Lapeyre-Mazérat. Tirer à boulets rouges sur les discours raciste et misogyne n'est pas un gage de qualité. Pourtant, étonnamment, le spectacle dans son ensemble est une réussite. Il enchaîne les saynètes indépendantes avec fluidité et beaucoup de poésie. Les comédiens interprètent différents rôles mais ont chacun leur spécificité. Yassine Harrada, malgré sa petite taille et sa faible corpulence, parvient à être crédible en Mohamed Ali. Il est gracieux, souple et a le rythme dans la peau. Louise Belmas représente la révolte (Jean Sénac et une militante).
Marc Berman apporte beaucoup d'humour (un animateur et Claude Lévi-Strauss). Samira Sedira fait des apparitions en Toni Morrison et en Marianne. Enfin, la prestance et le texte de Maxime Tshibangu en font l'élément fondamental du spectacle. Il jouera James Baldwin et Jean-Baptiste Belley. Le plateau se module à chaque fois pour offrir un nouvel espace de jeu.
Le spectacle offre une séance de remue-méninges au public : qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Quelle est notre fierté collective ? Identifiez-vous à autrui ? Qu'est-ce qui nous différencie ? Les réponses ne seront peut-être pas les mêmes, et c'est justement ce qui fait la grandeur de l'Homme : réfléchir.
A l'origine du spectacle, Myriam Marzouki, dans sa note d'intention, expose sa thèse selon laquelle il serait impossible, aujourd'hui, avec "les migrations, les exils" - qui "sont devenus un phénomène massif" - de vivre qu'avec "des gens qui nous ressemblent".
Elle se questionne sur l'identité française contemporaine, celle de demain. Le passé n'est invoqué que pour pointer du doigt le malvenu récit national. Point d'étonnement à lire que Myriam Marzouki ait pris notamment comme source l'ouvrage de Patrick Boucheron (Histoire mondiale de la France). Cela étant annoncé, ma crainte de découvrir une pièce militante et prête à penser m'envahit. Mais puisqu'il faut vaincre ses préjugés, j'y suis allée. J'ai découvert un texte anachronique mi-documentaire mi-fictionnel présentant un patchwork ciblé de personnages. Le spectacle englobe autant l'identité américaine que l'identité française, à en croire le choix des personnages. Il est étonnant de présenter ainsi le spectacle comme traitant exclusivement de la question de la citoyenneté française. De même, dans le giron des discriminations, le texte en profite pour instiller des interrogations sur la place des femmes dans l'Histoire.
Sauf que la pièce ne les met certainement pas à l'honneur. Les personnages féminins fictionnels sont déplorables : l'une est une journaliste qui ne comprend pas en quoi ses questions racistes peuvent choquer et l'autre, une fonctionnaire à "l'office national français universel de l'intégration totale", perchée sur ses talons, serrée dans sa jupe fourreau, bonne à réciter bêtement les valeurs de la République française et à lâcher un pet. Fort heureusement, ces deux mêmes personnages sont interprétés sans trop grande grossièreté par la comédienne Claire Lapeyre-Mazérat. Tirer à boulets rouges sur les discours raciste et misogyne n'est pas un gage de qualité. Pourtant, étonnamment, le spectacle dans son ensemble est une réussite. Il enchaîne les saynètes indépendantes avec fluidité et beaucoup de poésie. Les comédiens interprètent différents rôles mais ont chacun leur spécificité. Yassine Harrada, malgré sa petite taille et sa faible corpulence, parvient à être crédible en Mohamed Ali. Il est gracieux, souple et a le rythme dans la peau. Louise Belmas représente la révolte (Jean Sénac et une militante).
Marc Berman apporte beaucoup d'humour (un animateur et Claude Lévi-Strauss). Samira Sedira fait des apparitions en Toni Morrison et en Marianne. Enfin, la prestance et le texte de Maxime Tshibangu en font l'élément fondamental du spectacle. Il jouera James Baldwin et Jean-Baptiste Belley. Le plateau se module à chaque fois pour offrir un nouvel espace de jeu.
Le spectacle offre une séance de remue-méninges au public : qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Quelle est notre fierté collective ? Identifiez-vous à autrui ? Qu'est-ce qui nous différencie ? Les réponses ne seront peut-être pas les mêmes, et c'est justement ce qui fait la grandeur de l'Homme : réfléchir.
9/10
Alors ?
Le spectateur soucieux d'être à l'heure pour s'imprégner de l'atmosphère de la salle avant le début du spectacle sera décontenancé. Le placement est libre mais inutile d'arriver trop tôt au risque de trouver portes closes.
La pièce débute à l'heure mais dans le hall, au beau milieu du public éparpillé. Cette entrée en matière par l'immersion m'a laissée pantoise. Oui, je fais partie de ces spectateurs méticuleux qui arrivent trop tôt. Ainsi, je grommelais encore quand les comédiens ont commencé leur scène. Passé le prologue, nous sommes invités à présenter nos billets pour entrer dans la salle. Ces dix minutes de battement laissent le temps aux derniers spectateurs de totalement décrocher de l'histoire, s'ils étaient parvenus à y adhérer. L'effet de surprise totalement estompé, une musique guerrière tente de maintenir en haleine. Pour nous accueillir, une femme est assise derrière une rangée de quatre chaises. Nous ignorons qui elle peut être. Deux grandes affiches, peintes grossièrement, rafraîchissent la mémoire : d'un côté les Grecs sont énumérés (Achille, Ulysse, Diomède, Phénix, Ajax-Le-Grand, Patrocle), de l'autre ce sont les Troyens (Hector, Andromaque, Hécube, Hélène, Priam). Cinq comédiens (Manon Chircen, Soufian Khalil, Najda Bourgeois, Mathilde Méry et Loïc Renard) entament les récits de guerre et incarneront tour à tour les personnages, sans distinction de sexe. Les récits s'enchaînent et les mots font éclater la violence. Pourquoi diable le spectacle n'a-t-il pas commencé ainsi, virevoltant ?
Les comédiens portent des vêtements ordinaires (jean, basket, t-shirt) aux teintes très foncées pour l'Iliade et plus bleutées pour l'Odyssée. La banalité de leurs costumes se mêlera à l'originalité de la mise en scène qui utilise des artifices simples mais terriblement efficaces : peinture, paillettes, poudre, feu. La force de la mise en scène de Pauline Bayle est d'évoquer grandement en économisant les moyens. Des images s'imprègnent dans notre mémoire. L'Iliade tournoie et joue le décalage : un plateau foisonnant et épuré, un texte entre le registre tragique et comique. Le récit antique est mis au goût du jour pour une durée très raisonnable de trois heures, scindée en deux parties. La langue d’Homère n’est pas respectée pour plus de contemporanéité dans les dialogues. « Coucou » entendrons-nous Héra saluer Zeus. Les manigances des dieux de l'Olympe sont traitées avec légèreté et humour. Ils sont des clowns. Aussi, on écoute le rap de Poséidon, tandis qu'Héra se trémousse avec la chevelure d'Aphrodite. Le chant n'est qu'un intermède qui peaufine le rythme soutenu du spectacle, du moins la première partie. L'Odyssée est plus sage, moins tonitruant à certains égards. Si j'ose l'écrire, c'est presque le calme après la tempête.
Le caractère loufoque a été emporté par les flots et ne remontera pas à la surface. Si l'Iliade a été créé en 2015, l'Odyssée est sorti des eaux deux ans plus tard. Cela se ressent : l'Iliade est fougueux, l'Odyssée prend plus de recul, laissant notamment place au poids des silences. La troupe est toujours aussi investie, difficile d'ailleurs de ne pas admirer leur énergie. Brillant et sanglant, le diptyque homérique est percutant et didactique.
Le spectateur soucieux d'être à l'heure pour s'imprégner de l'atmosphère de la salle avant le début du spectacle sera décontenancé. Le placement est libre mais inutile d'arriver trop tôt au risque de trouver portes closes.
La pièce débute à l'heure mais dans le hall, au beau milieu du public éparpillé. Cette entrée en matière par l'immersion m'a laissée pantoise. Oui, je fais partie de ces spectateurs méticuleux qui arrivent trop tôt. Ainsi, je grommelais encore quand les comédiens ont commencé leur scène. Passé le prologue, nous sommes invités à présenter nos billets pour entrer dans la salle. Ces dix minutes de battement laissent le temps aux derniers spectateurs de totalement décrocher de l'histoire, s'ils étaient parvenus à y adhérer. L'effet de surprise totalement estompé, une musique guerrière tente de maintenir en haleine. Pour nous accueillir, une femme est assise derrière une rangée de quatre chaises. Nous ignorons qui elle peut être. Deux grandes affiches, peintes grossièrement, rafraîchissent la mémoire : d'un côté les Grecs sont énumérés (Achille, Ulysse, Diomède, Phénix, Ajax-Le-Grand, Patrocle), de l'autre ce sont les Troyens (Hector, Andromaque, Hécube, Hélène, Priam). Cinq comédiens (Manon Chircen, Soufian Khalil, Najda Bourgeois, Mathilde Méry et Loïc Renard) entament les récits de guerre et incarneront tour à tour les personnages, sans distinction de sexe. Les récits s'enchaînent et les mots font éclater la violence. Pourquoi diable le spectacle n'a-t-il pas commencé ainsi, virevoltant ?
Les comédiens portent des vêtements ordinaires (jean, basket, t-shirt) aux teintes très foncées pour l'Iliade et plus bleutées pour l'Odyssée. La banalité de leurs costumes se mêlera à l'originalité de la mise en scène qui utilise des artifices simples mais terriblement efficaces : peinture, paillettes, poudre, feu. La force de la mise en scène de Pauline Bayle est d'évoquer grandement en économisant les moyens. Des images s'imprègnent dans notre mémoire. L'Iliade tournoie et joue le décalage : un plateau foisonnant et épuré, un texte entre le registre tragique et comique. Le récit antique est mis au goût du jour pour une durée très raisonnable de trois heures, scindée en deux parties. La langue d’Homère n’est pas respectée pour plus de contemporanéité dans les dialogues. « Coucou » entendrons-nous Héra saluer Zeus. Les manigances des dieux de l'Olympe sont traitées avec légèreté et humour. Ils sont des clowns. Aussi, on écoute le rap de Poséidon, tandis qu'Héra se trémousse avec la chevelure d'Aphrodite. Le chant n'est qu'un intermède qui peaufine le rythme soutenu du spectacle, du moins la première partie. L'Odyssée est plus sage, moins tonitruant à certains égards. Si j'ose l'écrire, c'est presque le calme après la tempête.
Le caractère loufoque a été emporté par les flots et ne remontera pas à la surface. Si l'Iliade a été créé en 2015, l'Odyssée est sorti des eaux deux ans plus tard. Cela se ressent : l'Iliade est fougueux, l'Odyssée prend plus de recul, laissant notamment place au poids des silences. La troupe est toujours aussi investie, difficile d'ailleurs de ne pas admirer leur énergie. Brillant et sanglant, le diptyque homérique est percutant et didactique.
8/10
Alors ?
"Clouée au sol" est une pièce qui s'inscrit dans un diptyque avec "Charlotte".
J'ignore pourquoi ce rapprochement, si ce n'est que la comédienne et la metteure en scène sont les mêmes : Laurène Boulitrop. Certes les deux histoires évoquent des destins de femmes hors norme mais il n'y a pas d'autre lien. J'y allais un peu à reculons, pas vraiment convaincue de ce que j'avais vu la veille, c'est-à-dire la pièce "Charlotte". D'autant plus que la mise en scène est strictement la même, avec une chaise plus moderne. Ma crainte de ne pas aimer le spectacle redouble : allais-je revoir un spectacle un peu mièvre ? Oh que non car bien plus cru et percutant, il m'a littéralement scotchée au siège. J'ai retenu mon souffle face à cette femme, pilote de chasse, qui vit le cauchemar de tous ses confrères : celui d'être clouée au sol. Elle vaut un million de dollars, de par sa formation, et un beau jour, on lui colle les fesses sur une rocking chair force. Elle a rencontré Eric. L'amour lui a fait prendre du poids. Elle se retrouve avec leur fille, Samantha, dans les bras. Voilà, la raison de sa mutation. Elle était faite pour ceci, là-haut, mais doit se contenter d'ici-bas. Maman va à la guerre, piloter son drone depuis une base. Elle rentre tous les soirs à la maison et elle doit extérioriser sa journée. Tous les soirs, elle rentre de la guerre. Avant, elle buvait des bières avec ses gars et c'était bien mieux comme ça. Elle va sombrer dans la folie, ne distinguant plus la réalité de la fiction.
Boum. C'est explosif.
"Clouée au sol" est une pièce qui s'inscrit dans un diptyque avec "Charlotte".
J'ignore pourquoi ce rapprochement, si ce n'est que la comédienne et la metteure en scène sont les mêmes : Laurène Boulitrop. Certes les deux histoires évoquent des destins de femmes hors norme mais il n'y a pas d'autre lien. J'y allais un peu à reculons, pas vraiment convaincue de ce que j'avais vu la veille, c'est-à-dire la pièce "Charlotte". D'autant plus que la mise en scène est strictement la même, avec une chaise plus moderne. Ma crainte de ne pas aimer le spectacle redouble : allais-je revoir un spectacle un peu mièvre ? Oh que non car bien plus cru et percutant, il m'a littéralement scotchée au siège. J'ai retenu mon souffle face à cette femme, pilote de chasse, qui vit le cauchemar de tous ses confrères : celui d'être clouée au sol. Elle vaut un million de dollars, de par sa formation, et un beau jour, on lui colle les fesses sur une rocking chair force. Elle a rencontré Eric. L'amour lui a fait prendre du poids. Elle se retrouve avec leur fille, Samantha, dans les bras. Voilà, la raison de sa mutation. Elle était faite pour ceci, là-haut, mais doit se contenter d'ici-bas. Maman va à la guerre, piloter son drone depuis une base. Elle rentre tous les soirs à la maison et elle doit extérioriser sa journée. Tous les soirs, elle rentre de la guerre. Avant, elle buvait des bières avec ses gars et c'était bien mieux comme ça. Elle va sombrer dans la folie, ne distinguant plus la réalité de la fiction.
Boum. C'est explosif.
4/10
Alors ?
Charlotte est une adaptation du roman éponyme de David Foenkinos. L'histoire s'inspire de la vie de Charlotte Salomon, une artiste-peintre allemande morte en 1943 à Auschwitz. Elle avait 26 ans et était enceinte. Une voix enfantine - avec un accent saugrenu - conte cette histoire. Cette femme juive grandit pendant une période sombre de l'Histoire : admise à l'académie des Beaux arts de Berlin, elle ne pourra pas exister en tant qu'artiste. Elle rencontrera Alfred avec qui elle vivra une romance passionnée. La comédienne, Laurène Boulitrop, seule-en-scène et metteure en scène, incarne Charlotte. Point de tableau, la scène est dépouillée et n'a rien de l'atelier d'une peintre ; simplement une chaise d'écolière au centre et un voilage mis en mouvement par un souffle incessant. Cette impression d'un lieu scolaire ne me quittera plus. La diction appuyée et particulière de la comédienne, articulant parfois trop, laissant traîner quelques voyelles affecte la crédibilité du personnage. En outre, Charlotte déconcerte par ses yeux écarquillés qui fixent le fond de la salle, pieds bien enfoncés sur scène et gestes saccadés. Difficile de savoir si c'était l'effet escompté. Pour avoir le cœur net, la volonté d'incarner une Charlotte énamourée rend le jeu de la comédienne fébrile. Lorsqu'elle incarne les autres personnages, elle manifeste beaucoup plus d'assurance. Et - surtout - elle offre un autre jeu, de qualité, dans une autre pièce de théâtre qui est proposée comme un diptyque : Clouée au sol.
Charlotte est une adaptation du roman éponyme de David Foenkinos. L'histoire s'inspire de la vie de Charlotte Salomon, une artiste-peintre allemande morte en 1943 à Auschwitz. Elle avait 26 ans et était enceinte. Une voix enfantine - avec un accent saugrenu - conte cette histoire. Cette femme juive grandit pendant une période sombre de l'Histoire : admise à l'académie des Beaux arts de Berlin, elle ne pourra pas exister en tant qu'artiste. Elle rencontrera Alfred avec qui elle vivra une romance passionnée. La comédienne, Laurène Boulitrop, seule-en-scène et metteure en scène, incarne Charlotte. Point de tableau, la scène est dépouillée et n'a rien de l'atelier d'une peintre ; simplement une chaise d'écolière au centre et un voilage mis en mouvement par un souffle incessant. Cette impression d'un lieu scolaire ne me quittera plus. La diction appuyée et particulière de la comédienne, articulant parfois trop, laissant traîner quelques voyelles affecte la crédibilité du personnage. En outre, Charlotte déconcerte par ses yeux écarquillés qui fixent le fond de la salle, pieds bien enfoncés sur scène et gestes saccadés. Difficile de savoir si c'était l'effet escompté. Pour avoir le cœur net, la volonté d'incarner une Charlotte énamourée rend le jeu de la comédienne fébrile. Lorsqu'elle incarne les autres personnages, elle manifeste beaucoup plus d'assurance. Et - surtout - elle offre un autre jeu, de qualité, dans une autre pièce de théâtre qui est proposée comme un diptyque : Clouée au sol.
8/10
Alors ?
"- Votre nom ?
- Guitry, Monsieur le juge"
La pièce démarre dans le bureau d'un magistrat. Les deux hommes s'entretiennent pour refaire l'histoire du comédien, dramaturge et réalisateur Sacha Guitry. La disposition du public ne respecte pas celle d'une salle d'audience puisque la salle du Kabarett du Théâtre de Poche-Montparnasse porte bien son nom. Les spectateurs prennent place autour de tables rondes type bistrot. Un service est assuré avant la représentation pour pouvoir trinquer en ces températures printanières. Soir de première et stress oblige, peut-être, j'ai eu la malchance d'être recouverte de vin blanc (et presque heureusement !), ce qui rafraîchit à plus d'un titre...
Néanmoins, la plaidoirie guitryienne m'a fait oublier ce drame poisseux. L'inculpation de Sacha Guitry pour intelligence avec l'ennemi ne sera qu'un prétexte pour dérouler une litanie de textes écrits de ses mains (18 extraits de pièces et pas moins de 11 œuvres dont sont extraites des citations). Il est déconcertant de savoir que le spectacle, qui ne dure qu'une heure vingt, condense autant d'extraits. Disparates sont les textes et pourtant une réelle fluidité se dégage, si on enlève les clins d’œil à la réalité du plateau de théâtre : Christophe Barbier, l'homme à l'écharpe rouge, faisant des commentaires sur le plateau de la chaîne d'information en continue BFM TV. D'ailleurs, Sacha Guitry portera, outre de grosses bagues, une certaine robe de chambre... rouge ! Dans le dossier de presse de la pièce, la couleur est annoncée, Christophe Barbier déclare que puisque Sacha Guitry "a mis son propre personnage dans ses pièces, [il s'est permis] d'en faire autant".
L'écrivain, metteur en scène et comédien du spectacle, Christophe Barbier, a en effet le beau rôle, il est mis (ou se met) plusieurs fois à l'honneur, en son nom propre, lui qui a un avis sur tout. Les allers-retours entre le spectacle et les coulisses de la pièce sont un peu déconcertants mais non dénués de cocasseries. La comédienne Chloé Lambert incarne les femmes de Sacha, ses épouses ou son épouse, "celle avec un grand E qui les résume toutes".
Le troisième et dernier comédien, Pierre Val, joue plusieurs rôles, dont Lucien Guitry, le père de Sacha, le juge. Ce trio maintient en haleine avec brio un spectacle où la verve est haute, et les punchlines fusent. Oui au mensonge, non à cette banalité à vouloir dire la vérité ! Quand l'homme parle, la femme succombe ! Les féministes puritaines sont priées de ronger leur frein, la misogynie ambiante plane.
Christophe Barbier déclame avec malice ce qui aujourd'hui en ferait bondir plus d'une. Mais on pardonnera ces piques car la seule femme du spectacle offrira l'un des plus beaux moments de la soirée en chantant la chanson "J'ai deux amants" de Yvonne Printemps.
"Mon Dieu, que c'est bête un homme..."
"- Votre nom ?
- Guitry, Monsieur le juge"
La pièce démarre dans le bureau d'un magistrat. Les deux hommes s'entretiennent pour refaire l'histoire du comédien, dramaturge et réalisateur Sacha Guitry. La disposition du public ne respecte pas celle d'une salle d'audience puisque la salle du Kabarett du Théâtre de Poche-Montparnasse porte bien son nom. Les spectateurs prennent place autour de tables rondes type bistrot. Un service est assuré avant la représentation pour pouvoir trinquer en ces températures printanières. Soir de première et stress oblige, peut-être, j'ai eu la malchance d'être recouverte de vin blanc (et presque heureusement !), ce qui rafraîchit à plus d'un titre...
Néanmoins, la plaidoirie guitryienne m'a fait oublier ce drame poisseux. L'inculpation de Sacha Guitry pour intelligence avec l'ennemi ne sera qu'un prétexte pour dérouler une litanie de textes écrits de ses mains (18 extraits de pièces et pas moins de 11 œuvres dont sont extraites des citations). Il est déconcertant de savoir que le spectacle, qui ne dure qu'une heure vingt, condense autant d'extraits. Disparates sont les textes et pourtant une réelle fluidité se dégage, si on enlève les clins d’œil à la réalité du plateau de théâtre : Christophe Barbier, l'homme à l'écharpe rouge, faisant des commentaires sur le plateau de la chaîne d'information en continue BFM TV. D'ailleurs, Sacha Guitry portera, outre de grosses bagues, une certaine robe de chambre... rouge ! Dans le dossier de presse de la pièce, la couleur est annoncée, Christophe Barbier déclare que puisque Sacha Guitry "a mis son propre personnage dans ses pièces, [il s'est permis] d'en faire autant".
L'écrivain, metteur en scène et comédien du spectacle, Christophe Barbier, a en effet le beau rôle, il est mis (ou se met) plusieurs fois à l'honneur, en son nom propre, lui qui a un avis sur tout. Les allers-retours entre le spectacle et les coulisses de la pièce sont un peu déconcertants mais non dénués de cocasseries. La comédienne Chloé Lambert incarne les femmes de Sacha, ses épouses ou son épouse, "celle avec un grand E qui les résume toutes".
Le troisième et dernier comédien, Pierre Val, joue plusieurs rôles, dont Lucien Guitry, le père de Sacha, le juge. Ce trio maintient en haleine avec brio un spectacle où la verve est haute, et les punchlines fusent. Oui au mensonge, non à cette banalité à vouloir dire la vérité ! Quand l'homme parle, la femme succombe ! Les féministes puritaines sont priées de ronger leur frein, la misogynie ambiante plane.
Christophe Barbier déclame avec malice ce qui aujourd'hui en ferait bondir plus d'une. Mais on pardonnera ces piques car la seule femme du spectacle offrira l'un des plus beaux moments de la soirée en chantant la chanson "J'ai deux amants" de Yvonne Printemps.
"Mon Dieu, que c'est bête un homme..."