Ses critiques
99 critiques
7,5/10
Alors ? Résumer l'oeuvre biographie rédigée par Stefan Zweig en moins d'une heure et demie est une prouesse.
La vie de la dernière reine de l'Ancien Régime est contée dans l'ordre chronologique. De son mariage (1770) à son procès (1793), en passant par les péripéties ayant ponctuées son existence, l'Histoire s'invite évidemment à la fête. C'est une présentation sans fard, paradoxalement dépouillée de ce qui aurait pu être grandement luxuriant compte tenu des événements. Marie-Antoinette, fille de Marie-Thérèse d'Autrice et épouse de Louis XVI, était une femme avant tout. Elle s'est extirpée de son plus haut rang social en balayant le décorum de la maison. Réfugiée dans son hameau, elle festoyait sous les fastes de la royauté. Elle se préoccupait plus du lancement d'une mode extravagante qu'aux conditions de vie des paysans logés sur son domaine. Sa vie insouciante et frivole la préservera - pour un temps - du quotidien ardu des Français. Malgré ses nombreuses frasques, il est difficile de ne pas être insensible à Marie-Antoinette. Marion Bierry réussit parfaitement à la rendre très humaine.
Point de perruque, point de robe d'époque, les comédiens, tout en sobriété avec rythme, parviennent avec talent à nous transporter dans ce qui a pu se passer dans la tête de Marie-Antoinette. Longue vie à la pièce !
La vie de la dernière reine de l'Ancien Régime est contée dans l'ordre chronologique. De son mariage (1770) à son procès (1793), en passant par les péripéties ayant ponctuées son existence, l'Histoire s'invite évidemment à la fête. C'est une présentation sans fard, paradoxalement dépouillée de ce qui aurait pu être grandement luxuriant compte tenu des événements. Marie-Antoinette, fille de Marie-Thérèse d'Autrice et épouse de Louis XVI, était une femme avant tout. Elle s'est extirpée de son plus haut rang social en balayant le décorum de la maison. Réfugiée dans son hameau, elle festoyait sous les fastes de la royauté. Elle se préoccupait plus du lancement d'une mode extravagante qu'aux conditions de vie des paysans logés sur son domaine. Sa vie insouciante et frivole la préservera - pour un temps - du quotidien ardu des Français. Malgré ses nombreuses frasques, il est difficile de ne pas être insensible à Marie-Antoinette. Marion Bierry réussit parfaitement à la rendre très humaine.
Point de perruque, point de robe d'époque, les comédiens, tout en sobriété avec rythme, parviennent avec talent à nous transporter dans ce qui a pu se passer dans la tête de Marie-Antoinette. Longue vie à la pièce !
7,5/10
Alors ? Ah ! quel bonheur de voir Eric Metayer brûler les planches dans ce charmant théâtre avignonnais qu'est la Condition des soies.
Il entre en scène, il commence son job : répondre au téléphone d'un grand restaurant pour prendre les réservations. Il est assujetti à la machine infernale du standard qui sonne sans cesse. Polyvalence et réactivité sont les compétences requises pour survivre à ce travail. Lui, pourtant, souhaite être un comédien. Il attend impatiemment des retours d'audition qui pourraient l'extirper de sa situation actuelle. L'établissement reçoit des invités privilégiés tels que Philippe Starck, Marlène Schiappa ou encore les époux Pudlowski, ce qui n'aide pas à l'affaire. Le comédien est seul en scène et parvient à nous exposer pas moins de 32 personnages, passant de l'assistant de Kim Kardashian, à la serveuse en salle ou encore au homard qui vit ses derniers instants en cuisine.
C'est virevoltant. Le spectacle, qui semble évoluer en fonction de l'actualité. Eric Metayer - et c'est ça qui est fort - ne se cantonne pas à exposer une simple farce. Il est certes un fou furieux dans le monde qu'il décrit mais il démontre aussi les conditions de travail des petites mains, celles à qui on demande sans scrupule d'être taillables et corvéables à merci. Les facettes obscures de l'être humain sont traitées avec beaucoup d'humour : les caprices, l'impatience, la méchanceté, le mépris ou encore l'ego surdimensionné.
Polyvalence et réactivité, j'écrivais plus haut, Eric Metayer enchaîne et envoie la sauce à la vitesse de l'éclair. Ses imitations d'une qualité exceptionnelle semblent être un jeu d'enfant pour lui, alors que l'on sait pertinemment qu'elles relèvent d'une véritable performance. Chic, le comédien remercie son public pour son imagination. Un grand bravo au chef !
Il entre en scène, il commence son job : répondre au téléphone d'un grand restaurant pour prendre les réservations. Il est assujetti à la machine infernale du standard qui sonne sans cesse. Polyvalence et réactivité sont les compétences requises pour survivre à ce travail. Lui, pourtant, souhaite être un comédien. Il attend impatiemment des retours d'audition qui pourraient l'extirper de sa situation actuelle. L'établissement reçoit des invités privilégiés tels que Philippe Starck, Marlène Schiappa ou encore les époux Pudlowski, ce qui n'aide pas à l'affaire. Le comédien est seul en scène et parvient à nous exposer pas moins de 32 personnages, passant de l'assistant de Kim Kardashian, à la serveuse en salle ou encore au homard qui vit ses derniers instants en cuisine.
C'est virevoltant. Le spectacle, qui semble évoluer en fonction de l'actualité. Eric Metayer - et c'est ça qui est fort - ne se cantonne pas à exposer une simple farce. Il est certes un fou furieux dans le monde qu'il décrit mais il démontre aussi les conditions de travail des petites mains, celles à qui on demande sans scrupule d'être taillables et corvéables à merci. Les facettes obscures de l'être humain sont traitées avec beaucoup d'humour : les caprices, l'impatience, la méchanceté, le mépris ou encore l'ego surdimensionné.
Polyvalence et réactivité, j'écrivais plus haut, Eric Metayer enchaîne et envoie la sauce à la vitesse de l'éclair. Ses imitations d'une qualité exceptionnelle semblent être un jeu d'enfant pour lui, alors que l'on sait pertinemment qu'elles relèvent d'une véritable performance. Chic, le comédien remercie son public pour son imagination. Un grand bravo au chef !
8/10
Alors ? Moi, Daniel Blake est un spectacle qui devrait déjà parler à bon nombre de spectateurs. La pièce s'attaque à une oeuvre cinématographique réalisée par Ken Loach, ayant reçu la Palme d'or à Cannes en 2016, ainsi que d'autres distinctions en 2017 telles que le BAFTA du meilleur film Britannique et le César du meilleur film étranger.
Voilà une nouvelle adaptation d'un film sur scène, comme c'est désormais dans l'air du temps. Sur une scène très dépouillée et obscure, les comédiens s'avancent et prennent la parole pour avertir : oui, la plupart d'entre nous ont certainement déjà vu le film, mais, selon eux, compte tenu de l'actualité en France, il est important de continuer à jouer cette histoire. Ainsi, j'ai pensé que je ne verrais pas la même chose que ce que j'ai vu au cinéma. Erreur. Rien n'est revu ou corrigé, voire librement inspiré, nous avons affaire à l'exacte transposition du film sur une scène de théâtre. Il est difficile de cacher sa déception quand on connaît le déroulé de l'histoire, ses rebondissements et l'absurdité et de la situation.
Pourtant aucun reproche ne peut être fait aux comédiens. Celui qui incarne Daniel Blake (Jean-Yves Duparc) fait tout à fait honneur à l'acteur Dave Johns. Malheureusement, je n'ai trouvé aucune valeur ajoutée. Ainsi, je ne peux que recommander cette pièce à celles et ceux qui n'ont pas vu le film ou celles et ceux qui souhaitent en voir une copie conforme vivante. C'est dommage !
Voilà une nouvelle adaptation d'un film sur scène, comme c'est désormais dans l'air du temps. Sur une scène très dépouillée et obscure, les comédiens s'avancent et prennent la parole pour avertir : oui, la plupart d'entre nous ont certainement déjà vu le film, mais, selon eux, compte tenu de l'actualité en France, il est important de continuer à jouer cette histoire. Ainsi, j'ai pensé que je ne verrais pas la même chose que ce que j'ai vu au cinéma. Erreur. Rien n'est revu ou corrigé, voire librement inspiré, nous avons affaire à l'exacte transposition du film sur une scène de théâtre. Il est difficile de cacher sa déception quand on connaît le déroulé de l'histoire, ses rebondissements et l'absurdité et de la situation.
Pourtant aucun reproche ne peut être fait aux comédiens. Celui qui incarne Daniel Blake (Jean-Yves Duparc) fait tout à fait honneur à l'acteur Dave Johns. Malheureusement, je n'ai trouvé aucune valeur ajoutée. Ainsi, je ne peux que recommander cette pièce à celles et ceux qui n'ont pas vu le film ou celles et ceux qui souhaitent en voir une copie conforme vivante. C'est dommage !
7/10
Alors ? "Gorge Mastromas fut conçu le 15 juillet 1972". C'est ainsi que l'anti-héros de la pièce est présenté, par deux narrateurs (Philippe Bodet et Frédéric Louineau). Par des adresses directes au public, l'enfance et l'adolescence de Gorge (Gilles Gelgon) sont jetées en pâture au public.
L'humour noir et cynique grince. Jusque là, rien de très anormal. Un jour, au travail, Gorge Mastromas va avoir une révélation, un déclic, face à un requin du monde des affaires. Les rouages des manigances lui sont exposées, il en tire immédiatement des conclusions. Le mensonge devient son super pouvoir afin de régner sur le monde. Pour cela, il se fixe trois commandements, trois règles d'or qui le guideront toute sa vie et le conduiront - surtout - à sa perte : 1. Quand tu veux quelque chose, prends-le ; 2. La seule chose requise pour prendre ce que tu veux c’est ta volonté absolue et ta faculté de mentir ; 3.
Ne pense jamais aux conséquences. Ne regrette jamais. Des saynètes illustrent les narrations pour exposer celui qui va se transformer en véritable monstre. La machine infernale embrayée par Mastromas donne le tournis. Par ses manigances, il deviendra très riche, écrasant tout le monde sur son passage sauf sa collaboratrice, Louisa (Emmanuelle Briffaud), qui commence à y voir clair dans son jeu ("dis quelque chose qui soit vrai" lui lance-t-elle le défi). Son personnage détestable lui vaut mieux la qualification de véritable ordure.
La question qui se pose est précisément : "jusqu'où ira-t-il ?". Si vous n'avez pas la nausée, si vous n'êtes toujours pas dégoûté, pas d'inquiétude : ce n'est pas ça le pire ! Soyez en forme pour voir ce spectacle qui demande de suivre cette frénésie et les manipulations intraitables de Gorge Mastromas. La scène se module astucieusement avec des panneaux argentés qui délimitent de nouveaux espaces de conquête.
Le jeu impressionnant de Gilles Gelgon, sa verve et son physique, rend le personnage d'autant plus impressionnant et fascinant de monstruosité.
L'humour noir et cynique grince. Jusque là, rien de très anormal. Un jour, au travail, Gorge Mastromas va avoir une révélation, un déclic, face à un requin du monde des affaires. Les rouages des manigances lui sont exposées, il en tire immédiatement des conclusions. Le mensonge devient son super pouvoir afin de régner sur le monde. Pour cela, il se fixe trois commandements, trois règles d'or qui le guideront toute sa vie et le conduiront - surtout - à sa perte : 1. Quand tu veux quelque chose, prends-le ; 2. La seule chose requise pour prendre ce que tu veux c’est ta volonté absolue et ta faculté de mentir ; 3.
Ne pense jamais aux conséquences. Ne regrette jamais. Des saynètes illustrent les narrations pour exposer celui qui va se transformer en véritable monstre. La machine infernale embrayée par Mastromas donne le tournis. Par ses manigances, il deviendra très riche, écrasant tout le monde sur son passage sauf sa collaboratrice, Louisa (Emmanuelle Briffaud), qui commence à y voir clair dans son jeu ("dis quelque chose qui soit vrai" lui lance-t-elle le défi). Son personnage détestable lui vaut mieux la qualification de véritable ordure.
La question qui se pose est précisément : "jusqu'où ira-t-il ?". Si vous n'avez pas la nausée, si vous n'êtes toujours pas dégoûté, pas d'inquiétude : ce n'est pas ça le pire ! Soyez en forme pour voir ce spectacle qui demande de suivre cette frénésie et les manipulations intraitables de Gorge Mastromas. La scène se module astucieusement avec des panneaux argentés qui délimitent de nouveaux espaces de conquête.
Le jeu impressionnant de Gilles Gelgon, sa verve et son physique, rend le personnage d'autant plus impressionnant et fascinant de monstruosité.
7/10
Alors ?
Le collectif Nar6 est un collectif d'artistes qui s'attaque à de grandes œuvres (William Shakespeare, Witold Gombrowicz, ...) pour les inscrire dans l'actualité contemporaine. En l'espèce, les écrits de Dostoïevski sont mis à l'honneur avec un spectacle en 4 épisodes.
Dans le cadre du Festival OFF d'Avignon 2019, j'ai vu les parcours 1 et 3. Ces parcours initiatiques ne sont pas indépendants les uns des autres et il est dommage que la présentation d'une seule partie du spectacle nuise à la compréhension des tenants et aboutissants entre Natacha (Anne Barbot), Ivan (Benoît Dallongeville), Aliocha (Jérémy Torres) et Le Prince (Philippe Risler). Étrangement, le manque d'éléments ne m'a pas tant dérangé pour apprécier la représentation.
Le parcours 1, intitulé "Nous aurions pu être heureux pour toujours ensemble", met Natacha à l'honneur. Elle a quitté son fiancé (Ivan) pour un autre, Aliocha, fils d'un grand propriétaire terrien. Le nouvel élu de son cœur est le grand absent, sur scène, mais il est au cœur des préoccupations entre Ivan et Natacha. Ivan soutient son ex-fiancée dans ses tourments. Il est stoïque, un véritable pilier. Il en devient presque touchant de naïveté de part sa fidélité. Il assiste, impuissant, à l'enfermement de celle qu'il aime encore. Natacha frôle l'hystérie et sa santé mentale repose entièrement sur son ex-compagnon.
Le parcours 3 - "Nous existerons aussi longtemps que le monde existera" - est bien plus tranchant et viril. Le face à face concerne Ivan et le père du nouveau fiancé de Natacha que l'on surnomme modestement "Le Prince". Sans que l'on sache trop pourquoi les deux hommes se retrouvent autour d'une table sur laquelle trône des produits de luxe, on constate le clivage culturel et social des intéressés. Le Prince mène la danse en enlevant tout masque hypocrite. Il est puissant et ne se prive pas de rouler des mécaniques. Quand Ivan désapprouve ce qu'il appelle être "le monde" du Prince, ce dernier lui rétorque un cruel "vous vous complaisez dans votre orgueil de classe". Il cherche à comprendre l'ancienne et actuelle relation qui lie Ivan avec Natacha.
Au cours du spectacle, on comprendra que Natacha est surtout liée à une sombre histoire familiale, une question de dignité et d'honneur. Pour parfaire le tout, Aliocha fait soudain irruption dans un beau costume bleu, après 4 jours d'absence. Il est métamorphosé, idéologiquement parlant. Il annonce la rupture avec son père, trop terre-à-terre pour lui, et récupère Natacha sous les yeux d'Ivan.
La scénographie dépouillée représente en quelque sorte le calme après ou avant la tempête, le vide qui s'est installé, le manque qui règne. "Voilà, mon palais" dit Natacha à Ivan tandis que la lumière, censée l'éclairer, viendra se refermer sur elle. Humiliés et Offensés offre le portrait de personnages blessés, trahis, qui parviennent pour certains à s'émanciper.
Le collectif Nar6 est un collectif d'artistes qui s'attaque à de grandes œuvres (William Shakespeare, Witold Gombrowicz, ...) pour les inscrire dans l'actualité contemporaine. En l'espèce, les écrits de Dostoïevski sont mis à l'honneur avec un spectacle en 4 épisodes.
Dans le cadre du Festival OFF d'Avignon 2019, j'ai vu les parcours 1 et 3. Ces parcours initiatiques ne sont pas indépendants les uns des autres et il est dommage que la présentation d'une seule partie du spectacle nuise à la compréhension des tenants et aboutissants entre Natacha (Anne Barbot), Ivan (Benoît Dallongeville), Aliocha (Jérémy Torres) et Le Prince (Philippe Risler). Étrangement, le manque d'éléments ne m'a pas tant dérangé pour apprécier la représentation.
Le parcours 1, intitulé "Nous aurions pu être heureux pour toujours ensemble", met Natacha à l'honneur. Elle a quitté son fiancé (Ivan) pour un autre, Aliocha, fils d'un grand propriétaire terrien. Le nouvel élu de son cœur est le grand absent, sur scène, mais il est au cœur des préoccupations entre Ivan et Natacha. Ivan soutient son ex-fiancée dans ses tourments. Il est stoïque, un véritable pilier. Il en devient presque touchant de naïveté de part sa fidélité. Il assiste, impuissant, à l'enfermement de celle qu'il aime encore. Natacha frôle l'hystérie et sa santé mentale repose entièrement sur son ex-compagnon.
Le parcours 3 - "Nous existerons aussi longtemps que le monde existera" - est bien plus tranchant et viril. Le face à face concerne Ivan et le père du nouveau fiancé de Natacha que l'on surnomme modestement "Le Prince". Sans que l'on sache trop pourquoi les deux hommes se retrouvent autour d'une table sur laquelle trône des produits de luxe, on constate le clivage culturel et social des intéressés. Le Prince mène la danse en enlevant tout masque hypocrite. Il est puissant et ne se prive pas de rouler des mécaniques. Quand Ivan désapprouve ce qu'il appelle être "le monde" du Prince, ce dernier lui rétorque un cruel "vous vous complaisez dans votre orgueil de classe". Il cherche à comprendre l'ancienne et actuelle relation qui lie Ivan avec Natacha.
Au cours du spectacle, on comprendra que Natacha est surtout liée à une sombre histoire familiale, une question de dignité et d'honneur. Pour parfaire le tout, Aliocha fait soudain irruption dans un beau costume bleu, après 4 jours d'absence. Il est métamorphosé, idéologiquement parlant. Il annonce la rupture avec son père, trop terre-à-terre pour lui, et récupère Natacha sous les yeux d'Ivan.
La scénographie dépouillée représente en quelque sorte le calme après ou avant la tempête, le vide qui s'est installé, le manque qui règne. "Voilà, mon palais" dit Natacha à Ivan tandis que la lumière, censée l'éclairer, viendra se refermer sur elle. Humiliés et Offensés offre le portrait de personnages blessés, trahis, qui parviennent pour certains à s'émanciper.