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Iliade - Odyssée

Iliade - Odyssée
De Homère
Mis en scène par Pauline Bayle
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Qu’est-ce que l’héroïsme ?

Invitée pour la première fois au Théâtre de la Bastille, Pauline Bayle pose la question en adaptant de manière concentrée et fort énergique deux épopées fondatrices de notre civilisation, présentées en diptyque.

Dans un élan vital, cinq actrices ou acteurs sont les héros ou héroïnes, dieux ou déesses de l'Iliade et l'Odyssée. Affranchi.e.s de la question du genre et armé.e.s de force, de ruse et de courage, ils.elles s'élancent gaillardement dans la quête très humaine du dépassement de soi.

 

Iliade

Immédiatement, le spectacle commence. Nous ne sommes pas encore assis dans la salle, mais la guerre opposant les Grecs aux Troyens dure depuis neuf ans et nous sommes déjà pris dans l’urgence de son achèvement. En une heure et demi, nous allons traverser 24 chants et 15 337 vers de ce long poème homérique, six jours et six nuits d’une guerre conduite par la fureur d’Achille d’un côté, et la fidélité d’Hector à sa patrie de l’autre. Au nom de quoi serait-on prêt à mourir ?

Il n'y a pas de morale, pas de gagnant… L'écho politique est percutant : que l'on soit oppresseur ou opprimé, il s'agit d'être égaux face à la souffrance et à la mort. C'est cela que veut nous faire entendre la jeune metteure en scène. Concentrée à nous rendre toute la générosité du texte d'Homère par une adaptation et une direction d'acteur ultra dynamique, Pauline Bayle organise l'espace de façon épurée et efficace. Quelques paillettes et voilà une armure, un peu de peinture et c'est du sang qui coule. Beaucoup d’eau, beaucoup de larmes versées aussi, nous racontent toute l’humanité d’Achille, Hector, Hélène, Andromaque, Agamemnon et des dieux qui les gouvernent.

 

Odyssée

Ulysse est un drôle de héros. Il ne veut pas se battre, il veut rentrer chez lui. Comment se remettre de la guerre ? interroge l'Odyssée, succédant à l'Iliade. D'errance en errance, parmi les dangers d'un monde chaotique, Ulysse aux mille et un tours, rusé et vengeur, cherche sa place et un monde ordonné.

Comment revenir à soi ? C'est aussi la recherche de Pauline Bayle qui, à travers cet univers merveilleux peuplé de créatures et de dieux, se joue encore des apparences et nous offre le portrait d'un homme peureux qui, malgré ses contradictions, accède à lui-même. Après Iliade créé en 2015, Pauline Bayle décide de monter Odyssée comme contrepoint et approfondissement de son travail. Avec son collectif de cinq interprètes réunis autour d'elle depuis sa sortie du Conservatoire national supérieur d'art dramatique en 2011, elle travaille, comme pour Iliade, une partie du texte au plateau. Ainsi se croisent les styles, en écho à la multiplication des registres dans les textes originaux, faisant respirer le tragique et le comique ensemble. Débarrassant l'espace de tout décor réaliste, c'est encore l'occasion d'explorer de nouvelles possibilités de mettre en scène une épopée et de nous plonger dans un spectacle débordant d'inventivité.

Note rapide
9/10
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6 critiques
Note de 8 à 10
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Toutes les critiques
8 juin 2019
9/10
3
Cette Iliade et cette Odyssée sont formidables.
Des complots divins, au retour d'Ulysse, en passant par la rage d'Achille, tout s'enchaîne avec rythme et tient le spectateur en haleine. Les effets de mise en scène sont immersifs, d'une efficacité percutante et jamais superflu.

Les cinq comédiens passent d'un rôle à l'autre avec une facilité déconcertante pour un résultat plus qu'à la hauteur.
Alors ?
Le spectateur soucieux d'être à l'heure pour s'imprégner de l'atmosphère de la salle avant le début du spectacle sera décontenancé. Le placement est libre mais inutile d'arriver trop tôt au risque de trouver portes closes.

La pièce débute à l'heure mais dans le hall, au beau milieu du public éparpillé. Cette entrée en matière par l'immersion m'a laissée pantoise. Oui, je fais partie de ces spectateurs méticuleux qui arrivent trop tôt. Ainsi, je grommelais encore quand les comédiens ont commencé leur scène. Passé le prologue, nous sommes invités à présenter nos billets pour entrer dans la salle. Ces dix minutes de battement laissent le temps aux derniers spectateurs de totalement décrocher de l'histoire, s'ils étaient parvenus à y adhérer. L'effet de surprise totalement estompé, une musique guerrière tente de maintenir en haleine. Pour nous accueillir, une femme est assise derrière une rangée de quatre chaises. Nous ignorons qui elle peut être. Deux grandes affiches, peintes grossièrement, rafraîchissent la mémoire : d'un côté les Grecs sont énumérés (Achille, Ulysse, Diomède, Phénix, Ajax-Le-Grand, Patrocle), de l'autre ce sont les Troyens (Hector, Andromaque, Hécube, Hélène, Priam). Cinq comédiens (Manon Chircen, Soufian Khalil, Najda Bourgeois, Mathilde Méry et Loïc Renard) entament les récits de guerre et incarneront tour à tour les personnages, sans distinction de sexe. Les récits s'enchaînent et les mots font éclater la violence. Pourquoi diable le spectacle n'a-t-il pas commencé ainsi, virevoltant ?

Les comédiens portent des vêtements ordinaires (jean, basket, t-shirt) aux teintes très foncées pour l'Iliade et plus bleutées pour l'Odyssée. La banalité de leurs costumes se mêlera à l'originalité de la mise en scène qui utilise des artifices simples mais terriblement efficaces : peinture, paillettes, poudre, feu. La force de la mise en scène de Pauline Bayle est d'évoquer grandement en économisant les moyens. Des images s'imprègnent dans notre mémoire. L'Iliade tournoie et joue le décalage : un plateau foisonnant et épuré, un texte entre le registre tragique et comique. Le récit antique est mis au goût du jour pour une durée très raisonnable de trois heures, scindée en deux parties. La langue d’Homère n’est pas respectée pour plus de contemporanéité dans les dialogues. « Coucou » entendrons-nous Héra saluer Zeus. Les manigances des dieux de l'Olympe sont traitées avec légèreté et humour. Ils sont des clowns. Aussi, on écoute le rap de Poséidon, tandis qu'Héra se trémousse avec la chevelure d'Aphrodite. Le chant n'est qu'un intermède qui peaufine le rythme soutenu du spectacle, du moins la première partie. L'Odyssée est plus sage, moins tonitruant à certains égards. Si j'ose l'écrire, c'est presque le calme après la tempête.

Le caractère loufoque a été emporté par les flots et ne remontera pas à la surface. Si l'Iliade a été créé en 2015, l'Odyssée est sorti des eaux deux ans plus tard. Cela se ressent : l'Iliade est fougueux, l'Odyssée prend plus de recul, laissant notamment place au poids des silences. La troupe est toujours aussi investie, difficile d'ailleurs de ne pas admirer leur énergie. Brillant et sanglant, le diptyque homérique est percutant et didactique.
27 mai 2019
8,5/10
3
Belle performance de la compagnie A tire- d’aile.
2 comédiens Soufian Khalil, Loïc Renard et 3 comédiennes Manon Chircen, Viktoria Kozlova ou Najda Bourgeois, Mathilde Mery interprètent avec grand brio sans distinction de sexe les différents protagonistes (les dieux, les déesses, les mortels...) de ces deux monuments de la littérature grecque.
Dans un décor minimaliste, les comédiens passent d’un rôle à l’autre avec talent et fluidité.

Iliade
De grands panneaux en arrière du plateau nous remémorent les héros Grecs et les héros Troyens.
Dans mise en scène dépouillée, juste quelques chaises représentant les unes le camp grec et leurs bateaux, les autres la ville de Troie et ses remparts. Sur le devant du plateau, le champ de bataille.
Nous sommes très vite emportés par cette épopée guerrière pleine de cruauté et de fureur. Le sang coule, les guerriers se vêtent d’armures par magie.
C’est vivant et enchanteur, Achille, Agamemnon, Hector, Andromaque, les dieux de l’Olympe … sont là sous nos yeux, les batailles sont sanglantes, les Grecs et les Troyens se déchainent, c’est fort, puissant et violent.
Cette agressivité et ces combats sont entrecoupés d’un petit voyage au royaume de l’Olympe où une ambiante burlesque nous amuse.


L’odyssée
Les batailles ne sont plus de la partie, Ulysse ne veut qu’une chose rentrer retrouver Pénélope… mais après avoir vaincu maintes épreuves qui seront pour certaines jouées avec beaucoup d’ingéniosité et inventivité, va-t-il retrouver sa place et son identité…
Dans un décor toujours aussi épuré, les comédiens nous tiennent en haleine. Etrangers ou autochtones, ils nous émeuvent et nous questionnent sur l’accueil des migrants et nous ne pouvons faire abstraction de l’actualité du monde actuel…


Bravo à Pauline Bayle pour cette adaptation revisité qui nous conte les grandes lignes de l’Iliade et l’Odyssée. C’est clair, parfois tragique, parfois burlesque, plein de beaux mots, de poésies et de créativité.
C’est un grand plaisir et j’applaudis chaleureusement tous ces comédiens talentueux.
25 mai 2019
9,5/10
23
Courez vous embarquer dans cette époustouflante Odyssée et laissez vous entrainer dans ce merveilleux voyage !

Pauline Bayle et ses cinq jeunes comédiens nous font redécouvrir le légendaire héros de la mythologie grecque.
Plus humain, plus fragile, plus attachant encore .....

L'adaptation du texte d'Homère nous tient en haleine, chacun des acteurs interprétant tous les personnages, sans différence de sexe ou d'âge.

Il souffle un vent de liberté et de modernité sur la scène de la Scala !
23 mai 2019
9/10
3
L'Iliade et l'Odyssée sont ici mis en scène dans une version apurée. Pas de décor mais la force du jeu et la force de l'histoire nous laisse scotchés.

L'Iliade:
La pièce commence avant même d'entrer car la dispute d'Agamemnon avec Achille est le point clef de départ. Ils se disputent dans la salle du théâtre.
Des paillettes feront les armures, la peinture rouge symbolisera la furie de la guerre, le sang.
La parole passe d'un acteur à l'autre. Ils interpréteront tous les personnages.
Seuls Hector et Achille resteront interprétés par les mêmes acteurs car il s'agit de l'axe majeur de l'Iliade. Belle réécriture du classique. Tout est intelligible. C'est intéressant et pourtant, il n'y a aucun artifice.
Les interventions des dieux sont très drôles. Le pauvre Zeus a bien des soucis dans son Olympe :-)
Pièce rythmée, énergie folle, jeu des acteurs excellent

L'Odyssée:
Après un long voyage d'errance, Ulysse est retenu par Calypso dans son île. Son fils, Télémaque, désespéré par la situation dans l'île d'Ithaque et le harcèlement des prétendants de sa mère, part à Sparte à la recherche de son père. Le stratagème de sa mère, Pénélope, qui consistait à retarder l'échéance pour les prétendants a été découvert.
Ulysse, sur demande des dieux, est relaché et repart vers son île. Il reviendra et tuera tous les prétendants.
La mise en scène reste épurée. Aucun artifice. La parole passe entre les acteurs. Tous joueront Ulysse et les différents personnages. Cela reste dynamique, intéressant, accrocheur. Personnellement, j'ai trouvé qu'il y avait un peu moins d'énergie que dans l'Iliade mais c'est franchement tout relatif.
On suit l'histoire, on se laisse emporter.

Fabuleuse réécriture des classiques d'Homère. Mention spéciale aux acteurs. A voir absolument.
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Notes détaillées (pour les plus courageux)
Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor