Ses critiques
10 critiques
6/10
Les visages d’Alain Chapuis et Marie Blanche, vous les connaissez : il a été l’hilarant tavernier de Kaamelott essayant de comprendre (avec beaucoup de mal) les jeux de Perceval, elle est la directrice de la comédie La Maîtresse en maillot de bain depuis 2015.
Après deux spectacles couronnés de succès, Camille et Simon fêtent leur divorce et Paradis d’Enfer, le duo ToiZéMoi revient avec un troisième spectacle rodé cet été durant le festival d’Avignon. Alors que leurs spectacles précédents étaient axés sur ce qui fait le couple, les considérations liées au temps qui passe les font maintenant aborder les problématiques de la famille.
Camille et Simon emménagent avec leurs trois enfants dans un appartement qui ne leur était pas destiné. Ils vont voir défiler toute une galerie de personnages et vont tenter de garder cette affaire immobilière en or.
Malgré des qualités indéniables (dont celle de divertir), ce spectacle nous a posé plusieurs problèmes qu’on ne peut négliger. Si le texte d’Alain Chapuis est souvent drôle et recèle de vannes bien senties, on a du mal à trouver ce qu’il a bien voulu nous raconter. S’il s’agit de cette « erreur immobilière », elle n’est évoquée qu’au détour de deux scènes et est bien facilement réglée. S’il s’agit des problématiques de la parentalité, elles ne sont qu’effleurées. Certaines pistes lancées par l’auteur sont intéressantes et pourraient être continuées, mais il les abandonne comme si ce n’était évoqué que pour un gag. Les personnages des enfants auraient pu avoir une vraie existence, davantage de chair, mais ce n’est pas le cas. On assiste alors à une suite de saynètes de la vie ponctuées de personnages savoureux (la mère de Camille et le père de Simon) ou anecdotiques (Le couple de gardiens).
D’autre part, la mise en scène de Philippe Riot se repose sur une idée qui tombe un peu à l’eau, ce qu’ils appellent « la réalité augmentée ». Cette technologie, qui est une réalité dans notre monde actuel, consiste à intégrer des éléments virtuels dans le réel. L’exemple le plus populaire reste le jeu Pokemon Go où les adorables petits monstres se cachent dans notre environnement quotidien et peuvent être vus par l’interface de notre téléphone. Ici, elle est utilisée pour créer un espace supplémentaire au plateau : la cuisine. Les comédiens passent du salon à la cuisine par cet écran. Au-delà du gadget, son potentiel n’est jamais vraiment exploité. Tout d’abord, Alain Chapuis et Marie Blanche n’ont pas la réelle possibilité d’interagir avec les enfants qui sont dans l’écran puisque les personnages dans la cuisine semblent tout à coup privés de parole. Or, ce qui les sépare est sensé n’être qu’une vitre. À moins d’un triple vitrage, ce qui est assez rare en décoration intérieure, ils devraient pouvoir communiquer. Mais ce n’est pas le cas. On perd alors en dynamisme et le spectateur à l’impression qu’ils jouent devant un écran.
C’est d’autant plus embêtant qu’on sent le potentiel de l’ensemble et que les comédiens sont, en revanche, parfaits. Les rires du public viennent spontanément de leur jeu plein de reliefs. Mais leur énergie est comme alourdie de ce que nous venons d’évoquer. Ce qui aurait pu être une très bonne comédie devient alors un spectacle sympathique, dont on ressort avec le sourire, mais pas impérissable.
Décevant !
Après deux spectacles couronnés de succès, Camille et Simon fêtent leur divorce et Paradis d’Enfer, le duo ToiZéMoi revient avec un troisième spectacle rodé cet été durant le festival d’Avignon. Alors que leurs spectacles précédents étaient axés sur ce qui fait le couple, les considérations liées au temps qui passe les font maintenant aborder les problématiques de la famille.
Camille et Simon emménagent avec leurs trois enfants dans un appartement qui ne leur était pas destiné. Ils vont voir défiler toute une galerie de personnages et vont tenter de garder cette affaire immobilière en or.
Malgré des qualités indéniables (dont celle de divertir), ce spectacle nous a posé plusieurs problèmes qu’on ne peut négliger. Si le texte d’Alain Chapuis est souvent drôle et recèle de vannes bien senties, on a du mal à trouver ce qu’il a bien voulu nous raconter. S’il s’agit de cette « erreur immobilière », elle n’est évoquée qu’au détour de deux scènes et est bien facilement réglée. S’il s’agit des problématiques de la parentalité, elles ne sont qu’effleurées. Certaines pistes lancées par l’auteur sont intéressantes et pourraient être continuées, mais il les abandonne comme si ce n’était évoqué que pour un gag. Les personnages des enfants auraient pu avoir une vraie existence, davantage de chair, mais ce n’est pas le cas. On assiste alors à une suite de saynètes de la vie ponctuées de personnages savoureux (la mère de Camille et le père de Simon) ou anecdotiques (Le couple de gardiens).
D’autre part, la mise en scène de Philippe Riot se repose sur une idée qui tombe un peu à l’eau, ce qu’ils appellent « la réalité augmentée ». Cette technologie, qui est une réalité dans notre monde actuel, consiste à intégrer des éléments virtuels dans le réel. L’exemple le plus populaire reste le jeu Pokemon Go où les adorables petits monstres se cachent dans notre environnement quotidien et peuvent être vus par l’interface de notre téléphone. Ici, elle est utilisée pour créer un espace supplémentaire au plateau : la cuisine. Les comédiens passent du salon à la cuisine par cet écran. Au-delà du gadget, son potentiel n’est jamais vraiment exploité. Tout d’abord, Alain Chapuis et Marie Blanche n’ont pas la réelle possibilité d’interagir avec les enfants qui sont dans l’écran puisque les personnages dans la cuisine semblent tout à coup privés de parole. Or, ce qui les sépare est sensé n’être qu’une vitre. À moins d’un triple vitrage, ce qui est assez rare en décoration intérieure, ils devraient pouvoir communiquer. Mais ce n’est pas le cas. On perd alors en dynamisme et le spectateur à l’impression qu’ils jouent devant un écran.
C’est d’autant plus embêtant qu’on sent le potentiel de l’ensemble et que les comédiens sont, en revanche, parfaits. Les rires du public viennent spontanément de leur jeu plein de reliefs. Mais leur énergie est comme alourdie de ce que nous venons d’évoquer. Ce qui aurait pu être une très bonne comédie devient alors un spectacle sympathique, dont on ressort avec le sourire, mais pas impérissable.
Décevant !
8/10
De deux choses l’une : soit Cyril Dory est fou, soit c’est un génie. Chez Culturotopia, on opte pour un mélange des deux. Aux vues des applaudissements chaleureux qui saluent cette heure et demie de spectacle, il semblerait que la thérapie fonctionne. Mais de quoi est-il vraiment question ?
Cyril Dory propose de développer un questionnement philosophique et psychanalytique sur notre rapport à la vie en général. Ses outils ? Tout ce que la musique peut offrir comme moyen pour illustrer son propos : pop anglaise, variété française, générique télé, etc. Plus l’exemple est improbable, meilleur il est. Qui aurait pu croire qu’on pouvait tirer une analyse pertinente du générique de la série Santa Barbara ? Cyril Dory y parvient avec un humour dévastateur. En effet, si le spectacle ouvre des pistes de réflexions philosophiques intéressantes, il est avant tout ludique et très drôle. Le propos n’est jamais hermétique ni ennuyeux. Tout semble couler de source et le public est invité à réfléchir en même temps que l’artiste. Pour faire passer ce mélange inattendu, il fallait quelqu’un à la hauteur du défi.
Cyril Dory ne démérite jamais. Avec son air enfantin, il nous entraîne dans son univers qui invite à s’émerveiller de tout. Il semble avoir tous les talents. En plus d’être un comédien pédagogue, il gère à merveille la comédie. Son sens de la rythmique, probablement hérité de sa formation musicale, est mis au service d’effets comiques qui surprennent sans cesse. On a qu’une seule envie, tendre l’oreille et suivre son raisonnement qui porte un regard éclairant sur les mécanismes qui régissent nos vies. De surcroît, il chante merveilleusement bien et chacun des morceaux qu’il joue au piano est un régal.
Les lundis du Dr Dory est un vrai coup de cœur. Érudit, musicalement envoûtant et hilarant. Il peut même être apaisant et thérapeutique si on accepte de profiter pleinement de l’expérience. Cyril Dory fait partie des artistes atypiques à suivre avec attention, et c’est peu dire qu’on attend avec impatience la prochaine séance. On y sera. Et vous ?
Cyril Dory propose de développer un questionnement philosophique et psychanalytique sur notre rapport à la vie en général. Ses outils ? Tout ce que la musique peut offrir comme moyen pour illustrer son propos : pop anglaise, variété française, générique télé, etc. Plus l’exemple est improbable, meilleur il est. Qui aurait pu croire qu’on pouvait tirer une analyse pertinente du générique de la série Santa Barbara ? Cyril Dory y parvient avec un humour dévastateur. En effet, si le spectacle ouvre des pistes de réflexions philosophiques intéressantes, il est avant tout ludique et très drôle. Le propos n’est jamais hermétique ni ennuyeux. Tout semble couler de source et le public est invité à réfléchir en même temps que l’artiste. Pour faire passer ce mélange inattendu, il fallait quelqu’un à la hauteur du défi.
Cyril Dory ne démérite jamais. Avec son air enfantin, il nous entraîne dans son univers qui invite à s’émerveiller de tout. Il semble avoir tous les talents. En plus d’être un comédien pédagogue, il gère à merveille la comédie. Son sens de la rythmique, probablement hérité de sa formation musicale, est mis au service d’effets comiques qui surprennent sans cesse. On a qu’une seule envie, tendre l’oreille et suivre son raisonnement qui porte un regard éclairant sur les mécanismes qui régissent nos vies. De surcroît, il chante merveilleusement bien et chacun des morceaux qu’il joue au piano est un régal.
Les lundis du Dr Dory est un vrai coup de cœur. Érudit, musicalement envoûtant et hilarant. Il peut même être apaisant et thérapeutique si on accepte de profiter pleinement de l’expérience. Cyril Dory fait partie des artistes atypiques à suivre avec attention, et c’est peu dire qu’on attend avec impatience la prochaine séance. On y sera. Et vous ?
8/10
« La vie réelle n’est pas assez musicale », et ça nous l’avons toujours dit. Qui n’a jamais rêvé de voir les gens chanter et danser comme une célébration ? Qui ne s’est jamais cru dans un clip en écoutant ses musiques préférées tout en marchant dans la rue ? Personne ? Oh non, ça je n’y crois pas. La musique nous entoure, comble nos vies et nous transmet tout un panel d’émotions, de souvenirs et de rêves. Et c’est d’ailleurs avec cette déclaration pleine de bon sens que débute Vous avez dit Broadway ? actuellement au théâtre du Lucernaire du Mardi au Dimanche à 21h.
Le principe du spectacle ? Un employé de théâtre va nous raconter des coulisses, alors qu’une représentation de « Cabaret » se joue au même moment sur scène, l’histoire grand large des Comédie Musicales ainsi que son histoire avec les comédies musicales. L’histoire, Antoine GUILLAUME nous la chuchote. Ce qui peut sembler déroutant au départ finit par créer une atmosphère chaleureuse, d’écoute et surtout de partage. Le partage de secrets. Le partage d’une relation intime et fusionnelle.
Accompagnée par sa talentueuse pianiste Julie DELBART, Antoine GUILLAUME est passionné, ce qui le rend passionnant. Au fil de ces 90 minutes, il vous fera partager l’histoire des comédies musicales au travers de différentes anecdotes et histoires souvent méconnues. Tout ceci entremêlé par des chansons de différents spectacles, connus ou oubliés.
Difficile d’en dire véritablement plus car c’est avant tout un ressenti. Mais ce que nous pouvons vous dire, c’est que nous avons passé un moment plein d’émotions. Antoine GUILLAUME arrive à communiquer pleinement avec son public. Si bien que souvent, ces souvenirs, ses émotions nous renvoient aux nôtres.
Ce spectacle est fait pour tout le monde. Aux connaisseurs et amateurs du genre qui, comme nous, reverrons leurs plus beaux moments dans les siens, et aux personnes moins connues du fait qui trouverons, nous l’espérons, la curiosité de s’intéresser à cet art souvent décrié et méconnu en France. Cependant, nous devons l’admettre, cette tendance vient à changer ces dernières années et c’est une bonne chose.
Vous avez dit Broadway ? est définitivement un spectacle à ne pas manquer. Un spectacle de partage, d’émotions et d’intimité. Un spectacle passionnant servi par un passionné. Et surtout, un spectacle plein de musiques qui font chaud au cœur et donnent envie de retourner à Londres, ou mieux encore, de découvrir Broadway pour encore plus de souvenirs. Car comme le dit si bien Antoine GUILLAUME : « La vie réelle n’est pas assez musicale ».
Le principe du spectacle ? Un employé de théâtre va nous raconter des coulisses, alors qu’une représentation de « Cabaret » se joue au même moment sur scène, l’histoire grand large des Comédie Musicales ainsi que son histoire avec les comédies musicales. L’histoire, Antoine GUILLAUME nous la chuchote. Ce qui peut sembler déroutant au départ finit par créer une atmosphère chaleureuse, d’écoute et surtout de partage. Le partage de secrets. Le partage d’une relation intime et fusionnelle.
Accompagnée par sa talentueuse pianiste Julie DELBART, Antoine GUILLAUME est passionné, ce qui le rend passionnant. Au fil de ces 90 minutes, il vous fera partager l’histoire des comédies musicales au travers de différentes anecdotes et histoires souvent méconnues. Tout ceci entremêlé par des chansons de différents spectacles, connus ou oubliés.
Difficile d’en dire véritablement plus car c’est avant tout un ressenti. Mais ce que nous pouvons vous dire, c’est que nous avons passé un moment plein d’émotions. Antoine GUILLAUME arrive à communiquer pleinement avec son public. Si bien que souvent, ces souvenirs, ses émotions nous renvoient aux nôtres.
Ce spectacle est fait pour tout le monde. Aux connaisseurs et amateurs du genre qui, comme nous, reverrons leurs plus beaux moments dans les siens, et aux personnes moins connues du fait qui trouverons, nous l’espérons, la curiosité de s’intéresser à cet art souvent décrié et méconnu en France. Cependant, nous devons l’admettre, cette tendance vient à changer ces dernières années et c’est une bonne chose.
Vous avez dit Broadway ? est définitivement un spectacle à ne pas manquer. Un spectacle de partage, d’émotions et d’intimité. Un spectacle passionnant servi par un passionné. Et surtout, un spectacle plein de musiques qui font chaud au cœur et donnent envie de retourner à Londres, ou mieux encore, de découvrir Broadway pour encore plus de souvenirs. Car comme le dit si bien Antoine GUILLAUME : « La vie réelle n’est pas assez musicale ».
8,5/10
Asphalt Jungle se démarque par ses éclairages au néon qui apportent immédiatement une lumière crue sur ce qui se trame devant nos yeux. Le metteur en scène met en lumière une violence frontale. Les coups portés par les comédiens sont suffisamment réalistes pour que le spectateur soit saisi dès la première minute du jeu malsain auquel il assiste. Dès lors, il va être témoin d’une heure oppressante où les rapports de domination vont changer de main jusqu’à un final glaçant. Yann Josso et Christophe Gravouil portent, avec force et cynisme, le masque des puissants qui se jouent des faibles.
Le texte de Sylvain Levey est pétri d’un humour noir dont on ne sait plus si on doit s’en amuser ou être terrifié. Il fait écho à des choses quotidiennes qu’on pressent mais qu’on ne peut formaliser. Il le fait par l’art. On y entrevoit le reflet des gouvernements qui mettent à terre leur peuple en leur demandant de les en remercier. Ou peut-être ne sont-ce que des revendications de gaulois réfractaires. On peut aussi y voir un portrait terriblement réaliste des phénomènes de harcèlement envers ceux que les grands de la pièce considèrent comme « des sous-hommes ». Mettez ce que vous voulez derrière.
Une baffe mise au spectateur tel qu'a pu l'être Orange Mécanique à son époque. Un moment de tension qui bouleverse et questionne.
Le texte de Sylvain Levey est pétri d’un humour noir dont on ne sait plus si on doit s’en amuser ou être terrifié. Il fait écho à des choses quotidiennes qu’on pressent mais qu’on ne peut formaliser. Il le fait par l’art. On y entrevoit le reflet des gouvernements qui mettent à terre leur peuple en leur demandant de les en remercier. Ou peut-être ne sont-ce que des revendications de gaulois réfractaires. On peut aussi y voir un portrait terriblement réaliste des phénomènes de harcèlement envers ceux que les grands de la pièce considèrent comme « des sous-hommes ». Mettez ce que vous voulez derrière.
Une baffe mise au spectateur tel qu'a pu l'être Orange Mécanique à son époque. Un moment de tension qui bouleverse et questionne.
8/10
Pour ceux qui ont eu le bonheur d’aller jusqu’au bout des cinq tomes qui constituent la fresque flamboyante de Victor Hugo, Les Misérables est un souvenir de lecture impérissable.
Chacun de ses personnages restent dans un coin de la tête et du cœur, tous sous la figure tutélaire de l’ex-bagnard Jean Valjean. Il est la figure qui nous fait rencontrer les autres personnages. Nous le suivons de sa libération de Toulon à ses derniers instants. C’est le roman d’une rédemption qui démarre par la clémence d’un évêque et le vol d’une pièce à un enfant. La suite, tout le monde la connaît dans les grandes lignes par les multiples adaptations : la promesse à Fantine, Cosette chez les Thénardiers, etc. C’est par le prisme de Valjean que le comédien Christophe Delessart et sa metteur en scène Elsa Saladin abordent cette saga foisonnante. Le pari est réussi haut la main.
Dès l’entrée dans la salle, les premières intentions de mise en scène apparaissent au spectateur : un bureau et un paravent habitent l’espace, et rien d’autre. Elsa Saladin opte pour un plateau épuré afin de faire écho à la solitude du personnage qui, bien qu’accompagné de Cosette, reste pourtant face à lui-même. Un miroir trônant au mur du fond appuie cette idée mais renvoie également l’image de Valjean au spectateur. Cette âme en errance, en quête de rédemption, c’est aussi un peu nous. La metteur en scène nous place face à ce que Hugo raconte de notre humanité et des blessures qui nous habitent. De concert, le texte et la scénographie mettent en exergue les thèmes essentiels de l’œuvre en l’espace d’une heure et quart. On avait vu plusieurs personnes s’y casser les dents, ce n’est pas le cas ici.
Elsa Saladin se permet même d’ajouter une autre grille de lecture à celle déjà présente dans l’œuvre. En faisant adopter à son comédien un physique proche du génie de la Place des Vosges, elle rappelle que l’histoire de Hugo et Valjean ne font qu’une. En exil durant l’écriture des Misérables, l’auteur se projette dans son personnage. Ainsi, la notion d’exil et de relation père / fille apparaissent avec plus de clarté dans cette adaptation. À travers l’œuvre se profile le créateur.
Mais toutes ces bonnes intentions ne seraient rien sans un comédien solide pour les porter. Christophe Delassart est cet homme providentiel. Ce n’est jamais facile de tenir un public pendant plus d’une heure avec un monologue, et encore moins quand il s’agit d’un classique que tout le monde pense connaître. Il incarne Jean Valjean avec force mais aussi des faiblesses internes qui transparaissent sous la carapace. Il nous mène avec lui dans la psyché du personnage. Puis, sans qu’on s’y attende, il tombe le masque pour jouer un tout autre personnage avec une voix, un phrasé et un physique différent. L’ensemble est crédible à chaque instant. Christophe Delassart est à la fois narrateur et acteur de cette histoire. Il la porte avec une passion communicative et une réelle maîtrise de son art.
Valjean se démarque dans le lot des adaptations hugoliennes par des interprétations très justes du roman. Elsa Saladin et Christophe Delassart ne se contentent pas de nous faire un résumé d’une histoire déjà connue, ils la questionnent et mettent au jour ce qu’elle a encore à nous raconter. Le soir de la première, le comédien rappelait ô combien nous avions besoin de Hugo à notre époque et nous ne pouvons que souscrire à cette remarque. Ce qu’il ne disait pas, par humilité, c’est que son spectacle est un sublime vecteur au discours du Maître. À ne pas rater !
Chacun de ses personnages restent dans un coin de la tête et du cœur, tous sous la figure tutélaire de l’ex-bagnard Jean Valjean. Il est la figure qui nous fait rencontrer les autres personnages. Nous le suivons de sa libération de Toulon à ses derniers instants. C’est le roman d’une rédemption qui démarre par la clémence d’un évêque et le vol d’une pièce à un enfant. La suite, tout le monde la connaît dans les grandes lignes par les multiples adaptations : la promesse à Fantine, Cosette chez les Thénardiers, etc. C’est par le prisme de Valjean que le comédien Christophe Delessart et sa metteur en scène Elsa Saladin abordent cette saga foisonnante. Le pari est réussi haut la main.
Dès l’entrée dans la salle, les premières intentions de mise en scène apparaissent au spectateur : un bureau et un paravent habitent l’espace, et rien d’autre. Elsa Saladin opte pour un plateau épuré afin de faire écho à la solitude du personnage qui, bien qu’accompagné de Cosette, reste pourtant face à lui-même. Un miroir trônant au mur du fond appuie cette idée mais renvoie également l’image de Valjean au spectateur. Cette âme en errance, en quête de rédemption, c’est aussi un peu nous. La metteur en scène nous place face à ce que Hugo raconte de notre humanité et des blessures qui nous habitent. De concert, le texte et la scénographie mettent en exergue les thèmes essentiels de l’œuvre en l’espace d’une heure et quart. On avait vu plusieurs personnes s’y casser les dents, ce n’est pas le cas ici.
Elsa Saladin se permet même d’ajouter une autre grille de lecture à celle déjà présente dans l’œuvre. En faisant adopter à son comédien un physique proche du génie de la Place des Vosges, elle rappelle que l’histoire de Hugo et Valjean ne font qu’une. En exil durant l’écriture des Misérables, l’auteur se projette dans son personnage. Ainsi, la notion d’exil et de relation père / fille apparaissent avec plus de clarté dans cette adaptation. À travers l’œuvre se profile le créateur.
Mais toutes ces bonnes intentions ne seraient rien sans un comédien solide pour les porter. Christophe Delassart est cet homme providentiel. Ce n’est jamais facile de tenir un public pendant plus d’une heure avec un monologue, et encore moins quand il s’agit d’un classique que tout le monde pense connaître. Il incarne Jean Valjean avec force mais aussi des faiblesses internes qui transparaissent sous la carapace. Il nous mène avec lui dans la psyché du personnage. Puis, sans qu’on s’y attende, il tombe le masque pour jouer un tout autre personnage avec une voix, un phrasé et un physique différent. L’ensemble est crédible à chaque instant. Christophe Delassart est à la fois narrateur et acteur de cette histoire. Il la porte avec une passion communicative et une réelle maîtrise de son art.
Valjean se démarque dans le lot des adaptations hugoliennes par des interprétations très justes du roman. Elsa Saladin et Christophe Delassart ne se contentent pas de nous faire un résumé d’une histoire déjà connue, ils la questionnent et mettent au jour ce qu’elle a encore à nous raconter. Le soir de la première, le comédien rappelait ô combien nous avions besoin de Hugo à notre époque et nous ne pouvons que souscrire à cette remarque. Ce qu’il ne disait pas, par humilité, c’est que son spectacle est un sublime vecteur au discours du Maître. À ne pas rater !
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