Journal intime d’une dérive vers la folie

Aksenty Ivanovitch Poprichtchine est fonctionnaire. Il a une vie très réglée. Mavra, domestique qui vit avec lui, est sa confidente et la seule qui la raccroche au monde réel. Elle ne pourra pas éviter la dérive. Il est amoureux de la fille du directeur. Il perd de plus en plus pied avec la réalité jusqu’à entrer peu à peu dans un monde irrationnel et devenir totalement incohérent. Il pense que le chien de la femme qu’il convoite parle, écrit des lettres. Dans son délire, il deviendra roi d’Espagne. Il sera interné.
Le texte est évidemment très intéressant. On vit la dérive rapide dans la folie. On finit par écouter un discours totalement incohérent comme une histoire. Je ne suis pas objective pour aimer ce texte.
Ce qui est remarquable est l’interprétation qui est excellente. Ronan Rivière est excellent dans l’interprétation de cette folie. Amélie Vignaux répond parfaitement.
La mise en scène est originale. J’ai aimé le décor en pente avec les apparitions de Mavra. La partie musicale permet de belles transitions.
En résumé, on assiste à un beau texte classique excellement interprété.

Adolescente sous emprise dans une communauté libertaire
Farah vit dans une communauté, ce que d’autres appelleraient une secte. Elle est adolescente et est sous l’emprise d’Arcady, le gourou. Elle s’éveille sexuellement et cherche son chemin comme adolescente. La découverte de ce changement est exposée dans tous les détails.
Sincèrement, je n’ai pas vu l’intérêt d’un texte qui reste au niveau de l’adolescente, sans recul, sans analyse objective de son environnement. J’ai trouvé le texte plat, simple.
L’interprétation est bonne sans plus. Ca tourne vite à l’obsession physique. Pardon pour l’expression mais c’est ce qui m’est venu à l’esprit, cela tourne au « remuage de popotin ». Difficile de voir l’intérêt. Est-ce la faute du texte ? Peut-être mais cela m’a empêché de trouver un intérêt à l’histoire.
J’aurais bien aimé qu’on parle de cette communauté, de l’emprise, du côté libertaire de la communauté et son impact sur une adolescence. Il n’y a rien de tout cela.
En conclusion, j’ai suivi une histoire de loin sans jamais m’y intéresser.

Mort, révolte, combattantes, nature et amour.

La pièce en cinq parties va nous faire partager les auteurs du 19ème siècle. Nous allons nous promener dans les poèmes, les romans, les feuilletons de l’époque. Tous sont convoqués : Rimbaud, Sand, Musset, Hugo, Zola, Baudelaire… La liste est bien sûr longue, non exhaustive, plaisante et on a tellement peur d’oublier un génie.

Il n’est pas possible de parler du texte. L’histoire de fond nous sert juste de transition d’un auteur à l’autre. Mais on se concentre fortement sur les extraits de tous ces auteurs. Alors, bien sûr, on ne juge pas les auteurs même si on a tous des préférences.

Quel plaisir de passer dans ce pot-pourri de la littérature. Il y a forcément l’auteur pour lequel vous ressentez le plaisir de le réécouter. Il revient le souvenir de la beauté des mots qui ont accompagné la jeunesse. J’ai personnellement ressenti la même tristesse d’écouter la mort de Gavroche que lorsque je l’avais lue à l’adolescence. J’ai ressenti la même grande peine. Cela m’a confirmé l’atemporalité de ces auteurs. Cela expliquera aussi mon manque d’objectivité ????

Tout cela est possible grace à l’excellente interprétation de Christophe Delessart. C’est très bien joué, raconté, vécu. Le jeu est impeccable et m’a personnellement emporté. C’est évidemment la clef de voute de la pièce et c’est réussi avec de belles lumières. La pièce est exclusivement basée sur l’interprétation.

J’ai aimé me laisser bercer par le son de ces mots, la sonorité de la langue et la subtilité des associations. J’avais presque l’impression d’écouter de la musique par moment. C’est un moment de pause, de retour aux bases, de transmission avec une envie de Christophe Delessart communicative.

Série thriller au théâtre !

Mireille est thanatopractrice. Elle est une star dans son domaine. Elle revient dans sa ville natale pour préparer le corps de sa mère qui vient de décéder. Dans cette situation macabre, la famille va peu à peu se réunir avec ses trois frères et sa belle-sœur. Mireille a quitté le village suite à une histoire qui nous est peu à peu dévoilée. Elle a subi une agression sexuelle et le responsable est Laurier Gaudreault. La fratrie échange, se reproche des décisions passées. Le retour de Mireille réveille ce secret de famille. Peu à peu, la fratrie se confronte pour faire éclater la vérité bien plus complexe. Cela détruit la famille.
L’histoire est intéressante, bien menée. On reste en haleine tout en sentant bien que le personnage de Mireille est bien plus complexe qu’il ne parait. Son retour est une tension pour tous car il ravive l’histoire. Le suspense est intéressant et met en haleine le spectateur.
On est dans le pur style série commerciale qui accroche le spectateur.
J’ai trouvé l’interprétation assez inégale. Autant, certains personnages m’ont paru avoir beaucoup de consistance, autant d’autres m’ont paru un cran en dessous et cela se note. C’est gênant dans une atmosphère de tension psychologique et dans une confrontation. Je n’ai pas été emportée par le jeu sur scène.

La mise en scène est simple, le décor est bien restitué. Bon, on aurait pu faire mieux pour le mannequin, mais c’est un détail.
Il m’a manqué plus de tension dans l’interprétation. J’aurais voulu basculer vers le thriller psychologique sans trop y réussir.

C’est commercial, c’est efficace mais il m’a manqué un plus.

Décentralisation, scolarisation jusqu’à 14 ans, éducation sportive…
Jean Zay a été ministre de l’enseignement lors du front populaire. Arrêté par le gouvernement de Vichy, il subira un traitement aggravé pour être juif. Il sera emprisonné, menacé de déportation au bagne et finalement laissé en prison avec un régime « amélioré ». Il nous raconte son emprisonnement, la peur des représailles. La perte de liberté pour cet homme politique est terrible. Il continue à travailler, à penser, à produire. Cela lui permet de vivre son incarcération.
C’est l’occasion pour nous raconter les mesures encore d’actualité que Jean Zay a essayé de mettre en place lors du front populaire.
Il est arbitrairement tué par le gouvernement de Vichy. C’est un crime politique.
Seul en scène, Xavier Béja a une belle interprétation de cet homme privé de liberté. Il garde la droiture et l’honorabilité de cet intellectuel politique.
Ne connaissant pas la vie de cet homme politique, j’y suis allée dans le but d’apprendre. C’est le montage de la pièce. C’est didactique et informatif. J’ai personnellement découvert cet homme politique dont on met en exergue la modernité de ses décisions. C’est aussi l’occasion de rappeler les grandes mesures du front populaire qui nous semblent si évidentes aujourd’hui.
Personnellement, j’aurais aimé plus de développement sur comment la même assemblée issue du front populaire arrive à voter les pleins pouvoirs à Pétain. J’aurais aimé comprendre ce basculement en détail. Vu par un ministre du front populaire, l’analyse aurait été intéressante.
La très bonne interprétation rend ce seul en scène intéressant et nous fait connaître un idéologue politique de qualité.