Ses critiques
205 critiques
9/10
Cela fait plusieurs années déjà que je m’intéresse au travail de Chloé Olivères, que j’ai suivie dans beaucoup de spectacles depuis un certain Il faut je ne veux pas au Théâtre de l’Oeuvre. Il était donc normal que je la suive aussi dans l’aventure des Filles de Simone, ce collectif « travaillé par des préoccupations féministes » et qui créa son premier spectacle C’est (un peu) compliqué d’être l’origine du monde en 2015. Vu à Avignon, on y décelait déjà une patte, un humour et une ardeur plus que louables. Le deuxième spectacle continue sur cette belle lancée.
Si le premier revenait sur les affres de la grossesse, ce spectacle là s’attaque au corps féminin et à ses tabous, en revenant sur ce qui a pu construire les différents clichés et autre croyances qui l’entourent aujourd’hui, en les décortiquant et les réduisant en miettes sans aucune difficulté. Ainsi des règles, de l’hymen, de la cellulite, de la première relation sexuelle, du plaisir féminin, du clitoris, des rides, des poils, des savons lotion eaux micellaires et autres produits de beauté censés magnifier la peau et détruire le porte-monnaie. Rien n’est laissé au hasard – et on y cite ses sources, s’il vous plaît !
Évidemment, je suis touchée : les secrets du gainage efficace, je les cherche depuis des années. Il y a indéniablement dans ce spectacle quelque chose qui fait du bien. Parce qu’on se sent comme ensemble, le collectif présent sur scène entraînant sans problème la salle avec lui. Parce qu’on sent un véritable soutien entre ces jeunes femmes qui peuvent aborder n’importe quel sujet sans aucun jugement entre elles – à plusieurs reprises, on a envie de crier « OUI », d’applaudir à tout rompre une remarque bien placée, ou de témoigner à son tour en citant une anecdote personnelle. Parce que la manière d’aborder les différents sujets est toujours bienveillante mais surtout constamment renouvelé : on passe d’une visite délirante de la vulve à des témoignages plus poignants entrecoupés par des réécritures de chansons populaires accompagnées au ukulélé…
Tout est très équilibré pour amener la réflexion sans jamais imposer quoi que ce soit au spectateur. Je m’étais déjà fait la réflexion lors de leur premier spectacle, et je réitère : ce spectacle est d’utilité public. On sent la volonté de partager un quotidien vécu et de faire prendre conscience que le problème est là. Les solutions viendront après, mais il était avant tout nécessaire de témoigner, de prendre la parole librement. Librement, avec une pointe d’humour et d’autodérision, c’est encore mieux.
Ces filles-là brisent les règles. Pour notre plus grand bonheur.
Si le premier revenait sur les affres de la grossesse, ce spectacle là s’attaque au corps féminin et à ses tabous, en revenant sur ce qui a pu construire les différents clichés et autre croyances qui l’entourent aujourd’hui, en les décortiquant et les réduisant en miettes sans aucune difficulté. Ainsi des règles, de l’hymen, de la cellulite, de la première relation sexuelle, du plaisir féminin, du clitoris, des rides, des poils, des savons lotion eaux micellaires et autres produits de beauté censés magnifier la peau et détruire le porte-monnaie. Rien n’est laissé au hasard – et on y cite ses sources, s’il vous plaît !
Évidemment, je suis touchée : les secrets du gainage efficace, je les cherche depuis des années. Il y a indéniablement dans ce spectacle quelque chose qui fait du bien. Parce qu’on se sent comme ensemble, le collectif présent sur scène entraînant sans problème la salle avec lui. Parce qu’on sent un véritable soutien entre ces jeunes femmes qui peuvent aborder n’importe quel sujet sans aucun jugement entre elles – à plusieurs reprises, on a envie de crier « OUI », d’applaudir à tout rompre une remarque bien placée, ou de témoigner à son tour en citant une anecdote personnelle. Parce que la manière d’aborder les différents sujets est toujours bienveillante mais surtout constamment renouvelé : on passe d’une visite délirante de la vulve à des témoignages plus poignants entrecoupés par des réécritures de chansons populaires accompagnées au ukulélé…
Tout est très équilibré pour amener la réflexion sans jamais imposer quoi que ce soit au spectateur. Je m’étais déjà fait la réflexion lors de leur premier spectacle, et je réitère : ce spectacle est d’utilité public. On sent la volonté de partager un quotidien vécu et de faire prendre conscience que le problème est là. Les solutions viendront après, mais il était avant tout nécessaire de témoigner, de prendre la parole librement. Librement, avec une pointe d’humour et d’autodérision, c’est encore mieux.
Ces filles-là brisent les règles. Pour notre plus grand bonheur.
7/10
La distribution est alléchante. Catherine Hiegel et Pierre Palmade, voilà une rencontre attirante. J’étais intriguée par ce spectacle, mais finalement pas attirée tant que ça – la faute à une affiche plutôt ratée, je pense. Et puis il y a eu cette émission de Ruquier avec Catherine Hiegel et François Bégaudeau où les deux chroniqueurs, qui n’avaient pas encore vu la pièce faute de représentation, saluaient un texte particulièrement bien écrit. Le sujet, tel qu’ils le décrivaient, étaient effectivement plutôt enthousiasmant, mais je ne pouvais m’empêcher de penser que sa transcription scénique serait difficile. C’est difficile de faire passer le « rien », sur scène.
Car c’est bien ce dont il est question dans ce spectacle. Pierre Palmade incarne Stéphane, le fils de Christiane – Catherine Hiegel. Il est écrivain et, de passage par Rennes pour la signature de son dernier roman, il s’arrête chez sa mère pour déjeuner avec elle. La pièce s’ouvre avec un monologue de cette dernière sur la qualité du fromage qu’elle lui sert et l’explication du fait qu’il n’est pas le même que d’habitude. Lui n’en place pas une, il n’essaie même pas. Puis il prendra le dessus en lui expliquant pourquoi il va arrêter de venir chez elle : leurs conversations sont vides, ils n’ont rien à se dire, la seule chose qui les lie encore est le lien du sang. Mais l’arrivée de la voisine pour le dessert viendra inverser un peu la tendance…
C’est d’abord un affrontement de géants. La première partie de ce spectacle est un enchaînement de punchlines cinglantes et superbement rythmées. Palmade incarne un personnage détestable qui balance des choses franchement indignes à sa mère – le point Godwin est atteint au bout de dix minutes. Face à lui, elle compose en femme très digne ; on peut lire sur son visage la concentration pour suivre les différents sujets abordés par son fils, et l’enchaînement successif des coups qu’il lui porte. Elle encaisse avec pudeur mais la douleur est bien visible. Son regard, particulièrement évocateur, vacille entre la souffrance et l’amour.
Le binôme fonctionne à merveille et serait encore porté davantage par un texte qui pousserait le bouchon toujours plus loin. On sent poindre par instants la détresse de Stéphane qui cherche désespérément l’attention de sa mère et tente de lire autre chose que ce qu’il pourrait appeler une « fierté de filiation de base » dans ses yeux. On rit parfois mais cette première partie est surtout très cruelle et l’on aurait souhaité qu’elle insiste encore davantage ce trait tant elle est criante de vérité. Il s’y mêle un vécu certain de l’auteur mais également le notre et c’est à la fois plaisant à voir, désagréable à entendre et pitoyable à analyser.
Mais François Bégaudeau a vu trop grand : fromage ET dessert, parfois, ça ne passe pas. La seconde partie est moins captivante. A mon grand dam, l’arrivée de la voisine casse le rythme insufflé par le duo. On peine à comprendre l’intérêt de la transition, la voilà qui arrive avec un gâteau et soudain elle disparaît et tout va mieux dans le meilleur des mondes possible. Là où Stéphane parlait de matricide, le voilà à évoquer avec émotion la future mort de sa mère, lui refusant la promesse de la débrancher si elle perdait la boule. Il ne veut pas la voir mourir, il ne le conçoit pas et l’avoue soudain sans complexe. Il disserte un peu sur la mort et le tout s’enlise. Paradoxalement, le dialogue était meilleur lorsqu’il vilipendait l’absence de réelle conversation que dans cette vaine tentative de philosopher. Nous voilà tombés dans l’insignifiance du texte, alors même que le fils pourrait estimer que l’échange prend enfin un peu de consistance. Voilà un échec cuisant. Ou une idée brillante.
Car c’est bien ce dont il est question dans ce spectacle. Pierre Palmade incarne Stéphane, le fils de Christiane – Catherine Hiegel. Il est écrivain et, de passage par Rennes pour la signature de son dernier roman, il s’arrête chez sa mère pour déjeuner avec elle. La pièce s’ouvre avec un monologue de cette dernière sur la qualité du fromage qu’elle lui sert et l’explication du fait qu’il n’est pas le même que d’habitude. Lui n’en place pas une, il n’essaie même pas. Puis il prendra le dessus en lui expliquant pourquoi il va arrêter de venir chez elle : leurs conversations sont vides, ils n’ont rien à se dire, la seule chose qui les lie encore est le lien du sang. Mais l’arrivée de la voisine pour le dessert viendra inverser un peu la tendance…
C’est d’abord un affrontement de géants. La première partie de ce spectacle est un enchaînement de punchlines cinglantes et superbement rythmées. Palmade incarne un personnage détestable qui balance des choses franchement indignes à sa mère – le point Godwin est atteint au bout de dix minutes. Face à lui, elle compose en femme très digne ; on peut lire sur son visage la concentration pour suivre les différents sujets abordés par son fils, et l’enchaînement successif des coups qu’il lui porte. Elle encaisse avec pudeur mais la douleur est bien visible. Son regard, particulièrement évocateur, vacille entre la souffrance et l’amour.
Le binôme fonctionne à merveille et serait encore porté davantage par un texte qui pousserait le bouchon toujours plus loin. On sent poindre par instants la détresse de Stéphane qui cherche désespérément l’attention de sa mère et tente de lire autre chose que ce qu’il pourrait appeler une « fierté de filiation de base » dans ses yeux. On rit parfois mais cette première partie est surtout très cruelle et l’on aurait souhaité qu’elle insiste encore davantage ce trait tant elle est criante de vérité. Il s’y mêle un vécu certain de l’auteur mais également le notre et c’est à la fois plaisant à voir, désagréable à entendre et pitoyable à analyser.
Mais François Bégaudeau a vu trop grand : fromage ET dessert, parfois, ça ne passe pas. La seconde partie est moins captivante. A mon grand dam, l’arrivée de la voisine casse le rythme insufflé par le duo. On peine à comprendre l’intérêt de la transition, la voilà qui arrive avec un gâteau et soudain elle disparaît et tout va mieux dans le meilleur des mondes possible. Là où Stéphane parlait de matricide, le voilà à évoquer avec émotion la future mort de sa mère, lui refusant la promesse de la débrancher si elle perdait la boule. Il ne veut pas la voir mourir, il ne le conçoit pas et l’avoue soudain sans complexe. Il disserte un peu sur la mort et le tout s’enlise. Paradoxalement, le dialogue était meilleur lorsqu’il vilipendait l’absence de réelle conversation que dans cette vaine tentative de philosopher. Nous voilà tombés dans l’insignifiance du texte, alors même que le fils pourrait estimer que l’échange prend enfin un peu de consistance. Voilà un échec cuisant. Ou une idée brillante.
8,5/10
C’est étrange mais je n’ai vu que peu de fois André Marcon et pourtant j’ai tout de suite voulu découvrir ce nouveau spectacle, simplement sur son nom. Je ne suis pas une fan de Thomas Bernhard, du peu que j’en connais du moins, mais j’avais renoué avec le Déjazet lors de son précédent spectacle et le spectacle m’attirait. Après tout, cela pourrait me permettre de mieux connaître ce Bernhard qui jusqu’alors m’avait laissée de marbre, et de découvrir un nouveau metteur en scène, Christophe Perton. Pas de suspens supplémentaire, donc, et rendez-vous fut pris pour la deuxième de ce spectacle.
Bruscon, le grand comédien Bruscon, l’incroyable dramaturge Bruscon, l’inoubliable metteur en scène Bruscon (on pourrait rajouter a entraîné sa famille dans une aventure théâtrale plutôt sinistre. Ils se retrouvent en effet dans un patelin autrichien – dont le nom m’échappe présentement – pour y jouer la pièce que le père de famille a écrite et qui lui fait dire, sans aucune modestie, parlant de son propre travail : « Shakespeare… Goethe… Bruscon ». Dans un théâtre à l’abandon, les voilà qui répètent le spectacle qui se jouera le soir devant quelques deux cents personnes.
Je gardais un assez mauvais souvenir des mes rencontres avec Bernhard et me voilà agréablement surprise. Le texte, dont la partition revient aux 3/4 à André Marcon, ne se ressent pas comme un long monologue. On saluera évidemment la performance de l’acteur, qui parvient à toujours réinventer les situations et évite ainsi tout sentiment de répétition. Mais, en cause également, un texte qui n’hésite pas à se moquer de lui-même et à donner tantôt dans le cynisme, tantôt dans la provocation, de sorte qu’on rit à plusieurs reprises devant cette situation pourtant désespérée.
On saluera également une mise en scène permettant au texte de s’écouler sans jamais s’essouffler. Le travail de Christophe Perton est sans accroc : dans ce magnifique décor de théâtre, l’ennui n’a pas sa place. Il jongle habilement avec des créations sonores en totale rupture avec l’atmosphère et une utilisation intelligente de l’espace pour accentuer progressivement une tension qu’il n’a pas de mal à créer. Mais c’est aussi dans sa direction d’acteur qu’il excelle, permettant au reste de la troupe d’exister malgré un premier rôle fleuve. Chaque personnage est très bien dessiné, comme un caractère absent de la palette de jeu de Bruscon. Je pense notamment au personnage incarné par Jules Pélissier, tout en grâce et en souplesse, dont les déplacements sont un régal pour les yeux et qui semble exprimer avec son corps ce que sa bouche ne parvient à décrire. Comme une opposition exacte à son père, Bruscon, qui passe une partie de la pièce assis.
Il fallait un monstre pour incarner le tyrannique et parfois pitoyable Bruscon. Un monstre littéralement d’abord, parce que son personnage en est un : les répétitions avec chaque membre de la famille témoignent de son absolue rigueur et d’un sens du perfectionnisme au bord de la folie. Au-delà de ses critiques constantes, Bruscon est misogyne, détestable, effrayant. Mais il fallait aussi un monstre, sacré celui-ci, pour nous rendre ce personnage complexe, attachant, dernier symbole de la vie dans un cadre en ruine. Au-delà de son caractère abject, de sa détestation du monde, de son égocentrisme affirmé, il nous montre un homme qui ne lâche jamais rien. Cette détermination, qui jure avec l’ensemble de la pièce, est certes risible sur certains points, mais on ne peut nier qu’il s’en dégage une certaine puissance. Ce Bruscon-là, aussi exécrable soit-il, laisse une certaine impression !
Bruscon, le grand comédien Bruscon, l’incroyable dramaturge Bruscon, l’inoubliable metteur en scène Bruscon (on pourrait rajouter a entraîné sa famille dans une aventure théâtrale plutôt sinistre. Ils se retrouvent en effet dans un patelin autrichien – dont le nom m’échappe présentement – pour y jouer la pièce que le père de famille a écrite et qui lui fait dire, sans aucune modestie, parlant de son propre travail : « Shakespeare… Goethe… Bruscon ». Dans un théâtre à l’abandon, les voilà qui répètent le spectacle qui se jouera le soir devant quelques deux cents personnes.
Je gardais un assez mauvais souvenir des mes rencontres avec Bernhard et me voilà agréablement surprise. Le texte, dont la partition revient aux 3/4 à André Marcon, ne se ressent pas comme un long monologue. On saluera évidemment la performance de l’acteur, qui parvient à toujours réinventer les situations et évite ainsi tout sentiment de répétition. Mais, en cause également, un texte qui n’hésite pas à se moquer de lui-même et à donner tantôt dans le cynisme, tantôt dans la provocation, de sorte qu’on rit à plusieurs reprises devant cette situation pourtant désespérée.
On saluera également une mise en scène permettant au texte de s’écouler sans jamais s’essouffler. Le travail de Christophe Perton est sans accroc : dans ce magnifique décor de théâtre, l’ennui n’a pas sa place. Il jongle habilement avec des créations sonores en totale rupture avec l’atmosphère et une utilisation intelligente de l’espace pour accentuer progressivement une tension qu’il n’a pas de mal à créer. Mais c’est aussi dans sa direction d’acteur qu’il excelle, permettant au reste de la troupe d’exister malgré un premier rôle fleuve. Chaque personnage est très bien dessiné, comme un caractère absent de la palette de jeu de Bruscon. Je pense notamment au personnage incarné par Jules Pélissier, tout en grâce et en souplesse, dont les déplacements sont un régal pour les yeux et qui semble exprimer avec son corps ce que sa bouche ne parvient à décrire. Comme une opposition exacte à son père, Bruscon, qui passe une partie de la pièce assis.
Il fallait un monstre pour incarner le tyrannique et parfois pitoyable Bruscon. Un monstre littéralement d’abord, parce que son personnage en est un : les répétitions avec chaque membre de la famille témoignent de son absolue rigueur et d’un sens du perfectionnisme au bord de la folie. Au-delà de ses critiques constantes, Bruscon est misogyne, détestable, effrayant. Mais il fallait aussi un monstre, sacré celui-ci, pour nous rendre ce personnage complexe, attachant, dernier symbole de la vie dans un cadre en ruine. Au-delà de son caractère abject, de sa détestation du monde, de son égocentrisme affirmé, il nous montre un homme qui ne lâche jamais rien. Cette détermination, qui jure avec l’ensemble de la pièce, est certes risible sur certains points, mais on ne peut nier qu’il s’en dégage une certaine puissance. Ce Bruscon-là, aussi exécrable soit-il, laisse une certaine impression !
3/10
Je me souviens très bien de ma réaction lors de la présentation de ce spectacle au Rond-Point en mai dernier : l’enthousiasme, l’envie, l’impatience. Ervart était l’un des spectacles que j’attendais le plus parmi la saison de Jean-Michel Ribes, car j’avais cru y déceler une folie et une originalité telles qu’on en trouve peu sur les scènes parisiennes – le genre de synopsis qui vous rappelle Le Gros, la Vache et le Mainate de Pierre Guillois, à vous faire saliver d’avance… Mais tous n’ont pas son talent, et le texte d’Hervé Blutsch m’a totalement laissée de marbre.
Tout commence par une poubelle qui trône sur la scène de la salle Renaud-Barrault. Des personnages anglais trouveront ça normal, avant de se rendre compte que cette poubelle n’est pas celle qu’ils recherchent : ce sont des comédiens qui se sont trompés de théâtre. Un bon vieux théâtre dans le théâtre pour se mettre en appétit. Puis survient Ervart, ce jeune homme persuadé d’être cocu et qui mettra la ville à feu et à sang. Un caprice devenant presque une quête, qui s’impose alors comme fil directeur du spectacle – si on peut dire.
Ce que je fais aujourd’hui est contraire à mes principes. En effet, j’ai pour habitude de ne pas écrire lorsque je n’assiste pas à l’intégralité d’un spectacle. Alors autant être honnête avec vous : je n’ai pas tenu les 2h10 que dure cet Ervart. Rapidement, j’ai senti le texte s’enliser et mon esprit avec, mais je n’ai eu les courage d’affronter mes voisins qu’au bout d’1h30. Pourquoi est-ce que je fais une entorse à mes principes aujourd’hui ? Pas tant pour descendre un spectacle qui ne m’a pas plu que pour exprimer ma déception face à un artiste que je suis, comme probablement un grand nombre de ceux qui auront pris leurs places pour Ervart – j’ai nommé Monsieur Vincent Dedienne.
J’étais déjà dans l’incompréhension de ses choix artistiques après Callisto et Arcas en septembre dernier. Et voilà que mes questionnements reprennent. Pire, une inquiétude. Le comédien, dont le talent n’est plus à prouver, cautionne-t-il le rendu final des créations dans lesquelles il joue ? Dans Ervart, Dedienne fait du Dedienne, à mon plus grand désespoir. La voix presque cassée, il m’a semblé ne plus s’amuser autant que sur la scène des Bouffes du Nord en début d’année. Ou peut-être ai-je transposé ma propre vision du spectacle sur son jeu d’acteur ? Quoi qu’il en soit, moi qui voyais en lui l’assurance de soirées réussies, je ne sais plus que croire.
Cette pièce est un foutoir, mais pas du genre « joyeux bordel ». Plutôt un dépotoir – d’ailleurs, la poubelle revient fréquemment sur le centre de la scène – où l’on a entassé plusieurs idées sans vrai lien qu’on aurait essayé de mettre bout à bout en forçant un peu. En vrac, on y retrouver du théâtre dans le théâtre, un zoophile, une putain, de l’alcool, un homme qui ne parle qu’en citations, un jeu de chaises musicales, des portes qui claquent, des blagues grivoises, des gens qui crient – beaucoup trop de gens qui crient. Au moment où je quittais enfin la salle, l’un des personnages criait « Regardez maintenant Nietzsche va faire des claquettes ! ». Je ne me suis pas retournée.
Tout commence par une poubelle qui trône sur la scène de la salle Renaud-Barrault. Des personnages anglais trouveront ça normal, avant de se rendre compte que cette poubelle n’est pas celle qu’ils recherchent : ce sont des comédiens qui se sont trompés de théâtre. Un bon vieux théâtre dans le théâtre pour se mettre en appétit. Puis survient Ervart, ce jeune homme persuadé d’être cocu et qui mettra la ville à feu et à sang. Un caprice devenant presque une quête, qui s’impose alors comme fil directeur du spectacle – si on peut dire.
Ce que je fais aujourd’hui est contraire à mes principes. En effet, j’ai pour habitude de ne pas écrire lorsque je n’assiste pas à l’intégralité d’un spectacle. Alors autant être honnête avec vous : je n’ai pas tenu les 2h10 que dure cet Ervart. Rapidement, j’ai senti le texte s’enliser et mon esprit avec, mais je n’ai eu les courage d’affronter mes voisins qu’au bout d’1h30. Pourquoi est-ce que je fais une entorse à mes principes aujourd’hui ? Pas tant pour descendre un spectacle qui ne m’a pas plu que pour exprimer ma déception face à un artiste que je suis, comme probablement un grand nombre de ceux qui auront pris leurs places pour Ervart – j’ai nommé Monsieur Vincent Dedienne.
J’étais déjà dans l’incompréhension de ses choix artistiques après Callisto et Arcas en septembre dernier. Et voilà que mes questionnements reprennent. Pire, une inquiétude. Le comédien, dont le talent n’est plus à prouver, cautionne-t-il le rendu final des créations dans lesquelles il joue ? Dans Ervart, Dedienne fait du Dedienne, à mon plus grand désespoir. La voix presque cassée, il m’a semblé ne plus s’amuser autant que sur la scène des Bouffes du Nord en début d’année. Ou peut-être ai-je transposé ma propre vision du spectacle sur son jeu d’acteur ? Quoi qu’il en soit, moi qui voyais en lui l’assurance de soirées réussies, je ne sais plus que croire.
Cette pièce est un foutoir, mais pas du genre « joyeux bordel ». Plutôt un dépotoir – d’ailleurs, la poubelle revient fréquemment sur le centre de la scène – où l’on a entassé plusieurs idées sans vrai lien qu’on aurait essayé de mettre bout à bout en forçant un peu. En vrac, on y retrouver du théâtre dans le théâtre, un zoophile, une putain, de l’alcool, un homme qui ne parle qu’en citations, un jeu de chaises musicales, des portes qui claquent, des blagues grivoises, des gens qui crient – beaucoup trop de gens qui crient. Au moment où je quittais enfin la salle, l’un des personnages criait « Regardez maintenant Nietzsche va faire des claquettes ! ». Je ne me suis pas retournée.
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