Ses critiques
40 critiques
9/10
Le format est celui d'un monologue joué. Le premier spectacle était "culotté" au sens où c'était une montée continue qui s'achevait comme elle avait commencé : un type pas arrogant, juste sûr de lui sans concession qui arrivait et repartait en métro.
Bref une forme de nature entière très singulière, un regard sombre mais lumineux.
Pour ce spectacle on commence par les loges, tout y passe en introduction, avec une ligne rouge sous rideau noir qui n'est pas loin de Satan (l'avantage du diable est qu'il est paradoxalement moins clivant qu'un dieu). Mais c'est l'homme qu'on connaît, au physique inattaquable (la jeunesse le sert encore de manière faustienne) qui vient par le côté de la scène. Effectivement c'est un monologue mis à jour (le renoncement très récent d'Hollande est cité) qui déboule, puissant, parfois métaphysique (le rapport entre le temps jeune et toute cette espérance de vie à vieillir , cette éternité inutile, c'est du Cioran ...), très charnu sur les attentats, coupant sur les bobos, épouvante érotique sur Marion Maréchal Le Pen (je partage le jugement sur le capital érotique de cette femme)...
On ressort plus pointu après avoir rit en confiance pas seulement parce qu'il y a du rire comme moteur mais parce que c'est la vigueur, l'élégance et une forme d'évidence (malgré l'inévitable travail) qui agit en Gaspard Proust.
L'un des meilleurs sans aucun doute.
Bref une forme de nature entière très singulière, un regard sombre mais lumineux.
Pour ce spectacle on commence par les loges, tout y passe en introduction, avec une ligne rouge sous rideau noir qui n'est pas loin de Satan (l'avantage du diable est qu'il est paradoxalement moins clivant qu'un dieu). Mais c'est l'homme qu'on connaît, au physique inattaquable (la jeunesse le sert encore de manière faustienne) qui vient par le côté de la scène. Effectivement c'est un monologue mis à jour (le renoncement très récent d'Hollande est cité) qui déboule, puissant, parfois métaphysique (le rapport entre le temps jeune et toute cette espérance de vie à vieillir , cette éternité inutile, c'est du Cioran ...), très charnu sur les attentats, coupant sur les bobos, épouvante érotique sur Marion Maréchal Le Pen (je partage le jugement sur le capital érotique de cette femme)...
On ressort plus pointu après avoir rit en confiance pas seulement parce qu'il y a du rire comme moteur mais parce que c'est la vigueur, l'élégance et une forme d'évidence (malgré l'inévitable travail) qui agit en Gaspard Proust.
L'un des meilleurs sans aucun doute.
7,5/10
Une exposition cohérente qui situe bien l'oeuvre de l'artiste : Le portrait de groupe comme trade mark, la nature et la vérité, anti impressionnisme, fascination pour les modernes cependant (en peinture et en musique).
Les natures mortes sont éblouissantes (fleurs). Finalement l'intérêt d'une expo est de faire remonter un artiste ancien à la lumière d'une contemporanéité inventée le temps de ce parcours dédié.
Les esquisses-autoportrait ont cette modernité étrange qui donnent à l'oeil de Fantin une forme de modernité non datée, étrangement universelle, inter temporelle.
Les natures mortes sont éblouissantes (fleurs). Finalement l'intérêt d'une expo est de faire remonter un artiste ancien à la lumière d'une contemporanéité inventée le temps de ce parcours dédié.
Les esquisses-autoportrait ont cette modernité étrange qui donnent à l'oeil de Fantin une forme de modernité non datée, étrangement universelle, inter temporelle.
8/10
C'est dans un unique décor que tout se joue. Beau décor où les épaves sont des restes d'animaux, squelettes ou empaillés. C'est cette ironie qui plante une modernité.
Le ton de Bacri aussi insuffle cette modernité humaine d'un homme en retrait des agitations, cherchant la paix et plutôt laconique, son personnage ne se livre pas dans la rhétorique comme la plupart des personnages mais n'est jamais loin du doute par la bonté, à la limite de la lâcheté mais volontaire quand même pour sauver les vies (par affection et pur bon sens moderne -la modernité donne au désir toute sa volonté -)
Il y a donc ce lieu qui est un entrepôt de l'observation encyclopédique du monde. Ces femmes savantes voudraient faire entrer le monde dans un salon mais leur vive ambition n'est pas corrélée à un jugement sûr. La connaissance est si diffuse qu'élle est aussi une intimidation vertigineuse, c'est ce vertueux vertige qui finalement les ègare un peu soit dans l'amour (la fille aînée perd son amour dans une sorte de vanité d'espoir érudit) soit dans l'escroquerie (la mère croit au talent d'un empoudré pilleur de vers qui n'en veut qu'à ses biens).
Mais Molière n'accable pas ces vertueuses, la mère garde malgré cette errance une vraie grandeur de cœur et c'est au final cette grandeur d'âme qui transparaît et qui fait qu'il n'y a pas de ridicule pour la disgracier aux yeux du public. La fille, grande en taille, restera malgré les larmes, perchée dans son credo spirituel, chose louable.
Une belle troupe pour une pièce de Molière tout en genre plutôt féministe mais qui interroge aussi sur la vraie nature des gens (gens d'esprit ou pas gens d'esprit ?) sur le fameux bon sens populaire (le port de la culotte par l'homme est il une fatalité ?).
Finalement genre féminin ou masculin doivent s'apparier pour l'intelligence (ou se séparer intelligemment). Les rôles se redistribuent et la femme doit jouer son rôle au même titre que l'homme.
Une pièce qui s'achève entre femmes, en belles voix. La beauté n'est-ce pas féminin au fond ?
Le ton de Bacri aussi insuffle cette modernité humaine d'un homme en retrait des agitations, cherchant la paix et plutôt laconique, son personnage ne se livre pas dans la rhétorique comme la plupart des personnages mais n'est jamais loin du doute par la bonté, à la limite de la lâcheté mais volontaire quand même pour sauver les vies (par affection et pur bon sens moderne -la modernité donne au désir toute sa volonté -)
Il y a donc ce lieu qui est un entrepôt de l'observation encyclopédique du monde. Ces femmes savantes voudraient faire entrer le monde dans un salon mais leur vive ambition n'est pas corrélée à un jugement sûr. La connaissance est si diffuse qu'élle est aussi une intimidation vertigineuse, c'est ce vertueux vertige qui finalement les ègare un peu soit dans l'amour (la fille aînée perd son amour dans une sorte de vanité d'espoir érudit) soit dans l'escroquerie (la mère croit au talent d'un empoudré pilleur de vers qui n'en veut qu'à ses biens).
Mais Molière n'accable pas ces vertueuses, la mère garde malgré cette errance une vraie grandeur de cœur et c'est au final cette grandeur d'âme qui transparaît et qui fait qu'il n'y a pas de ridicule pour la disgracier aux yeux du public. La fille, grande en taille, restera malgré les larmes, perchée dans son credo spirituel, chose louable.
Une belle troupe pour une pièce de Molière tout en genre plutôt féministe mais qui interroge aussi sur la vraie nature des gens (gens d'esprit ou pas gens d'esprit ?) sur le fameux bon sens populaire (le port de la culotte par l'homme est il une fatalité ?).
Finalement genre féminin ou masculin doivent s'apparier pour l'intelligence (ou se séparer intelligemment). Les rôles se redistribuent et la femme doit jouer son rôle au même titre que l'homme.
Une pièce qui s'achève entre femmes, en belles voix. La beauté n'est-ce pas féminin au fond ?
9/10
Une pièce de boulevard "expérimentale" sur les délices de l'amour muse.
Comment un industriel du caoutchouc veut rendre hommage à la beauté sans demander rien d'autre à cette beauté que d'être cette ivresse sans fin d'une éternité non consommée.
On perçoit là toute l'ironie presque naïve du sujet, comment finalement sortir du "boulevard" cet amour-théâtre avec ses petites intrigues à maîtresses et mensonges, émotions lassées qui ne peuvent se renouveler que par la multiplication des aventures. Comme il est dit, les contrats que l'on signe (le mariage) ne sont pas autre chose qu'un pauvre espoir de confort dans lequel l'élan de l'âme ne peut pas toujours s'épanouir. La société bourgeoise se moque de l'âge d'or mais range son ennui dans des salons aux rituels plutôt éteints.
C'est toute l'ingéniosité de ce texte qui énonce le paradoxe de l'ennui et du confort, de l'amour infini et des mesquineries de l'esprit, énonce tout en restant sur le versant du rire, mais pas forcément le rire déployé, aussi la démonstration douce amère de l'impasse des passions.
Une certaine mélancolie légère pourrait conclure la pièce, comme une station thermale sur fond de nature idyllique, décor dans lequel l'homme se prend à rêver, juste à rêver d'autre chose, juste rêver sa vie peut être, ambitieuse mélancolie.
Acteurs brillants, scénographie efficace.
Du boulevard mais pas que.
Comment un industriel du caoutchouc veut rendre hommage à la beauté sans demander rien d'autre à cette beauté que d'être cette ivresse sans fin d'une éternité non consommée.
On perçoit là toute l'ironie presque naïve du sujet, comment finalement sortir du "boulevard" cet amour-théâtre avec ses petites intrigues à maîtresses et mensonges, émotions lassées qui ne peuvent se renouveler que par la multiplication des aventures. Comme il est dit, les contrats que l'on signe (le mariage) ne sont pas autre chose qu'un pauvre espoir de confort dans lequel l'élan de l'âme ne peut pas toujours s'épanouir. La société bourgeoise se moque de l'âge d'or mais range son ennui dans des salons aux rituels plutôt éteints.
C'est toute l'ingéniosité de ce texte qui énonce le paradoxe de l'ennui et du confort, de l'amour infini et des mesquineries de l'esprit, énonce tout en restant sur le versant du rire, mais pas forcément le rire déployé, aussi la démonstration douce amère de l'impasse des passions.
Une certaine mélancolie légère pourrait conclure la pièce, comme une station thermale sur fond de nature idyllique, décor dans lequel l'homme se prend à rêver, juste à rêver d'autre chose, juste rêver sa vie peut être, ambitieuse mélancolie.
Acteurs brillants, scénographie efficace.
Du boulevard mais pas que.
6/10
Une chorégraphie du chaos sur un radeau d'antichambre. Mal assis et fatigué c'est aussi une pièce inconfortable. Dans un meilleur fauteuil cela donne peut être au voyeurisme de l'esprit une meilleure assise mais là mon corps a décroché même si mes réminiscences au réveil n'étaient pas fermées à cette destruction finalement plutôt ludique.
La mise en scène soigne donc cet inconfort, les lumières sont obliques, infusant sous les portes ou par le couloir, l'escalier. Les comédiens sont totalement dans le ton, la destruction est parfaite, vainement humaine. Le loup reste derrière la porte et la maison ne s'écroule pas encore. Il faut continuer à vivre. D'autres alcools sur l'amertume et la cruauté, d'autres deuils avant de dormir.
La mise en scène soigne donc cet inconfort, les lumières sont obliques, infusant sous les portes ou par le couloir, l'escalier. Les comédiens sont totalement dans le ton, la destruction est parfaite, vainement humaine. Le loup reste derrière la porte et la maison ne s'écroule pas encore. Il faut continuer à vivre. D'autres alcools sur l'amertume et la cruauté, d'autres deuils avant de dormir.