Connexion
Déconnexion
Déjà inscrit ?
Connectez-vous !
Pas de compte ? Créez le maintenant
Créez votre compte !
 
 
 
  • Accueil
  • La crème des critiques
  • Les pièces géniales
  • Les Expos
  • écrivez une critique
  • Visitez un balcon
Merci de sélectionner la pièce, l'expo que vous voulez critiquer dans la liste ci dessous.
Tapez une partie du nom du spectateur dont vous voulez visiter le balcon !
Tapez une partie du titre de l'événement, un nom de théâtre ou de musée
Tapez une partie du titre de l'événement, un nom de théâtre ou de musée
A bride Abattue
A bride Abattue
Mini-Molière du Critique
51 ans
21 espions
espionner Ne plus espionner
Passionnée de théâtre, je pense qu'on ne parle jamais assez des bonnes pièces!
Son blog : http://abrideabattue.blogspot.fr/search/label/spectacle
  • Son Balcon
  • Ses critiques
  • Ses filatures / espions

Ses critiques

384 critiques
Un cadeau particulier

Un cadeau particulier

7/10
42
Nous sommes dans un appartement stylé. Un sac enrubanné est posé ostensiblement sur une sellette. Ce cadeau particulier va dynamiter la soirée. Sur une petite table, attendent une bouteille de champagne et deux flûtes. Un fauteuil de velours. Un cactus derrière une porte coulissante vitrée évoque un balcon.

Éric (Didier Caron) va fêter ses cinquante ans. Sabine (Bénédicte Bailby) son épouse dévouée a préparé une soirée en tout petit comité, car Éric n’aime pas les grands raouts. Gilles (Christophe Corsand), son meilleur ami — mais également son associé (et peut-être plus encore bientôt ...) — sera le seul à y être convié.

Ses filles Léa en Australie et Émilie aux États-Unis vont lui souhaiter une bonne soirée chacune à leur manière. On sent bien quelle est la préférée et de ce coté là le père n'est pas au bout de ses surprises.

Avant de passer à table pour déguster un bon coq au vin, Sabine et Gilles lui offrent ses cadeaux. Celui de son épouse le comble de joie… mais quand il déballe celui de Gilles le public découvre que c’est un livre (je ne vous en dirai pas plus) datant de 1923, un bel ouvrage dans lequel il est censé se retrouver mais qui provoque sa fureur.

Ce livre serait-il censé faire passer un message ?

Estomaqué, Eric lâche : Mais pourquoi m’offres-tu ça ?! avant de reconnaitre que C’est surtout le geste qui compte. Et justement, ce choix l'agace car il est justifié par le fait que depuis deux ans il est vu comme un gentil avec du caractère, en réalité un despote qui a horreur de la contradiction, quasiment un dictateur.

De déconvenues en révélations explosives, la soirée va alors s’avérer des moins paisibles …et le balcon sera souvent utile pour se réfugier quand l'atmosphère est à l'orage. Car Eric ne compose pas : il fait 100% la gueule.

Les surprises vont s'enchainer, preuve que Dickens avait raison d'affirmer : Chaque homme est pour son prochain un mystère et un secret. Sabine surprendra l'auditoire avec ses fantasmes. La jalousie marquera la conversation. Les jardins secrets seront saccagés et chacun se retrouvera à découvert à la fin de cette soirée très pimentée qui se terminera sur l'air de La mauvaise réputation de Georges Brassens.

A bien des égards j'ai pensé à la pièce Le prénom qui, avec moins de personnages, était elle aussi ponctuée de retournements de situations.

A l'approche des fêtes de Noël ce spectacle à l'humour décapant aura la vertu de mettre en garde les spectateurs contre les choix de cadeaux qui se veulent subtils autant que contre la manière d'annoncer de grandes nouvelles.
Signaler
Crise de nerfs

Crise de nerfs

9/10
14
S'il y a bien des personnes qui peuvent légitimement faire une crise de nerfs ce sont les artistes et tous ceux qui sont touchés par le couvre-feu annoncé il y a 48 heures.

Pourtant ils les ont solides, les nerfs, et Jacques Weber en a fait la démonstration en estimant à la fin de la représentation de mercredi que la situation n'était pas si catastrophique que cela. Le théâtre a résisté à tout et est resté vivant, alors s'il y a d'autres horaires ... (long silence, soupir) démerdez-vous !

Nous nous quittions rassurés, prêts à venir les applaudir en plein après-midi ou même le matin, pourquoi pas. Ce que les salles de cinéma d'avant-garde avaient réussi à faire n'était pas inaccessible aux salles de spectacle. On allait s'adapter de part et d'autre du "quatrième mur".

C'était sans compter l'aggravation de la situation qui allait contraindre les lieux culturels à fermer et à repousser sans cesse leur réouverture comme cela se murmurait déjà dans les cercles du pouvoir.

J'espère que vous pourrez bientôt aller savourer, le terme n'est pas trop fort, ces trois farces de Tchekhov qui constituent un ensemble très cohérent dans lequel Jacques Weber tient le premier rôle, je devrais écrire "les premiers rôles". Il n'est pas tout seul puisque Loïc Mobihan lui donne la réplique dans Le chant du cygne et dans Une demande en mariage. Et Manon Combes les rejoint dans cette dernière pièce.

Il n'empêche qu'il nous offre depuis le 22 septembre trois superbes numéros d'acteur, dans des registres très différents. Heureux sont ceux qui comme moi ont pu assister à une représentation. C'est du grand théâtre.

C’est assez étonnant d’avoir choisi Le chant du cygne pour commencer. Quoique à la réflexion il est plutôt astucieux d’y aller decrescendo en terme de pessimisme. Cela permet de finir la soirée dans les rires.

On comprend vite que l’on est censé être dans un théâtre vidé de ses spectateurs (ce qui hélas est prémonitoire, mais on l’ignore à cette heure). Le comédien se dit tranquille comme Baptiste, mais il crâne un peu. Je pique un roupillon, les spectateurs sont partis depuis longtemps.

On se rend compte qu’il est ivre. Sa voix résonne. On pourrait diminuer l’effet de réverbération. Jacques Weber n’a guère besoin de cet artifice pour faire passer l’émotion. Celle que suscite le désarroi d’un homme se retournant in extremis sur son passé. C'est noir et froid comme dans une cave, une fosse noire sans fin comme une tombe. La vie, elle a passé, juste un peu, 55 ans que je me voue à la scène et je la vois de nuit pour la première fois.

En compagnie de son souffleur qui n’a pas d’autre endroit où passer la nuit, celui qui a été autrefois tant encensé mesure la dégringolade que représente la vieillesse. La prise de conscience est terrible. Elle pourrait s’appliquer à toute personne ayant vécu dans les honneurs et le comédien nous la fait toucher d’un simple mouvement de la main.

Tour à tour envahi par le rôle du Roi Lear, d’Hamlet ou d’Othello, il se consume sous la musique d’un film de Chaplin. Avec un talent immense.

Le voilà qui revient, presque méconnaissable, en vieux prof conférencier qui cherche à nous faire croire qu’il médite et même parfois qu’il se risque à écrire des articles "quasiment" scientifiques sur Les méfaits du tabac dont il nous livre un extrait d’une voix quasi emphysémateuse. Il est au bord de s’effondrer et nous sommes ravis de son jeu d’acteur car on sait bien que c’est pour de faux, comme disent les enfants.

Je ne me souviens pas avoir vu Jacques Weber dans un rôle aussi allumé, à la fois follement pathétique et diablement drôle.

A l’instar de la farce précédente on est face à un homme malheureux et meurtri mais c’est une autre facette de la déchéance qui nous est donnée à voir. Le problème est devenue chronique et on ne peut qu’approuver le personnage d’espérer qu'on se sauve de cette vie à deux sous.

La dernière est la plus joyeuse. Je la connaissais pour l’avoir vue, curieux hasard, interprétée par Emeline Bayart, laquelle joue et met en scène en ce moment dans ce même théâtre On purge bébé ????

Je voulais m’interdire toute comparaison mais le texte est si bien ficelé que c’est un bonheur de le réentendre. Le jeu des comédiens est très physique, se répondant en miroir. On ne peut qu’adorer ce moment. On finit par ne plus avoir envie de compatir pour cet homme qui nous dit pourtant être le plus malheureux du monde. Car ce malheur là, ce soir, a fait notre bonheur.
Signaler
On purge Bébé, Émeline Bayart

On purge Bébé, Émeline Bayart

8,5/10
32
Quelle atmosphère hier soir devant le Théâtre de l'Atelier où chaque spectateur a conscience que c'est peut-être une des dernières fois avant longtemps qu'il se rend au théâtre à un horaire "classique".

C'est en effet ce soir là que le gouvernement va annoncer de nouvelles mesures pour lutter contre la propagation du Covid.

Mais avant cela, place à la comédie avec On purge bébé ? dont la présentation vient d’avoir lieu devant le public parisien, après une création au théâtre Montansier de Versailles. J’ajoute qu’une longue tournée est d’ores et déjà prévue, avec notamment pour étape le Théâtre Firmin Gémier La Piscine de Chatenay-Malabry (92) qui est un des co-producteurs.

L’ouvreuse n’insiste plus longuement sur les interdictions d’usage du téléphone portable. Ce sont les restrictions sanitaires qui priment, la dernière étant la recommandation de sortir, à la fin du spectacle, comme les avions, par l’arrière, en commençant par le dernier rang et de nous répartir ensuite rapidement sur l’ensemble de la place Charles Dullin en évitant les attroupements. Une atmosphère de clandestinité s’installe subrepticement. On se croirait dans une scène du film Le Dernier Métro.

Encore heureux d’assister à une comédie. Cela va nous détendre.

Le décor n’est pas engageant à première vue. Un voile en masque l’essentiel derrière une chaise de velours bleu, abandonnée de travers au bord de la scène. Je remarque à Cour, sur un piano droit (qui sera un des éléments essentiels du spectacle), une Tour Eiffel qui me parait incongrue mais dont la présence va se justifier dans quelques instants.


Emeline Bayart n’est pas aussi célèbre que ce monument mais je pense pouvoir dire qu’elle sera bientôt reconnue comme une grande actrice comique. Il est tentant, en l’écoutant chanter, simplement vêtue d’un déshabillé peu flatteur alors qu’elle est ce qu’on appelle "une belle femme", d’y voir une sorte d’acte de bravoure. Elle sait tout faire. Jouer bien sûr, chanter évidemment, et aussi mettre en scène, comme elle le démontre avec cette pièce de Georges Feydeau, appartenant au répertoire du vaudeville.
Elle m’avait épatée il y a deux ans, au cinéma, dans le rôle-titre du film de Bruno Podalydès, Bécassine. Je l’avais déjà fort appréciée l’année suivante au Poche Montparnasse où elle jouait Tchekhov à la Folie dans la mise en scène de Jean-Louis Benoît (une des farces sera d’ailleurs interprétée plus tard sur cette même scène par Jacques Weber dans la soirée au cours du spectacle Crise de nerfs). Je devais ensuite l’entendre chanter mais la crise a tout bouleversé.

Dans On purge bébé ???? elle interprète les chansons en direct et sa voix a une belle amplitude. La première célèbre la Tour Eiffel, d’où la présence de la statuette, que son personnage juge magique. La comédienne déclenche des cascades de rires quand le monument est qualifié d’obélisque à l’instar de la colonne de la Place Vendôme. Rien ne lui "arrive à la cheville" fait-elle remarquer à son époux Daniel, en sous-entendant des allusions coquines à sa virilité.

Les dialogues aussi nourrissent les rires. Par exemple à propos de la définition suivante : De la terre entourée d’eau, c’est de la boue ou une île ? On ne trouve rien dans ce dictionnaire se plaindra le mari qui estime que n’y figure que ce dont on n’a pas besoin. J’ai essayé de m’en tirer par la tangente, avouera-t-il.


Madame Follavoine n’est pas moins caricaturale, elle qui justifie d’avoir une bonne au fait que tant qu’elle la regarde elle lui sert (sous-entendu à quelque chose). Elle revendique être "femme d’intérieur, bonne ménagère, ... parce qu’on ne sait jamais dans la vie si on aura toujours des gens pour nous servir".
Au-delà de ses jugements à l’emporte-pièce, c’est surtout son caractère hystérique qui la caractérise et son amour démesuré pour son fils sans doute trop chéri, qu’elle appelle toujours Bébé (Valentine Alaqui, qui est aussi la bonne) et qui a tout de même sept ans. L’enfant est, on l’aura deviné, parfaitement caractériel. L’enfant chéri serait atteint de constipation, une situation avec laquelle il ne faut jamais plaisanter, insiste la mère, en appuyant lourdement sur le "a" du mot constipation. Et comme elle est tordante quand elle mime d’avaler de l’huile de ricin !


Le mari (Éric Prat) est pressé de conclure avec monsieur Chouilloux (Manuel Le Lièvre) un marché portant sur la vente de pots de chambre pour tous les soldats de l’Armée française, auxquels le gouvernement a promis un vase de nuit personnel gravé à son matricule, dans l’objectif d’améliorer leur sort. Le temps passe et sa femme déambule toujours en nuisette, pas gênée pour un sou alors que la perspective d’être étiquetée comme femme du marchand de pots de chambre ne lui convient pas du tout.
Les rebondissements s’enchaînent en multipliant les paradoxes. Jusqu’à l’invitation du client avec sa femme, et l’amant de celle-ci, comme si l’adultère "au grand complet" appartenait aux convenances.


Le jeu des comédiens est efficace, avec concours de grimaces, d’accents et de mimes. On chante, on se contorsionne et on s‘encouicouine. L’un mime parfaitement la colique et l’autre le désespoir.

On pense à une autre pièce de Feydeau, Mais ne te promène donc pas toute nue, qu’interpréta Arletty. On songe aussi à Jacqueline Maillan. Bref, on passe un bon début de soirée. Et on en a bien besoin.
Signaler
A l'abordage

A l'abordage

9,5/10
8
Voilà un spectacle qui m’a enthousiasmée. J’aurais pu avoir une idée précise de ce qui allait m’attendre si j’avais reconnu l’auteure.

Mais connaissant Emmanuelle Bayamack-Tam sous le nom qu’elle emploie lorsqu’elle publie en littérature jeunesse, à savoir Rebecca Lighieri, je n’avais absolument pas imaginé que c'était elle qui avait écrit la pièce; et pourtant j'ai songé à elle plusieurs fois en raison notamment de la préoccupation écologique exprimée par les personnages. J'avais particulièrement pensé à un de ses derniers romans pour la jeunesse, Eden, paru à l'Ecole des loisirs.

Le dispositif quadrifrontal permet de multiplier par 4 le nombre de premiers rangs et la visibilité est maximale pour davantage de spectateurs. Il est particulièrement adapté à la situation sanitaire parce que, du coup le public n’est pas pénalisé par l’obligation de s’écarter les uns des autres. Je me suis interrogée sur cette disposition. Était-elle intentionnelle pour assurer de meilleures places à plus de personnes ? En tout cas cet espace plus clos est à propos.

Un voile léger occulte pour partie la vue de ce qui se passe sur scène alors que le public entre dans la salle, le plaçant en position de voyeur et lui donnant envie que ces rideaux soient tirés. Je dois dire que, ajouté à la buée qui occulte soudain les lunettes (à cause du masque) Je me suis sentie en plein brouillard ...

Sasha (Louise Grinberg) et Carlie (Elsa Guedj) se sont introduites dans une communauté très fermée où une sorte de gourou impose l’interdiction d’aimer, imposant un voeu de chasteté, la méditation et la permaculture. Seulement voilà, Sasha est immédiatement tombée amoureuse d’un jeune homme, Ayden (David Guez), et elle est prête à tout pour obtenir le droit de l’approcher. Le séduire ne sera ensuite qu’une formalité.

Son amie Carlie est quant à elle totalement épatée par le cadre : Tu sens comme on respire bien ici : le buis, le potager bien tenu, la mousse... Mais Sasha n'écoute pas. Elle est obnubilée par son désir : Je vais leur apprendre l’amour ! À l’abordage ! Et pas de quartier !

Voilà, le cri de guerre est lancé. Et même les multiples clins d'oeil tombent à propos, par exemple l'affirmation "l'amour au premier regard, ça existe" (qui peut faire allusion à l'émission de télé-réalité reprenant cette expression) ou les paroles de la chanson de Mike Brant Laisse-moi t'aimer. Ou encore, et c'est un moment très beau, l'interprétation de Be My Baby (août 1963) écrite par Phil Spector, Jeff Barry et Ellie Greenwich et chantée à l'époque par The Ronettes, qu'Elsa Guedj interprète admirablement.

On se sent en phase avec le parti-pris, fut-il osé. On ne peut que l’approuver : Oui l’avantage de l’amour est que tu deviens expert sur le champ. Autrement dit, aimer donne des ailes. Et quand on aime on ne regarde pas aux moyens. L'amour est un parcours qui s'apparente à une randonnée. Le choix des costumes est donc pertinent. Et on verra combien Hanna Sjödin est inventive dans le domaine.

Les deux jeunes filles sont confrontées à des personnes qui ont une toute autre vision de la vie. Pour qui, l’abstinence n’est pas une mode mais une façon de respecter le temple de nos corps. On comprend qu’on va assister à de multiples échanges de type passing-shots. Et on se délecte d'avance.

L’auteure a une écriture très fluide. Les dialogues sonnent juste. Les double sens font écho aux doubles jeux des personnages sans jamais choquer ou verser dans le ridicule. En toute logique puisque Clément Poirée, le directeur de la Tempête, avait demandé à l'auteure de concevoir sa version du Triomphe de l'amour de Marivaux en en reprenant les grandes figues et les archétypes. A l'exception d'Arlequin (François Chary) qui encouragera d'enterrer nos vies de vieux garçons confinés, les noms des personnages ont été modifiés mais le parallèle est souvent évident.

Et c'est dans une langue d’aujourd’hui qu'Emmanuelle Bayamack-Tam propose une relecture jubilatoire de l’utopie formulée trois siècles avant, une mise à l’épreuve de la philosophie d’Hermocrate devenu Kinbote (Bruno Blairet). Un triomphe de nos corps désirants, l’amour inconditionnel comme horizon. La question étant de comment conquérir son désir et gagner sa liberté. Et c’est une interrogation universelle.

Clément Poirée a raison de dire qu'au final il s'agit du triomphe de la jeunesse, au sein d'un monde qui considère qu'il n'y a pas de salut hors de la mise à l'abri. Je recommande donc d'aller voir ce spectacle en famille... et puis de débattre ensuite de l'existence de l'amour.
Signaler
Yourte

Yourte

7/10
4
Le spectateur n'en a pas la perception (les costumes sont peu datés) mais la première scène se passe il y a une vingtaine d'années, un soir d’été 98, alors que la France entière agite des milliers de drapeaux tricolores, et que des millions de pauvres regardent quelques individus courir après un ballon.

Quatre enfants en protestation se font une promesse : "Un jour on vivra toutes et tous ensemble dans une Yourte !". Quitter la ville, troquer mille supermarchés pour un potager, larguer patrons, voitures, ordinateurs, smartphones, argent, et ne viser plus qu’un seul but ensemble : la cohérence. Vingt ans plus tard, ces enfants ont grandi, leurs rêves aussi… Résisteront-ils ? Le pacte est-il toujours sacré et irrévocable ? Est-il encore temps de réaliser leur promesse ?

Yourte raconte l’histoire de ces enfants du XXIème siècle qui ont grandi sous l’ère de la mondialisation et du capitalisme et qui, face aux menaces écologiques et les enjeux politiques qu'elles sous-tendent, décident de tout plaquer pour se réinventer. Ils et elles imaginent, inventent et construisent un nouveau monde, une manière de vivre qui leur ressemble et qui les rassemble.

Vivre ensemble en redécouvrant les saveurs de l'entraide, du partage, de l'égalité au sein d'un espace vert où béton, consommation, carriérisme et individualisme n'ont plus leur place.

C’est pour rendre compte de leurs rapports au temps, à l’espace, au travail, à la beauté, aux autres et à eu -mêmes que la compagnie Les mille Printemps cherche à analyser les étapes et les enjeux humains de cette migration utopique. À quel point peuvent-ils se libérer du monde qui les a construits ? Est-il réellement possible de se réinventer ?

Narrer leur histoire c’est aussi parler de celles et ceux qui ne rêvent pas, qui ne rêvent plus, ou qui rêvent de tout l’inverse. C'est confronter les utopistes aux fatalistes, les optimistes aux sceptiques.

Voir ce spectacle alors qu'on a été privé de théâtre (à quelques rares exceptions) et que l'on a réfléchi sur un monde que l'on espère meilleur rend l'attente du public plus forte. Et je me suis interrogée sur ce point puisqu'il a été créé avant la crise sanitaire.
En tout cas, la manière dont les comédiens accueillent individuellement chaque spectateur nous place dans des conditions spécifiques de réception. J'ai entendu autour de moi chacun dire "on est content d'être au théâtre". De fait, et dans le respect des nouvelles contraintes on peut considérer que la jauge était totalement atteinte.

Présenté comme une "comédie engagée" Yourte est en constant aller-retour entre ces deux pôles que sont la dérision et le sérieux. J'ai regretté de ne pas avoir pensé à demander le texte de la pièce, car il mérite sans nul doute qu'on s'y attarde. D'autant qu'il me semble qu'assister à un spectacle masqué réduit un peu la capacité du spectateur à se concentrer pleinement sur tout ce qui se passe. Surtout quand la représentation prend des allures de spectacle immersif et participatif.

La vitalité de la troupe et un texte écrit avec vivacité selon un processus créatif qui a déjà fait ses preuves nous démontre que l'humanité n'est pas foutue. Et cela parce que l'altermondialisme n'est pas une utopie en revendiquant des valeurs de démocratie, de justice économique, de sauvegarde d l'environnement et des droits humains. La mondialisation n'est pas bannie mais on la veut maitrisée et surtout solidaire.

Le décor est modulable, composé d'assemblages, ce qui occasionne des manipulations invitant le public à assister en direct à son élaboration, parfois en mettant lui-même la main aux bambous. La diversité est un point important qui se traduit en sons et en lumières.

Cette évolution constante du décor est métaphorique des changements que notre monde connait (subit...) de façon incessante. Gabrielle Chalmont et Marie-Pierre Nalbandian qui ont écrit le texte, dans une langue claire et accessible, bien ancrée dans le monde d'aujourd'hui, nous posent donc la question de savoir si changer s'accompagne de trahison.

En tout cas des décisions devront être prises et comme chacun le sait, choisir c'est aussi renoncer.

Un spectacle à voir en ce moment à Paris au Théâtre 13 puis en tournée.
Signaler
  • 6
  • 7
  • 8
  • Que pensez-vous du site ?
  • Plan du site
  • Écrire sur une pièce non référencée
  • Écrire sur une pièce plus jouée
  • Critiques de théâtre
  • Quel site de réservation choisir ?
  • Interviews et articles de la Rédaction
  • Comédie Française
  • Avis de spectateurs
  • Les Tomates AuBalcon 2015
  • Expositions Temporaires
  • Les meilleures pièces
  • AuBalcon.fr dans la presse
  • Qui sommes nous ?
  • Les Triomphes AuBalcon 2016
  • Contactez-nous
Design By Sistart - Intégré par iKadoc