Ses critiques
384 critiques
9,5/10
Je n'imaginais pas voir La mégère apprivoisée, mise en scène par Frédérique Lazarini, car j'étais partie pour assister à un autre spectacle, qui ce soir là, exceptionnellement fut en relâche, le temps d'assurer sa captation
Alors voilà comment j'ai bénéficié d'une représentation particulière, sans public. J'en suis ressortie enchantée par le travail de mise en scène et le jeu des acteurs. Ç'aurait été dommage de s'en priver. C'est une chance pour les festivaliers avignonnais qu'il soit programmé au Chêne noir cet été. Il avait été créé à l'Artistic Théâtre fin 2020 mais je n'avais pas pu venir le voir, en raison des contraintes sanitaires.
C'était alors Sarah Biasini qui jouait Catarina. Je ne peux rien dire de son interprétation mais je vous garantis que celle de Delphine Depardieu vaut le déplacement.
Pour résumer le propos en quelques mots, c'est l'histoire d'une jeune femme profondément insoumise, résolument moderne. Frédérique Lazarini a choisi de nous raconter son combat pour gagner le droit à la parole et conquérir une certaine liberté dans la salle d'un cinéma ambulant, installé sur la place d'un village.
On connait les pâtisseries revisitées. Il va falloir compter avec les classiques eux aussi revisités car je serais surprise que Frédérique ne poursuive pas sur sa lancée. Son adaptation est le fruit d'une lecture attentive et intelligente de la pièce de Shakespeare qu'il serait stupide de jouer "à la lettre" après les secousses de mouvements féministes comme #metoo.
Elle a bien raison de s'interroger sur la nature de l'insoumission de la Mégère en nous la montrant rebelle certes, mais fine d'esprit. Puisque Shakespeare, en son temps, avait rompu de façon cruciale avec les décennies précédentes, en donnant à voir les paysages de Venise, de Vérone, ou de Padoue sur la scène londonienne, elle peut se permettre de situer l'intrigue dans une atmosphère de comédie italienne des années 50-60. D'autant que le cinéma italien de cette époque puise ses sources dans plusieurs traditions théâtrales : la commedia dell’arte bien sûr, dont l’influence reste prépondérante quant à la typologie des personnages et le récit picaresque pour la trame générale du récit, mais aussi dans les intermèdes comiques du Music-Hall populaire, très en vogue à la fin de la guerre.
Le spectacle commence dans l'atmosphère d'une fin de soirée estivale, avec des chants d'oiseaux et des aboiements, qui s'entrechoquent avec des rires qui s'échappent des coulisses. Les scènes jouées s'enchaînent avec les moments filmés, en noir et blanc, avec les mêmes comédiens, plus quelques autres, ce qui a permis une distribution plus resserrée (sans nul doute utile en période Covid, mais de toute façon justifiée artistiquement).
Bianca, la fille cadette est amoureuse de Lucentio. Mais le père ne consentira à son mariage qu'après avoir casé l'ainée, laquelle apparait en véritable diablesse, surtout au cinéma. Elle veut maitriser son destin et la pauvre Bianca doit subir sa jalousie et ses sautes d'humeur. Catarina n'a pas beaucoup de charme mais elle a une dot conséquente. L'amoureux transi cherchera un "bon sacrificateur" susceptible d'épouser celle qu'il veut voir devenir sa belle-soeur. Petruchio sera le candidat idéal : un bel homme, désargenté, beau parleur.
L'heureuse surprise sera que Catarina comme Petruchio vont prendre plaisir à se chamailler. Le futur beau-père commande à Petruchio de se cuirasser et celui-ci fait le coq en affrontant Catarina en tenue rouge, mais sur les hanches comme une torera. Leurs joutes verbales pourraient bien s'inscrire dans un jeu de séduction réciproque, ce qui signifierait que la femme, tel un roseau, aura plié sans rompre, et qu'elle n'aura rien perdu de ses aspirations. Elle resplendit le jour de son mariage, irradiant de beauté alors que son prétendant surgit en rockeur croquant la pomme. La cérémonie sera fantasque. Catarina se fâchera si elle veut : la femme aussi doit imposer sa volonté. c'est ce qu'on nomme égalité.
Le père les qualifiera se couple d'amants explosifs. C'est la célébration de la folie et la scène du dîner de spaghettis bolognese est digne de Fellini. Aucun doute que ces deux-là ont la cervelle malade. Et à la toute fin ce sera la sœur de Shakespeare qui, à travers la voix de Catarina, aura le dernier mot, en lisant un extrait de Une Chambre à soi de Virginia Woolf.
Les costumes de Dominique Bourde ont quelque chose d'élisabéthain tout en évoquant les années 50. Ils sont d'une élégance folle. Les jeux de lumières sont à propos. Les chants sont jolis. Les accents chantent. Le jeu des comédiens est savoureux. Je me suis retenue de rire avec difficulté (n'oubliez pas que pendant une captation le silence absolu est requis dans la salle).
Alors voilà comment j'ai bénéficié d'une représentation particulière, sans public. J'en suis ressortie enchantée par le travail de mise en scène et le jeu des acteurs. Ç'aurait été dommage de s'en priver. C'est une chance pour les festivaliers avignonnais qu'il soit programmé au Chêne noir cet été. Il avait été créé à l'Artistic Théâtre fin 2020 mais je n'avais pas pu venir le voir, en raison des contraintes sanitaires.
C'était alors Sarah Biasini qui jouait Catarina. Je ne peux rien dire de son interprétation mais je vous garantis que celle de Delphine Depardieu vaut le déplacement.
Pour résumer le propos en quelques mots, c'est l'histoire d'une jeune femme profondément insoumise, résolument moderne. Frédérique Lazarini a choisi de nous raconter son combat pour gagner le droit à la parole et conquérir une certaine liberté dans la salle d'un cinéma ambulant, installé sur la place d'un village.
On connait les pâtisseries revisitées. Il va falloir compter avec les classiques eux aussi revisités car je serais surprise que Frédérique ne poursuive pas sur sa lancée. Son adaptation est le fruit d'une lecture attentive et intelligente de la pièce de Shakespeare qu'il serait stupide de jouer "à la lettre" après les secousses de mouvements féministes comme #metoo.
Elle a bien raison de s'interroger sur la nature de l'insoumission de la Mégère en nous la montrant rebelle certes, mais fine d'esprit. Puisque Shakespeare, en son temps, avait rompu de façon cruciale avec les décennies précédentes, en donnant à voir les paysages de Venise, de Vérone, ou de Padoue sur la scène londonienne, elle peut se permettre de situer l'intrigue dans une atmosphère de comédie italienne des années 50-60. D'autant que le cinéma italien de cette époque puise ses sources dans plusieurs traditions théâtrales : la commedia dell’arte bien sûr, dont l’influence reste prépondérante quant à la typologie des personnages et le récit picaresque pour la trame générale du récit, mais aussi dans les intermèdes comiques du Music-Hall populaire, très en vogue à la fin de la guerre.
Le spectacle commence dans l'atmosphère d'une fin de soirée estivale, avec des chants d'oiseaux et des aboiements, qui s'entrechoquent avec des rires qui s'échappent des coulisses. Les scènes jouées s'enchaînent avec les moments filmés, en noir et blanc, avec les mêmes comédiens, plus quelques autres, ce qui a permis une distribution plus resserrée (sans nul doute utile en période Covid, mais de toute façon justifiée artistiquement).
Bianca, la fille cadette est amoureuse de Lucentio. Mais le père ne consentira à son mariage qu'après avoir casé l'ainée, laquelle apparait en véritable diablesse, surtout au cinéma. Elle veut maitriser son destin et la pauvre Bianca doit subir sa jalousie et ses sautes d'humeur. Catarina n'a pas beaucoup de charme mais elle a une dot conséquente. L'amoureux transi cherchera un "bon sacrificateur" susceptible d'épouser celle qu'il veut voir devenir sa belle-soeur. Petruchio sera le candidat idéal : un bel homme, désargenté, beau parleur.
L'heureuse surprise sera que Catarina comme Petruchio vont prendre plaisir à se chamailler. Le futur beau-père commande à Petruchio de se cuirasser et celui-ci fait le coq en affrontant Catarina en tenue rouge, mais sur les hanches comme une torera. Leurs joutes verbales pourraient bien s'inscrire dans un jeu de séduction réciproque, ce qui signifierait que la femme, tel un roseau, aura plié sans rompre, et qu'elle n'aura rien perdu de ses aspirations. Elle resplendit le jour de son mariage, irradiant de beauté alors que son prétendant surgit en rockeur croquant la pomme. La cérémonie sera fantasque. Catarina se fâchera si elle veut : la femme aussi doit imposer sa volonté. c'est ce qu'on nomme égalité.
Le père les qualifiera se couple d'amants explosifs. C'est la célébration de la folie et la scène du dîner de spaghettis bolognese est digne de Fellini. Aucun doute que ces deux-là ont la cervelle malade. Et à la toute fin ce sera la sœur de Shakespeare qui, à travers la voix de Catarina, aura le dernier mot, en lisant un extrait de Une Chambre à soi de Virginia Woolf.
Les costumes de Dominique Bourde ont quelque chose d'élisabéthain tout en évoquant les années 50. Ils sont d'une élégance folle. Les jeux de lumières sont à propos. Les chants sont jolis. Les accents chantent. Le jeu des comédiens est savoureux. Je me suis retenue de rire avec difficulté (n'oubliez pas que pendant une captation le silence absolu est requis dans la salle).
9,5/10
Le décor du Petit coiffeur évoque un salon de coiffure tel qu’il en existait au milieu du siècle dernier, tout autant que son logement attenant dans un dispositif astucieux conçu par Juliette Azzopardi, qui se plie et se déplie autant que nécessaire. On remarque quelques éléments incontournables comme le fauteuil typique du coiffeur (qui revient en force à la mode dans les salons de barbier aujourd’hui), ou le gramophone.
L’homme faisait tenir son pantalon avec des bretelles que le patriote choisissait bleu-blanc-rouge. Il était tout autant naturel pour la femme d’enfiler des socquettes dans de grosses chaussures, bien confortables pour marcher longtemps et loin. Le soir on suivait Radio Londres en guettant les sous-entendus derrière des formules hermétiques pour l'ennemi. Nous ne sommes pas surpris d'entendre quelques formules comme "Les sanglots longs de l’automne… ". On est en terrain connu.
Ce qui est très fort, c’est que le spectacle démarre mollement, dans le convenu. On se demande si on ne s’est pas trompé de théâtre et puis tout bascule quand arrive le morceau de bravoure de la mère, servi par Brigitte Faure qui révèle alors une amplitude de jeu extraordinaire. Elle a, si je puis dire, la carrure d’une Nathalie Baye en colère.
On sera alors transporté par des rivières d’émotions jusqu’à la fin. Chaque comédie, un peu à l’instar d’une musique de jazz, aura son moment particulier pour exprimer toutes ses qualités de jeu. C’est très habilement écrit, comme Jean-Philippe Daguerre nous y a habitué.
Il est parti de la photographie de Robert Capa, représentant une femme tondue à la Libération dans une rue de Chartres, portant son bébé de trois mois dans les bras. Le cliché est devenu célèbre sous le nom de "La tondue de Chartres". Jean-Philippe Daguerre a imaginé toute une histoire, avec bien entendu des rebondissements qui nous interroge sur le poids des ressentiments, la force de l'amour et la vertu de la tolérance. Avec des dialogues qui percutent et un humour qui provoque souvent le rire sans jamais faire basculer la pièce dans la vulgarité.
Florentine Houdinière a conçu des chorégraphies qui sont de petits moments délicieux offrant une respiration nécessaire car le sujet demeure grave. La première est longuement applaudie.
Après les horreurs de la guerre, la Libération aurait dû être un moment heureux. Hélas, les jalousies et la convoitise ont attisé des actions peu glorieuses, menées sous couvert de rétablir l'ordre. Mais lequel ?
L'ami du mari défunt (dénoncé aux allemands par on ne sait qui) s'empressera de chercher à consoler la veuve, une figure emblématique de la Résistance française, et promettra un nettoyage méticuleux de la ville. On voit ce personnage évoluer lui aussi, d'une radicalité inquiétante vers une humanité sensible. Romain Lagarde campe successivement toutes les facettes de l'ami, du salaud puis du fidèle compagnon.
Les soupçons de dénonciation se portent sur Lise (Charlotte Matzneff), une jeune institutrice, la bien jolie Mademoiselle Berthier comme la désigne Jean le grand frère (Arnaud Dupond), tant aimé, tant aimable aussi, borné dans ses obsessions mais capable de bon sens quand la situation devient cruciale.
Félix Beaupérin est le second frère, pas le préféré, mais pas le mal aimé pour autant. La mère dose son amour en fonction des besoins de ses enfants. Elle est le personnage clé de l'histoire. La seule capable de remettre les pendules à l'heure à coups de formules choc :
Quand on peut aimer on peut pardonner, c’est le principe !
On fait ce qu’on peut avec nos devoirs et nos désirs …
On était connu pour Jean Moulin, la tondue de Chartres lui a volé la vedette.
Ses conclusions sont des ordres frappés au coin du bon sens. Quand elle affirme que C’est juste le destin qui a décidé de foutre sa merde et qu'elle décide qu'alors on va devoir planquer Simone pendant plusieurs semaines, le temps que les choses s'apaisent, le public, enthousiaste applaudit à tout rompre, s'apprêtant à quitter la salle sur cette fin heureuse.
C'est mal connaitre Jean-Philippe Daguerre qui, après un nouvel intermède dansé, précipite les personnages dans une nouvelle tourmente, encore plus dramatique que la précédente. Heureusement que De Gaulle poussa un coup de gueule pour qu’on arrête la justice sauvage sinon la France aurait été à feu et à sang. C'est utile de nous le rappeler.
Pour que s'unissent les forces afin de faire grandir ce qui nous reste. On sort du théâtre troublé. Avec de nouvelles interrogations sur le bien-fondé de la vérité. Et surtout pas de réponses toutes faites ni de "leçon de morale". Du grand art théâtral.
Créée le 8 octobre 2020, le spectacle a été suspendu pour cause de crise sanitaire. Il reprend du 9 juin au 25 juillet 2021, au Rive Gauche - 6 rue de la Gaîté - Paris 75014, selon des horaires qui s’aménagent en fonction des variations des couvre-feux. Il sera aussi au Théâtre Actuel pendant le Festival d’Avignon. Je vous invite à consulter les sites de ces théâtres pour préparer votre venue.
L’homme faisait tenir son pantalon avec des bretelles que le patriote choisissait bleu-blanc-rouge. Il était tout autant naturel pour la femme d’enfiler des socquettes dans de grosses chaussures, bien confortables pour marcher longtemps et loin. Le soir on suivait Radio Londres en guettant les sous-entendus derrière des formules hermétiques pour l'ennemi. Nous ne sommes pas surpris d'entendre quelques formules comme "Les sanglots longs de l’automne… ". On est en terrain connu.
Ce qui est très fort, c’est que le spectacle démarre mollement, dans le convenu. On se demande si on ne s’est pas trompé de théâtre et puis tout bascule quand arrive le morceau de bravoure de la mère, servi par Brigitte Faure qui révèle alors une amplitude de jeu extraordinaire. Elle a, si je puis dire, la carrure d’une Nathalie Baye en colère.
On sera alors transporté par des rivières d’émotions jusqu’à la fin. Chaque comédie, un peu à l’instar d’une musique de jazz, aura son moment particulier pour exprimer toutes ses qualités de jeu. C’est très habilement écrit, comme Jean-Philippe Daguerre nous y a habitué.
Il est parti de la photographie de Robert Capa, représentant une femme tondue à la Libération dans une rue de Chartres, portant son bébé de trois mois dans les bras. Le cliché est devenu célèbre sous le nom de "La tondue de Chartres". Jean-Philippe Daguerre a imaginé toute une histoire, avec bien entendu des rebondissements qui nous interroge sur le poids des ressentiments, la force de l'amour et la vertu de la tolérance. Avec des dialogues qui percutent et un humour qui provoque souvent le rire sans jamais faire basculer la pièce dans la vulgarité.
Florentine Houdinière a conçu des chorégraphies qui sont de petits moments délicieux offrant une respiration nécessaire car le sujet demeure grave. La première est longuement applaudie.
Après les horreurs de la guerre, la Libération aurait dû être un moment heureux. Hélas, les jalousies et la convoitise ont attisé des actions peu glorieuses, menées sous couvert de rétablir l'ordre. Mais lequel ?
L'ami du mari défunt (dénoncé aux allemands par on ne sait qui) s'empressera de chercher à consoler la veuve, une figure emblématique de la Résistance française, et promettra un nettoyage méticuleux de la ville. On voit ce personnage évoluer lui aussi, d'une radicalité inquiétante vers une humanité sensible. Romain Lagarde campe successivement toutes les facettes de l'ami, du salaud puis du fidèle compagnon.
Les soupçons de dénonciation se portent sur Lise (Charlotte Matzneff), une jeune institutrice, la bien jolie Mademoiselle Berthier comme la désigne Jean le grand frère (Arnaud Dupond), tant aimé, tant aimable aussi, borné dans ses obsessions mais capable de bon sens quand la situation devient cruciale.
Félix Beaupérin est le second frère, pas le préféré, mais pas le mal aimé pour autant. La mère dose son amour en fonction des besoins de ses enfants. Elle est le personnage clé de l'histoire. La seule capable de remettre les pendules à l'heure à coups de formules choc :
Quand on peut aimer on peut pardonner, c’est le principe !
On fait ce qu’on peut avec nos devoirs et nos désirs …
On était connu pour Jean Moulin, la tondue de Chartres lui a volé la vedette.
Ses conclusions sont des ordres frappés au coin du bon sens. Quand elle affirme que C’est juste le destin qui a décidé de foutre sa merde et qu'elle décide qu'alors on va devoir planquer Simone pendant plusieurs semaines, le temps que les choses s'apaisent, le public, enthousiaste applaudit à tout rompre, s'apprêtant à quitter la salle sur cette fin heureuse.
C'est mal connaitre Jean-Philippe Daguerre qui, après un nouvel intermède dansé, précipite les personnages dans une nouvelle tourmente, encore plus dramatique que la précédente. Heureusement que De Gaulle poussa un coup de gueule pour qu’on arrête la justice sauvage sinon la France aurait été à feu et à sang. C'est utile de nous le rappeler.
Pour que s'unissent les forces afin de faire grandir ce qui nous reste. On sort du théâtre troublé. Avec de nouvelles interrogations sur le bien-fondé de la vérité. Et surtout pas de réponses toutes faites ni de "leçon de morale". Du grand art théâtral.
Créée le 8 octobre 2020, le spectacle a été suspendu pour cause de crise sanitaire. Il reprend du 9 juin au 25 juillet 2021, au Rive Gauche - 6 rue de la Gaîté - Paris 75014, selon des horaires qui s’aménagent en fonction des variations des couvre-feux. Il sera aussi au Théâtre Actuel pendant le Festival d’Avignon. Je vous invite à consulter les sites de ces théâtres pour préparer votre venue.
8,5/10
J'ai découvert Exit en avant-première presse aujourd'hui au Théâtre de la Huchette et j'ai été conquise. J'ose dire que c'est un coup de coeur.
Il est dans l'air du temps, quelques années après le vote qui a initié le Brexit. Il traite subtilement de l'ostracisme. Il est d'une très grande qualité musicale. Les voix des trois comédiens sont d'une justesse irréprochable (et quel bonheur de les entendre sans micro HF). Il ose commencer par la dérision, dans un humour très bristish et petit à petit prend de la profondeur. Il est drôle, souvent très, parfois à peine, régulièrement savoureusement subversif. Il fourmille de références culturelles, musicales, historiques, contemporaines (les cuisiniers des shows télévisés en prennent pour leur grade).
Faut-il que j'ajoute des arguments ? C'est un spectacle qui est beaucoup plus profond qu'il en a l'air … et la chanson ! Et après cette longue période sans théâtre, c'est le type de soirée qui fait vraiment du bien et qui peut rassembler tous les publics.
On nous annonce une comédie (musicale) romantique et c'est bien cela. Il est justifié de mentionner le caractère musical entre parenthèses parce que le spectacle n'est pas que cela. J'ai même été surprise par l'arrivée de la première chanson. Trop souvent les interprètes des comédies musicales sont d'excellents chanteurs mais de piètres acteurs. Ici pas du tout. Harold Savary, Marina Pangos et Simon Heulle ont les trois talents fondamentaux : chanter, jouer et danser.
La parenthèse ne signifie pas que l'aspect musical ait été sacrifié, loin de là. Les inspirations médiévales rencontrent les codes musicaux et sonores du jeu vidéo. Exit évoque l’orient avec "Aliénor aux croisades", Versailles avec "Marie-Antoinette et les moutons Danton", la musique des troubadours dans "Trouba-dance", lequel s'inscrit parfaitement dans des tonalités contemporaines de slam. On se régale.
Le décor est intelligemment conçu par Sandrine Lamblin pour occuper la minuscule scène de la Huchette sans qu'on ait de sentiment d'étouffement. Une astuce permet de projeter autant que nécessaire des captures d'écran pour que le public ne perde rien des jeux video dont la création s'effectue en live pendant la représentation. Les animations de Stéphane Gérard sont plutôt réussies, même si elles ne sont pas ma tasse de thé.
Les costumes de Julia Allègre sont efficaces. Les chorégraphies de Mariejo Buffon sont pertinentes et totalement appropriées, jamais superflues.
On boit plus de champagne que de thé mais on mange des huîtres. D'ailleurs nos voisins britanniques adorent les déguster chaudes, souvent enrobées de bacon. Je les rejoins puisqu'il y a quelque jours j'avais publié sur le blog une recette d'huitres au barbecue (et je vous jure que je ne savais rien du scénario du spectacle).
Les auteurs situent l'intrigue en pleine campagne du Brexit, en 2016, pour le référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Europe. C'est une toile de fond métaphorique, prétexte à faire osciller la vie affective des trois personnages. Les anglais hésitent. Le cœur d’une jeune scénariste de jeux vidéo balance lui aussi, mais entre un Français et un Anglais, tandis que son destin emprunte un chemin similaire à celui de son héroïne, Alienor d’Aquitaine. C'est une excellente idée de combiner tous ces ingrédients en rappelant un épisode peu connu de l'histoire commune de la France et de l'Angleterre qui ont bien failli être dirigés par la même maison royale.
La salle du théâtre devient une annexe d'un Eurostar, où nous accueille un chef de cabine qui rappelle les gestes barrières …Il a juste oublié de préciser que la sortie ne se fait pas sur la scène comme le rideau pourrait le faire croire (private joke que vous apprécierez après avoir vu la pièce). Nous voici embarqués au coeur de multiples confrontations des mondes (réel et virtuel), mais aussi des époques, au fil de pérégrinations musicales révélatrices de choix impossibles, et offrant de plus une issue inattendue… loin des classiques happy ends, ce qui est plutôt malin.
Comme Franck Desmedt, le directeur de la Huchette, a eu raison de miser sur une programmation qui fait une belle place au théâtre musical. Les derniers trophées de la comédie musicale ont été remis en juin 2019 et je ne sais pas s'il y aura bientôt de nouveaux, mais je parierais sur plusieurs statuettes pour Exit. Stéphane Laporte et Gaétan Borg avait reçu le Trophée du livret de Comédie Musicale pour la Cigale sans la fourmi où Marina Pangos et Simon Heulle étaient déjà distribués. Je les avaient vus au festival d'Avignon 2019.
La Huchette en avait gagné l'année précédente quelques-unes avec Comédiens !
Les touristes anglais ne viendront pas cet été, la faute au Covid plus encore qu'au Brexit. Dommage, car il aurait été intéressant de scruter leurs réactions face à l'exposition des rapports franco-anglais, houleux depuis si longtemps.
Il est dans l'air du temps, quelques années après le vote qui a initié le Brexit. Il traite subtilement de l'ostracisme. Il est d'une très grande qualité musicale. Les voix des trois comédiens sont d'une justesse irréprochable (et quel bonheur de les entendre sans micro HF). Il ose commencer par la dérision, dans un humour très bristish et petit à petit prend de la profondeur. Il est drôle, souvent très, parfois à peine, régulièrement savoureusement subversif. Il fourmille de références culturelles, musicales, historiques, contemporaines (les cuisiniers des shows télévisés en prennent pour leur grade).
Faut-il que j'ajoute des arguments ? C'est un spectacle qui est beaucoup plus profond qu'il en a l'air … et la chanson ! Et après cette longue période sans théâtre, c'est le type de soirée qui fait vraiment du bien et qui peut rassembler tous les publics.
On nous annonce une comédie (musicale) romantique et c'est bien cela. Il est justifié de mentionner le caractère musical entre parenthèses parce que le spectacle n'est pas que cela. J'ai même été surprise par l'arrivée de la première chanson. Trop souvent les interprètes des comédies musicales sont d'excellents chanteurs mais de piètres acteurs. Ici pas du tout. Harold Savary, Marina Pangos et Simon Heulle ont les trois talents fondamentaux : chanter, jouer et danser.
La parenthèse ne signifie pas que l'aspect musical ait été sacrifié, loin de là. Les inspirations médiévales rencontrent les codes musicaux et sonores du jeu vidéo. Exit évoque l’orient avec "Aliénor aux croisades", Versailles avec "Marie-Antoinette et les moutons Danton", la musique des troubadours dans "Trouba-dance", lequel s'inscrit parfaitement dans des tonalités contemporaines de slam. On se régale.
Le décor est intelligemment conçu par Sandrine Lamblin pour occuper la minuscule scène de la Huchette sans qu'on ait de sentiment d'étouffement. Une astuce permet de projeter autant que nécessaire des captures d'écran pour que le public ne perde rien des jeux video dont la création s'effectue en live pendant la représentation. Les animations de Stéphane Gérard sont plutôt réussies, même si elles ne sont pas ma tasse de thé.
Les costumes de Julia Allègre sont efficaces. Les chorégraphies de Mariejo Buffon sont pertinentes et totalement appropriées, jamais superflues.
On boit plus de champagne que de thé mais on mange des huîtres. D'ailleurs nos voisins britanniques adorent les déguster chaudes, souvent enrobées de bacon. Je les rejoins puisqu'il y a quelque jours j'avais publié sur le blog une recette d'huitres au barbecue (et je vous jure que je ne savais rien du scénario du spectacle).
Les auteurs situent l'intrigue en pleine campagne du Brexit, en 2016, pour le référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Europe. C'est une toile de fond métaphorique, prétexte à faire osciller la vie affective des trois personnages. Les anglais hésitent. Le cœur d’une jeune scénariste de jeux vidéo balance lui aussi, mais entre un Français et un Anglais, tandis que son destin emprunte un chemin similaire à celui de son héroïne, Alienor d’Aquitaine. C'est une excellente idée de combiner tous ces ingrédients en rappelant un épisode peu connu de l'histoire commune de la France et de l'Angleterre qui ont bien failli être dirigés par la même maison royale.
La salle du théâtre devient une annexe d'un Eurostar, où nous accueille un chef de cabine qui rappelle les gestes barrières …Il a juste oublié de préciser que la sortie ne se fait pas sur la scène comme le rideau pourrait le faire croire (private joke que vous apprécierez après avoir vu la pièce). Nous voici embarqués au coeur de multiples confrontations des mondes (réel et virtuel), mais aussi des époques, au fil de pérégrinations musicales révélatrices de choix impossibles, et offrant de plus une issue inattendue… loin des classiques happy ends, ce qui est plutôt malin.
Comme Franck Desmedt, le directeur de la Huchette, a eu raison de miser sur une programmation qui fait une belle place au théâtre musical. Les derniers trophées de la comédie musicale ont été remis en juin 2019 et je ne sais pas s'il y aura bientôt de nouveaux, mais je parierais sur plusieurs statuettes pour Exit. Stéphane Laporte et Gaétan Borg avait reçu le Trophée du livret de Comédie Musicale pour la Cigale sans la fourmi où Marina Pangos et Simon Heulle étaient déjà distribués. Je les avaient vus au festival d'Avignon 2019.
La Huchette en avait gagné l'année précédente quelques-unes avec Comédiens !
Les touristes anglais ne viendront pas cet été, la faute au Covid plus encore qu'au Brexit. Dommage, car il aurait été intéressant de scruter leurs réactions face à l'exposition des rapports franco-anglais, houleux depuis si longtemps.
7,5/10
Ayant énormément apprécié Paris-Brest lorsque j'étais jurée du Grand Prix des lectrices de ELLE, j'ai eu très envie d'aller voir une pièce écrite par Tanguy Viel.
Sachant que les spectacles de la saison seront reportés à la prochaine année le directeur du Théâtre 14 nous invite à profiter du moment. Je me sens privilégiée.
L'auteur a écrit en tissant la trame avec la vie du comédien qui interprète la pièce, d’où la légitimité du titre, Une vie d'acteur :
On pourrait résumer la chose ainsi : comment un enfant qui grandit dans une petite ville de province et qui voit "Tootsie" à l'âge de 12 ans devient acteur et comment même, il ne retrouve la vérité de son existence que là, dans le monde des images et des simulacres.
Ce qui se raconte alors est comme un roman d'apprentissage, celui que toute enfance fabrique pour sentir que s'ouvre devant elle un monde plus habitable ou plus grand ou plus intense, un monde "bigger than life" et qu'elle voudrait rejoindre.
Ce monde, pour beaucoup d'entre nous, s'est appelé "cinéma". Certains s'y sont réfugiés très tôt et ont tout construit là, dans le noir des salles, au point d'y confondre leurs souvenirs et les écrans de leur enfance. C'est ce roman-là, d'images et de salles et de magnétoscopes, qu’on voudrait rejouer.
Le décor est réduit à deux fois 4 chaises disposées en angle droit sur une estrade carrée dans une simplicité qui peut tout autant signifier la nudité d’un plateau de jeu que le vide d’une salle de spectacle.
Pierre Maillet est l'interprète de ce seul-en-scène et joue en quelque sorte son propre rôle. Il n'en est que plus émouvant. Il monte sur "sa" scène en sautillant comme s’il pénétrait à l’intérieur d’un ring. Il nous fait d’abord partager les affres du casting : il faut travailler. On n’est rien si on n’y va pas à fond.
La révélation il l'a connue avec Tootsie.
Il raconte l'enfance, l'adolescence, le video-club narbonnais de l'oncle Bernard où il a fait ses classes cinématographiques. le spectacle fourmille d'anecdotes et de références dans lesquelles nous sommes nombreux à se retrouver. La mise en scène se fait oublier (et c'est un compliment). Bravo.
Sachant que les spectacles de la saison seront reportés à la prochaine année le directeur du Théâtre 14 nous invite à profiter du moment. Je me sens privilégiée.
L'auteur a écrit en tissant la trame avec la vie du comédien qui interprète la pièce, d’où la légitimité du titre, Une vie d'acteur :
On pourrait résumer la chose ainsi : comment un enfant qui grandit dans une petite ville de province et qui voit "Tootsie" à l'âge de 12 ans devient acteur et comment même, il ne retrouve la vérité de son existence que là, dans le monde des images et des simulacres.
Ce qui se raconte alors est comme un roman d'apprentissage, celui que toute enfance fabrique pour sentir que s'ouvre devant elle un monde plus habitable ou plus grand ou plus intense, un monde "bigger than life" et qu'elle voudrait rejoindre.
Ce monde, pour beaucoup d'entre nous, s'est appelé "cinéma". Certains s'y sont réfugiés très tôt et ont tout construit là, dans le noir des salles, au point d'y confondre leurs souvenirs et les écrans de leur enfance. C'est ce roman-là, d'images et de salles et de magnétoscopes, qu’on voudrait rejouer.
Le décor est réduit à deux fois 4 chaises disposées en angle droit sur une estrade carrée dans une simplicité qui peut tout autant signifier la nudité d’un plateau de jeu que le vide d’une salle de spectacle.
Pierre Maillet est l'interprète de ce seul-en-scène et joue en quelque sorte son propre rôle. Il n'en est que plus émouvant. Il monte sur "sa" scène en sautillant comme s’il pénétrait à l’intérieur d’un ring. Il nous fait d’abord partager les affres du casting : il faut travailler. On n’est rien si on n’y va pas à fond.
La révélation il l'a connue avec Tootsie.
Il raconte l'enfance, l'adolescence, le video-club narbonnais de l'oncle Bernard où il a fait ses classes cinématographiques. le spectacle fourmille d'anecdotes et de références dans lesquelles nous sommes nombreux à se retrouver. La mise en scène se fait oublier (et c'est un compliment). Bravo.
8,5/10
Ce n’est pas parce qu’on ne parle pas des choses qu’elles n’existent pas. La phrase qui s’affiche sur l’écran. donne le ton de la pièce au public qui va découvrir l'histoire des femmes sous un autre angle que purement historique.
Les trois principales femmes qui sont aux commandes sont formidables : Laura Léoni pour l'écriture, Laetitia Gonzalbes pour la mise en scène (et les lumières) et l'exceptionnelle Diane Prost pour interpréter tous les rôles avec une justesse qui n'exclut pas l'humour et le décalage.
Elle campe les unes est les autres en faisant de son costume une utilisation quasi géniale.
Le spectacle commence par une introduction qui situe la position de la narratrice, tenant à préciser qu'elle a découvert son homosexualité à 11 ans et que son coming-out a bien failli être meurtrier à la fois à l’égard de sa mère et de son père.
Elle semblait très proche de sa grand-mère (qui repose sur scène, à cour, dans un cercueil de bois blond) dont elle admire l'investissement sur l'histoire des femmes, sujet auquel elle a consacré un épais ouvrage qui pèse lourd, prévient-elle en ajoutant qu'elle est restée insomniaque et névrotique et surtout pleine d'interrogations.
Elle avoue que ses personnages féminins sont parfois inventés mais que par contre la violence qu’elles ont subies a bien été réelle. Elle entend dénoncer les mensonges qui sont récurrents.
Je ne voudrais pas trop en raconter car cette Folle et inconvenante histoire des femmes mérite d'être découverte entièrement. J'ai encore appris plein de choses qui m'ont choquée. Par exemple le reproche légitime d'Olympe de Gouges disant avoir peut-être mal compris mais estimant que la Déclaration des droits de l'homme était forcément erronée puisqu’elle n'incluait nulle part de droit de la femme. Elle sera guillotinée.
Comme elle est méprisante cette phrase de Rousseau : L’amour a été inventé par les femmes pour permettre à ce sexe de dominer, alors qu’il était fait pour obéir. Je savais parfaitement que le Code civil de Napoléon était monstrueux de misogynie mais il est toujours utile de le rappeler.
Les scènettes s'enchainement alertement avec beaucoup d’humour, déclenchant parfois des rires, mais l'émotion n'est pas très loin. Elle prend à la gorge à la fin -comme à chaque fois que je l'entends- avec la chanson Debout les femmes ... à l'instar de la pièce Les années, mise en scène par Jeanne Champagne.
La comédienne trace alors On est la mémoire sur des feuilles posées sur le rebord de la scène, et on se fait chacune la promesse de poursuivre ce travail. Par exemple en amenant ses enfants au théâtre (à partir de 12-13 ans).
Les trois principales femmes qui sont aux commandes sont formidables : Laura Léoni pour l'écriture, Laetitia Gonzalbes pour la mise en scène (et les lumières) et l'exceptionnelle Diane Prost pour interpréter tous les rôles avec une justesse qui n'exclut pas l'humour et le décalage.
Elle campe les unes est les autres en faisant de son costume une utilisation quasi géniale.
Le spectacle commence par une introduction qui situe la position de la narratrice, tenant à préciser qu'elle a découvert son homosexualité à 11 ans et que son coming-out a bien failli être meurtrier à la fois à l’égard de sa mère et de son père.
Elle semblait très proche de sa grand-mère (qui repose sur scène, à cour, dans un cercueil de bois blond) dont elle admire l'investissement sur l'histoire des femmes, sujet auquel elle a consacré un épais ouvrage qui pèse lourd, prévient-elle en ajoutant qu'elle est restée insomniaque et névrotique et surtout pleine d'interrogations.
Elle avoue que ses personnages féminins sont parfois inventés mais que par contre la violence qu’elles ont subies a bien été réelle. Elle entend dénoncer les mensonges qui sont récurrents.
Je ne voudrais pas trop en raconter car cette Folle et inconvenante histoire des femmes mérite d'être découverte entièrement. J'ai encore appris plein de choses qui m'ont choquée. Par exemple le reproche légitime d'Olympe de Gouges disant avoir peut-être mal compris mais estimant que la Déclaration des droits de l'homme était forcément erronée puisqu’elle n'incluait nulle part de droit de la femme. Elle sera guillotinée.
Comme elle est méprisante cette phrase de Rousseau : L’amour a été inventé par les femmes pour permettre à ce sexe de dominer, alors qu’il était fait pour obéir. Je savais parfaitement que le Code civil de Napoléon était monstrueux de misogynie mais il est toujours utile de le rappeler.
Les scènettes s'enchainement alertement avec beaucoup d’humour, déclenchant parfois des rires, mais l'émotion n'est pas très loin. Elle prend à la gorge à la fin -comme à chaque fois que je l'entends- avec la chanson Debout les femmes ... à l'instar de la pièce Les années, mise en scène par Jeanne Champagne.
La comédienne trace alors On est la mémoire sur des feuilles posées sur le rebord de la scène, et on se fait chacune la promesse de poursuivre ce travail. Par exemple en amenant ses enfants au théâtre (à partir de 12-13 ans).