Magnifique moment de théâtre, avec une mise en scène qui est d'une très grande inventivité, et audacieuse. Les comédiens sont formidables dans les multiples rôles qu'ils interprétent (la comédienne qui incarne Edith Piaf et son interprétation de La Vie En Rose m'ont émus aux larmes). Il n'est pas nécessaire d'être fan, ou connaisseur de la vie et des chansons d'Yves Montant (ce n'était pas mon cas) pour savourer ce moment.

L'expérience nous emmène ailleurs. Il est vrai que les blagues sont simples, mais la pièce impressionne dans sa capacité à nous émouvoir sans crier gare, sans prévenir. "Ivo Livi" est un véritable moment de vie que j'encourage tout le monde à vivre.

"Cats" est un de ces spectacles où l'on sait au bout de quelques minutes si on va aimer ou non ce qui va suivre.

Avec sa partition 80's (et son épique Synthétiseur), les justaucorps saillants des artistes, et les effets lumineux Flashy, le ton nous est donné dès les 10 premières minutes.
Cette version de Cats demande au spectateur un certain lâché prise.
Il y a bien une trame narrative (déjà bien mince), mais la traduction française n'y fait pas honneur, ni aux poèmes dont est inspiré l'ouvrage.
Qu'importe !

Parce que tout l'intérêt de Cats réside dans sa pureté de la danse et du chant. C'est de la comédie musicale pure, où les interprétations corporelles des chats sont à couper le souffle (cette siamoise !), les chants vont vous clouer a tour de bras, et les interprétations dansées tiennent littéralement de la performance. Il y a bien quelques longueurs ici et là, mais on ne peut pas rester de marbre devant l'engagement, la generosité et le professionnalisme dont les artistes font preuve, la beauté du décors, de certains passages musicaux (qui rappelle parfois l'épique de la pop des années 80), et des chorégraphies.

Cette soirée est un divertissement pur, pour toutes les tranches d'âges, un émerveillement sans fin, d'une densité folle.
Laissez vous porter par ces chats épatants !

Il y en a qui se demandent parfois quelle est l'utilité du théâtre.
En quoi sert-il la société, est-ce que c'est vraiment utile, que font les artistes avec l'argent du contribuable, ce genre de question relative aux arts, et que les politiques doivent souvent se poser au moment de voter un coupe budgétaire relative a la vie culturelle.

"Ça ira (1) Fin de Louis" écrit et mis en scène par Joël Pommerat répond avec désinvolture et brio en créant cette production qui me semble d'utilité publique. Pendant quatre heures de débats épiques, intenses et effrénés, on nous fait vivre la création de l'assemblée nationale, et celle des droits de l'homme, alors que dehors gronde (littéralement) la révolution.

On vit ces débats, on ressent la foule aux portes du théâtre, on ressent l'urgence du réel, dans ce que le théâtre peut faire de plus vivant (les débats on lieux sur le plateau mais aussi -et surtout- dans la salle).

Si elle est d'utilité publique cette pièce, c'est non seulement dans sa retranscription des faits de l'époque (ce qui en fait une belle leçon d'histoire), mais surtout dans sa retranscription moderne (les acteurs, les décors, et même la musique sont contemporains). Ce qui fait qu'on n'en finit plus d'être surpris des résonances avec l'actualité, dans la mise en question des fondements de la démocratie, dans les représentations à peine cachés aux courants politiques actuels, et aussi dans les événements qui secouent Paris. La pièce met en lumière la parole, la pensée et le débat, et invite le spectateur a penser par lui même, et à comprendre l'importance de la démocratie.

Les personnages qui interviennent sont toujours nuancés, jamais manichéens, et laissent toujours le débat libre d'interprétation. A ce titre, aucun comédien, dans les multiples rôles qu'ils défendent, n'échoue ses interprétations. Elles sont toutes superbes, et contribuent au sentiment d'euphorie que crée la pièce dans sa longueur et son intensité. Ils parviennent à nous faire rire, vibrer, a nous émouvoir et à nous faire réfléchir.

Si vous êtes amateurs, ou non, de théâtre, et que vous avez l'occasion d'avoir un billet pour cette pièce quand elle sera rejouée ou dans sa tournée, n'hésitez pas un seul instant. Et ne vous laissez pas impressionner par sa durée. C'est du beau théâtre, qui passionne, qu'on éprouve, et qui se vit.

Merci !

Après "Des Gens Biens" au théâtre Hebertot, qui m'avait grandement enthousiasmé, Anne Bourgeois trouve un nouveau texte pour questionner la morale et le jugement, à travers cette fois, la question de la religion et la sexualité.

Bien que la pièce tourne autour d'un couple gay, c'est plus la sexualité en général, que l'homosexualité en particulier qui est questionnée dans le cadre religieux de cette belle pièce de Bill C. Davis.
Décidément, les américains n'ont pas leur pareil pour rendre divertissant des dilemmes moraux ! Chacun à ses propres raisons, qui sont défendues avec légitimité, et laisse le spectateur libre de toute opinion. La traduction française fait d'ailleurs tout à fait justice à la pièce, ainsi que les interprétations : c'est une merveille de quatuor qui joue cette partition, les comédiens sont tous les quatre formidables dans leur rôle.

Bon, d'accord, vu les thèmes abordés, c'est vrai que ça n'a pas l'air très fun comme ça, mais "Les Vœux du Cœur" est un vrai divertissement, solide, drôle et intelligent. On aimerait voir plus souvent du théâtre écrit comme celui-ci !

Mon seul bémol viendrait des quelques petites longueurs, et aussi de certains points de la mise en scène, qui, si elle est dynamique, manque parfois de fluidité (ces transitions, ces projections ... ).

Hormis cela, c'est du beau travail qui fait plaisir a voir !

J'avoue avoir été légèrement déçu par cette proposition d'Irma La Douce.

Tous les ingrédients sont pourtant réunis : Les décors sont très beaux, tout comme la mise en scène, les costumes sont formidables, le casting est de haute volée, certaines chansons à la gloire de Paris, à la lumière des récents événements, prennent un autre sens et m'ont vraiment émus aux larmes, et le livret réserve des moments très drôles.

Mais tous ces éléments peinent à former un tout, un bel ensemble. Dans le premier acte en tous cas. Qui est lent, mou, laborieux, et assez décevant. Si la musique est charmante et l'orchestre en bonne forme, le livret à peu être un peu mal vieillit. Peut être qu'il aurait mérité un cadre plus intimiste, pour crédibiliser le personnage de la narratrice, qui semble un peu laissée à l'abandon sur la vaste scène du theatre de la porte saint Martin.
Il manque aussi une énergie, une folie maîtrisée pour faire de ce premier un acte quelque chose de moins fouillis.

Le deuxième acte relève largement le niveau. Il ouvre avec une hilarante scène de tribunal, et les perles s'enfilent comment par enchantement, les rires dans la salle se font moins timides, la mise en scène trouve une belle inspiration, Andy Lecoq a enfin un rôle qui lui permet de démontrer sont grand potentiel comique, tout se met à fonctionner comme par magie.

Quand ces formidables éléments s'assemblent, la pièce est superbe et diverti pleinement. Dommage que ce ne soit pas sur tout le spectacle, les très bon comédiens principaux, n'y sont en revanche pour rien. Belles prestations !

Allez y peut être pour la charmante partition musicale, et ces quelques beaux moments de bravoure.