Les suppliques

Les suppliques
De Julie Bertin
Mis en scène par Julie Bertin
  • Théâtre Gérard Philipe
  • 59, boulevard Jules-Guesde
  • 93 207 Saint Denis Cedex
Itinéraire
Evénement plus programmé pour le moment
Achat de Tickets

Les « suppliques » désignent les centaines de lettres envoyées par des familles juives aux autorités de Vichy, le maréchal Pétain en tête, entre 1941 et 1944, pour échapper aux persécutions ou obtenir des informations sur des proches disparus. Certains prennent la plume pour éviter telle ou telle interdiction. D’autres espèrent que leur proche arrêté ou déporté pourra échapper à un sort qu’ils ne connaissent pas précisément mais qu’ils rattachent à un péril extrêmement angoissant. Beaucoup signent leur arrêt de mort en livrant leur identité et leur adresse. Mais les réponses de l’administration sont systématiquement laconiques et sans appel : le Commissariat général aux questions juives dit devoir s’en remettre aux forces occupantes. Julie Bertin et Jade Herbulot transposent sur scène six de ces lettres.

139

Ce témoignage passionnant et bouleversant sur un certain héritage français est aussi un antidote à tous les discours de haine d’aujourd’hui

Note rapide
8/10
pour 2 notes et 2 critiques
0 critique
Note de 1 à 3
0%
1 critique
Note de 4 à 7
50%
1 critique
Note de 8 à 10
50%
Toutes les critiques
10 déc. 2023
7,5/10
1
Le Birgit Ensemble s’attaque au régime de Vichy et à ses crimes antisémites.

Le Birgit Ensemble reprend un travail de courriers adressés au Commissariat général aux questions juives. Ceux-ci sont envoyés lors du gouvernement de Vichy par des citoyens spoliés, subissant injustement des discriminations ou des proches plaidant en faveur de personnes arrêtées. Des réponses ont été apportées par le Commissariat.

Six histoires familiales nous sont racontées. Les histoires sont remises en scène devant nous. Des recherches complémentaires ont été faites dans d’autres documentations. Certains seront déportés, envoyés en camps de détention. L’histoire de ces familles a été reconstituée.
Ces histoires montrent la proactivité et la complicité d’un gouvernement. Elles posent le problème de la responsabilité. Des détails sur un fonctionnaire ayant travaillé à répondre à ces courriers sont donnés. La responsabilité n’existe pas puisqu’on répond au nom de l’état. La responsabilité morale reste en cause bien entendu. Le ton de ces courriers est paradoxalement extrêmement aimable, débordant de formules de politesse et m’a personnellement encore plus révolté puisqu’on parle de la vie des personnes. Ces histoires difficiles sont entrecoupées d’annonces radio qui donnent au fil des années les mesures anti-juives du gouvernement de Pétain. Ce sont des réalités historiques livrées à l’état brut. Le but est de dire clairement les faits, les livrer, les rappeler. Rappeler l’histoire d’un génocide.

La scène est au centre du public pour nous projeter encore plus dans cette réalité historique. Le décor est évidemment de l’époque.

J’ai trouvé l’interprétation assez inégale. Le texte est volontairement très factuel, cela le rend moins puissant et l’interprétation inégale lui fait perdre de la puissance. J’ai été déçue sur cet aspect. Je trouve que cela manquait de force. On peut apprécier que le Birgit Ensemble s’en tienne aux faits comme à son habitude.

L’intérêt didactique de la pièce est évidemment son point fort.
4 déc. 2023
8,5/10
5
Puissant, Bouleversant, Poignant.

Le Birgit Ensemble tisse des récits politiques, historiques et intimes en explorant les liens entre mémoire individuelle et collective.

En 2017, Mémoire de Sarajevo : « les tableaux se succèdent entre les pourparlers politiques et l'effroyable quotidien du peuple déchiré par la guerre civile en Bosnie »

Dans les ruines d’Athènes : « autour d'une table, le FMI et l'Union Européenne proposent de relever le déficit grec… »

Aujourd’hui Les suppliques : « histoire française entre 1941 et 1944 sous le régime de Vichy. »

Les suppliques désignent des milliers de lettres envoyées par les membres de familles juives françaises ou étrangères au Commissariat général aux questions juives ou au maréchal Pétain lui-même. Celles-ci, espèrent que leurs requêtes seront exaucées. Ces lettres ont été découvertes par l’historien Laurent Joly.

Nous sommes bouleversés par leur puissance qui témoignent de la persécution des juifs sous le régime de Vichy.

Un dur travail d’enquête a été mené par Julie Bertin et Jade Herbulot avec l’aide de Laurent Joly et et d’Aude Vassallo documentaliste pour être au plus près des traces laissées par les victimes disparues. Ces lettres mèneront vers d’autres archives - photos, cartes d’identité, archives préfectorales.

Au travers d' une succession de tableaux, Julie Bertin et Jade Herbulot nous font découvrir le contexte de 6 lettres bouleversantes adressées avec ferveur et espoir aux services administratifs et dirigeants de Vichy ainsi qu'au Maréchal Pétain lui-même.

Tous ont écrit en espérant être entendu.

Édith Schleifer, française et catholique dont l’époux est juif, demande de reprendre leur commerce à son nom...

Gaston Lévy, ancien combattant réclame la liberté des cultes...

Renée Haguenauer, demande la libération de ses deux filles soupçonnées à tort d’avoir voulu passer la frontière...
Alice Gruneba sollicite le retour de sa fille Nelly, arrêtée et déportée par erreur pour le non port de l'étoile jaune...

Léon Kacenelenbogen s’adresse à Pétain en ces termes ‘J'ai commis l’horrible crime de naître en Pologne…’

Charlotte Lewin écrit à 17ans une supplique à Pétain après la déportation de ses parents...

Les réponses du CGQJ sont identiques, brèves et sans appels. Ce sont les forces de l’occupation qui ont le dernier mot.

Nous sommes consternés, ébranlés et horrifiés par ces révélations.

La mise en scène, sous le regard de Thierry Thieû Niang, est orchestrée avec minutie et grand talent, les tableaux s’enchainent, nous captivent et nous déconcertent.

La scène est bi-frontale, côté jardin, un poste de TSF diffusera les directives et les lois anti-juives, coté cour le bureau de l’administration, des cartons d’archives…

Nous faisons connaissance avec ces hommes et ces femmes dans leur intimité. Les comédiens Gilles Privat, Marie Bunel, Salomé Ayache et Pascal Cesari nous transportent avec grand brio, délicatesse et émotions à travers les fragments de vie familiale et privée. Ils enchainent avec brio une multitude de rôles, c’est vivant, captivant, éloquent et poignant.
Votre critique endiablée
Nos visiteurs sont impatients de vous lire ! Si vous êtes l'auteur, le metteur en scène, un acteur ou un proche de l'équipe de la pièce, écrivez plutôt votre avis sur les sites de vente de billets. Ils seront ravis de le mettre en avant.
Notes détaillées (pour les plus courageux)
Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor