- Classique
- Théâtre de la Ville
- Paris 4ème
Les liaisons dangereuses
![Les liaisons dangereuses Les liaisons dangereuses](http://assets.aubalcon.fr/media/images/290_410/liaisons-dangereuses-aubalcon.jpg)
- Dominique Blanc
- Vincent Pérez
- Théâtre de la Ville
- 2, place du Châtelet
- 75004 Paris
- Châtelet (l.1,4,7,12,14)
Les Liaisons dangereuses, qui ne connaît cet ouvrage aux adaptations si nombreuses ? Rédigé par Choderlos de Laclos en 1781 (alors capitaine dans l’armée), le livre connut immédiatement scandale et succès. Faisant le récit des aventures libertines de Merteuil et Valmont, il offre à Dominique Blanc et Vincent Pérez une gamme de jeux inouïe. Séduction et rivalité destructrice, l’incessant combat…
Véritable « machine de guerre », le roman épistolaire est un champ de bataille vertigineux dont Christine Letailleur garde la sève : entièreté du récit et richesse de la langue, « érotisme de tête », rythme haletant et dénouement dramatique. En débusquant le jeu des libertins et des manipulés, des témoins et du chasseur, l’adaptatrice rappelle l’impitoyable cruauté de l’œuvre licencieuse, sa beauté littéraire et l’actualité du sujet, aussi.
Pour son rôle dans Les Liaisons Dangereuses, Dominique Blanc a obtenu le Molière 2016 de la comédienne de théâtre public.
La critique de la rédaction : 7/10. Une jolie adaptation de ce roman épistolaire de Pierre Choderlos de Laclos paru en 1782.
Assez classique, elle s’appuie sur un excellent jeu d’acteurs. Le comte de Valmont, incarné par Vincent Perez, porte véritablement la pièce. Ce libertin fascine avec sa soif de séduire, son amour des défis et sa grandiloquence. Nous avons également apprécié la marquise de Merteuil (Dominique Blanc) et ses drôles de principes « issus de longues réflexions ». Elle prescrit à qui veut bien l’écouter une vie d’apparence prude pour mieux jouir des plaisirs charnels.
Cependant, nous avons décroché par moments à cause de quelques longueurs. Peut-être que certains passages du texte auraient mérité d’être coupés. Une pièce sur l’adultère peut bien se permettre des infidélités au texte !
La mise en scène contribue au plaisir de (re)découvrir ce classique, même si nous aurions parfois aimé un peu plus d’excentricité.
D’autre part, le décor assez neutre contraste intelligemment avec les costumes d’époque. Il permet une mise en lumière très esthétique en clair-obscur mais qui empêche d’admirer complètement les expressions des acteurs car nous voyons mal leur visage.
Au fil des minutes, la tension monte, les jeux de pouvoir s’exacerbent, jusqu’au cruel dénouement. Nous sortons du théâtre encore sous le choc de l’issue tragique.
Très déçue. Le début était d'un ennui... Fort heureusement la fin était assez bien réussie.
1-Décor épouvantable, on dirait un immeuble en chantier.
2-Il y a une erreur de casting dans le choix des 2 acteurs principaux. Ils sont trop âgés pour jouer le rôle de la Marquise de MERTEUIL et de VALMONT, surtout Dominique BLANC dont la voix trahit sont âge.
3-Et que dire de la mise en scène, on dirait du FEYDEAU ou du LABICHE, les portes claques, Emilie la courtisane en est réduite à jouer une ridicule cocotte dont les dialogues se réduisent en un mauvais anglais avec un accent français "Yes Mister, j'adore jasé, so good" du plus mauvais goût.
3 heures d'ennui et d'exaspération tout ça assis sur un strapontin, 30 euros la séance plus 80 euros pour une séance chez un chiropracteur, un peu cher...
Il y a d’abord ce texte bien sûr, immense roman épistolaire de Pierre Choderlos de Laclos, écrit en 1782, dans la pure tradition du libertinage, au réalisme intransigeant, digne de son contemporain le Marquis de Sade. L’adaptation et la mise en scène de Christine Letailleur apportent à ces écrits une vivante et étonnante théâtralité et nous captivent par sa dramaturgie précise et l’inventivité des techniques utilisées.
La relation amoureuse si particulière de la marquise de Merteuil et du Vicomte de Valmont semble passée au crible des sentiments d’appartenance, de soumission et de conquête. Cette relation à l’exclusive intensité, nous apparait d’une pureté inouïe inscrivant ces deux vies mêlées dans une quête permanente d’infini amoureux.
La distribution nous ravie. Le couple composé par Dominique Blanc (la marquise de Merteuil) et Vincent Perez (le vicomte de Valmont) excelle de précision et de finesse de jeux. Dominique Blanc est exquise de machiavélisme, de féminité et de séduction. Vincent Perez est d’une élégance incroyable dans la fourberie, la trahison et la conviction. Ils éclairent les scènes d’une intense beauté. Ils sont tous les deux sublimes.
Ce spectacle se révèle une expérience théâtrale complète, forte et mémorable.
La jeune Cécile de Volanges vient tout juste de sortir du couvent. Elle a été promise par sa mère à un certain Gercourt dont elle ignore tout. L’une de ses parentes, Mme de Merteuil, entend bien profiter de ce projet d’union pour se venger de l’abandon subit par son ancien amant, Gercourt, qui l’a quitté pour une autre femme. Machiavélique, elle décide alors de proposer au Vicomte de Valmont de pervertir la jeune Cécile. Mais celui-ci a jeté son dévolu sur Mme de Tourvel dont la séduction lui vaudrait un bel exploit à son palmarès de libertin. Lorsque Cécile s’éprend du chevalier Danceny et que Mme de Volanges informe Mme de Tourvel qu’elle est surveillée par Valmont, ce dernier décide d’accepter l’offre de la Marquise de Merteuil afin de servir sa propre vengeance. Mais l’amour se passe volontiers d’entremetteurs et à ce jeu chacun risque d’y laisser des plumes.
Si le couple phare Merteuil / Valmont brille dès le départ sous les traits de la sublime Dominique Blanc et du charismatique Vincent Perez, très vite les faiblesses de la proposition apparaissent en dépit de leur époustouflant duo. En cause ? Un texte puissant mais retranscrit sur le plateau de manière fortement édulcorée, fade et lisse, dépourvue de son côté noir, cruel, profond. Si les personnages ont tous une couleur savamment travaillée, la plupart des comédiens sont trop maniérés et se placent à la frontière du sur-jeu. Le marivaudage prend le pas sur le libertinage et l’aspect épistolaire s’incline au profit d’une sorte de boulevard quelque peu ennuyeux. De plus, la scénographie très froide nous laisse songeur tandis que sur le plateau le rythme effréné des entrées et des sorties nous maintient en état de veille.
Cependant, nous ne pouvons nier le bonheur de retrouver sur scène Dominique Blanc, avant son entrée à la Comédie-Française le mois prochain. Ici, elle incarne avec délice une impératrice au royaume des pestes. Aveuglée par un désir de vengeance sans borne, le personnage de la Marquise de Merteuil est un véritable poison qui s’amuse des sentiments, fait et défait les amours en bonne entremetteuse. Dommage que ce trait de caractère n’ait pas été accentué, d’autant plus qu’en contraste avec Valmont elle aurait été grandiose. Vincent Perez est plutôt convaincant même s’il manque d’éclat. Le chasseur en quête d’une proie féminine est dilué en homme amoureux et laisse une trop grande place à la suggestivité. Karen Rencurel tente d’exister dans le rôle de Mme de Rosemonde et Julie Duchaussoy parvient à nous émouvoir en incarnant la sensible Mme de Tourvel, notamment dans la formidable scène de rupture. En revanche, les autres peinent à exister face au duo central. La pauvre Fanny Blondeau hérite du rôle de la jeune Cécile, ici vue comme une gourde, sotte naïve plus proche de la cruche que de la candeur de son âge.
La scène finale de la déchéance de la Marquise est réussie au royaume de la vanité lorsqu’elle sombre dans la folie de l’amour. Et si « l’amour et la vengeance couchent sous le même toit », il aurait été judicieux d’exploiter à fond cette carte de la cruauté. Reste une représentation plaisante qui nous invite à nous replonger dans le roman afin d’y extraire tout le poison des mots vénéneux de Laclos.
Il y a toujours eu un goût amer à la lecture de « Les liaisons dangereuses », ou au spectacle de ces multiples adaptation (tant théâtrales que cinématographiques), au final, on penchait toujours plus pout Valmont que pour Merteuil, ce cher Pierre Ambroise ayant visiblement eu un penchant final pour son héros racheté par la mort et son amour.
Christine LETAILLEUR offre un contrepoint qui réhabilite la marquise en élaguant toutes les scories ou facilité que peuvent permettre ce texte et offre (enfin) une mise en scène qui épouse le point de vue de Merteuil.
Elle prend son parti en mettant en relief le féminisme de l’œuvre et cette injustice première qui fait que madame de Merteuil, qui ne fait pourtant qu’user des mêmes méthodes de séduction que Valmont, est vouée à l’opprobre et la solitude là où Valmont, s’il avait vécu, aurait probablement pu continuer sa vie de noceur.
Pour ce faire, dans deux scènes magistrales, celle-ci nous donne une clef à la compréhension de la marquise, en exposant la condition féminine des femmes de son milieu et de son époque : Madame de Merteuil, sous couvert de vengeance, obéit à un ressort politique (« venger son sexe ») là ou Valmont ne n’est que dans une recherche ludique et effrénée du plaisir, et de la satisfaction de ses pulsions.
Valmont n’a en effet pas ce genre de préoccupation, c’est un jouisseur, égoïste et manipulateur, il a été élevé pour dominer ; pourtant, à la toute fin, c’est Merteuil qui domine Valmont, ce qu’il ne pourra par supporter, et ce dont il mourra.
Le désir de vengeance de Merteuil ne souffre aucune exception pas même celle des sentiments qu’elle ressent pour Valmont : elle refusera de devenir le « prix » de celui-ci. Victime de son époque, victime de ses sentiments, victimes de sa ligne de conduite, elle résume bien les difficultés du combat féministe où doivent sans cesse s’équilibrer la volonté de liberté et le désir d’amour.
Féminisme aussi que de montrer les ravages de l’éducation des jeunes filles, cloitrées dans un couvent, ignorante de toute sexualité puis jetée en pâture du mariage à des hommes âgés ; l’accès à la liberté sexuelle ne pouvant se faire que par le stratagème et l’immoralité.
Dans ce parti pris, tous les acteurs sont parfaits : Dominique BLANC nous montre toutes les facettes de son talent : dans une diction pure et nuancée elle joue tour à tous la drôlerie, la ruse, la pruderie, le badinage, la sincérité, la cruauté, la mesure et nous fait voir (s’il en était besoin) quelle actrice accomplie elle est. Vincent Perez, au début un peu en dessous, prend ensuite toute son épaisseur dans la légèreté, la manipulation, la violence et le cynisme ; et les confrontations entre les deux sont de grands moments de théâtre.
Fanny Blondeau en Cécile de Volange et Richard Sammut en factotum de Valmont nous donnent également une très belle partition.
Dans un décor gris foncé empêchant toute dilution dans un esthétisme matériel qui risquerait de noyer le message, Christine LETAILLEUR crée un visuel à la beauté glaçante, centré sur le texte, avec des éclairages magnifiques qui donnent à chaque scène l’allure d’un tableau du 18eme.
Entre ces tableaux elle crée des interludes visuels très cinématographiques en usant habilement des fenêtres et portes du décor, ce qui contrebalance un peu « la radicalité » de son parti pris de départ mais apporte une touche de légèreté au fond chargé de l’intrigue.
Et quand la lumière s’éteint, ce n’est pas le cadavre de Valmont qui nous serre le cœur mais le cri déchirant de madame de MERTEUIL en ce qu’il résume le cri des femmes humiliées...
De l’originalité visuelle, un texte découpé, précis, une lecture personnelle et intelligente de l’œuvre qui lui donne un grand coup de neuf et un message en lien avec notre époque, des acteurs à leur meilleur, un vrai point de vue sur l’œuvre : tout ce qu’on aime au théâtre.