- Classique
- Comédie Française - Salle Richelieu
- Paris 1er
Les Estivants

- Comédie Française - Salle Richelieu
- 2, rue de Richelieu
- 75001 Paris
- Palais Royal (l.1, l.7)
Comme chaque été, Bassov et sa femme Varvara retrouvent leurs amis dans une datcha en bord de mer. En retrait du monde, se réunissent ainsi une quinzaine d’individus oisifs qui emploient leurs journées à échanger sur l’amour, la mort, l’art ou la révolution.
Mais deux nouveaux personnages, une intellectuelle engagée, Maria Lvovna, et un poète en panne d’inspiration, Chalimov, vont bousculer l’équilibre des vacanciers, obligeant les uns et les autres à prendre position.
Après deux mois de villégiature loin de la ville et de ses faux-semblants, les langues se délient, les rancoeurs affleurent et les conflits sous-jacents se font jour. Fils d’un monde crépusculaire, au seuil d’une ère à venir, ces estivants révèlent leur vérité nue dans la tension d’une existence en devenir.
Maxime Gorki était un écrivain russe pauvre et autodidacte du XIXème siècle qui fut très engagé auprès des révolutionnaires bolcheviks.
Un monde qui s'écroule lentement devant nous, petit à petit. C'est prodigieux. Les acteurs portent la pièce à la perfection et Gérard Desarthe les anime comme dans un ballet. Une prouesse. Mention spéciale à Alexandre Pavlov, sublime. "Merci, Docteur Tchekhov", comme écrivait Gorki. On lui doit tout.
La scénographie est très réussie, avec des décors oniriques et des scènes qui prennent l'allure de tableaux - mention spéciale pour la scène d'ouverture, brillamment mise en scène.
Le collectif est efficace, et les acteurs portent leur personnage avec talent, même si l'on préfère le jeu fin d'un Alexandre Pavloff à celui souvent trop cabotin d'un Loïc Corbery.
Un beau moment de théâtre.
Magnifique !
Dans cette bouleraie, Desarthe met en scène les comédiens du Français, comme toujours impressionnants de rigueur et de cohésion.
Pièce féministe et anti-machiste ? Oui, si l'on juge le beau rôle du médecin interprétée par Clotilde De Bayser.
Mention spéciale à Loïc Corbery qui illumine ce spectacle, de sa folie, de son énergie et de sa grâce habituelles...
Saisissant la double direction antithétique de la pièce, Desarthe dévoile avec délicatesse la déliquescence d’une caste masculine vile et lâche et l’éclosion d’une conscience sororale exaltant la femme russe. Davantage de niaque aurait sans doute permis à cette version un peu sage mais fine et sensible de réellement exploser. Cependant, on assiste à un travail de belle facture dont il serait dommage de se priver.
Et puis, quel plaisir d’admirer quinze acteurs du Français à l’unisson et de retrouver certaines têtes trop injustement délaissées sur le plateau (dont Anne Kessler et Alexandre Pavloff) !