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Le silence de Molière

Le silence de Molière
  • Comédie Française - Studio Théâtre
  • 99, rue de Rivoli
  • 75001 Paris
  • Louvre-Rivoli (l.1)
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Giovanni Macchia trace un portrait de Madeleine à travers la fiction d’une interview, qui nous propose une biographie sentimentale très proustienne, d’une rare élégance, une gravure surprenante du contexte dans lequel Molière a produit son œuvre magistrale.

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26 févr. 2022
9,5/10
7
Sortir du silence

Des conférences comme celle-ci, on en voudrait tous les jours.
Pendant une heure, nous partons à la rencontre d'Esprit-Madeleine Poquelin, unique fille (ou plutôt unique survivante) de ce cher Molière et de son épouse Armande. Elle se livre sur sa vie, sur son père, sur le théâtre, le tout au gré des questions posées par le public lui-même (l'ingéniosité d'Anne Kessler à la mise en scène a encore frappé !) et qui guide sa pensée dans le dédale de ses souvenirs d'enfant. Danièle Lebrun - petite dame de 84 ans une fois sortie de scène mais immense interprète au plateau - livre une fantastique partition, donnant tout son relief et toute son envergure à ce texte déjà si bien écrit.

Quelle est la part de fiction ? Quelle est la part de réalité dans le récit d'Esprit-Madeleine ? On ne le sait pas vraiment, mais la sensibilité du discours nous le fait entièrement passer pour vrai. On s'émeut de cette dame, ancienne petite fille, qui perd son papa a huit ans seulement, mais dont la destinée sera entièrement tracée par cet héritage des Poquelin-Béjart.

Celle qui aurait dû être la Louison du malade Argan n'a jamais accepté le rôle ; être la vraie fille de Molière est déjà bien assez, et ce papa là est loin d'être imaginaire...
24 févr. 2022
9/10
5
Une heure de subtilité.

Elle arrive, impériale dans sa robe de moire bleu foncé, la tête haute coiffée d'une perruque magnifique.
Elle s'assied devant un grand miroir qui reflète son profil.

Elle sort du silence ....

C'est un texte travaillé comme de la dentelle par une immense comédienne.

C'est la fille de Molière qui s'est retirée du monde telle une Alceste au féminin.
Qui nous parle tout en gardant son mystère.

C'est très fort et très beau ce que nous offrent Danièle Lebrun et Anne Kessler.

Un parfum du passé, un trouble, une présence ....

Une femme blessée.
18 févr. 2022
9,5/10
8
Le silence de la fille !
Et quel silence ! Et quelle fille !

Bientôt trois-cent-cinquante-sept ans, qu’elle se tait, Esprit-Madeleine Poquelin, ci-devant fille de M. Molière et d’Armande Béjart.

Pour la première fois, et qui plus est en public, elle va prendre la parole, et dire « sa » vérité.
Cette prise de parole est possible grâce dans un premier temps au texte éponyme de Giovanni Macchia, publié en 1985, dans lequel il imagine une « interview » courant 1705, menée par un jeune homme aspirant à devenir auteur de théâtre, grand admirateur de Molière, face à Melle Poquelin.

Des questions, toutes légitimes, toutes judicieuses, et des réponses pertinentes et totalement justes historiquement, les unes comme les autres mises en mots par ce grand spécialiste transalpin de littérature française.

Danièle Lebrun et Anne Kessler, qui la met en scène, ont eu l’excellente idée de porter ce texte sur les planches.
Année Molière oblige, certes, mais également parce qu’elles sont toutes les deux en quelque sorte « héritières » d’une dynastie, peut-être pas sanguine, mais en tout cas théâtrale du « clan » Poquelin-Béjart.
Au cours de cette année-hommage au Patron, on joue dans sa maison ses pièces, certes, mais également des textes donnant différents éclairages sur l’homme et son œuvre.

Ce faisant, Melles Lebrun et Kessler vont nous faire découvrir un personnage extraordinaire, au sens premier du terme.
Une femme de silence, née de deux parents dont le métier était de parler et de jouer la comédie.
Quel paradoxe !

Une femme qui toute petite, et surtout un peu plus tard, va être confrontée à la méchanceté, la jalousie, notamment à cause des rumeurs concernant sa possible naissance d’un mariage incestueux.
(A ce propos, j’ouvre une petite parenthèse pour vous conseiller vivement d’écouter la chronique de Thomas V.D.B. sur France Inter, chronique intitulée « Cancel Molière ».)

Esprit-Madeleine, par la plume de Macchia, va nous dire ses rapports (ou ses non-rapports) avec son père, dans une terrible ambivalence d’admiration et de détestation, ainsi que ceux avec sa mère, pas beaucoup plus cordiaux…


Elle va nous confier sa profonde amertume (et c’est un euphémisme) concernant la représentation de la famille que donne son père aux spectateurs, dans ses pièces.


Elle va nous rappeler que le rôle de Louison dans le Malade imaginaire avait écrit pour elle, et qu’au grand dam de l’illustre paternel, elle ne put prononcer un seul mot sur scène.

Elle va nous avouer que sa scène à elle, c’est le couvent, dans lequel elle avait choisi de devenir pensionnaire.

Dans cette confession d’une heure, on ne peut s’empêcher de trouver une connotation psychanalytique dans tout ce que que nous allons entendre.

Une banquette noire. Un grand miroir.
Elle arrive à jardin, dans une magnifique robe sombre, rehaussée d’un grand col de dentelle précieuse couleur crème.
La perruque imposante est assortie.

Et puis la voix. Et les magnifiques yeux bleus.
La grande, l’immense Danièle Lebrun.


Immédiatement, elle va nous subjuguer, nous attirer dans ses rêts pour ne plus nous lâcher.
Et ce, dans une sidérante entreprise de vérité.
Il est absolument impossible de ne pas se formuler à un moment ou à un autre la remarque suivante : «Mais ce n’est pas possible, elle y était, elle a assisté à ce qu’elle nous raconte, elle revient du passé ! »

La comédienne est sidérante de vérité, comme toujours.
On croit immédiatement à son personnage et à ce qu’elle nous révèle. Elle ne joue pas, elle est purement et simplement Esprit-Madeleine.
Encore une fois, tout élève-comédien devrait assister à ce spectacle, et devrait venir la voir interpréter ce personnage à la fois complexe et passionnant.


Tour à tour nostalgique, amère, drôle, sombre, bouleversante, Melle Lebrun utilise son immense palette pour faire siens les mots de l’auteur.
Elle parvient admirablement à nous camper cette femme aux différentes époques de sa vie, petite fille, adolescente, jeune femme…


Anne Kessler a complètement repris le principe de l’interview. Ce sont quelques spectateurs du public qui vont se charger de lire les questions préalablement écrites sur un petit carton.


Le judicieux procédé fonctionne à la perfection. Dès que le micro est mis à disposition, les interrogations se font entendre.
On comprend bien entendu que la metteure en scène a refusé la solution de facilité qui aurait consisté à enregistrer une voix off et à la diffuser dans les excellentes enceintes LAcoustics du Studio Théâtre.

Il ressort de cette démarche comportant une (légère) prise de risque un sentiment accru de vérité, de naturel.

Je n’aurai garde d’oublier de mentionner les belles lumières d’Eric Dumas. Il est toujours délicat d’éclairer un plateau comportant de grands miroirs.

Au final, on se dit que ce spectacle est bien trop court. Je serais bien resté quant à moi trois fois plus longtemps à écouter pratiquement bouche bée Melle Lebrun.
Il faut impérativement assister à cette entreprise dramaturgique totalement réussie, passionnante tant sur le fond que sur la forme.
Un véritable moment de grâce.
17 févr. 2022
8,5/10
4
.../...
Anne Kessler a transformé le texte de Macchia en conférence, Madeleine ne reçoit pas la visite d’un jeune provincial, mais répond aux questions du public, c’est très bien fait d’ailleurs !

Danièle Lebrun donne toute la douceur du personnage, elle est pudique, sait répondre avec aisance et défend la mémoire de son père.

Belle idée d’avoir mis en scène cette fiction, puisque hélas, on ne sait pas grand chose sur la fille du grand homme. Elle disparaîtra en 1723 sans descendance.

J'ai déjà vue cette pièce dans l'interprétation de Ariane Ascaride, une autre façon de voir le personnage !
14 févr. 2022
9,5/10
5
Dans une mise en scène délicate d’Anne Kessler donnée au Studio de la Comédie-Française, Le Silence de Molière est tout simplement un spectacle sublime : Danièle Lebrun nous rend sensibles au récit de vie d’Esprit-Madeleine avec une telle conviction que la magie de théâtre opère ici plus que jamais.
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Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor