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L'Avaleur

L'Avaleur
  • Maison des Métallos
  • 94, rue Jean-Pierre-Timbaud
  • 75011 Paris
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Un fable jubilatoire rythmée sur les dérives des relations entre la finance et l'industrie.

Titre original : Other people’s money

L’Avaleur, écumeur de grands fonds, génie du rachat d’entreprise, prédateur, drôle, compulsif, fascinant, possède un furieux appétit, appétit de vie, de pouvoir, d’argent, de tout. Il a en ligne de mire une entreprise attirante car florissante.

En face le pdg. Il a donné vie à l’entreprise, croit en l’élargissement du bien-être général par l’industrie, aime son métie et donne le cap comme un capitaine confiant. Nous assistons en direct à la destruction de l'équilibre de l'entreprise traditionnelle, à l'affrontement entre deux systèmes de valeur.

 

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24 févr. 2017
9/10
61
Les tréteaux de France sont a Paris : on y court !

Une pièce sur l'entreprise et le monde de la finance. La cruauté des licenciements massifs. Lecynisme des banquiers et des traders.

Un Xavier Gallais qui en fait des tonnes mais totalement bluffant et irrésistible : un grand acteur !
12 févr. 2017
8,5/10
52
Ils semblent droit sortis d’un cartoon des années 70.

Perruques (en plumes !) et hauts de costumes flashy leur donnent une allure loufoque et irréelle à la fois. On se croirait presque dans un conte pour enfants, si le sujet de la pièce n’était pas, quant à lui, terriblement réel… Robin Renucci, en plus de son rôle de narrateur, campe le Directeur Général du CFC (le Câble Français de Cherbourg), une société florissante mais vieillissante. Il est le bras droit du « numéro un » du CFC (Jean-Marie Winling), caricature du chef d’entreprise vieille école, entre paternalisme et refus de la modernité. Aux côtés de ce Pdg « old school », aussi amoureuse de l’homme que de la société qu’il dirige, Nadine Darmon incarne l’assistante dévouée corps et âme. Parfait négatif de cette mère dont elle s’est vite éloignée, Maryline Fontaine est une brillante juriste émargeant à plusieurs milliers d’euros pour le compte d’un prestigieux cabinet d’avocats d’affaires.
Et puis, de l’autre côté du plateau, confortablement installé dans son luxueux bureau de la City londonienne, débordant de son fauteuil: Xavier Kafaim. Enorme, Xavier Gallais l’est au sens propre comme au figuré. Charismatique à souhait, séduisant, bourré d’esprit et d’humour, il a tôt fait de nous charmer, subjuguer, fasciner, ensorceler, griser.
C’est lui, l’Avaleur, l’ogre de ce conte pour adultes. Ses trois uniques centres d’intérêt sont les chiens, les pâtisseries et… l’argent !
« Mais l’argent c’est mieux, parce que ça ne chie pas partout et que ça ne rend pas obèse ! »

L’Avaleur ne se gave pas uniquement d’éclairs au chocolat, il engloutit vos sociétés. Il n’a pas le besoin, mais le désir de l’argent. Et ce désir est infini.
Quel meilleur moyen, en l’an 2000, pour faire fortune, que de s’adonner aux lois du capitalisme moderne, des OPA sauvages, des hedge funds, white nights, poison pills et autres stratégies juridico-financières ?
Voici que l’Avaleur a jeté son dévolu sur le CFC : grâce aux marchés financiers, Cherbourg est à portée de gosier de Londres. Une bataille se prépare. Une guerre sauvage entre l’ancien et le nouveau capitalisme, arbitrée par Alex pour qui tous les coups sont permis. Une lutte entre deux esprits brillants, un duel captivant dans lequel la séduction se révèlera la meilleure des armes.
La mise en scène de Robin Renucci ultra rythmée, sans aucun temps mort, nous tient en haleine pendant deux heures. Sur fond de solos de batterie, on devient peu à peu « accro » aux allers-retours entre Cherbourg et Londres. On est séduit par ce jeu de go entre un Robin des Bois des temps modernes (« je prends aux riches pour donner à la classe moyenne…supérieure ! ») et cette ambitieuse avocate qui clame haut et fort qu’elle est la meilleure.

Ils ne sont finalement pas aussi rivaux que l’on pourrait croire, comme le confirmera un dénouement en tous points semblable, lui aussi, à ceux de nos contes pour enfants…
12 févr. 2017
9/10
89
Au début du spectacle, salle toujours éclairée, les acteurs entrent sur scène entièrement vêtus de noir, comme le sont les marionnettistes derrière leur castelet. Ils nous indiquent rapidement les caractéristiques des personnages qu’ils vont incarner. Puis le noir se fait dans la salle, le décor apparaît, et les acteurs joueront leurs personnages vêtus de perruques outrées et de costumes ridicules, aux couleurs criardes : autant dire que nous aurons devant nous de grandes marionnettes, des allégories.

Ce parti pris entraîne une distance bienvenue avec l’intrigue, conformément à la visée didactique de la pièce qui est de nous informer et de nous faire réfléchir sur la puissance de la finance s’attaquant à l’entreprise traditionnelle. Pari réussi : le spectacle intéressera tous les publics, tous les âges.

Il s’agit au départ d’une pièce états-unienne, transposée par E. Loew dans un cadre français. Nous faisons connaissance avec Georges, le patron historique d’une florissante entreprise de câbles sise à Cherbourg, qu’il dirige « à l’ancienne » (c’est-à-dire dans le respect des lois et de l’emploi local…), aidé par sa secrétaire-maîtresse, et par son directeur général. Celui-ci s’inquiète de mouvements anormaux sur les actions de la société. Bientôt arrive L’Avaleur, le financier-crapule de la City qui a jeté son dévolu sur l’entreprise, afin de la démembrer au profit des actionnaires, lui le premier. Le PDG, d’abord sûr d’être à l’abri de ses manœuvres, se décide à faire appel à un avocat : ce sera une brillante avocate d’affaires, la fille de sa secrétaire. Celle-ci expose tous les moyens plus ou moins légaux de résister aux attaques en bourse de l’Avaleur, puis décide de se charger de l’affaire et d’affronter en face le trader, qui est de plus un odieux sexiste.

À gauche, les bureaux un peu vieillots des « Câbles de Cherbourg », à droite, le bureau de l’implacable l’Avaleur, dominant la City, plein du bourdonnement des ordinateurs de son équipe de juristes. Alex, la jeune avocate (Marilyne Fontaine), fait le va-et-vient entre les deux, et elle ne sera pas la seule, jusqu’à la scène finale, qui transforme les spectateurs en assemblée d’actionnaires. Mais Robin Renucci n’est pas Robert Hossein, et ne nous fait pas voter : il n’y aura donc pas de happy end, et on nous rappellera cette amère vérité : les actionnaires cherchent avant tout à gagner de l’argent, là, tout de suite…

C’est une pièce bien faite : très vite l’intérêt s’installe ; ce jeu terrible devient d’autant plus passionnant que le personnage du trader (nommé Franck Kafaim…) se complexifie, qu’il a un discours sur l’argent, le désir, le besoin, qui nous pousse à entendre ses motivations, tandis que, du côté de Cherbourg, l’angoisse nous saisit devant le discours humaniste, mais inopérant, du vieux patron qui dirige selon un « logiciel » dépassé, et n’a pas su préparer son entreprise au nouveau cadre de l’économie. La mise en scène de Robin Renucci est d’une grande fluidité, inventive tout en restant simple, avec une utilisation très intelligente de la vidéo et de la musique. Tous les acteurs sont bons, même dans les parties où, autour du rapport mère-fille, le dialogue devient un peu verbeux. Renucci, alors qu’il n’a pas beaucoup de texte, est d’une présence très intense. On perçoit son angoisse qui monte au fur et à mesure des décisions de son patron, qu’il n’arrive pas à infléchir. Mais les moments les plus prenants sont ceux qui voient s’affronter Marilyne Fontaine et Xavier Gallais (malgré quelques faiblesses là-aussi dans le texte, qui manque parfois de clarté). Elle vêtue de jaune acide, jusqu’à la perruque, lui dans costume bleu criard soulignant le rembourrage d’un ventre monstrueux, perruque méchée aussi vulgaire que son phrasé. La jeune actrice tient bien le choc face à un Xavier Gallais au sommet de son art. Cet acteur si doué pour jouer la veulerie cynique, la rend ici à la fois terrifiante et enfantine, avec parfois une touche désespérée qui transparaît, sans pour autant quitter la stylisation de l’allégorie. De la grande marionnette de l’Avaleur il fait une énigme, dans une composition fascinante, d’un comique sombre.

Soyons franc : certes on apprend des choses en matière économique, mais ce que l’on retient, c’est avant tout l’énergie toute en subtilité d’un très grand acteur qui transcende son personnage et fond dans son creuset personnel tous les éléments du grotesque : le difforme, le ridicule, le terrible. Un admirable travail, qui fait d’un très bon spectacle un grand moment de théâtre.
6 févr. 2017
8/10
53
Robin Renucci, avec ce deuxième opus sur la Comédie Humaine, nous fait découvrir le texte de Jerry Sterner tiré de sa pièce "Other People's money".

C'est le combat entre la finance et l'industrie, une industrie de câblage à Cherbourg, familiale, qui tente par tous les moyens de ne pas se faire "avaler" par Frank Kafaim, trader à la City.

Une satire du monde financier, remarquablement jouée par les comédiens et un Xavier Gallais transformé en gros libidineux, vulgaire, tout pour déplaire !

Un excellent moment de théâtre et de réflexions sur le monde où l'argent est roi.
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Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor