- Théâtre contemporain
- Théâtre de la Tempête
- Paris 12ème
J'ai un nouveau projet

- Théâtre de la Tempête
- Route du Champ-de-Manœuvre
- 75012 Paris
- Château de vincennes (l.1)
Serions-nous arrivés en retard à la réunion marketing ?
Drôle de titre pour une pièce de théâtre. Mot-valise, pauvrement énigmatique, le « projet » est le cœur battant de nos sociétés capitalistes. Mais qui se cache derrière, où sont passés les corps qui le portent ?
Chez Guillermo Pisani, ils pullulent : 30 personnages, 5 acteurs, pour raconter 8 histoires qui se déploient en même temps, dans un bar parisien. Unité de lieu, superposition des temps, démultiplication des actions jusqu’au vertige. Quelle sociabilité est encore possible quand tous les liens entre les personnes sont l’objet de la marchandisation, quand nous dépendons tous, pour tout, de ces fameuses plateformes numériques ? Quelle place reste-t-il pour le hasard, l’inattendu, en dehors de ces profils, algorithmes ou autres stories, véritables chaînes du forçat moderne ? Et si le scoop, c’était le retour à l’humain ?
Guillermo Pisani arrive à se saisir de cette grande question sociale et sociétale et à la transposer au théâtre de manière jubilatoire. Sous sa direction, le jeu s’emballe avec une précision d’horloger, non pas suisse mais argentin, et un humour à la fois cruel et désopilant.
C’est la première scène d’ailleurs qui donne l’ambiance, deux individus qui échangent des messages sur une appli de rencontre, premiers contacts et premières incompréhensions. Le message est clair : derrière nos écrans les relations sont tronquées et dénaturées, on se cherche et on se rate.
Dans ce café moderne, à la fois espace pour boire un verre ou travailler, salle de concert et espace privatisable, les individus se retrouvent, se croisent, se rencontrent.
La pièce dénonce et se moque de beaucoup de choses, nouveau mode de communication, de façon de travailler, d’échanger, de se rencontrer, etc. Elle met en évidence l’absurdité des réseaux sociaux, et de ces outils qui nous sont devenus indispensables, la perte de la qualité des échanges et des relations…
Certaines scènes sont très visuelles, d’autres très bavardes. Même si la pièce aurait pu être plus courte (2h50 c’est long) on ne s’ennuie pas.
La mise en scène est efficace et vivante, les comédiens sont tous excellents dans des genres complètement différents. L’utilisation des outils techniques est particulièrement bien intégrée.
Quand ce que l'on voit sur le plateau ne correspond pas au dossier de presse...
Le propos politique et sociologique de départ est dilué dans un spectacle beaucoup trop long, boursouflé, non maîtrisé, bourré de gadgets et de tics dramaturgiques sans aucun intérêt.
L'écriture est très pauvre, les personnages caricaturaux sans volonté d'assumer, on s'ennuie ferme pendant trois heures..
Les comédiens font ce qu''on leur a demandé de faire...
Ils semblent s'amuser. Eux.
A oublier.