- Comédie Musicale / Musique
- Théâtre de la Madeleine
- Paris 8ème
Dom Juan

- Marie Mahé
- Théo Askolovitch
- Théâtre de la Madeleine
- 19, rue de Surène
- 75008 Paris
- Madeleine (l.8, l.12, l.14)
Un Molière plus contemporain que jamais !
Tout se passe de nos jours, dans notre monde actuel. Les mots de Molière résonnent ainsi différemment, oubliant la beauté figée des vers tout en embrassant les codes d’aujourd’hui : rap, hip hop et danse urbaine ! Les intonations, les gestes, les enjeux prennent alors une force moderne, concrète. Résolument brutale.
Avec cette version de Dom Juan, Tigran Mekhitarian souhaite questionner la société bien-pensante. Celle qui dicte les règles. Celle qui prend le pouvoir. Il désire aussi bousculer l’ordre établi et évoquer notre besoin viscéral de liberté.
Dom Juan version Tigran Mekhitarian c’est une direction d’acteurs précise, une façon inédite de traiter la langue de Molière sans fioriture, une pensée intransigeante dans laquelle les intentions sont limpides et rigoureuses. Tout en évitant les clichés et la facilité !
Oubliez tout ce que vous savez de Dom Juan…
Cette adaptation de Molière, qui a déjà triomphé au Festival d’Avignon 2024, est audacieuse et contemporaine. Pardon, révolutionnaire.
L'AVIS DE LA REDACTION : 6/10
Pourquoi ?
Le problème dans les adaptations très modernes de textes très classiques, c'est qu'elles font rarement confiance à l'auteur et à ses mots.
Et quel auteur ! Le patron de la langue française !
Toujours autant joué depuis 400 ans......il doit y avoir une raison.
Tigran Mekhitarian s'empare de ce chef d'oeuvre - même pas peur ! - y voit, à raison, un personnage d'aujourd'hui et décide de le transposer dans les banlieues du 21e siècle.
Jusque là, pourquoi pas ?
Mais - pas assez contemporain peut être ? - il choisit de ponctuer le texte de rap, de mots vulgaires, de faire l'apologie du chichon - super dans une salle pleine d'enfants ! - et de transformer certains personnages de manière grotesque.
Peut être pense t'il que le public n'est pas à même de comprendre cette langue ? Qu'il faut lui expliquer ?
Si c'est le cas, alors pourquoi choisir Molière ?
En faisant cela, il supprime totalement les sublimes moments d'émotion de la pièce, qui sont remplacés par la colère, seule rescapée de cette adaptation.
Quel dommage !
Car lui et Théo Askolovitch sont très justes et parfaitement crédibles dans leurs rôles respectifs de Dom Juan et Sganarelle.
Et sans tout ce démonstratif, mais avec leur sincérité, ils auraient bien mieux fait passer le message.
Et restitué l'émotion aux deux autres comédiens - telle qu'elle apparaît trop furtivement dans la scène du mendiant - qui ne font eux que crier ou cabotiner, faute de mieux.
Dom Juan "d'après" Molière peut être, "de" Molière certainement pas !
Sylvie Tuffier
Vu au Lucernaire en 2022
Parole de metteur en scène : "Pour penser cette adaptation, j'ai puisé dans des oeuvres de la culture contemporaine et urbaine. L'objectif est d'amener vers un texte classique ceux qui pourraient penser qu'il n'est pas fait pour eux" (Tigran Mekhitarian)
Le problème des adaptations très modernes de textes très classiques, c'est qu'elles font rarement confiance à l'auteur et à ses mots.
Et quel auteur ! Le patron de la langue française !
Toujours autant joué depuis 400 ans......il doit y avoir une raison.
Tigran Mekhitarian s'empare de ce chef d'oeuvre - même pas peur ! - y voit, à raison, un personnage d'aujourd'hui et décide de le transposer dans les banlieues du 21e siècle.
Jusque là, pourquoi pas ?
Mais - pas assez contemporain peut être ? - il choisit de ponctuer le texte de rap, de mots vulgaires, de faire l'apologie du chichon - super dans une salle pleine d'enfants ! - et de transformer certains personnages de manière grotesque.
Peut être pense t'il que le public n'est pas à même de comprendre cette langue ? Qu'il faut lui expliquer ?
Si c'est le cas, alors pourquoi choisir Molière ?
En faisant cela, il supprime totalement les sublimes moments d'émotion de la pièce, qui sont remplacés par la colère, seule rescapée de cette adaptation.
Quel dommage !
Car lui et Théo Askolovitch sont très justes et parfaitement crédibles dans leurs rôles respectifs de Dom Juan et Sganarelle.
Et sans tout ce démonstratif, mais avec leur sincérité, ils auraient bien mieux fait passer le message.
Et restitué l'émotion aux deux autres comédiens - telle qu'elle apparaît trop furtivement dans la scène du mendiant - qui ne font eux que crier ou cabotiner, faute de mieux.
Dom Juan "d'après" Molière peut être, "de" Molière certainement pas !
Dom Juan, jeune noble sicilien sans grande considération pour la gent féminine, sans vergogne, sans état d’âme, athée et libertin fuit Elvire sa dernière épouse pour repartir gaiement vers de nouvelles conquêtes.
Son valet Sganarelle est épouvanté par son cynisme et son immoralité, mais par crainte ou par affection il reste toujours à ses côtés.
Tigran Mekhitaria fait renaitre Dom Juan au milieu de nos cités d'aujourd’hui.
Le Rap, à notre grande surprise, côtoie avec harmonie la langue de Molière.
Revisitée par Tigran Mekhitaria, la célèbre pièce est enjouée, drôle, et pleine de vivacité.
Le langage ‘du bitume’ se glisse avec ingéniosité dans la langue de Molière.
Un Dom Juan de notre temps qui ne trahit point celui de Molière.
La profondeur du texte est bien présente, l'hypocrisie et la lâcheté du personnage nous évoquent bien des personnages actuels…
Une adaptation qui ne manque pas d’humour et de surprises, telle la visite d'un SDF, ou les gitans de Montreuil ...
Dans une scénographie épurée, les comédiens nous captivent et nous ravissent, qu’ils parlent ‘Molière ‘ ou ‘Racaille’.
En fond de plateau, un œil les observe…
Tigran Mekhitatian incarne avec un grand charisme un Dom Juan séducteur, plein de charme et de finesse.
Il nous séduit par ses mimiques et sa prestance.
Théo Askolovitch , merveilleux Sganarelle, malicieux, déluré, inventif, bout-en-train, nous ravit.
Arthur Gomez glisse avec aisance de Pierrot à Don Alfonse et nous régale et nous amuse beaucoup dans le rôle de Mathurine.
Marie Mahé interprète avec brio et justesse Elvire, Charlotte, ainsi que Don Carlos le frère d’Elvire avec grande conviction.
Un Dom Juan qui nous réjouit et qu’il faut faire découvrir à la jeunesse.
Loin d’appauvrir le texte, cette modernisation nous fait entendre les mots de Molière d’une nouvelle manière. Si l’on sourit aux « on s’en bat les couilles » et aux « ta gueule » on écoute aussi avec plaisir la prose d’origine. Une étonnante réussite que la transformation de ce texte iconique, qui se retrouve truffé de mots et expressions du XXIème siècle sans pour autant en dénaturer l’histoire ou la beauté de la pièce.
On peut détester ce choix de parsemer un texte si noble de dialecte de banlieue et les puristes devront passer leur chemin afin de ne pas avoir les oreilles qui sifflent quand Sganarelle fait l’éloge du shit dans son premier monologue. Mais ce serait dommage car l’exercice est fait avec respect et l’objectif de faire connaitre l’auteur à un grand nombre est atteint.
J’ai vu de nombreuses adaptations de cette pièce et je me suis beaucoup amusée à voir celle-ci.
Même si la fin est moins aboutie que le reste, la morale est respectée, ce mauvais bougre de Don Juan est puni de sa vanité et de sa cruauté envers les femmes.
La scénographie est épurée, seulement composée de cette énorme toile de fond sur lequel un énorme graff représente la puissance divine, sentencieuse, oppressante et omniprésente. La mise en scène énergique de Tigran Mekhitarian est très efficace.
Les comédiens sont tous excellents, Théo Askolovitch campe un Sganarelle exceptionnel, Tigran Mekhitarian un Don Juan tout en fourberie tandis qu’Arthur Gomez et Marie Mahé se partagent tous les autres personnages avec brio.
Une version détonante revisitée avec une très belle énergie dans laquelle Rap, Slam et références contemporaines s’entrelacent efficacement avec le langage précieux de Molière.