- One Man Show / Stand up
- Théâtre du Rond-Point
- Paris 8ème
Christophe Alévêque

- Christophe Alévêque
- Théâtre du Rond-Point
- 2bis, Avenue Franklin D. Roosevelt
- 75008 Paris
- Franklin D. Roosevelt (l.1, l.9)
Déjà furieux de ce que je vais dire…
Humoriste engagé, dégagé, à la marge, en clown dérisoire ou missionnaire, Christophe Alévêque décortique le monde et tout ce qu’en dit la presse. Les élections, les faits divers, la crise.
Il livre une revue de presse actualisée chaque soir, sans gilet pare-balles.
Fidèle à la grande scène du Rond-Point, Christophe Alévêque était Super Rebelle ! en 2009. Il chantait les aberrations d’une société ultralibérale dans Les Monstrueuses Actualités en 2011, puis il transformait le Rond-Point en QG des présidentielles avec son candidat Super Rebelle !, en 2012. Saison 2015, dans Ça ira mieux demain, il revenait brûler le plateau avec sa liberté de ton, son insolence et sa sagacité : les avancées du Front National, la parité, les inégalités, les sales répétitions de l’Histoire…
S’il s’acharne encore à faire sauter toutes les bombes à sa portée, c’est parce que c’est encore le meilleur moyen de les désamorcer. Ici, en humoriste engagé, dégagé, à la marge, en clown dérisoire ou missionnaire, il décortique l’actualité et ce qu’en dit la presse : il fait sa « revue ».
Le voici qui arrive côté jardin, Christophe Alévêque, d'un pas un peu trainant. Les applaudissements nourris crépitent.
Il s'arrête, goûte cette première ovation, apparemment blasé. Et il en redemande, d'un petit coup d'œil et d'un petit haussement d'épaule entendus. Ca marche. Re-ovation.
Soudain, des projecteurs asservis se mettent en branle (il sera beaucoup question de ce dernier concept, dans le spectacle...), créant moult faisceaux bougeant dans tous les sens. On se croirait au Stade de France au début d'un concert des Stones.
« Ca c'est fait ! », dit-il, toujours apparemment blasé.
La revue de presse peut commencer.
L'humoriste va en effet décortiquer les événements politiques et sociétaux récents, choisis avec minutie dans les journaux récents.
Et comme l'actualité est on ne peut plus riche de ces événements-là, le spectacle va durer un peu plus de deux heures.
Ah ! Mais que ce que nous allons entendre est jouissif ! Que c'est bon d'entendre du politiquement non-correct, de l'humour noir, très noir !
Avec sa voix un peu éraillée reconnaissable entre toutes, avec parfois de grandes envolées lyriques, des « Aaaaaaaaah ! » drôlissimes, il va tirer sur tout ce qui bouge, va flinguer le paysage politique, et va nous inviter à une véritable partie de chamboule-tout.
Avec énormément d'humour. Un humour décapant, salvateur parfois grossier, jamais vulgaire.
Alévêque nous avertit : « Dans ce spectacle, il y aura énormément de moments très mauvais, afin que le reste paraisse génial. C'est le principe du macronisme. »
Le ton est donné !
Pour se mettre en jambe, seront évoqués la société Lactalis, le Brexit, le problème des élections en Algérie, le Vénézuela, une certaine Brigitte et la visite du président chinois.
L'humoriste ne restera pas derrière son pupitre. Il arpentera le plateau de long en large, se plantant parfois devant nous, apostrophant une spectatrice qui rit de très bon cœur à une vanne, ou encore exécutant quelques moments de mime très suggestifs...
Christophe Alévêque est doté d'une vraie conscience politique, il a l'art de relever les incongruités de nos sociétés plus sclérosées les unes que les autres.
Il a ses têtes de turc, en fonction donc de l'actualité. Deux excellents runings-gags arrivent à chaque fois qu'il évoque MM. Macron et Sarkozy
Un gros dossier sera consacré à la pédophilie au sein de l'Eglise.
M. Barbarin, prélat des Gaules, archevêque de Lyon, qu'il surnommera Monseigneur Saucisson a dû avoir les oreilles qui sifflent.
Dans une volonté très pédagogique, l'humoriste va même jusqu'à nous apprendre à quoi sert réellement la calotte blanche du Pape... Je n'en dis pas plus.
Deux moments forts hilarants : l'affaire Tapie (« Tapie c'est un repère : dès qu'il dit un truc, tu sais que c'est l'inverse... »
Et l'affaire Carlos Ghosn.
« Mais pourquoi a-t-il été magouiller au Japon, alors que c'est quand même beaucoup moins risqué chez nous ? »
Et de développer de façon on ne peut plus drôle mais on ne peut plus judicieuse le rapport de la société française à la magouille, à l'escroquerie, aux délits financiers.
Et puis bien entendu, un autre dossier lourd très attendu arrivera : l'affaire Benalla.
Eclats de rire de la salle entière ! Je ne vous en dis pas plus, il devrait revenir lors des prochaines sessions sur ce grand moment du quinqennat actuel.
Les deux heures sont ainsi faites d'analyses hilarantes. La salle, déjà conquise, exulte.
Tous, nous sommes ravis. Nous savions à peu près à quoi nous attendre, et nous n'avons pas été déçus.
Christophe Alevêque plus que jamais en forme, n'a pas perdu son ton mordant, acéré, acide et percutant au possible.
Par ces temps de bien-pensance, de mainstream, d'hypocrisie généralisée, de politiquement correct, c'est un spectacle nécessaire !
Un spectacle qui fait du bien !
Ce spectacle est une revue de presse qui n’a lieu qu’une fois par mois. Tout y passe : Donald Trump, Carlos Ghosn, les Gilets Jaunes, le Gouvernement… C’est corrosif, volontairement très provocateur. On rit de bon coeur et ça fait du bien. Christophe Alévêque dit lui-même que ce spectacle est un déversoir pour lui face à la folie du monde dans lequel nous vivons.
La vraie force de ce spectacle est qu’il est unique et ancré dans l’actualité. Christophe Alévêque a des fiches sur les sujets qu’il souhaite aborder mais on sent qu’il improvise sur chaque thème. Il se met en danger et ça fait du bien ! On se sent privilégié de partager avec lui ce dimanche soir au théâtre du Rond-Point.
Un conseil malgré tout : soyez en forme pour aller voir ce spectacle ! Je crois que pour l’apprécier à sa juste valeur, il faut être prêt à s’impliquer pour se laisser porter par la folie de Christophe Alévêque. Il bouge dans tous les sens, remet dix fois son gilet en place, réajuste son pupitre, cherche ses mots… Au début, cela peut un peu « gêner » le message qu’il veut nous faire passer mais un conseil, accrochez-vous !
Bref, un spectacle exutoire qui fait du bien pour un dimanche soir et qui permet de commencer la semaine de façon plus légère !
Dernièrement, il a parlé des maillots jaunes, de la politique libérale d’Emmanuel Macron, des millions cachés de Carlos Ghosn, des retournements de l’affaire Grégory et autres affaires macabres. Il use avec sagacité de sa liberté de ton pour faire son insolent. Comme aucun sujet n’est interdit ou tabou, il prend le droit de rire de tout qu’importe si cela ne plaît pas à tout le monde. Mais je crois qu’il peut se sentir rassuré quand il peut voir que presque toute la grande salle du théâtre du Rond-Point est remplie et que les rires se font entendre. On pourrait presque croire assister à une thérapie de groupe pour développer peut-être un esprit critique ou civique ou les deux.
Le temps passe assez vite, même l’humoriste se laisse parfois porter par l’improvisation. Voilà déjà plus d’1h30 qu’il est en scène. Il doit se dépêcher car il y a un autre spectacle après et il faut monter les décors. Les applaudissements sont chaleureux.
Chacun repars content de sa soirée et se demande s’il va revenir à la prochaine revue de presse.