Critiques pour l'événement Christophe Alévêque
9 avr. 2019
9/10
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La salle s'éteint, sur le plateau nous découvrons huit grosses ampoules et deux projecteurs de cinéma face à nous. Entre les deux, un pupitre, et un gros cube noir sur lequel est posée une bouteille d'eau.

Le voici qui arrive côté jardin, Christophe Alévêque, d'un pas un peu trainant. Les applaudissements nourris crépitent.
Il s'arrête, goûte cette première ovation, apparemment blasé. Et il en redemande, d'un petit coup d'œil et d'un petit haussement d'épaule entendus. Ca marche. Re-ovation.

Soudain, des projecteurs asservis se mettent en branle (il sera beaucoup question de ce dernier concept, dans le spectacle...), créant moult faisceaux bougeant dans tous les sens. On se croirait au Stade de France au début d'un concert des Stones.
« Ca c'est fait ! », dit-il, toujours apparemment blasé.

La revue de presse peut commencer.
L'humoriste va en effet décortiquer les événements politiques et sociétaux récents, choisis avec minutie dans les journaux récents.
Et comme l'actualité est on ne peut plus riche de ces événements-là, le spectacle va durer un peu plus de deux heures.

Ah ! Mais que ce que nous allons entendre est jouissif ! Que c'est bon d'entendre du politiquement non-correct, de l'humour noir, très noir !

Avec sa voix un peu éraillée reconnaissable entre toutes, avec parfois de grandes envolées lyriques, des « Aaaaaaaaah ! » drôlissimes, il va tirer sur tout ce qui bouge, va flinguer le paysage politique, et va nous inviter à une véritable partie de chamboule-tout.

Avec énormément d'humour. Un humour décapant, salvateur parfois grossier, jamais vulgaire.

Alévêque nous avertit : « Dans ce spectacle, il y aura énormément de moments très mauvais, afin que le reste paraisse génial. C'est le principe du macronisme. »
Le ton est donné !

Pour se mettre en jambe, seront évoqués la société Lactalis, le Brexit, le problème des élections en Algérie, le Vénézuela, une certaine Brigitte et la visite du président chinois.

L'humoriste ne restera pas derrière son pupitre. Il arpentera le plateau de long en large, se plantant parfois devant nous, apostrophant une spectatrice qui rit de très bon cœur à une vanne, ou encore exécutant quelques moments de mime très suggestifs...

Christophe Alévêque est doté d'une vraie conscience politique, il a l'art de relever les incongruités de nos sociétés plus sclérosées les unes que les autres.
Il a ses têtes de turc, en fonction donc de l'actualité. Deux excellents runings-gags arrivent à chaque fois qu'il évoque MM. Macron et Sarkozy

Un gros dossier sera consacré à la pédophilie au sein de l'Eglise.
M. Barbarin, prélat des Gaules, archevêque de Lyon, qu'il surnommera Monseigneur Saucisson a dû avoir les oreilles qui sifflent.
Dans une volonté très pédagogique, l'humoriste va même jusqu'à nous apprendre à quoi sert réellement la calotte blanche du Pape... Je n'en dis pas plus.

Deux moments forts hilarants : l'affaire Tapie (« Tapie c'est un repère : dès qu'il dit un truc, tu sais que c'est l'inverse... »

Et l'affaire Carlos Ghosn.
« Mais pourquoi a-t-il été magouiller au Japon, alors que c'est quand même beaucoup moins risqué chez nous ? »

Et de développer de façon on ne peut plus drôle mais on ne peut plus judicieuse le rapport de la société française à la magouille, à l'escroquerie, aux délits financiers.

Et puis bien entendu, un autre dossier lourd très attendu arrivera : l'affaire Benalla.
Eclats de rire de la salle entière ! Je ne vous en dis pas plus, il devrait revenir lors des prochaines sessions sur ce grand moment du quinqennat actuel.

Les deux heures sont ainsi faites d'analyses hilarantes. La salle, déjà conquise, exulte.
Tous, nous sommes ravis. Nous savions à peu près à quoi nous attendre, et nous n'avons pas été déçus.

Christophe Alevêque plus que jamais en forme, n'a pas perdu son ton mordant, acéré, acide et percutant au possible.
Par ces temps de bien-pensance, de mainstream, d'hypocrisie généralisée, de politiquement correct, c'est un spectacle nécessaire !
Un spectacle qui fait du bien !