- Classique
- Théâtre de l'Odéon
- Paris 6ème
Andromaque

- Théâtre de l'Odéon
- place de l'Odéon
- 75006 Paris
- Odéon (l.4, l.10)
Stéphane Braunschweig voit Andromaque comme une pièce post-traumatique, dont les héros marchent dans le sang, sur une crête, entre résilience et retour d’une violence sans frein : Pyrrhus, fils d’Achille, rêve d’une guerre totale contre son propre camp, pour obtenir Andromaque ; Oreste, ambassadeur, a pour mandat l’assassinat d’un enfant, héritier du trône de Troie ; Hermione, fille d’Hélène, ne recule pas devant le meurtre.
Après Britannicus à la Comédie-Française en 2016, et Iphigénie aux Ateliers Berthier en 2020, c’est la troisième fois que Stéphane Braunschweig met en scène Racine. À nouveau, il s’intéresse à la façon dont ses tragédies installent les crises passionnelles au bord de bascules historiques. Ici ce n'est pas la paix après la victoire des Grecs sur les Troyens qu'il donne à voir, mais une après-guerre instable, qui semble pouvoir retourner au chaos à tout moment.
Après une Iphigénie merveilleuse, Stéphane Braunschweig nous propose une nouvelle pièce de Racine avec Andromaque.
Après la chute de Troie, Oreste est amoureux d’Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque. Andromaque n'aime qu'Hector mort et souhaite sauver la vie de son fils et est prête à tout. Dans un monde de violence absolue, Andromaque utilisera toutes les solutions pour sauver son fils. Troie est un monde ultra violent où les grecs se vengent de la guerre et s’affrontent aussi entre eux pour le pouvoir. L’amour est aussi le prétexte aux affrontements. En marque de cette violence, Polyxène est sacrifiée sur la tombe d’Achille. Ces affrontements amoureux aboutiront à toujours plus de violence.`
Le décor est extrêmement esthétique. Ce cercle rouge sang avec un fond d’eau nous livre la violence de la ville de Troie. La lumière anime cette violence. Les ombres des acteurs et de l’eau se projettent sur le mur en hauteur. J’ai été subjuguée par la scène où tous les personnages, dans un silence pesant, se réunissent autour de ce cercle pour marquer la violence finale qui va avoir lieu. Le miroir final est une très belle idée.
En résumé, la mise en scène, simple et moderne est somptueuse en jouant avec de simples idées. C’est subtil et très esthétique. Quelle beauté à la fin quand Andromaque arrive en robe blanche dans ce cercle rouge en se reflétant dans l’eau. Ce sont des images, des photographies d’art.
Le jeu des acteurs est fabuleux. Tout est dans la retenue. Il y a une tension permanente qui appuie la violence. J’ai apprécié tous les acteurs mais personnellement, Pyrrhus m’a touché particulièrement. Petit bémol aux micros par moments, mais c’est vraiment pour trouver quelque chose à redire.
Bien évidemment, personne n’est surpris par le texte et l’histoire mais la mise en scène est une succession de moments artistiques esthétiquement forts. Tout cela est fait dans un jeu parfait des acteurs.
Une belle réussite qui magnifie Andromaque.
Pyrrhus, fils d’Achille, aime Andromaque sa prisonnière, «la troyenne », qui aime passionnément son époux Hector tué à la guerre de Troie par Achille. Achille, qui atteint peu après par une flèche de Paris au talon trouva lui aussi la mort.
Oreste fils d’Agamemnon aime Hermione sa cousine, fille d’Hélène et de Ménéla mais Hermione aime Pyrrhus, roi d’Epire à qui elle a été promise en récompense du courage et des exploits du guerrier.
Pour aggraver le tout, Oreste demande à Pyrrhus de lui livrer Astyanax fils d’Andromaque et d’Hector. Il désire tuer l'enfant de peur que plus tard, il se rebelle contre les Grecs pour venger son père et les Troyens.
Une scénographie épurée est percutante, une table et deux chaises renversées sur un sol rouge étincelant qui au premier regard évoque une mare de sang.
Les comédiens vêtus de couleur sombres se meuvent, glissent, tombent et se relèvent dans cette mer sanguinolente.
A travers cette mise en scène et la puissance du texte de Racine, résonnent la violence des conflits guerriers actuels : en Ukraine, au Hamas...
Bénédicte Cerutti interprète Andromaque le cœur brisé et inconsolable des horreurs de la guerre et de la perte de son époux Hector.
Alexandes Pallu en treillis militaire, incarne Pyrrhus, puissant et vaillant guerrier revenant vainqueur de la guerre de Troie. Prêt à abandonner Hermione sa promise pour Andromaque sa captive.
Pierric Plathier ‘Oreste’, en costume noir inonde plateau par son charisme. Il demande sans retour, le sacrifice et la mise à mort Astyanax cet enfant innocent mais son plus grand désir est de conquérir Hermione l’élue de son cœur.
Chloé Réjon amoureuse éconduite est bouleversante. Bouillonnante de colère et de rage elle ordonne avec furie à Oreste d’aller tuer Pyrrhuss, l’homme qui fait vibrer son cœur mais qui l'a trahi.
Jean-Baptiste Anoumon ‘Pylade’, Boutaïna El Fekkak ‘Céphise’, Jean-Philippe Vidal ‘Phoenix’, Clémentine Vignais ‘Cléone’ accompagnent avec talent le tragique et néfaste destin de nos protagonistes, marqués au fer rouge par l’horreur de la guerre et embastillés par les amours impossibles.
« Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui n’aime qu’Hector, son époux mort ».