Critiques pour l'événement Trahisons
Je connaissais déjà la pièce, pas de suspens donc et moins de questions du type « qui manipule qui, qui ment à qui ? », qui en font tout le charme, mais du coup un autre regard sur le texte, en repérant d’autres indices , d’autres mensonges, en anticipant certaines révélations, et en appréciant d’autant plus le jeu des comédiens !
Une scénographie efficace, de beaux costumes, on est très vite happé par l’histoire.
Que restera-t-il de l’amour et de l’amitié ?
A qui ment-on le plus? Aux autres, ou à nous même ?
Et à la réflexion s’ ajoutent des sourires au ballet de Vincent Arfa qui fait évoluer le décor au fur et à mesure des scènes et indique la remontée du temps!
Bref, si vous ne connaissez pas encore de texte de Pinter, n’hésitez pas et si vous le connaissez déjà, cette version ne devrait pas vous décevoir!
Une scénographie efficace, de beaux costumes, on est très vite happé par l’histoire.
Que restera-t-il de l’amour et de l’amitié ?
A qui ment-on le plus? Aux autres, ou à nous même ?
Et à la réflexion s’ ajoutent des sourires au ballet de Vincent Arfa qui fait évoluer le décor au fur et à mesure des scènes et indique la remontée du temps!
Bref, si vous ne connaissez pas encore de texte de Pinter, n’hésitez pas et si vous le connaissez déjà, cette version ne devrait pas vous décevoir!
Tout le monde peut se tromper !
Il y a tout d'abord l'incontournable trio du vaudeville, le mari, la femme et l'amant.
Partant de cette situation, Harold Pinter nous livre l'histoire d'un adultère, en remontant le fil du temps.
Car le plus révélateur, c'est la complexité des sentiments, leur ambiguïté, les petits mensonges qui font autant de mal que les gros ... Tromper l'autre, et se tromper soi même ...
Les trois comédiens, avec une grande finesse, excellent dans ce jeu où tout est en demi teinte, et rien n'est tout à fait ce qu'il parait être !
Les scènes sont rythmées par une scénographie particulièrement talentueuse et poétique .
Quand passion rime avec trahisons!
Il y a tout d'abord l'incontournable trio du vaudeville, le mari, la femme et l'amant.
Partant de cette situation, Harold Pinter nous livre l'histoire d'un adultère, en remontant le fil du temps.
Car le plus révélateur, c'est la complexité des sentiments, leur ambiguïté, les petits mensonges qui font autant de mal que les gros ... Tromper l'autre, et se tromper soi même ...
Les trois comédiens, avec une grande finesse, excellent dans ce jeu où tout est en demi teinte, et rien n'est tout à fait ce qu'il parait être !
Les scènes sont rythmées par une scénographie particulièrement talentueuse et poétique .
Quand passion rime avec trahisons!
C'est l'histoire d'un trio amoureux mais pas n'importe lequel, un trio revu par Harold Pinter où le ton est à la fois profond et drole, où la complexité de l'âme humaine est disséquée par l'auteur : mensonge, amitié, non-dit, amour, égoïsme, fidélité,...
Pinter est aussi précis qu'un chirurgien et c'est vraiment une autopsie des rapports entre deux amis et la femme d'un des deux qui est proposée au spectateur. Et comme pour une autopsie, on voit d'abord le corps en entier, puis on ouvre le corps et on découvre les différentes couches du passé qui ont finit par produire cette situation. On revient donc à rebours dans l'histoire et on n'est jamais perdu grace à un calendrier affiché sur le coté de la scène.
J'ai trouvé une certaine légèreté dans cette version mise en scène par Christophe Gand par rapport au texte qui est assez sombre, et celà m'a bien plu. L'interprétation des comédiens est excellente, les quatre comédiens m'ont charmée. Eh oui, quatre !!! Mais, mais c'est l'histoire d'un trio me direz vous...?
Un petit quatrième se glisse avec bonheur entre les scènes et dans une scène spéciale : Vincent Arfa qui participe avec une chorégraphie virevoltante à tous les changements de décor (les rendant ainsi dynamiques et agréables à regarder) et qui est un serveur de restaurant italien parfait.
C'est une soirée agréable qui est proposée au Lucernaire, ne la manquez pas !
Pinter est aussi précis qu'un chirurgien et c'est vraiment une autopsie des rapports entre deux amis et la femme d'un des deux qui est proposée au spectateur. Et comme pour une autopsie, on voit d'abord le corps en entier, puis on ouvre le corps et on découvre les différentes couches du passé qui ont finit par produire cette situation. On revient donc à rebours dans l'histoire et on n'est jamais perdu grace à un calendrier affiché sur le coté de la scène.
J'ai trouvé une certaine légèreté dans cette version mise en scène par Christophe Gand par rapport au texte qui est assez sombre, et celà m'a bien plu. L'interprétation des comédiens est excellente, les quatre comédiens m'ont charmée. Eh oui, quatre !!! Mais, mais c'est l'histoire d'un trio me direz vous...?
Un petit quatrième se glisse avec bonheur entre les scènes et dans une scène spéciale : Vincent Arfa qui participe avec une chorégraphie virevoltante à tous les changements de décor (les rendant ainsi dynamiques et agréables à regarder) et qui est un serveur de restaurant italien parfait.
C'est une soirée agréable qui est proposée au Lucernaire, ne la manquez pas !
Le 26/01, 19h, Paris
L’histoire commence en 1977. La liaison entre Emma et Jerry est terminée depuis 2 ans.
La pièce retrace leur histoire à rebours. Comment Robert, le mari d’Emma, a t-il découvert la liaison de celle-ci avec son meilleur ami, Jerry? Comment leur histoire a t-elle commencé ? Où et comment se retrouvaient-ils ?
Ces questions trouveront leur réponse au fil de la pièce.
La mise en scène de Christophe Gand, accompagnée de la scénographie ingénieuse de Goury, autorise un changement d’espace rapide et inventif.
En effet, les espaces se modèlent en changeant seulement un détail, par exemple, un dessus de lit, une nappe, une étagère qui se transforme en lit, et d’autres surprises qui servent cette pièce de Pinter à merveille.
La construction du texte et celle de l’espace scénique se répondent et nous permettent de comprendre toutes les subtilités de l’écriture de l’auteur anglais, prix Nobel de littérature en 2005. L’ensemble est servi par un trio d’excellents comédiens (Gaëlle Billaut-Danno, François Feroleto et Lionel Pascal).
L’histoire commence en 1977. La liaison entre Emma et Jerry est terminée depuis 2 ans.
La pièce retrace leur histoire à rebours. Comment Robert, le mari d’Emma, a t-il découvert la liaison de celle-ci avec son meilleur ami, Jerry? Comment leur histoire a t-elle commencé ? Où et comment se retrouvaient-ils ?
Ces questions trouveront leur réponse au fil de la pièce.
La mise en scène de Christophe Gand, accompagnée de la scénographie ingénieuse de Goury, autorise un changement d’espace rapide et inventif.
En effet, les espaces se modèlent en changeant seulement un détail, par exemple, un dessus de lit, une nappe, une étagère qui se transforme en lit, et d’autres surprises qui servent cette pièce de Pinter à merveille.
La construction du texte et celle de l’espace scénique se répondent et nous permettent de comprendre toutes les subtilités de l’écriture de l’auteur anglais, prix Nobel de littérature en 2005. L’ensemble est servi par un trio d’excellents comédiens (Gaëlle Billaut-Danno, François Feroleto et Lionel Pascal).
Je n'irai pas par quatre chemins : en ce début de saison, voici un Pinter incontournable !
Mais commençons par le commencement. (A l'inverse de la pièce...)
« Trahisons » fait partie de ce qu'il est convenu d'appeler la « période intermédiaire » de Pinter, entre ses premières œuvres qualifiées de « théâtre de la menace et de la cruauté », et sa période plus politique.
Ici, dans cette pièce, Mister Harold va s'attacher à déconstruire une forme de « théâtre bourgeois » : voici la femme, le mari et l'amant qui vont remonter leur histoire.
En effet, le coup de génie de l'auteur est de nous proposer une trame narrative d'une histoire adultérine, oui mais à rebours.
D'ailleurs, il nous donne un indice dès la première des neuf scènes, en écrivant « Je me demande si tout le monde n'était pas au courant, dès le début. » (Je cite l'adaptation qu'en a faite Eric Kahane pour la NRF-Gallimard.)
On l'aura donc compris, tout le travail imposé au spectateur est de remonter le temps, et de savoir qui trahit qui, qui de l'épouse, de l'ami, du mari, de l'amant...
Et par là-même se pose la question de savoir qui est ou qui sont les victimes. A nous de nous débrouiller et de nous forger notre opinion.
L'un des principaux parti-pris du jeune metteur en scène Christophe Gand a été de mettre en exergue l'humour noir et féroce de Pinter, trop souvent passé sous silence.
Bien des versions de « Trahisons » occultent complètement cet humour-là. Et c'est dommage.
Lui, il a osé, et il a demandé à ses comédiens de s'appuyer sur la vraie drôlerie de certaines répliques, ceci bien entendu afin de faire ressortir le côté sombre de la pièce. (Un peu comme certains Florentins salent leur melon pour en faire émerger la saveur sucrée...)
Et ceci fonctionne complètement !
On rit dans ce « Trahisons »-là. Et c'est tant mieux.
Christophe Gand s'est adjoint les services de quatre comédiens véritablement enthousiasmants.
Entre les trois principaux, règne une vraie cohésion, une vraie pâte théâtrale. La mayonnaise prend immédiatement.
Pour s'en convaincre vraiment et ce, dès le tout début, juste après qu'Errol Garner ait en fond sonore interprété « Misty », il suffit d'observer les yeux de Gaëlle Billaut-Danno et Yannick Laurent, dès leur entrée en scène.
Sans qu'ils n'aient besoin de rien dire ni de rien faire, on comprend immédiatement à leurs regards leur état de deux amants qui se retrouvent après une rupture survenue deux ans auparavant.
Impressionnant !
Le jeu des regards, tout au long de la pièce sera aussi important que le texte en lui-même. C'est un élément important qui va contribuer à faire émerger tous les non-dits. (La dernière didascalie est d'ailleurs à ce sujet sans ambigüité : elle se termine par « se regardant dans les yeux ».)
François Feroleto est quant à lui le troisième sommet du triangle amoureux. C'est lui qui bien souvent insuffle l'humour dont je parlais un peu plus haut.
Oui, ces trois-là sont véritablement épatants.
On croit totalement à ce qu'ils nous racontent, on croit totalement à ce qu'ils sont ou disent être.
Leurs partitions respectives sont impeccablement interprétées.
Avec une difficulté supplémentaire d'avoir dû s'adapter à l'excellente et complexe scénographie de Didier Goury : changements de décors à vue et au millimètre près, multiples changements de costumes en coulisse, c'est de la haute voltige et du grand art !
(Mention spéciale à Vincent Arfa qui a dû être déménageur dans une autre vie. C'est lui également qui interprétera de façon parfaite le petit rôle du serveur italien de la septième scène.)
A propos de costume, c'est le moliérisé Jean-Daniel Vuillermoz qui officie. Ses créations seventies sont somptueuses.
J'ai été vraiment séduit par cette version d'une pièce qui peut se révéler être « casse-gueule ».
Ici, dans cette création au Lucernaire, une vraie cohérence règne. C'est un très beau moment de théâtre.
J'ai été totalement séduit.
Mais commençons par le commencement. (A l'inverse de la pièce...)
« Trahisons » fait partie de ce qu'il est convenu d'appeler la « période intermédiaire » de Pinter, entre ses premières œuvres qualifiées de « théâtre de la menace et de la cruauté », et sa période plus politique.
Ici, dans cette pièce, Mister Harold va s'attacher à déconstruire une forme de « théâtre bourgeois » : voici la femme, le mari et l'amant qui vont remonter leur histoire.
En effet, le coup de génie de l'auteur est de nous proposer une trame narrative d'une histoire adultérine, oui mais à rebours.
D'ailleurs, il nous donne un indice dès la première des neuf scènes, en écrivant « Je me demande si tout le monde n'était pas au courant, dès le début. » (Je cite l'adaptation qu'en a faite Eric Kahane pour la NRF-Gallimard.)
On l'aura donc compris, tout le travail imposé au spectateur est de remonter le temps, et de savoir qui trahit qui, qui de l'épouse, de l'ami, du mari, de l'amant...
Et par là-même se pose la question de savoir qui est ou qui sont les victimes. A nous de nous débrouiller et de nous forger notre opinion.
L'un des principaux parti-pris du jeune metteur en scène Christophe Gand a été de mettre en exergue l'humour noir et féroce de Pinter, trop souvent passé sous silence.
Bien des versions de « Trahisons » occultent complètement cet humour-là. Et c'est dommage.
Lui, il a osé, et il a demandé à ses comédiens de s'appuyer sur la vraie drôlerie de certaines répliques, ceci bien entendu afin de faire ressortir le côté sombre de la pièce. (Un peu comme certains Florentins salent leur melon pour en faire émerger la saveur sucrée...)
Et ceci fonctionne complètement !
On rit dans ce « Trahisons »-là. Et c'est tant mieux.
Christophe Gand s'est adjoint les services de quatre comédiens véritablement enthousiasmants.
Entre les trois principaux, règne une vraie cohésion, une vraie pâte théâtrale. La mayonnaise prend immédiatement.
Pour s'en convaincre vraiment et ce, dès le tout début, juste après qu'Errol Garner ait en fond sonore interprété « Misty », il suffit d'observer les yeux de Gaëlle Billaut-Danno et Yannick Laurent, dès leur entrée en scène.
Sans qu'ils n'aient besoin de rien dire ni de rien faire, on comprend immédiatement à leurs regards leur état de deux amants qui se retrouvent après une rupture survenue deux ans auparavant.
Impressionnant !
Le jeu des regards, tout au long de la pièce sera aussi important que le texte en lui-même. C'est un élément important qui va contribuer à faire émerger tous les non-dits. (La dernière didascalie est d'ailleurs à ce sujet sans ambigüité : elle se termine par « se regardant dans les yeux ».)
François Feroleto est quant à lui le troisième sommet du triangle amoureux. C'est lui qui bien souvent insuffle l'humour dont je parlais un peu plus haut.
Oui, ces trois-là sont véritablement épatants.
On croit totalement à ce qu'ils nous racontent, on croit totalement à ce qu'ils sont ou disent être.
Leurs partitions respectives sont impeccablement interprétées.
Avec une difficulté supplémentaire d'avoir dû s'adapter à l'excellente et complexe scénographie de Didier Goury : changements de décors à vue et au millimètre près, multiples changements de costumes en coulisse, c'est de la haute voltige et du grand art !
(Mention spéciale à Vincent Arfa qui a dû être déménageur dans une autre vie. C'est lui également qui interprétera de façon parfaite le petit rôle du serveur italien de la septième scène.)
A propos de costume, c'est le moliérisé Jean-Daniel Vuillermoz qui officie. Ses créations seventies sont somptueuses.
J'ai été vraiment séduit par cette version d'une pièce qui peut se révéler être « casse-gueule ».
Ici, dans cette création au Lucernaire, une vraie cohérence règne. C'est un très beau moment de théâtre.
J'ai été totalement séduit.
Aimer le meilleur ami de son époux tout comme aimer l’épouse de son meilleur ami, est-ce plus trahir l’amour que l’amitié ? Qui trahit qui ? Qui trahit quoi ?
Le récit impressionnant, tout en finesse, dans cette célèbre pièce d’Harold Pinter, écrite en 1978, joue avec une élégance caustique de la déstructuration des relations amoureuses confondues avec les relations amicales, comme pour mieux les observer et les comprendre.
Regards sombres et implacables sur les enjeux de la relation amoureuse, de l'adultère et de la relation amicale. Une relation amicale profonde et vraie, parmi celles qui voisinent souvent avec les attributs de l’amour. Pinter détourne ici les ressorts traditionnels du triangle amoureux et nous dépeint l’histoire de l'époux, de l’épouse et de l’amant, qui savent et qui s’aiment.
L’effet dramaturgique antichronolique raconte l’histoire en remontant dans les souvenirs et les émotions des personnages, nous plaçant face à l’origine du choix de leur rencontre, à sa fragilité et à sa possible improbabilité.
Les répliques à l’humour noir et glaçant entremêlées de silences ; les mots familiers, les formules châtiées, les traits cruels ou crus ; le langage tout entier si particulier de Pinter, riche en ruptures, sert autant l’intensité de l’histoire que la précision scrupuleuse des détails.
Jerry, homme marié, a été l’amant d’Emma, l’épouse de Robert, son meilleur ami. De révélations en retours en arrière, de déclarations d’amour en déclarations d’amitié, les moments charnières et les séquences majeures des trahisons sont dévoilées. Toute en tensions ténues, l’ambiance n’est jamais à la confidence directe mais plutôt aux aveux lâchés au détour d’un échange dans l'intimité, dans un café, au restaurant ou au cours d’un voyage, quasi anodinement, presque par hasard.
Blessés peut-être, meurtris sans doute, touchés certainement, les trois personnages cachent leurs rancœurs ou leurs regrets derrière un apparent détachement mais n’arrivent pas à cacher la passion qui les anime. Trahisons et pardons se confrontent, l’amour comme l’amitié empêchent leur combat.
La mise en scène de Christophe Gand sert le texte avec une fluidité presque légère, restituant dans les scènes la simplicité complice de proches qui se parlent, amis, amants, époux. Les répliques en sont plus fortes, prenant la place centrale qui est la leur chez Pinter.
Nous nous laissons porter par l’histoire ainsi contée comme dans un instant d’évasion pensive proche du rêve éveillé où les moments ne se suivent pas, venant d'une mémoire oubliée qui ressurgit et rebondit de ses nombreux souvenirs.
Les interprétations de Gaëlle Billaut-Danno, François Feroleto et Yannick Laurent sont remarquables. Ils jouent la sincérité et la passion avec ardeur, la blessure avec justesse et le renoncement avec pudeur.
Un Pinter réussi, intelligemment monté dans tout le respect du texte, joué avec excellence. Cette pièce emblématique retient de bout en bout l’attention du public, le touche et le conquiert. Nous en sortons ravis. À voir sans aucune hésitation.
Le récit impressionnant, tout en finesse, dans cette célèbre pièce d’Harold Pinter, écrite en 1978, joue avec une élégance caustique de la déstructuration des relations amoureuses confondues avec les relations amicales, comme pour mieux les observer et les comprendre.
Regards sombres et implacables sur les enjeux de la relation amoureuse, de l'adultère et de la relation amicale. Une relation amicale profonde et vraie, parmi celles qui voisinent souvent avec les attributs de l’amour. Pinter détourne ici les ressorts traditionnels du triangle amoureux et nous dépeint l’histoire de l'époux, de l’épouse et de l’amant, qui savent et qui s’aiment.
L’effet dramaturgique antichronolique raconte l’histoire en remontant dans les souvenirs et les émotions des personnages, nous plaçant face à l’origine du choix de leur rencontre, à sa fragilité et à sa possible improbabilité.
Les répliques à l’humour noir et glaçant entremêlées de silences ; les mots familiers, les formules châtiées, les traits cruels ou crus ; le langage tout entier si particulier de Pinter, riche en ruptures, sert autant l’intensité de l’histoire que la précision scrupuleuse des détails.
Jerry, homme marié, a été l’amant d’Emma, l’épouse de Robert, son meilleur ami. De révélations en retours en arrière, de déclarations d’amour en déclarations d’amitié, les moments charnières et les séquences majeures des trahisons sont dévoilées. Toute en tensions ténues, l’ambiance n’est jamais à la confidence directe mais plutôt aux aveux lâchés au détour d’un échange dans l'intimité, dans un café, au restaurant ou au cours d’un voyage, quasi anodinement, presque par hasard.
Blessés peut-être, meurtris sans doute, touchés certainement, les trois personnages cachent leurs rancœurs ou leurs regrets derrière un apparent détachement mais n’arrivent pas à cacher la passion qui les anime. Trahisons et pardons se confrontent, l’amour comme l’amitié empêchent leur combat.
La mise en scène de Christophe Gand sert le texte avec une fluidité presque légère, restituant dans les scènes la simplicité complice de proches qui se parlent, amis, amants, époux. Les répliques en sont plus fortes, prenant la place centrale qui est la leur chez Pinter.
Nous nous laissons porter par l’histoire ainsi contée comme dans un instant d’évasion pensive proche du rêve éveillé où les moments ne se suivent pas, venant d'une mémoire oubliée qui ressurgit et rebondit de ses nombreux souvenirs.
Les interprétations de Gaëlle Billaut-Danno, François Feroleto et Yannick Laurent sont remarquables. Ils jouent la sincérité et la passion avec ardeur, la blessure avec justesse et le renoncement avec pudeur.
Un Pinter réussi, intelligemment monté dans tout le respect du texte, joué avec excellence. Cette pièce emblématique retient de bout en bout l’attention du public, le touche et le conquiert. Nous en sortons ravis. À voir sans aucune hésitation.
J'ai bien aimé la version de ce classique de Pinter par ce trio d'acteur qui en a fait visiblement une version adoucie, où demeure en permanence le questionnement autour de la fidélité, de l’égoïsme et du mensonge.
Tout un programme très habilement présenté par une troupe complice et impliquée et qui de fait interpelle le public sur la nature de la relation humaine (au delà de l'échange purement social) et son degré d'authenticité à degré variable...
À noter : Mitch Hooper a été l’assistant de Pinter et a déjà participé à la création de Trahisons par David Leveaux au Théâtre de l’Atelier.
Tout un programme très habilement présenté par une troupe complice et impliquée et qui de fait interpelle le public sur la nature de la relation humaine (au delà de l'échange purement social) et son degré d'authenticité à degré variable...
À noter : Mitch Hooper a été l’assistant de Pinter et a déjà participé à la création de Trahisons par David Leveaux au Théâtre de l’Atelier.
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