Critiques pour l'événement Racine ou la leçon de Phèdre
Quand on aime, on ne compte pas. Depuis plus de trente ans, Anne Delbée déclame sa passion inconditionnelle pour Racine. Après l’avoir souvent joué et mis en scène, elle a décidé de lui consacrer un spectacle-hommage repris au Poche-Montparnasse. Exégète pas pédante pour un sou, la grande dame de presque soixante-dix printemps nous convie à une leçon dense et irrévérencieuse. La mise en scène riche d’idées désamorce un biopic théâtral qui aurait pu rapidement devenir barbant. Seule en scène, la tragédienne-caméléon assure le show !
Enseigner Racine à des lycéens relève à bien des égards d’un parcours du combattant : les difficultés de la langue classique, son lexique et sa syntaxe complexe entravent souvent la compréhension du texte. Faire la démarche d’aller voir Racine ou la leçon de Phèdre équivaut à entrer dans la cour du grand dramaturge par des détours aussi instructifs qu’étonnants.
S’appuyant sur la méthode Sainte-Beuve, Anne Delbée tente de décortiquer la galaxie Racine en plongeant au cœur de la vie de Jean. Les allers-retours sans préambule entre la biographie condensée et l’interprétation pure offrent une diversité bienvenue. L’ombre de la tragédie a toujours plané sur Racine : perdant très rapidement ses parents, sans le sou, il est bringuebalé de proche en proche jusqu’à son entrée à Port-Royal… Ses deux rencontres amoureuses décisives, avec la Du Parc et La Champmeslé se confrontent aux tirades de ses plus belles héroïnes.
En rouge et noir
Cet entrechoquement de la fiction et du réel s’insère particulièrement bien sur scène. YSL n’aurait pas renié la tenue très masculin/féminin de la comédienne qui endosse tous les costumes : la pédagogue potache, la femme ravagée par des pulsions inavouables ou l’amant en proie à la révélation de l’amour.
Un court-métrage en filigrane imaginant un Racine enfant apporte une touche d’innocence dans cet univers funeste et la suggestion érotique de corps féminins (une nuque, un dos, des bras) illustre bien à quel point tout le théâtre de Racine se fonde sur une poétique du désir.
Sur scène, le gris métallique, le noir et le blanc dominent : la couleur provient de la projection de la voix de la comédienne, de ses modulations. Comment dire Racine ? Comment trouver le ton juste sans tomber dans l’emphase ? Anne Delbée tente de répondre à ces questions loin d’être évidentes avec un art de la nuance assez remarquable. On regrettera néanmoins certains excès pas vraiment à notre goût (des tirades sur fond rock) mais on ressent une telle gourmandise de jeu, un plaisir si évident de transmettre son admiration pour cet auteur qu’on embarque volontiers dans ce voyage des sentiments.
Enseigner Racine à des lycéens relève à bien des égards d’un parcours du combattant : les difficultés de la langue classique, son lexique et sa syntaxe complexe entravent souvent la compréhension du texte. Faire la démarche d’aller voir Racine ou la leçon de Phèdre équivaut à entrer dans la cour du grand dramaturge par des détours aussi instructifs qu’étonnants.
S’appuyant sur la méthode Sainte-Beuve, Anne Delbée tente de décortiquer la galaxie Racine en plongeant au cœur de la vie de Jean. Les allers-retours sans préambule entre la biographie condensée et l’interprétation pure offrent une diversité bienvenue. L’ombre de la tragédie a toujours plané sur Racine : perdant très rapidement ses parents, sans le sou, il est bringuebalé de proche en proche jusqu’à son entrée à Port-Royal… Ses deux rencontres amoureuses décisives, avec la Du Parc et La Champmeslé se confrontent aux tirades de ses plus belles héroïnes.
En rouge et noir
Cet entrechoquement de la fiction et du réel s’insère particulièrement bien sur scène. YSL n’aurait pas renié la tenue très masculin/féminin de la comédienne qui endosse tous les costumes : la pédagogue potache, la femme ravagée par des pulsions inavouables ou l’amant en proie à la révélation de l’amour.
Un court-métrage en filigrane imaginant un Racine enfant apporte une touche d’innocence dans cet univers funeste et la suggestion érotique de corps féminins (une nuque, un dos, des bras) illustre bien à quel point tout le théâtre de Racine se fonde sur une poétique du désir.
Sur scène, le gris métallique, le noir et le blanc dominent : la couleur provient de la projection de la voix de la comédienne, de ses modulations. Comment dire Racine ? Comment trouver le ton juste sans tomber dans l’emphase ? Anne Delbée tente de répondre à ces questions loin d’être évidentes avec un art de la nuance assez remarquable. On regrettera néanmoins certains excès pas vraiment à notre goût (des tirades sur fond rock) mais on ressent une telle gourmandise de jeu, un plaisir si évident de transmettre son admiration pour cet auteur qu’on embarque volontiers dans ce voyage des sentiments.
Racine ou la Leçon de Phèdre est une belle pièce mais terriblement frustrante.
En effet, toutes les idées et astuces de mise en scène, de textes et de langages sont intéressantes pour elles-mêmes mais l'ensemble forme un imbroglio perdant cruellement son essence.
Commencer par des vers déclamés est une bonne idée et on se laisse emporter par la sonorité pour en arriver aux explications.
Anne Delbée est engagée, passionnée par Racine, nous montre son amour mais n'arrive pas à nous le communiquer. On est donc frustrés de voir les portes du Paradis s'ouvrir mais d'en rester au seuil.
Une pièce un peu rock, qui ne manque pas de ton, mais qui oublie l'essentiel : le lien avec le public !
En effet, toutes les idées et astuces de mise en scène, de textes et de langages sont intéressantes pour elles-mêmes mais l'ensemble forme un imbroglio perdant cruellement son essence.
Commencer par des vers déclamés est une bonne idée et on se laisse emporter par la sonorité pour en arriver aux explications.
Anne Delbée est engagée, passionnée par Racine, nous montre son amour mais n'arrive pas à nous le communiquer. On est donc frustrés de voir les portes du Paradis s'ouvrir mais d'en rester au seuil.
Une pièce un peu rock, qui ne manque pas de ton, mais qui oublie l'essentiel : le lien avec le public !
Cette année encore, le théâtre du Poche-Montparnasse propose une programmation intimiste et intellectuelle.
Pour ce spectacle, mieux vaut apporter avec soi un petit bagage théâtral ! Racine ou la leçon de Phèdre c'est la rencontre d'un acteur avec un auteur. Anne Delbée nous livre sa vision du théâtre de Racine en nous emportant dans un tourbillon d'alexandrins empruntés à plusieurs tragédies : Andromaque, Britannicus, Bérénice... Jusqu'à Phèdre. Entre les tirades fiévreuses, le 17ème siècle s'égrène et l'on approche Racine par le récit de sa vie et de ses rencontres : Louis XIV, La Du parc, Molière et La Fontaine font leur apparition.
Les parallèles entre la vie de l'auteur, "l'enfant du Port-Royal" et son oeuvre le rendent plus accessible, plus humain. Ce regard et choix d'interprétation qui font la richesse du spectacle permettent en même temps au spectateur de souffler entre ces tirades qui parfois écraseraient l'auditoire ne serait-ce la beauté du verbe et de la langue. Claudel, Rimbaud, le lac des cygnes s'invitent également pour nous aider à comprendre comment l'on doit lire et jouer Racine pour en goûter la saveur- la scène du lac des cygnes est assez jubilatoire.
C'est donc véritablement le spectacle d'une passionnée qui demande déjà d'être un peu aguerri pour suivre. Quoi qu'il en soi, l'émotion de l'actrice au moment du salut fait bondir le coeur au bout des doigts tant l'on sent l'investissement et le désir de transmettre à autrui un flambeau qui éclaire les esprits.
Pour ce spectacle, mieux vaut apporter avec soi un petit bagage théâtral ! Racine ou la leçon de Phèdre c'est la rencontre d'un acteur avec un auteur. Anne Delbée nous livre sa vision du théâtre de Racine en nous emportant dans un tourbillon d'alexandrins empruntés à plusieurs tragédies : Andromaque, Britannicus, Bérénice... Jusqu'à Phèdre. Entre les tirades fiévreuses, le 17ème siècle s'égrène et l'on approche Racine par le récit de sa vie et de ses rencontres : Louis XIV, La Du parc, Molière et La Fontaine font leur apparition.
Les parallèles entre la vie de l'auteur, "l'enfant du Port-Royal" et son oeuvre le rendent plus accessible, plus humain. Ce regard et choix d'interprétation qui font la richesse du spectacle permettent en même temps au spectateur de souffler entre ces tirades qui parfois écraseraient l'auditoire ne serait-ce la beauté du verbe et de la langue. Claudel, Rimbaud, le lac des cygnes s'invitent également pour nous aider à comprendre comment l'on doit lire et jouer Racine pour en goûter la saveur- la scène du lac des cygnes est assez jubilatoire.
C'est donc véritablement le spectacle d'une passionnée qui demande déjà d'être un peu aguerri pour suivre. Quoi qu'il en soi, l'émotion de l'actrice au moment du salut fait bondir le coeur au bout des doigts tant l'on sent l'investissement et le désir de transmettre à autrui un flambeau qui éclaire les esprits.
Respect pour Anne Delbée, elle aime passionnément Racine.
Certes sa conception du phrasé et du langage racinien peuvent paraître démodés. Comment jouer Racine de nos jours, difficile.
Le spectacle peut intéresser mais il ne me semble pas assez grand public, trop cérébral à mon sens.
Certes sa conception du phrasé et du langage racinien peuvent paraître démodés. Comment jouer Racine de nos jours, difficile.
Le spectacle peut intéresser mais il ne me semble pas assez grand public, trop cérébral à mon sens.
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